29 janv. 2017

Où ça cause d'Eze

J'aperçois cette pancarte
nichée
dans un pan chevelu de verdure
"Chemin de Nieztsche"
j'y apprends que
le célèbre philosophe a séjourné à
Eze à partir de 1883
et
y a écrit une partie de
Ainsi parlait Zarathoustra
je demande à ma fille
de me prendre en photo
près de la pancarte
pour immortaliser ce moment
de rencontre improbable
j'ôte mes lunettes de soleil pour l'occasion
je ne suis ni philosophe
ni célèbre
je n'aurai jamais de chemin à mon nom
je ne suis rien qu'un touriste
d'un jour
en pleine digestion
qui s'en ira voir un peu plus haut
le jardin aux mille cactus
en cherchant un endroit discret
où écraser sa clope.


***

L'homme est un loup pour l'homme
Je crois que vous avez de la chance aujourd'hui ; je suis bien rassasié.

***

La femme est l'avenir de l'homme
Un jour moi aussi, je serai une femme.

***

Je garde mes idées pour moi. Je me retire de l’avis politique.

***

J’ai des pensées secrètes qui n'osent pas même se chuchoter à l'oreille.

***


J’écoute aux portes pour savoir si elles vont s’ouvrir ou se refermer.






25 janv. 2017

Paterson (Jim Jarmusch)

Film vu hier soir.






Et comme il est souvent question du poète William Carlos Williams dans le film de Jim Jarmusch :







William Carlos Williams                                                              

Dédicace pour un lopin de terre


  • Ce lopin de terre 
    qui fait face à ce bras de mer 
    est dédié à la présence vivante de 
    Emily Dickinson Wellcome 
    qui est née en Angleterre, s'est mariée, 
    a perdu son mari et avec 
    son fils de cinq ans
    est partie à New York à bord d'un deux-mâts,
    a dérivé jusqu'aux Açores; 
    s'est échouée sur les hauts fonds de l'Île de Feu, 
    a rencontré son second mari
    dans une pension de Brooklyn,
    est allée avec lui à Porto Rico
    a mis au monde trois autres enfants, perdu
    son second mari, vécu difficilement
    huit ans à Saint-Thomas, 
    Porto Rico, Saint-Domingue, suivi
    son fils aîné à New York, 
    perdu sa fille, perdu son "bébé", 
    pris les deux garçons de
    son aîné du second mariage
    les a élevés - qui avaient perdu
    leur mère - s'est battue pour eux
    contre l'autre grand-mère
    et les tantes, les a amenés ici
    chaque été, s'est
    défendue contre les voleurs, 
    les intempéries, le soleil, le feu, 
    contre les mouches, contre les filles
    qui venaient renifler par ici, contre
    la sécheresse, contre les mauvaises herbes, les tempêtes,
    les voisins, les belettes qui volaient ses poulets,
    contre la faiblesse de ses propres mains, 
    contre la force croissante des garçons, contre le vent, contre
    les pierres, contre les voyous, 
    contre les loyers, contre son propre esprit. 

    Elle a défriché cette terre de ses propres mains, 
    régné sur ce lopin d'herbe
    agoni d'injures son fils aîné
    jusqu'à ce qu'il l'achète, vécu ici quinze ans, 
    atteint une solitude ultime et - 

    Si vous ne pouvez apporter là
    que votre carcasse, passez votre chemin.

    (William Carlos Williams, Al que quiere!, traduction de Thierry Gillyboeuf, La Nerthe libraire éditeur, Collection classique)

24 janv. 2017

Mon recueil "L'ampleur des astres" qu'il est quand même à la Médiathèque du coin

Je viens de filer récemment mon recueil à la Médiathèque de ma ville.
En fait, une seconde fois... car égaré la première fois...c'était en octobre...
Le recueil est donc désormais intégré au catalogue de la médiathèque depuis avant-hier... avec une présentation... heu, comment dire... qui m'a fait marrer... on dirait un truc pour Fluide Glacial...
(mais je pense que si je n'avais pas filé le recueil gratos et que si je n'habitais pas le coin, jamais, O grand jamais, le recueil n'aurait figuré au catalogue....ce genre de trucs, c'est pas leur tasse de thé).




20 janv. 2017

Quelques irréflexions de l'ami Eric !

Des pensées bien senties, ma foi :

"Aucun salaire ne mérite travail".

"Qui se lave les mains après avoir été faire pipi devrait se nettoyer la verge plus souvent ou apprendre à uriner sans se mouiller les doigts".


"Après avoir ri de tout, il sombra dans une profonde dépression".

"Dans la façon de se nourrir comme dans n’importe quoi d’autre, l’intégrisme me fait gerber".
"Quand ils téléphonent, les kinés adorent tomber sur un répondeur pour y laisser un massage".
"En Suède, un tout petit objet volant téléguidé muni d’une auréole, c’est un saint drone de Stockholm".

Le blog d'Eric Dejaeger

This is Martin Bonner (de Chad Hartigan)

Un film très attachant.



19 janv. 2017

Quelques aphorismes par beau temps

Les soirs de grand vent, la tristesse revient. C’est curieux comme la tristesse aime les soirs de grand vent.

On pourrait percer le mystère de l’univers et l’accrocher au mur.

Ma voiture dort dehors tous les soirs. Je ne veux pas savoir avec qui.

J’aime regarder la télé. J’aime aussi regarder le meuble à côté et les murs.

Tu as raté ma vie.

J’ai peur du dentiste ; lui, n’a pas peur de moi. La vie est vraiment dégueulasse.

-Quels livres me conseilles-tu ?
-Les miens.
-Ils sont bons, au moins ?
-Même pas.

Nous marchons, sans le savoir, sur des cimetières. Nous dormons près des morts. Ils devraient nous être familiers.

Installer un hamac entre deux nuages et attendre qu’un peu de vent nous porte en douceur vers un ailleurs.

Nous vivons parfois sur le bas-côté de la déroute.

2 scaynètes (souvenir de décembre 2011)

Face au mur, une table.
autour de la table, trois chaises en bois.
assis sur les chaises, nous trois.
un homme, une femme, une adolescente.
nous sommes une famille.
moi, j'y tiens.
le repas est prêt.
nous dînons.
mâchons.
avalons.
nous discutons.
d'études, de boulot, d'actualité, de cinéma, de musique.
de choses plus graves et plus intimes.
parfois.
nous plaisantons.
l'humour est un ciment.
je supporte mal les choses trop graves et trop longtemps.
nous détestons le silence.
de ces silences qui s'éternisent.
qui pèsent.
qui font douter.
nous tenons à rester une famille.
moi, j'y tiens.
quoiqu'il advienne.

***

C'est lundi, je ne bosse pas.
ça fait des mois.
elle me demande si je cherche vraiment du travail.
pas de réponse.
juste un regard.
ou alors une réponse évasive.
ou alors une réponse ironique.
elle me connaît.
alors ?
elle insiste.
repose sa question.
veut savoir la vérité.
veut savoir si j'ai des soucis psychologiques.
vis-à-vis du travail.
vis-à-vis de dieu sait quoi encore.
on passe à autre chose s'il te plait ?
tu veux me culpabiliser ?
elle prétend que je fais l'autruche.
que je n'ai pas le sens des responsabilités.
elle en parlait avec sa sœur.
qu'on va droit dans le mur.
que l'argent, que le manque, que l'avenir.
celui de notre fille.
aux armes et cetera.
elle soupire.
c'est un profond soupir.
qui s'entend bien.
qui signifie beaucoup.
larmes au coin de l’œil.
puis elle passe effectivement à autre chose.
feint de passer à autre chose.
je la connais.
je ne sais pas quoi dire.
je peux être froid, distant et agressif.
je m'en veux c'est certain.
mais c'est comme ça.
je veux dire c'est absurde.
quoi donc ?
j'ai besoin d'autre chose.
de quoi donc ?
on en discutera un autre jour.
tu devrais consulter quand même, me conseille-t'elle.




18 janv. 2017

De quelques considérations du quotidien

Au guichet
je vais pour retirer 20 euros
de mon compte
et
ce sont bien
20 euros qui tombent
il y a des jours comme ça
tout semble aller
comme sur des roulettes

***

Le prix de l'essence 
a encore augmenté 
ce mois-ci
ça n'a l'air de rien
mais
dans vingt ans
dans cinquante ans
on cherchera
à quel mois
à quelle année
correspond 
ce mois-ci
dont je vous parle
si tant est bien sûr que
dans vingt ans
dans cinquante ans
quelqu'un lise encore ce texte
ouais bon OK 
posons ça comme un simple
postulat mathématique

***

Il y aura des
jours meilleurs
dit comme ça
on n'y croit pas 
un seul instant
alors je vais le dire
autrement :
ilyauradesjoursmeilleurs

***

Une femme vêtue de rouge
passe dans la rue
combien y'a-t-il au monde
de femmes vêtues de rouge
qui sont ainsi suivies
longuement
du regard
&
qui aiguisent le désir 
violent
d'un inconnu
du 3è étage ?

***

Le boss kabyle
à force de me voir
venir
dans son bar-tabac
commence à bien me remettre
on se serre la main
il me parle de son départ 
au bled
d'un client qui
commence à perdre la boule
puis
je lui achète mes clopes
et
je lui dis que j'ai encore
perdu au
loto sportif
la chance va tourner, elle finit par tourner
me promet-il
en souriant
dans ses habits de
grand voyant du hasard
vous m'avez déjà dit ça hier
je lui réponds
en souriant 


Du voisinage

Un ours polaire
attend sagement
le bus 191
à côté d’étudiantes
et
d’employés encore ensommeillés
rien de plus anodin
n'est-ce-pas
ça fait bien longtemps
que les ours polaires
n’ayant plus de banquise
où s’asseoir
sont devenus des citoyens
comme les autres
et
mangent des burgers-frites
bien gras
au déjeuner
sans se soucier
de ce que faisaient leurs ancêtres

***

Le voisin
je ne l'aime pas
et
quand il sort de chez lui
c’est pour une bonne raison
il ne peut en être autrement
il m’arrive parfois de le suivre
jusqu’à la caisse de la supérette
où il m’adresse un sourire
qui en dit long
sur sa perversité machiavélique
ce salaud à l'oeil partout
je fais semblant de ne pas l'avoir
vu
ou alors
je lui réponds par un sourire
nigaud
au retour je note dans mon journal intime :
« Le voisin - je ne l'aime vraiment pas- 
est comme tout le monde
il a des choses à cacher
et ces choses-là pourraient nous mettre en danger
j'en suis absolument sûr »
au coucher
à cause du voisin
je le déteste toujours autant
mon imagination s’emballe
je visualise des scènes
j'émets des hypothèses
je me prends au jeu
de toutes ces histoires
le concernant
et
je ne parviens plus du tout à m’endormir
un jour ça se terminera mal tout ça
très mal, je vous le dis




arriver à bon port

En rentrant du boulot
à pieds
après avoir salué un collègue
de mon âge
la plupart sont bien plus jeunes
qui me racontait ses projets
de développement durable
entre deux questionnaires
au téléphone
il attend du fric
d'investisseurs étrangers
pour partir refaire sa vie 
en Afrique subsaharienne
c'était un peu l'aventure
mon aventure
dans la nuit venteuse et
glacée
les merdes de chien
du jour étaient d'ailleurs
déjà figées par le givre
j'ai accéléré le pas
traversé des quartiers
sensibles
des quartiers bourgeois
des rues
des avenues
j'ai croisé sans les regarder
un tas de gens
un tas de voitures
des portes
des fenêtres
des poubelles qui attendaient dehors
je ne les ai pas comptées
j'étais trop occupé à faire
un pas devant l'autre
pour me réchauffer
avec pour seul 
et
unique projet
d'arriver à bon port
sans clamser bêtement 
en cours de route
un soir d'hiver 
qui n'avait rien 
de vraiment spécial

16 janv. 2017

Un soir comme tant d'autres (Souvenir de décembre 2011)

Je suis rentré un peu tard
tu m’as demandée où j’étais
je ne suis pas soupçonneuse
je m’inquiétais pour toi
je t’ai répondu que l’étude au téléphone
avait duré plus longtemps que prévu
que j'étais ensuite rentré seul
en marchant le plus vite
possible
et
que tu lisais sans doute trop 
de faits divers
tu aurais pu m'envoyer un texto pour prévenir
oui, je sais, désolé
je t'ai embrassée
pour me faire pardonner
alors tu m'as
pardonnée
il est toutefois possible que ça m’arrive un jour ou l’autre
quoi donc ?
que je me fasse agresser sur le chemin du retour
ne dis pas ça... ça porte malheur
il a fallu
de longues secondes de silence
pour conjurer le mauvais sort
et puis 
nous avons parlé
d'autre chose
je crois que nous avons parlé d'inviter un ami à dîner
pour que tu t'endormes
le plus tranquillement du monde
il faut dire aussi que
les comprimés prescrits
sont particulièrement efficaces

3 considérations de peu d'intérêt

Tu dors
profondément
je devrais être censé
en faire autant
mon estomac
m'indique
pourtant
une toute autre direction
mon estomac et mes insomnies


***


La chaîne météo prévoit
des températures polaires
pour les prochains jours
on n'y est plus trop habitués
préparons-nous à hiberner
sous les draps
et
à nous aimer sans relâche
avant que le froid
ne transforme
nos rares élans
en pantins vitrifiés
laisse-moi d'abord mettre mes mains sur tes fesses
pour les réchauffer



***


Un seul grain de sable
suffit à enrayer
la tranquille mécanique des habitudes
et des humeurs égales
il y a plusieurs raisons à cela
il paraît aussi que c'est le vent
qui le ramène parfois jusqu'à nous
cet été on le déposera
là où il doit être




15 janv. 2017

Un vieux ticket de cinéma

J'ai conservé parmi d'autres choses
un vieux ticket de cinéma
avec comme unique inscription "valable pour 1 entrée"
pas de titre de film
pas d'indication sur l'horaire de la séance
ni sur la salle
était-je
allé voir un film d'auteur
une comédie
un film d'action
était-ce 
il y a quinze ans dix-sept ans ou plus
étais-je
seul ou avec toi
impossible à dire
je ne cherche pas vraiment
à obtenir de réponse
claire et précise
je ne sais même plus pourquoi
j'avais décidé de
conserver ce vieux ticket de cinéma
parmi d'autres choses
il est temps pour lui 
d'en finir avec
mon côté un peu fétichiste
hérité de l'enfance
je me souviens qu'à l'époque 
je ne jetais rien
il me fallait alors une preuve
tangible
et
sans cesse renouvelée
de ma propre réalité

13 janv. 2017

C'est bien la première fois qu'une baleine...

Tu me dis de lâcher ce poème
et de descendre
pour aider à secourir
la baleine échouée
dans l'avenue
-descends vite, ils ont besoin de bras!
c'est donc ça l'agitation dehors
-Ok, j'arrive.
de toute façon mon poème
fait du surplace
j'enfile un peignoir
des claquettes
et me voilà dehors
-Maman, tu crois que c'est Moby Dick?
la gosse est curieuse
sa mère prend des photos
de la baleine
-Moby Dick c'était un livre ; là c'est la réalité, ma chérie.
nous sommes une cinquantaine
à lui porter secours
on écoute battre son cœur
oui elle vit encore
elle ouvre un œil
-On lève tous ensemble, allez! 1,2...et 3!
nous la soulevons
avec précaution
nous la posons
avec la même précaution
dans la remorque du convoi exceptionnel
qui la ramènera jusqu'à la mer la plus proche
c'est-à-dire approximativement
à 200 kilomètres d'ici
je m'éponge le front
mon voisin pose la main sur mon épaule
-c'est quand même dingue...que je lui dis.
-quoi donc ?
-la baleine, elle a dû prendre un sacré élan dans la mer pour glisser jusqu'ici.
-ne racontez pas n'importe quoi.
ah bon
puisque tout le monde
semble ne plus s'étonner de rien
je vais reprendre mon poème
et l'intituler
c'est bien la première fois
qu'une baleine de plusieurs tonnes



12 janv. 2017

Le petit radiateur électrique

Ici
c'est pas l'Alaska
mais quand même
on se réchauffe
tous les trois
comme on peut
près du petit radiateur électrique
acheté 6,19 euros au bazar d'à côté
dehors
il neige
à petits flocons
j'ai déjà enfilé plusieurs couches
de vêtements
et 
deux grosses paires de chaussettes
on attendra
ensemble
devant le journal télévisé
que le petit radiateur électrique
nous claque
entre les doigts
parce que
à 6,19 euros quand même
s'il tient la soirée
on est d'accord
c'est miracle





elles sont normales, tes couilles ?

Je repense à
ce que tu me demandais
tout-à-l'heure
dans la salle de bain
-elles sont normales, tes couilles ?
-oui. Pourquoi ?
-Je sais pas... On dirait que t'en as qu'une...
-n'importe quoi ! Qu'est-ce tu racontes ! J'en ai deux !
je t'ai montré mes
deux couilles
pour que tu vérifies 
une nouvelle fois
mais tu n'as pas semblé
convaincue
ça m'a décontenancé
et 
ça m'a vexé

merde alors
je ne m'étais encore
jamais
posé la question
de savoir si
mes couilles étaient normales
la chose me paraissait alors entendue
et
non discutable

3 articles qui ne sont pas dans la presse

Une voiture
à quatre pattes
marche
cahin caha
jusqu'au feu rouge
une seule tête dépasse
du capot
l'autre est trop
petite
je la regarde depuis
ma fenêtre
puis le feu passe au vert
la tête fait
tchou tchou
pour avancer
tchou tchou
répond la petite
tête
cachée
mes lèvres sont gercées
je ne peux pas souffler
je ne peux pas l’aider
à accélérer
davantage

***

La chaleur humaine
elle est frileuse
ces temps-ci
on la voit sortir
du haut des toits par la cheminée
elle fume beaucoup

la chaleur humaine
on l'observe avec amusement
elle risque de se casser la gueule
à cause du verglas
sur les trottoirs
la chaleur humaine

elle grignote des sucreries
des trucs gras
elle est un peu partout
jamais vraiment toute proche
j'en ai quelques kilos en moi 
aussi
et ça peut faire pitié
le poids des solitudes
casanières
je vous comprends

ça vous énerve
c'est de bonne guerre

***

L'arbre
le seul
ici
qui soit planté
qui soit debout
qui peine à vivre
eh bien
c'est pas un poème
à deux balles
qui va lui rendre
sa beauté naturelle
et
sauvage







11 janv. 2017

Tapis rouge, lauriers etc

Nous sommes très différents
l'un de l'autre
pourtant si proches
les années ont passé
nous ont pressé
sans que jamais pourtant
ne disparaisse
l'évidence du départ
là où tout a commencé
c'est à n'y rien comprendre
cet amour-là
ira jusqu'au bout
je crois
jusqu'au bout de l'usure
ira jusqu'à la mort
il n’y pas d’alternative
pas d’autre issue
on peut désormais lui dérouler
le tapis rouge
qu'est-ce que t'en penses ?


10 janv. 2017

Quelques aphorismes par pluie battante

À vol d’oiseau, c’est tout proche. Sauf s’il y a un chasseur dans le coin.

Je suis condamné à vivre ici-bas ; j’ai le vertige en haut des arbres.

Mes tissus adipeux sont loin d’avoir la finesse d’un tapis d’Orient.

Des fois, on se dit qu'un simple détail pourrait... Tiens, par exemple : si tous les gens de l’immeuble d’en face passaient la tête à leur fenêtre en même temps, ça me ferait un putain de public pour mes poèmes et mes aphorismes !

Je n’ai jamais été un tueur en série. Ce sera pour une autre vie.

Moi aussi, en lisant Bukowski, j’ai fait partie de la Bite Génération.

Poussons mémé dans les orties si vraiment elle est trop casse-couilles.

Mon haltère ego fait de la muscu, pas moi.

Certains quartiers connaissent bien le chant des sirènes.

C'est le moment de jouer : son pronostic vital est engagé à 150 contre 1.


C'est pas avec du carbone 14 qu'on fait le ménage !

Quand je vois toute la poussière au mur
je me dis
qu'avec un peu de chance
on pourrait trouver trace
résiduelle
d'une cigarette vieille
d'il y a une quinzaine d'années
peut-être même de
la première cigarette fumée
dans cet appartement
tu te rends compte ?
était-ce à cet endroit précis
ça je ne m'en souviens plus

et c'est pas loin d'être émouvant
de se dire que de 
fines
particules du passé
pourraient avoir survécu
aux multiples déflagrations
d'une vie

Le wagon de tête (Souvenir de décembre 2011)

Nous aurions un chien
ça n'irait pas plus mal
moi je me chargerais de le caresser
et tu pourras le faire aussi
lui se chargerait d'aboyer
on lui montrera comment faire
s'il ne sait pas
s'y prendre avec douceur 
il viendrait se blottir près du lit
ah oui ce chien je l'imaginerais bien
au pied du lit
de ton côté ou du mien
c'est comme tu veux
bon ok plutôt du mien alors
pendant que je lirais quelques pages
d'un poète qui finirait
de me remplir d'amour
un truc qui y ressemble et rassasie
et tu t'endormirais
shootée comme à l'accoutumée
sans sexe ni tendresse
en rêvant dieu sait quoi
d'en finir
d'un ailleurs
de ton père
d'hommes plus virils que moi
d'une autre vie
en somme
depuis le wagon de tête de
l'Orient-Express
sans me dire si 
j'y suis à bord