13 févr. 2014

jeudi mot

les passants passent
les boutiques tiquent
il pleut
sur eux
où va l'argent où vont les gens

les immeubles meublent
le monde en bas se bat
la tête sous les gouttes goûte
moi ça
la féerie en la périphérie
dis-tu
c'est du latin
mais moi je ne pense
qu'à ma panse à mes poches
c'est moche sous les yeux

de la fenêtre naître
ou ne pas naître
au plus près du présent pressé
aux pas chassés du pas assez
mais le passé n'est pas si loin

le feu est à l'orange je me range
déjà ja ja mais navigué
il pleut
pour deux
où va l'argent où vont les gens

approches

J'approche d'un homme paisible
assis sur un banc
je me souviens que j'aimais m'asseoir
sur les bancs
sans rien dire

l'homme paisible lit son journal
et aux gros titres
je vois que la situation ici ou là empire
je me souviens que j'aimais croire
que tout irait mieux plus tard

l'homme paisible replie son journal
regarde l'heure
soupire
s'étire
se lève
et part sans se retourner

je n'aime pas voir les hommes paisibles
ainsi disparaître
à l'horizon
je me souviens que l'horizon tenait alors
d'un coup d'oeil entre les murs de ma chambre

j'approche d'un peu plus près
ma propre disparition



accalmie

de la pluie
vient l'érosion des corps
qui savent que tout finit
un jour ou l'autre
avec ou sans parapluie

du vent
vient la dispersion des regards
tournés vers le vide
ce quelque chose qu'on porte sur soi
une amulette sacrée
qu'on enroule autour du cou comme une laisse
et le chien aboie en nous et le chien aboie

des rues
remonte la lente
humide fermentation
des solitudes
ce n'est pas une petite accalmie
qui va y changer quoi que ce soit
les réponses sont sans question

12 févr. 2014

de choses et de choses encore

J'en suis à six clopes depuis ce matin
et je n'ai toujours pas
perdu un oeil
c'est bon signe

***

le ciel est bleu et blanc
il manque juste un peu de sang frais
pour un ciel bien français
aux armes, citizens !

***

des rides des cheveux blancs
des lunettes de vue
des poils dans les oreilles dans le nez
des dents qui manquent
des dents abîmées
la peau qui tombe un peu
un ventre rebondi
voilà à quoi je ressemble de façon objective quand
je suis de bonne humeur

***

je descends récupérer le courrier
et je remonte avec celui du voisin
pour une carte postale ensoleillée
qui me fera rêver quelques instants

***

nous menons une vie bien réglée
bien rangée
nous mangeons à heure fixe
nous ne faisons pas de bruit
en dehors de notre périmètre intime
nous ne remettons rien an cause
nous n'aspirons pas à grimper
l'échelle sociale
nous nous satisfaisons de peu
nous sommes un modèle d'intégration
et de réussite, en somme

***

j'aimerais écrire un poème
avec un tas de bières
de whisky pur
de lardons fumés
de pistaches salées
de frites bien huilées
de merguez au barbecue
ce serait un poème qui donnerait envie
de bien boire
&
de bien manger
mais sur les conseils
de mon médecin traitant
je ne l'écrirai pas
car il ne serait pas bon pour ma santé




8 févr. 2014

près de l'ordinateur
un clavier
posé dessus
ce sont mes doigts
qui claquent
des lettres
et les effacent
et l'odeur de la clope
sur les murs
la poussière
au plafond
des ombres peut-être une araignée
peut-être la peur
dehors c'est la nuit
celle des autres
avec quelques lueurs
mais devant moi
c'est un clavier
un vieil objet sans âme
qui n'attend que mes doigts
pour faire parler
ma nuit
quand les étoiles se
figent avec un mauvais ciel
autour
qu'on dirait sans issue
qu'on dirait fait pour soi
tu souffles tu dors
tu respires
tu souffles tu dors
tu respires
et quelque chose
mais quoi
quelque chose
de toi
semble oui semble s'en
aller
mais où

7 févr. 2014

le jeudi souvent je dévie (Heptanes Fraxion)

le jeudi souvent je dévie
délassé depuis que banni
béni depuis que déclassé
je demande asile aux allées
à la poussière du massalé
et à la peau des entrepôts
où je prends ma pause
où je prends le large
ma dose d'exil
ma dose de marge 
de quoi m'affaler
de quoi me rôtir
dans le doux diesel des alizés
dans le feu nu des endorphines
les grillons font de la radio
j'attrape des trains avec les yeux
des ciels de traîne
des culs de chiennes
des terres de Sienne
des rires de hyènes
Dr Wax est encore mon ami
mais il n'est que huit heures et demie
le jeudi souvent je dévie

Le blog d'Hepta: http://heptanesfraxion.blogspot.fr/

4 févr. 2014

Le Cow-Boy de Malakoff (sortie proche au Pédalo Ivre)


Je suis très heureux d'annoncer aux quelques ami(e)s de mon blog la prochaine sortie de mon recueil "Le cow-boy de Malakoff" aux Editions Le Pédalo Ivre.
L'accouchement s'est fait par césarienne, avec anesthésie totale du monde extérieur pendant l'opération d'écriture.

Au catalogue du Pédalo, on retrouve des pointures (Th.Vinau, JM.Flahaut, JB.Cabaud, G.Damon, H.Dassavray).
Le tout, sous la houlette de Fred Houdaer, le Houdini du Fire Notice !

Un extrait ici : http://houdaer.hautetfort.com/archive/2013/03/16/le-cow-boy-de-malako.html

Les Editions du Pédalo ici : http://www.lepedaloivre.fr/

A bientôt !