31 mars 2013

3 Crétineries de Pâques


Elle n'a pas de jardin
vit seule
ne fête jamais Pâques
mais elle attire la
curiosité 
des gosses du voisinage
avec sa bouche en cul de poule
Sur sa porte d'entrée, elle a écrit :
"je ne ponds rien de comestible
Allez donc vous faire foutre !".

***

Après avoir englouti toute la boîte de
chocolats
il se dit qu'il irait bien
"faire ses Pâques"
au confessionnal
du coin
c'est-à-dire dans
la cuvette des chiottes.

***

Ils ont planqué des oeufs dans le jardin
puis un doute
terrible les prend :
"Et si les enfants découvraient un cadavre
enterré chez nous ?".
"Lequel ?" lui répond l'autre.

30 mars 2013

Après une semaine sans lâcher l'affaire


c'est de plus en plus souvent
comme ça
nuit trop courte, sommeil fracassé
par les murmures venus
de l'âge, de la situation, d'un réel trop brutal
puisque la dérision, la légèreté ne font plus effet

la nuit finissante est fraîche
les ombres ne crient pas 
au destin sombre
les oiseaux n'existent pas encore
la vie se coince entre le vide 
et l'incertain
alors 
trois cafés corsés sans sucre, quatre clopes
coup sur coup
c'est pour rester dans l'objectif fixé
d'un contrat d'intérim
à la con, à la con, à la con
(mais c'est un contrat, un contrat, un contrat)

une fois dans ma Clio grise de
12 ans d'âge
le ronronnement chaotique du moteur
se demande où je l'emmène
à cette heure
&
je lui réponds
les mains agrippées au volant
que je ne sais pas 
trop le choix qu'on a
alors on y va quand même

et les routes sont pleines de gens 
un peu comme ça

20 mars 2013

3 saynètes matinales


La gérante de la boutique de fringues
en face de chez nous
sort sur le trottoir
se fumer une clope
il n'y a pas grand monde dans sa boutique de fringues
peut-être une ou deux personnes
elle regarde passer les voitures
dans l'avenue bordée de petits immeubles
elle baille, elle a froid
puis elle retourne dans sa boutique de fringues
s'asseoir derrière la caisse enregistreuse
d'où elle fixe les robes devant elle
qui ne bougent pas d'un seul centimètre.

***

J'ai bu un café
j'ai fumé une clope
j'ai dû pisser un coup aussi
ah si, j'ai fait un tour sur le net
(mais pas longtemps)
et puis c'est à peu près tout
dis-je
au flic mal rasé, mal peigné
posté dans le miroir
-t'as glandé, quoi... et les offres d'emploi ?
-fais pas chier !
-et les offres d'emploi, hein nom de dieu ?
-Je suis fatigué, je vais me recoucher
-je ne te laisserai pas dormir en paix, grosse tache !
me lance le flic insinué jusque
dans mes pensées.

***

Le facteur pose son vélo
jaune
contre un mur
il ne ressemble pas du tout
à Charles Bukowski
il dépose le courrier
dans les boîtes aux lettres
il reprend son vélo
et ainsi de suite
jusqu'au mur suivant
s'il ressemblait à 
Charles Bukowski
je suis sûr qu'on ne recevrait pas
autant de mauvaises nouvelles.