27 févr. 2016

Sona Jobarteh - Jarabi



Musique de Gambie...

1ère élégie (Pour S.)

Alors nous avons fait l'amour

tu m'as donnée
ce jour-là
ce que jamais avant
tu n'avais donné à un autre
tu me l'as dit
tu en étais fière

cela avait de l'importance
pour toi
et tu m'en parles
encore aujourd'hui

cela n'en avait pas vraiment
pour moi
peut-être un peu peut-être oui mais
je n'en ai rien dit

alors nous avons fait l'amour
de quoi
partir
à l'aventure
sans sortir de chez soi

j'étais plus qu’égoïste
et puis
d'une autre éducation

je n'étais pas encore celui
que j'allais devenir
grâce à toi
celui qui s'était habitué à son vide
pourtant douillet mais
sans fondement
un peu jaloux très possessif
j'étais plus qu’égoïste
en manque de confiance
&
d'attentions vers toi

alors nous avons fait l'amour
et nous l'avons refait







26 févr. 2016

Emily Jane White (Extrait de son superbe album Dark Undercoat)

Les grues de l'asphyxie (Morgan Thunder)

Je viens de découvrir cet auteur, à travers son recueil de nouvelles, publié chez Flammarion (GF 3524).

L'auteur, né à Buffalo en 1948, est encore peu connu en France ; il est également assez confidentiel aux States bien que déjà traduit dans plusieurs langues (dont le javanais du Sud, le berbère marocain et le croate).
Son recueil le plus fameux :"Les grues de l'asphyxie".
Titre original : "3 personnal fornications in Buffalo".
Le traducteur estime avoir garanti l'esprit du romancier à travers ce titre. Soit.

Ce livre m'est tombé dessus par hasard : c'est un ami de ma soeur -avec lequel elle a rompu l'an dernier- qui m'en a parlé en premier. Sous prozac, ce jour-là, il m'avait vivement conseillé de lire un "putain d'truc qui réveille grave la conscience". Ok, j'avais fait. En terminant ma bière pression. A ce jour, c'est toujours le seul à m'avoir parlé du livre en question. A mon tour, je vous en fais la publicité.

La vie est à l'image de ce recueil de nouvelles : pleine d'imprévus. Ou l'inverse. Peu importe. Un recueil constitué de 176 nouvelles sur 105 pages, ça peut paraître curieux, voire bizarre, vous me direz. Et vous n'aurez point tort : ce livre est curieux, bizarre, vraiment bizarre. On entame la lecture à tâtons, avec méfiance, on ne lâche plus le livre ensuite.
Dans le premier texte, le personnage principal passe son temps dans sa chambre à ôter du mur les crottes de nez collées une par une. Cela paraît débile et c'est pourtant très touchant. Surtout lorsqu'une des crottes de nez est associée à un souvenir d'enfance traumatisant. Lisez, vous verrez. Dans le 7è texte, c'est l'histoire d'un couple qui va bien. très bien, même. Çà laisse une impression dérangeante. L'on s'interroge fatalement sur ses propres errances. sans trouver de réponse, quoiqu'un indice puisse être fourni dans le texte suivant où il s'agit d'une course à pied.
Et c'est là qu'on sent toute l'expérience de l'auteur : Morton Thunder.
Sans diplôme, il parcourt le Texas sur une charrette à l'âge de 15 ans. Il vole quelques poules, il est soupçonné de viol sur une fermière, mais vite acquitté (faute de preuves...). Quelques années plus tard, il s'engage dans l'armée (non pas américaine mais togolaise). Il y reste 2 ans, 3 mois, six semaines et un jour et demi. Sa précision d'horloger (dixit sa mère sur facebook) !
Il perd un bras lors d'un conflit tribal auquel il ne comprend rien.
Dès le 15è texte du recueil, un poème. Un haïku, devrais-je dire. Et ainsi de suite, que des haïkus sur trente pages d'affilée. C'est long mais passionnant. Et ce n'est qu'à l'issue du dernier haïku que l'on devine la critique acerbe de l'Amérique Reaganienne. Jamais lu une telle critique acerbe ailleurs.
Morton Thunder a ensuite fait divers boulots : pigiste, pongiste, pompiste.
Avant de se dire qu'écrire un roman irait bien avec sa vie.
Dans le dernier texte, le plus long, c'est toute sa cocasserie qui ressort : un homme rencontre un baobab dans Manhattan et décide de lui greffer une âme. La baobab grandit, grandit, se prostitue, inhale des produits toxiques, ressent des pulsions homosexuelles envers d'autres baobabs, sur la 3è Avenue, tandis que le narrateur devient progressivement un arbre efféminé planté sur la 7è avenue, où les clébards viennent pisser, sans scrupules.
Un livre étrange, vraiment.
Je remercie l'ami de ma soeur -qui fut son ex avant de redevenir son ami., la semaine dernière- A moins que depuis...
Morton Thunder prépare un livre sur les réverbères et les stylos bic.
Hâte de lire ça.

Alabama Monroe




Mon oncle, l'égyptologue (pub Ouest-France)



Ça fait longtemps, trop longtemps, qu'on ne l'a pas revu !!!
Hein, Dada, on y va cette année ;-)

J'ai assisté une fois à un de ses cours d’égyptologie... et je n'y ai strictement rien compris...

L'article qui le concerne :
Mon oncle (pas Jacques Tati, mais Gérard)

Ce serpent de mer

Tu trouves un peu de tout par ici
par exemple
celle
qui traîne sa vie ses gosses à l'école sa fatigue au boulot
son ras-le-bol d'un homme de plus en plus indifférent
celle
qui sourit tout le temps mais ne tient pas à s'engager
veut profiter du temps des plaisirs de son corps du corps des autres
celui
qui se sait attiré par les hommes
qui tâche de marcher comme un mâle sans attirer l'attention sur lui
celui
qui avance à grand pas pour ne pas être en retard à un rendez-vous hyper important
le costard, le cravate, l'élégance par dessus tout, la séduction aussi
celle
qui sort de l'école sans apercevoir ni son père ni sa mère et c'est pas la première fois
celui
qui s'en fout de tout vous demande une pièce & vous regarde comme s'il allait vous flinguer
celle
qui porte le hijab par soumission par croyance par défi par connerie j'en sais rien
celui
qui la regarde de travers & sait pour qui voter la prochaine fois
celle
aussi qui la regarde de travers & l’interpelle & l'insulte & s'en va
celui
qui n'intervient jamais & veut rester tranquille dans son coin
celui
qui valide des grilles de loto sportif de loto de keno
tout ce qui peut lui apporter la richesse
celle
qui fume beaucoup trop boit trop crache ses poumons est peut-être gravement malade
celui
qui n'avance pas se parle tout seul cherche dans ses poches
celle
qui me plaît mais pas sa copine trop maigre trop bavarde
celui
que je reconnais vaguement mais on se croise sans rien dire
celle
qui pratique la méditation ou l'engagement social ou un truc dans le genre
celui
qui regarde à la fenêtre
bon à vrai dire
ce que je te raconte-là n'est pas la stricte vérité hein
mais
tu trouves aussi quelques arbres par ici
des bancs où t'asseoir
des murs sales jamais rafraîchis
des poubelles le long des murs
des voitures des scooters des piétons qui passent sans fin
&
un poème à la fin pour t'approprier
d'une certaine manière
ce serpent de mer
dont tu fais pourtant partie
d'une certaine manière
&
dont tu n'entrevois que bribes et hypothèses.




23 févr. 2016

Five words more...

Si on avait pu
deviner
les prémices
de la vie
on aurait
peut-être posé
nos conditions
avant de s'y coller
une bonne fois pour toutes

***

Le sans abri
n'aime pas qu'on l'appelle
comme ça
lui aussi
a sa fierté
"j'ai cent abris, vous n'en avez qu'un, je vous plains"
lui aussi
a son humour
en plus
d'un vieux carton
trempé

***

à la fenêtre je vois
ce que mes yeux
veulent bien voir
c'est peu pour dire
que j'ai tout vu
c'est assez pour m'en
faire une petite idée

***

il y a une grande part
d'improvisation
dans tout ce qu'on fait
qu'il s'agisse d'élever un enfant
qu'il s'agisse d'aimer quelqu'un
qu'il s'agisse de s'en sortir du mieux possible
il y a une grande part
de mensonge
pour faire croire
que l'improvisation
ne dure qu'un temps

***

J'ai besoin de me
parler tout seul
pour mettre un peu d'ordre
dans mon fouillis
intérieur

parfois pire
que le placard
où sont entassés des milliers de
papiers

***

On peut se satisfaire de
ce qu'on a
je ne sais pas si tu es sincère
en disant cela
ou si
tu cherches à me faire plaisir
ou si
tu tiens à te rassurer
sans avoir à énumérer tout ce qu'il
te manque
ou si
tu compares notre situation à
la situation de ceux qui n'ont rien
ou si
la sagesse d'un relatif dénuement
venait de naître
entre nous
au grand jour
ou si
tu me diras le contraire
tout-à-l'heure

***










4 aubes, autant de crépuscules en moins

L'oeuf, la poule & le reste

Des oeufs dans le frigo
de quoi faire une omelette
de quoi se poser des questions
de quoi sentir le cul des poules
de quoi faire l'autruche
de quoi classer dans l'ordre &
tout casser
les oeufs sont bien plus que des oeufs, vois-tu

***

Rituel païen avec bedaine

Je suis nu
à la fenêtre
celles qui lèvent la tête
depuis les trottoirs
peuvent m'apercevoir
au crépuscule finissant
effectuer
une danse lascive
&
fêter ainsi le lever d'un jour
résolument
nouveau

***

N'avoir rien à faire, ne rien défaire

J'aimerais vivre en
autarcie
sans avoir besoin de
gagner ma croûte
ni à rendre de
comptes
à qui que ce soit
J'aimerais vivre en
état permanent d'optimisme serein
quand les fruits
&
les légumes d'un jardin
à l'abri des regards
poussent
le plus naturellement du monde
sans qu'il soit nécessaire de
les cultiver
un seul instant
J'aimerais me contenter d'être là
avec toi à
mes côtés
&
voir ce qui se trame
au travers de tes yeux
dans cette nouvelle vie

***

Croire, puisqu'il le faut à un moment

Tu lis parfois
des textes anciens
traduits en français
avant de t'endormir
tu aimes trouver
dans les paroles d'un dieu
sacré
par des hommes morts depuis belle lurette
&
auquel tu t'es remise à croire
un peu
de quoi
donner un sens
positif
à tes angoisses
passées
présentes
ou
futures
je t'entends respirer
je t'entends réciter
puis
t'endormir
le livre tombé à terre
&
partir loin
très loin






22 févr. 2016

The Dubliners



Paroles de Sam Hall
Oh my name it is Sam Hall chimney sweep, chimney sweep 
Oh my name it is Sam Hall chimney sweep 
Oh my name it is Sam Hall and I've robbed both great and small
And my neck will pay for all when I die, when I die
And my neck will pay for all when I die

I have twenty pounds in store, that's not all, that's not all
I have twenty pounds in store, that's not all
I have twenty pounds in store and I'll rob for twenty more
For the rich must help the poor, so must I, so must I
For the rich must help the poor, so must I

Oh they took me to Cootehill in a cart, in a cart
Oh they took me to Cootehill in a cart
Oh they took me to Cootehill where I stopped to make my will
Saying the best of friends must part, so must I, so must I
Saying the best of friends must part, so must I

Up the ladder I did grope, that's no joke, that's no joke
Up the ladder I did grope, that's no joke
Up the ladder I did grope and the hangman pulled the rope
And ne'er a word I spoke, tumbling down, tumbling down
And ne'er a word I spoke tumbling down

Oh my name it is Sam Hall chimney sweep, chimney sweep
Oh my name it is Sam Hall chimney sweep
Oh my name it is Sam Hall and I've robbed both great and small
And my neck will pay for all when I die, when I die
And my neck will pay for all when I die


Sam Hall à tue-tête

Je suis au volant de ma bagnole
J'écoute un cd des Dubliners
musique irlandaise traditionnelle
je suis au volant de ma bagnole
&
je chante à tue-tête Sam Hall avec les Dubliners
l'accent en moins 
la pinte de bière en moins

Pendant ce temps...

Le facteur sur son vélo effectue sa tournée
deux ouvriers élaguent des arbres
la boulangère place soigneusement les pâtisseries en devanture
un employé balaie mollement le trottoir
un petit vieux avance péniblement
une jeune étudiante roule du cul dans le vent
la vie de tous les jours, quoi

Moi
je n'ai rien à faire de particulier
si ce n'est
changer de place ma bagnole
pour éviter
de choper une prune de 35 euros

Payer
payer
payer

la thune file plus vite que le temps
bordel
j'ai jamais trouvé de billet de banque
par terre

Je resterais bien encore un peu
au volant de ma bagnole
en chantant comme un damné Sam Hall avec les Dubliners
la barbe en moins 
des dents en plus

Mais

Une place de stationnement s'est libérée
je vais ensuite rentrer chez moi
grimper les escaliers
pisser
fumer
boire un café
enfiler une robe de chambre
glander sur internet
&
attendre
attendre

attendre quoi au juste...
une happy end à tout ce brouillon de vie ?





19 févr. 2016

Encore 5 +4 à se mettre sous la dent

Et malgré tout...te serrer dans mes bras

Quitter l'appartement
la ville
quitter
15 ans de vie en somme
&
s'installer ailleurs
sans savoir où au juste
avec ce qu'il nous restera
&
quand je te dis que
ce n'est pas plus mal
de liquider ainsi nos dettes
tu me réponds par
la tristesse que
c'est vraiment une fin merdique.

***

Un secret bien gardé

Je n'ai jamais dit à
mes parents
que j'étais allé
deux fois aux putes
&
les deux fois
j'étais plutôt bourré
mais
ni l’alcool
ni les putes
n'ont fait partie
de mon éducation.

***

Le jour où tu l'as connue

A la mort de ma grand-mère
paternelle
il n'y avait pas grand monde
mes parents, mon oncle mon frère et moi
&
un vieux qui se disait de la famille
mais s'en était éloigné depuis longtemps
&
puis toi
mon amour
qui la rencontrais
pour la première fois
&
pour la dernière fois
allongée
raide
dans cette chambre froide.

***

Sans doute des mésanges, pourquoi pas des colibris

Les oiseaux
ce matin
ont chanté plus que d'habitude
est-ce un signe
est-ce une anomalie
ou
est-ce parce que
j'y ai prêté d'attention plus que d'habitude...

***

Recette facile

Un sourire
un baiser
une caresse
un simple geste vers l'autre
&
s'enlacer quelques instants
il n'en faut pas plus
pour repartir du bon pied
alors
pourquoi
oui pourquoi
nom de dieu
est-ce si difficile
parfois ?


***

Dring, dring !

Quelqu’un sonne à la porte
ce peut être n'importe qui
le facteur
un voisin
une charmante inconnue
Hannibal Lecter
ou
un flic
mais nous n'ouvrirons pas
il nous faut préserver
le mystère.

***

Voulez-vous un siège près de moi ?

On a beau rester assis toute la journée
&
penser à ce qui peut nous arriver
on ne se doute pas à quel point
les choses
mûrissent
&
pourrissent
de l'intérieur
tant que la chaise
ne s'écroule pas
tout-à-fait.

***

Oui, ça peut arriver, un jour.

Un pingouin
sportif
&
aux lunettes noires
au volant d'une Audi A3
vous vous dites c'est
c'est sans doute une hallucination
une ruse de l'imagination
pour faire sourire
un matin blême
mais
vous ne m’ôterez pas
de l'esprit
l'envie que j'ai de voir
un jour
au coeur de nos villes
un pingouin
sportif
&
aux lunettes noires
au volant d'une Audi A3.

***

Trop mouvantes, trop floues pour être retenues

Les objets nous parlent plus
que les pensées
je crois
ils nous parlent dans
nos souvenirs
alors que les pensées
elles
brillent par leur absence
jusque dans nos souvenirs.







7 bouts sans incidence

Faux espoir, là, persévère

J'ai beau savoir que
rien
pas même mon amour
ne te rendront la vie plus
facile
je continue de croire que
ce rien
et même mon amour
finiront par arranger
les choses.

***

Le sens si bien chassé du sacré

Je regarde le ciel
par la fenêtre
&
je constate que
je vois plus
de choses
par la fenêtre que
dans le ciel.

***

Tentative d'explication à 2 balles

Ce qui nous a
rapprochés
l'un de l'autre
à l'époque
c'était
justement
la frémissement
particulier
de cette époque.

***

Ecouter l'autre, un temps

J'ai dégoté un boulot
à plein temps
parce que tu me l'avais demandé
J'ai cherché à me stabiliser
financièrement
parce que tu me l'avais demandé
et puis un jour
comment dire
je n'en ai plus fait qu'à ma tête.

***

L'amitié, c'est quelque chose

Nous sommes entourés
de faux amis
l'hypocrisie
la mauvaise foi
le mensonge
&
la vanité
mais eux
au moins nous
sont fidèles.

***

Liste non exhaustive pour un futur radieux

Il nous reste encore de belles années
à vivre
pensons-nous
une fois écartées
les possibilités
d'une attaque cardio vasculaire
d'un cancer généralisé
d'un accident de voiture
d'un attentat sur la ligne 13
de la chute d'une grue sur notre chambre
&
de tout un tas de choses plus ou moins
contrariantes.

***

L'utilité d'un poème enfin reconnue à sa juste valeur

Un poème sert
bien
à quelque chose
à éviter par exemple
de passer l'aspirateur
ou
de faire la vaisselle
ou
de chercher un boulot
parce que
chacun sait
et toi aussi
que l'appel d'un poème
en cours d'écriture
est plus fort que
tout








18 févr. 2016

Dans la maison de mon Enfance (Extrait 41)

-Il faisait quoi pendant la guerre, papy ?
maman répond qu’il était prisonnier
quelque part
dans un camp en Autriche
-Et mamy ?
maman répond qu’elle s’occupait toute seule
courageusement
de la ferme
&
des animaux
-Et pépé ?
papa répond qu’on lui a pris sa maison
de notaire
à Dinard
d’abord les boches
ensuite les communistes
-Pourquoi ?
-Parce que c’était comme ça, à l’époque
je ne saisis pas bien
qui sont ces gens dont il parle
mais je trouve ça dégueulasse
vraiment dégueulasse
de s’en prendre à mon pépé
-Et mémé elle a rien dit ?
maman répond que mémé a
un sale caractère de cochon
-C’est pour ça que tu pleures souvent quand on va la voir ?
papa dit qu’un jour
il écrira l’histoire de la famille
si son travail lui en laisse le temps bien sûr
-Et tu parleras de moi ?
Papa sourit
il croit savoir qu’on descend
du Comte de la Bourdonnais
&
du coup
moi aussi
j’y crois dur comme fer
-C’était qui ?
j’ai besoin de savoir
au cas où
mais
je ne sais pas si c’est si important que ça
car
quand j’en parle à mes camarades de classe
ils s’en foutent complètement
&
me répondent d’aller voir ailleurs
ce que je fais souvent finalement





Dans la maison de mon Enfance (Extrait 40)

Traverser l'Atlantique avec un long nez & Tabarly

Pinocchio a le nez qui s’allonge
pas moi
pourtant je tiens de papa
qui a le nez déjà long
il a dû mentir bien des fois quand il avait mon âge
on est allés voir le film au cinéma
on a ensuite parlé du film en buvant un chocolat chaud
Pauvre Pinocchio
papa et maman n’aiment pas qu’on leur mente
mais
c’est trop tard
-T’as eu des notes ?
-Non
-C’est toi qui a frappé ton frère ?
-Non
Je prends goût à la fabrication des mensonges
ça tient de l’aventure imaginaire
évidemment
papa et maman ne sont pas dupes
Je rougis je balbutie j’hésite un peu
alors
je prends une claque
une autre
si besoin
puis
une punition
ou
une menace de punition
-Tu le vois ce martinet-là ?
papa le sort du placard
J’avais oublié qu’il était là ce martinet
il n’a jamais servi
peu importe
le mensonge devient ma seconde nature
ça tient de la résistance
de toute façon
c’est trop tard
pour faire marche arrière
-Qu’est-ce qu’ on va faire de toi ?
-Le roi du mensonge peut-être
Ou un truc dans le genre
alors forcément
je prends une claque
parce que papa et maman n’aiment pas

mon insolence.


Quand Christophe Sanchez égrenne les saint(e)s du calendrier, ça donne une belle galerie de portraits !

Je me permets de reprendre ici quelques-uns de ses textes lus sur son facebook :

Bernadette n’est pas la soubrette de Bernard
Pas non plus une suffragette, mais un buvard
Bernadette boit du Chivas et du chagrin
Qu’elle rend le soir pour garder le teint
Bernadette est experte en soulographie
Trente-huit ans de beuverie sans un baby


Alexis vit sous un toit où il lit
Matin soir et aussi à midi
Alexis sombre dans les livres et la peur
Oublie que dehors la peau affleure
Alexis n’a pas notion de vie ni d’heures
Il enfile reclus les légendes en leurre


Claude est un vieux beau aux cheveux gris
Il cache sous sa kippa une jolie calvitie
Claude recolle des lambeaux de vie
en s’habillant jeune et dernier cri
Claude roule en cabrio et des mécaniques
Ce n’est pas pour autant qu’il nique


Béatrice a dix-huit ans et un rire enjôleur
Qui balade les neuneus en chaleur
Béatrice n’est pas une fille facile
Elle ne juge pas qu’à l’érectile
Béatrice croit tout savoir de la nuit
A une peluche, confie ses amours démis


Félix a quinze ans et un faim de loup
Mais des filles il n’y connaît walou
Félix rêve de galbes et au matin vit
S’essuie la main des pertes de nuit
Félix a des boutons et un minois joli
Quand il sera plus grand et défleuri


Vincent a cinquante ans et un pèse-personne
Il a l’âge et le ventre de François, Paul et les autres
Vincent a des problèmes de cœur au sens propre
Comme au sens sexué alors il fume pour bouturer
Vincent dort mal car sa femme l’a quitté
Depuis Il prend du bleu et des filles faciles

Le blog de Christophe Sanchez : http://www.fut-il.net/


2 févr. 2016

Ça y est, il est sorti ! Mais qui ? "Pleines Lucarnes" bien sûr !




76  pages au format 14 x 21, 9 euros  2 € de frais de port

Pour celles & ceux intéressés, vous pouvez passer par moi ou par FX Farine pour une dédicace personnalisée ou par Yves Artufel, l'éditeur de Gros Textes.

Gros Textes
Fontfourane
05380 Châteauroux-les-Alpes


Quelques extraits du Recueil :

Joker de luxe (FXF) 
Didier Christophe, un colosse aux cheveux longs, hirsute et nonchalant, – sur le terrain, chaussettes toujours baissées –, look de hard-rocker : à peu près rien à voir avec les stars adulées du moment. Et pourtant, le ballon dans les pieds, il faisait des miracles, soulevant l’approbation du public qui n’en revenait pas et en fit son chouchou. Frappe de balle, jeu de tête et engagement le rendaient merveilleux. Ce Quasimodo du football moderne était en réalité, pour le petit peuple des supporters lillois, un ange tombé du ciel qui rendait grâce au ballon rond.


Le déménagement (TR) 
Banlieue de Nantes. Je m'y sens bien. Mes parents y ont fait construire une maison typiquement bretonne, une laita. Le centre d'entraînement de l'équipe du FC Nantes s'est installé à la Jonelière, pas loin de chez nous. Ça fait cinq ans qu'on vit là. Je suis dans la deudeuche bleue de ma mère. On rentre de l'école.  « Regarde maman ! » « Quoi, mon chéri ? ». « Les joueurs sont en train de s'entraîner ». « Ah, ne me déconcentre pas, je regarde la route ». Je sais que Loïc Amisse habite à deux pâtés de maisons de la nôtre. Dans la voiture cahotant près des champs, où poussent déjà les premiers HLM de Gesvrines, je ne reconnais personne ; je les vois de trop loin. Trop furtivement. Je distingue des maillots jaunes, des chasubles et c'est tout. Bientôt ce sera pire. À cause de mon père, de son boulot, et moi je suis pas d'accord. On doit déménager sur Paris… C'est trop nul ! « Faut vraiment qu'on aille là-bas ? »...