31 déc. 2009

Bonne Année !




Et un grand merci à toutes celles & à tous ceux qui sont passés par ici.




Un grand évènement selon lui

A peine entrés
déjà sortis
les deux panneaux se chevauchant ainsi:
"bienvenue dans la plus
petite ville du monde"
et "merci d'avoir visité la plus petite ville
du monde".
Lee ralentit freine et demande à Carol s'il n'a pas
rêvé
Nan nan qu'elle fait de la tête
Il propose de faire marche arrière
pour revoir la plus petite ville du monde.
Carol en débardeur noir
fume une clope fenêtre ouverte
pffiou, si tu veux
Lee arrête la voiture entre les deux
panneaux regarde à droite
à gauche
et s'étonne qu'on puisse vivre dans
une ville aussi minuscule
entre deux panneaux
sans aucun bâtiment sans aucune terre
sans rien
Pfiouu, le monde est bizarre, Lee, te pose pas trop de questions à la con.
Si ça se trouve, ils vivent sous terre...
Pfiouu, bah non, les panneaux le signaleraient, Lee.
Il marche un peu
et sur le sol craquelé
de caillasses
de poussières
d'herbes sèches
il aperçoit
bien froissée
une revue qu'il part récupérer.
Il la montre à Carol
Regarde: "Le plus petit bulletin annuel de la plus petite ville
du monde / Aucun évènement marquant /
Prochain numéro dans un an".
Il se penche alors vers Carol
l'embrasse sur les lèvres
lui caresse les seins
sous le débardeur
il la force presque
à sortir de la voiture
avec l'appareil-photo numérique
de 7 millions de pixels
afin qu'ils puissent
immortaliser
cet évènement que d'avoir fait l'amour
par terre
dans la plus petite ville du monde
et par la suite
envoyer le plus beau cliché
à l'agence qui s'occupe
d'imprimer le bulletin
annuel.
c'est vraiment pas commode de faire ça ici dit Carol
un peu grognon
On s'en fout, Carol, on le fait pour l'Histoire, ouep, pour l'Histoire, tout simplement...

Lubie's Lee: il aurait voulu lui ressembler

Attablés depuis deux heures
au Quick du coin
ils se regardent en chien vide de
faience
ours mal léchés
en manque de miel
depuis deux heures et quart
deux heures vingt-cinq
vingt-six
j'voudrais m'acheter des lunettes et un chapeau
que fait Lee
Carol ouvre grand les yeux
tu veux t'acheter quoi ?
ce à quoi il réplique d'un
exact
suffisamment sibyllin pour qu'elle lui
demande de répéter ça
un chapeau et des lunettes pour lui ressembler
et Carol décidément perdue
dans cet univers qu'elle croyait
connaître au moins un peu
se demande bien à qui il veut ressembler
si ce n'est à son trouduc de père
et lui envoie un
tu t'fous d'ma gueule c'est ça ?
nan, je veux ressembler à Richard Brautigan
et il lui sort une photo
de Richard Brautigan avec lunettes
et chapeau
puis du côté droit de sa veste un bouquin
de Richard Brautigan
puis de sa poche intérieure gauche
son journal
japonais
c'est un géant ce mec, un géant
Lee l'assure la main sur le coeur
et Carol de pousser un cri d'orfraie
de Jane sans Tarzan
de Tintin sans Milou
de chapeau sans lunettes
en plein Quick
JA-MAIS, Lee, mon Lee, j't'ai jamais vu écrire une ligne JA-MAIS!
et Carol lui propose
de rentrer à l'hôtel
prendre une douche
un bain chaud
une tisane
pour qu'ils continuent de poser
sur le
monde leur subtil regard
de mouches à merde
à deux
à deux
enlacés tendrement
nus si tu veux
demain, on oubliera tout ça, Lee...

Richard Brautigan


30 déc. 2009

Apocalypse now

La moquette
ayant tellement poussé
dans la nuit
qu'il ne retrouva plus ni ses
affaires ni sa femme
ni ses enfants le lendemain
matin
il les appela de toutes ses forces
en vain
et s'avançant à l'aveugle
il fut attaqué par les angles
de la table basse
devenue haute
mordu par une paire de chaussettes
venimeuse
lacérés par des stylos longs
comme des lames de machette
assommé de couleurs vives
par un tableau géant
sans valeur
il s'écroula sur le sol
qui l'avala cul sec
le recracha en petits morceaux
dans la rue
ou il se fondit avec le bitume

Cadeau

Il tira si longuement
sur son sexe
qu'il en fit une écharpe
pour l'hiver

C'est pas encore la fin de l'année

Alors que l'année s'achève
il se cherche un projet un objectif
pour la
suivante et comme
il n'en trouve pas
il décide qu'il n'est pas encore
prêt
à changer d'année et
qu'il y restera donc un peu
plus longtemps.

Et sous les bras

Lui, il sentait des pieds.
Elle, Nina Ricci ou Angel de Thierry Mugler.
A part ça, ils n'avaient strictement
rien de commun.

Les jours (Marlène Tissot)

Les jours se suivent
à distance respectable
en s'épiant
mine de rien
comme s'ils craignaient
que le prochain
les morde
ou qu'il leur fasse
de l'ombre
J'ai peur qu'ils se
mettent à porter
tous le même costume
à marcher au pas
à baisser les bras
Je rêve d'un hier
qui lambine
d'un demain qui se
pointe sans prévenir
et d'un aujourd'hui
qui sache sourire
à l'un comme
à l'autre

Jungle monkey entre Carol & Lee

Ne sachant trop quoi faire
Carol propose qu'ils aillent
au zoo voir les animaux
sauvages
autant aller visiter quelqu'un
en taule répond
Lee
il trouve son idée
faite pour les vieux
cons qui s'emmerdent
tu proposes quoi à la place?
elle lui demande
on pourrait passer la journée
à baiser à l'hôtel, non?
Lee aimerait bien en
tout cas
Carol sourit et trouve son
idée faite pour les jeunes cons
qui s'emmerdent
alors c'est ok pour le zoo ?
c'est ok
et passant à proximité des
singes
Carol dit à Lee que ce singe-là lui
ressemble
trait pour trait
sérieusement, c'est ton portrait craché
elle se marre follement
et Lee de faire la gueule pour
le restant de la journée
pour le restant de la
nuit et il semblerait qu'elle
ait trouvé-là un point tellement
sensible
qu'il ne sache plus faire la
grimace

Yves Simon


je vis les amnésies
de nos jours
antérieurs
comme s'ils
n'avaient jamais
existé
je suis pourtant
plus imbibé
de toi qu'il n'y
paraît
je vis les amnésies
qui n'offrent rien
à ressentir
rien de
particulier
il faut croire
que la mémoire
est un sentiment
comme un
autre qu'il se
dilue sans
la nécessité

29 déc. 2009

Sur les Impromptus d899 & d935

je me servirai un verre
plus tard
&
je te rejoindrai
peut-être
&
ce n'est pas contre
toi ce n'est pas je t'assure
c'est sans doute
que j'ai
besoin
d'autre chose
d'un repli
d'un autre envoûtement
&
de sentir
un piano triste
incrusté pour
la nuit
qu'elle soit blanche
ou noire
d'impromptus
mes
impromptus
sans parole ni musique

Epousseter nos poussières

Le vase bleu
ciel
en haut de l'étagère
comme défait par l'attente d'une
fleur
qui n'est jamais venue
et nous
qu'aurions-nous fait
du haut de l'étagère?
Sous sa capuche
qui la protège des gouttes
de pluie froide
combien
de sensations d'images
dans les zébrures
écharpe autour du
cou
s'étranglent
d'elles-mêmes?

Loin l'abstrait, redevenir concret

Mes secondes amoindries mon jean mes chaussures ma veste noire je descends église dehors en face sonne dix coups parvis sombre ciel gourd à la vue rare de tout la lumière doit être nichée dans nos corps je sens mes secondes amoindries l'escalier trois étages mes pas sont lourds je descends à la cave vers ce qui est plus sombre encore la lumière s'allume d'un clic s'éteind toute seule comme un claquement de doigt une évidence une présence et s'il y avait là deux corps parfaitement oubliés dans la cloison humide sculptés refigurés invisibles vivants à leur façon je descends à la cave de la cave vers ce qui n'est qu'un "?" percutant plein fouet mes secondes amoindries me ressemble à quelques détails près reprend litanies POINT DE MIROIR FIXATION INUTILE POINT DE MIROIR le plus dur est d'ensuite remonter sans rien laisser paraître paraître.

Tandis qu'il pleut dehors...

Elle
enrhumée
assise bien au chaud
à l'intérieur d'un calme bistrot
regard fenêtre côté rue
un calepin posé sur la table
près d'un portable
qui ne sonne pas
a commandé un café
au lait
Lui
à la table voisine
l'observe du coin de l'oeil
attiré
par ce qu'il
considère un charme
rêveur et mélancolique
mais qu'il ne sait
comment aborder
sans lui paraître
importun
a demandé une nouvelle
bière pression.

28 jours plus tard (Danny Boyle - 2003) + 28 semaines plus tard (Juan Carlos Fresnadillo - 2007)

















C'est un chemin (parmi d'autres)

Toi & moi
sommes sur un
chemin

c'aurait pu
être un autre
c'aurait pu
tout autant
nous scinder

il est impossible
de déterminer
qui d'entre nous
à ouvert cette
voie-là que
l'autre a suivie

et nous n'envions
pas ceux qui
partent
tranquillement
en voyage

tant que sur
ce chemin
lancés nous
nous obstinons
à marcher de
concert.

A manger, en mangeant

Elle s'est essuyée la bouche
en s'excusant
de m'avoir
postillonné
dessus
et j'ai pensé
que ses lèvres
charnues
ne devaient pas recracher
les baisers
passionnés
de la même
manière.

Qui sait

je regarde à la fenêtre
si les gens vivent encore
à l'heure qu'il est
et je fume une dernière cigarette
sans savoir
s'il en sera ainsi
demain
Il fila à
l'anglaise
avec l'accent
breton
Et si on prenait la poudre
d'escampette
pour la mettre
dans les canons?
Tu veux avoir
le dernier mot
et moi
le point final
Pour garder son sang
froid
il suffit juste
de mourir
le temps
qu'il faut
Nous avons dîné
en tête-à-tête
quand le reste du
corps
n'a pas voulu
venir
nous sommes au pied
du mur
derrière lequel
un autre mur
et d'autres
pieds déjà
Balayer devant sa porte
c'est renvoyer
la poussière
chez le voisin
tu n'es pas né de la
dernière pluie
et pourtant tu prends
l'eau

26 déc. 2009

Fuite en avant sans retour en arrière

nous avons bu et
fait l'amour
j'ai demandé à la réception
qu'on nous apporte encore un peu
d'alcool
pour la soirée

quand le téléphone a sonné
le numéro était masqué mais la voix
était énervée et j'ai cru à une
erreur j'ai raccroché

car il ne savait pas
qu'il y avait quelqu'un dans ta vie
depuis plusieurs années
et il s'en foutait du reste
et il s'en foutait
j'ai encore raccroché

et puis tu étais en train de faire ta toilette
en train de chier
en train de crever
enfin c'est ce que j'ai dit
quand il a rappelé en m'insultant
de toutes ses forces
en hurlant
qu'il allait nous tuer
qu'il savait ou nous trouver

j'ai regardé par la fenêtre de l'hôtel
il y avait comme un sentiment d'abandon
un peu partout
la nuit jusque dans mes
pensées que je parvenais à peine
à regrouper

tu t'étais endormie
quasiment nue
torchée
tu ronflais
la valise posée contre le mur
pas encore défaite

et il faudrait encore une fois
remettre à plus tard
le repos
dans nos vies
et il faudrait que tu m'expliques
qui était cet homme
qui t'en voulait tant.

Raymond Radiguet (1903-1923)



-Le bal du comte d'Orgel

-Le diable au corps

Souvenirs de lecture de mon adolescence.

Drague poétique pour éjaculateur précoce

-Votre visage est beau comme un lai.
-...
-Votre bouche sensuelle, on en ferait deux rimes à croiser.
-...
-Votre nez fin est une envolée lyrique. Vos cils ont la finesse des plus beaux vers. Vos yeux, le châtoiement des douleurs romantiques. Vos cheveux, la forme d'un calligramme...
-...
-Vos seins, ah, vos nichons, un recueil inédit. Et vos fesses, nom de dieu, putain, ton cul, ton cul, une invitation au voyage de luxe, de calme et de volupté et cette chatte, bordel, ouah, j'en peux plus, tu veux bien sucer mon haiku et tout avaler?

Fruitée

Elle en avait marre qu'ils la prennent
pour une poire
qu'ils se foutent de sa pomme
qu'elle en perde la banane un peu plus
chaque jour
alors elle décida qu'elle serait
désormais pour les hommes
la cerise
sur le gâteau.

24 déc. 2009

Joyeux Noel !




Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme.
P.Desproges (Chronique de la haine ordinaire)
.
Une vie, c'est 70, 80 sapins de Noël. Remarquez, quelquefois, il suffit d'un platane..
M.Galabru (Pensées, répliques et anecdotes)
.
A Noel, je n'ai pas plus envie de rose que je ne voudrais de neige au printemps. J'aime chaque saison pour ce qu'elle apporte.
W.Shakespeare (Peines d'amour perdues)

Perméable & confuse etc

Elle dort
mais
sa détresse est là
sa détresse se voit
on la voit de très loin
on ne voit qu'elle
Il lui a demandé bien sûr
ce qu'elle
avait ce qui se passait
et elle a répondu comme
d'habitude
une phrase à la fois rassurante
à la fois lointaine
comme un morceau de chair
poisseux
sur un étal

Les cloisons mécaniques

Tu en croises des dizaines
des centaines
des milliers
&
des fois tu aimerais bien en savoir
un peu plus
par simple curiosité
tu te prends au jeu des
hypothèses
avant de renoncer vite fait
parce que
tu ne fais que les croiser
sans savoir ce qu'ils font de leur
vie
sans savoir ce qu'ils pensent
de leur vie
&
le plus confortable
dans cette histoire
dis-tu
c'est qu'ils ne savent pas
non plus
ce que tu fais de la tienne

Pluie de bars le temps d'une soirée

la soirée avait été bien arrosée
entre cocktails bières
et fous rires
&
à l'heure de nous séparer
elle nous a dit qu'elle ne craignait
pas de devoir prendre toute seule
le dernier
métro pour
rentrer chez elle
dans sa lointaine banlieue
qu'on ne devait pas s'inquiéter
&
qu'elle faisait confiance à sa bonne
étoile
celle qui brillait plus longtemps
plus vive que
les autres
les soirs de cuite
et de grand froid

John Fante (1909 - 1983)






"Un jour, j'ai attrapé un livre, je l'ai ouvert et c'était ça.. Je restai planté un moment en le lisant, comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique... Les phrases coulaient si facilement à travers la page, c'était comme un flux. Chaque ligne avait son énergie. La vraie substance des phrases donnait une forme à la page comme si elle était sculptée. Enfin je découvris un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. Le début de ce livre me fit l'effet d'un miracle énorme et violent. Le livre était "Demande à la poussière" et l'auteur John Fante. Toute ma vie son influence a illuminé mon travail... Oui, Fante a eu un énorme effet sur moi. Peu de temps après avoir lu ses livres, j'ai commencé à vivre avec une femme qui était une plus grande ivrogne que moi, nous avions de grandes bagarres, souvent je lui criais : "Je ne m'appelle pas f... de p.. , je m'appelle Bandini, Arturo Bandini !" Fante était mon dieu."
Charles Bukowski - extrait de la préface de "Demande à la poussière"

Garde à vue (Claude Miller - 1981)


Avec Lino Ventura, Romy Schneider, Michel Serrault, Guy Marchand...

Une petite promenade

Je suis sorti seul de chez moi, mal rasé, mal habillé, la clope au bec, en coup de vent pour éviter un coup de cafard. J’ai marché par des rues, au hasard, des artères centrales, animées, des quartiers d'évasion, des lieux quelconques, et sales, à la périphérie, je l’étais, moi aussi, de tout, j'ai soupiré « quelconque », quel con, et j'ai tourné. Il ne s'est rien passé. Il faisait un temps froid aux vitrines, scintillantes, à lécher pour Noel. Des passantes, des passants. Et les regards, nulle part, partout, complices? J’avais l’air nonchalant, trop crispé, naturel? Je n'étais pas peigné. J'étais ailleurs et parmi tous. Cheveux au vent, glacial, et mon humeur, pareille. Je marchais en canard, au pas de l'oie, à l’aveugle, des pas devant, d'autres perpendiculaires, en travers et j'ai tourné. La tête. Personne ne me suivait. J'ai trouvé ça normal. Après tout. J'ai entendu des rires. J'avais envie de rire. Mais seul, sourire et sans écho ? D'ou venaient-ils, ces rires ? D'un bar, d'un resto, d'une galerie de portraits? Photographie de mon étau, morose. J'ai le visage étroit, pressé. Je m'y suis renfermé. Un mime. Incognito. J’avais fumé beaucoup, vidé tout le paquet, cendres et poussière, inconcevable, encore en vie! Et je l'ai chiffonné, jeté aux oubliettes. Poumons, poumons, coeur et débris, bribes de soi et j'étais là, perdu, comme saturé, et toujours mal rasé, mal habillé. Il me fallait un lieu; Vite! Vite. J'ai réfléchi. Un lieu sûr. Loin de ces rues. Qui me vidaient de sens. Qui m'étiolaient. Qui me tombaient dessus. Pleine gueule et j’étouffais, je rampais, les pieds lestés de plomb, de surplace, de quoi faire. Face à tant d'inconnues, des X et des Y, des anonymes, des syncopes. Le vertige d'un vide, un trop-plein. J'aurais dû y penser, j'aurais dû y rester, j'aurais dû! Chez moi. Le cafard du dedans, l'asphyxie sous les draps, la trouille du couloir, au moins, j'en avais l'habitude! La rue, la rue n'était pas mon royaume.

23 déc. 2009

Locked

j'ai envie d'écrire un bon texte ce soir
alors je tape les lettres A puis
N puis U et puis S et l'écran affiche
N O E L
Tiens, un bug je me dis
je recommence avec les
mêmes lettres non par provocation
mais simplement parce que j'ai besoin de ce mot-là
pour mon histoire
et l'écran affiche
V O E U
Putain, c'est quoi ce truc?
je veux pas de ça dans mon texte je veux
de l'anus du cul du fion
de la couille de la chatte
de la sodomie merde alors
je retape les quatre
mêmes lettres du début
et là rien
l'écran n'affiche plus rien
et l'ordinateur s'éteint tout seul
et impossible de le rallumer
comment je vais faire pour
mon texte je suis désespéré
nom de dieu
et j'entends une voix
la voix grave de la machine qui me dit
je suis tout excité je refuse désormais dc cautionner toutes ces vulgarités adieu
COMPUTER locked

Pas besoin de conseils, un hâchoir suffit

Il aimait tellement les mots
sans toutefois parvenir
à les agencer comme il le souhaitait
qu'il est allé voir
son écrivain préféré
un vieil écrivain
celui qu'il admirait depuis des années
et il l'a tué d'un coup
de hâchoir en plein coeur
il lui a ensuite ouvert
le cerveau
délicatement
usant d'ustensiles de
précision piqués dans
une clinique
afin de répondre enfin à cette
putain de question existentielle
qui le taraudait tant:
comme faisait-il, lui,
pour écrire aussi bien
bordel ?

Obsession(s)

à peine avait-il baisé sa femme
qu'il en redemandait encore
et encore
à la retenir entre ses bras puissants
toujours à lui sucer les seins
à lui fourrer la bouche de sa salive
à lui mettre un doigt
devant derrière
toujours la trique
toujours la queue
en expansion
dans l'univers clos de
la chambre
& toujours cette idée
qu'elle finirait bien
par lui trancher le sexe
avec un sabre japonais
pour en finir une bonne
fois
pour toutes.

N'est-ce-pas?

Certes,
les je t'aime qu'on se dit maintenant
n'ont plus la même signification
les corps à corps
n'ont plus la même impétuosité
qu'au début
mais je ne pense pas
que nous en soyons plus
malheureux
pour autant.

A votre santé ! Au choix:




22 déc. 2009

Ronronnements électriques

Ronronnements
Ronronnements électriques
les machines miaulent
dans la maison
il est tout-à-fait possible
qu'elles sortent la nuit
pour courser le cul
d'autres machines
et qu'elles rentrent
juste avant
que les sommeils
profonds
se soient déchargés
pour le réveil
de l'aube
la neige a fondu
sur le toit
et les gouttes
une à une
s'écoulent
en petites
flaques
sur un carton
d'emballage
piétiné
Caché sous la table, cet insecte tremble de trouille.
A moins que ce ne soit le courant d'air qui le fasse frissonner.
Je lui demande de faire un peu moins de bruit.
Je n'entends plus le coeur de ma respiration.
D'ordinaire, c'est une usine qui tourne à plein régime.
Avec des ouvriers dans tous les sens, des intérimaires, des ouvriers spécialisés, un chef d'équipe, la DRH, des souffre-douleurs, d'anciens chômeurs, une secrétaire, la machine à cafés, la direction toujours en réunion.
C'est sans doute une altération, une illusion de ma conscience.
Je suis caché sous la table, je suis en fait l'insecte.
C'est moi qu'on veut virer, qu'on veut éliminer.
Ou sont mes semblables?

D'une manière ou d'une autre

Je peux rester des heures entières assis à ne rien faire.
Entre le mal de tête et celui de vivre, bascule d'avant en arrière, sur le côté, ce sont quelques saccades qui me tiennent en éveil. La respiration, elle, continue.
Une sorte de vague sans écume qui s'échouerait régulièrement sur les mots en leur demandant de signifier quelque chose. Le corps tenu hors de l'eau, sans que l'atteigne profondément le courant qui les éloigne.
Comme si le mouvement extérieur était source de mon désordre. Assis.
En ne pensant ni ne croyant pourtant à rien de précis, à vivre là l'oisiveté, l'impatience, l'impuissance, la peur, le phantasme, l'indifférence, l'immobilité relative, la distorsion du réel, le plaisir simple, la fonction de remplissage, le semblant d'être.
Je peux rester des heures entières assis à ne rien faire, trouver que ma vie est moins complexe qu'un puzzle et plus insupportable qu'un regard.
Je sais depuis longtemps qu'un jour je serai hors d'atteinte, à perdre tout contrôle, d'une manière ou d'une autre.

21 déc. 2009

A force de fixer l'écran
je sais qu'un jour il deviendra
mon double.

Entre la tombée de la nuit et le lever du jour

A la tombée de la nuit, je ramasse les cils des nuages un à un que je colle ensuite dans un cahier à spirales. Je les numérote, je les date, j'ajoute un petit commentaire pour m'en souvenir des années plus tard. Dans mon cahier, à la page 17, j'ai ainsi retrouvé un cil de 1984. Devenu tout blanc. J'ai fermé les yeux et j'ai tenté de reproduire la forme du nuage d'ou il est tombé à l'époque. Les images s'emmêlent un peu. Je crois que je vieillis aussi.

Au lever du jour, je mets des pansements sur les sommeils noueux du vent à cause des griffures de la lune. Ayant joué avec des pelotes de laine, de mer et de planètes voisines, elle empêche le souffle léger de s'endormir tranquille; parfois, il s'énerve, se fâche d'un ton sec et violent avant de s'isoler dans un petit coin perdu du ciel, ou il se lamente, saigne les eaux sales.

Entre les deux, je ne dors jamais.
J'ai trop peur qu'il m'arrive quelque chose de réel.
son regard pouvait signifier
deux choses
le défi
l'attirance
et c'est en s'approchant
qu'il le fixa
au vide
dans son atelier
il fabrique des sourires
des fous rires
des intimités improbables
et tout un tas de trucs
à base de poudre
d'épices
et de formules magiques
quand il souffle dessus
l'oiseau sort de la cage
fait le clown
devant un public de fourmis
rouge conquises
qui en jettent leurs petites
tenues
affriolantes
la concierge cogne
alors
contre la porte
de l'atelier
pour que
cesse
tout ce capharnaum
décadent
un ciel à coeur ouvert
le ciel de nos fenêtres noires
chiale
des litres de sang
une pluie de
ricochets sur les
champs les rivières
et les rues
et ce n'est pas pour rien
que nous cherchons l'asile
d'une introuvable
vie.

Je sens que c'est la bonne semaine


Heu....

Un petit conte de Noel

Je frappai deux coups et la vieille femme ouvrit la porte; elle me fit asseoir sur un canapé en tissu rouge et blanc qui lui venait de son arrière grand-père; elle me proposa un verre de thé bien chaud. Un sapin de Noel tout scintillant éclairait d'une sobre pénombre le fond de la pièce.

Ainsi donc vous venez pour l'annonce me dit-elle en me regardant droit dans les yeux; deux yeux vifs de couleur sombre, l'un marron, l'autre noir. Mon ancien jardinier est parti à l'étranger, vous voyagez souvent? Je répondis que non, que j'étais assez casanier.

La vieille femme, souriante, me proposa des gâteaux secs et un autre verre de thé que je m'empressai d'accepter. Elle me fit ensuite monter à l'étage et me montra ma chambre. Il y avait au moins un grand miroir par côté de mur et le lit ressemblait à un cercueil. Sur une table à côté était posée une paire de sécateurs. N'ayez pas peur, ces miroirs proviennent de mon ancêtre du 18è siècle.

Plus elle parlait, plus je remarquai son fort accent rauque des régions de l'Est, des pays de l'Est. Je me postai à la fenêtre avec vue sur le jardin dont il me faudrait m'occuper dès demain matin. De hautes futaies empêchaient toute vue sur le voisinnage. Je tentai d'ouvrir la petite fenêtre pour donner un peu d'air à cette chambre qui sentait le renfermé. Elle est bloquée et la vieille femme me souhaita une bonne nuit, faisant claquer la porte de la chambre qui se verrouilla.

La tête commençait à me tourner. Je m'écroulai dans le lit en forme de cercueil et je crus entendre que le couvercle se rabaissa violemment sur moi ; je me souvins tout juste avant de m'assoupir profondément que sur le sapin du salon étaient accrochées des boules qui ne ressemblaient pas à celles de Noel...
Les doigts de pied en éventail
sous la couverture
je bouge sans cesse
je laisse glisser les images
d'une sortie de piste
et je sens ta main chaude
se glisser
sur mon ventre
comme si tu avais deviné
ce qu'il fallait faire
à cet instant précis.

Discordance pour un bled

Arrivés dans un bled
au nom inconnu
sans indication
et
qui ne figure sur aucune carte
routière
Carol & Lee ralentissent
dans l'avenue principale
couverte de terre rouge et de trous
d'obus
ils guettent le moindre signe de vie
alentour
Carol crie "Bande de tarés: Z'êtes ou?"
ils ne trouvent rien
que le vent frais qui balaie
la poussière et quelques branchages
en boule
dérivant au hasard
Lee propose de s'arrêter
d'entrer dans une banque
désaffectée d'y déposer un chèque
sans provision ou de braquer
le guichetier fantôme
et de repartir sur les
chapeaux de roue
comme si c'était vrai
Carol réajuste sa coiffure
dans le rétro réfléchit et propose
plutôt
qu'ils s'installent là
un bout de temps
qu'il y fondent une famille
et
qu'il redonnent un nom
à cette ville...

Les équilibres maladifs - sur fond d'impasse

Que faisons-nous
d'une route
d'une ligne
si nous n'y sommes
jamais complètement dedans
toujours un pas de côté
nous savons perdre
le temps
qu'il faut
et davantage
encore
il n'est pas plus précieux
qu'une valise au grenier
sur des poutres rongées
aurions-nous si tôt oublié
la beauté volatile de toutes
choses
le désir simple d'une histoire
sous un toit
et à n'espérer plus qu'un retour sur
nous-mêmes
sans trop savoir ou ça peut bien
mener
nous avons le vertige
et la force
des équilibres maladifs

Au saut du lit

Le jour pas tout-à-fait
la nuit encore un peu
dormir d'un oeil
sans perdre l'autre
claquer une dent
une fesse un doigt
dresser secouer la queue l'oreille
le corps tout entier
et puis au
saut du lit
du bon pied
bien écraser le 3è
oeil
comme un cafard.

Scène de nuit

Une voiture freine brusquement
devant l'immeuble
le conducteur en sort
une arme à la main
il pointe vers une fenêtre éclairée
et fait feu
deux fois
la vitre se brise
il tire une troisième fois
et la balle part se loger
dans le mur
il va pour tirer une quatrième fois
quand à son tour il
subit la riposte d'en haut
la balle atteint son bras
gauche
il lâche son arme
tente de remonter dans sa voiture
mais une autre balle
se plante dans son
dos et une dernière siffle
sur le bitume
près du pneu de la portière avant
il s'écroule
quelques instants plus tard
et on se demande encore
s'il s'agit-là d'un film
trop prévisible
ou d'un fait divers.

20 déc. 2009

P.J Harvey


Chan Marchall (de Cat Power)


Alela Diane


Liz Durrett


Miam d'écriture

Il écrivit un poème sur une tranche
de pain
entre rillettes et cornichon
il le croqua d'un coup
sec
& il trouva que son poème avait
un petit quelque chose
en plus
vraiment

Non, ce n'est pas un futile motif de guerre

J'ai trouvé un poil de cul! j'ai trouvé un poil de cul !
s'exclama t'il
C'est le mien! Rends-le moi!
répondit l'autre
qui le pourchassa à travers
la ville
durant des heures
et des heures
et des heures
...
et c'est ainsi qu'à la veille de Noel
certains ne connurent ni la paix
ni la fraternité
à cause d'un poil de cul.
La vieille dame s'est penchée
dans la rue à la recherche de je ne sais quoi
un vieil homme s'est proposé pour l'aider
il s'est penché à son tour
puis tout un tas de vieilles dames
& de vieux hommes s'est accroupi
à quatre pattes
arpentant le trottoir de long en large
à la recherche de je ne sais quoi
quand il s'est trouvé bientôt
enseveli
sous une épaisse couche
de neige
certains ont
pensé
que l'hiver avait eu raison
de ce je ne sais quoi



Comment ne pas confondre sa voiture avec celle d'un autre?

19 déc. 2009



Les toits enneigés depuis ma fenêtre
la neige recouvre encore
partiellement les toits
de tuile rouge le soleil
est sorti de sa tanière
le vent s'est calmé

il fait pourtant bigrement froid
dans cet appartement mal
isolé j'ai des crevasses
de sang aux mains
comme si j'avais escaladé
l'Everest dans ma chambre

le facteur est descendu de
son vélo qu'il a posé contre
le mur il cherche le courrier
qui m'est destiné
j'attends qu'il sonne
il ne sonne pas qu'est-ce
que je vais bien pouvoir faire
à présent?

18 déc. 2009

Sans rien ni personne

Je ne vais pas me chier dessus
se dit-il au moment d'ouvrir la
lettre
dont il sait la provenance
dont il sait ce que signifie
avec accusé de réception


il ferme les yeux et
il lui vient des visages radieux
sa femme & sa fille
des amis de toujours
des routes ensoleillées
des heures renversantes de
sensualité
des rires & des jeux


Je ne vais pas me chier dessus
se répète-t'il
et il déchire la lettre
en quantités de petits
morceaux asymétriques
qu'il jette dans la poubelle
du hall au milieu d'autres
détritus puants

En fait non rien de tout çeci
n'est vrai il a ouvert la lettre
l'a lue attentivement jusqu'à
cet accusé de réception
et il a ressenti un début de
panique à l'idée de perdre
petit-à-petit tout ce qu'il
a mis des années à bâtir
et de se retrouver sans rien ni
personne au
bout
du compte.

A little story de neige d'amour et de bonnes moeurs

la neige tombée ces derniers temps
dans la région
n'a pas empêché Carol & Lee de dormir
& de faire l'amour
dans leur voiture stationnée pas loin de
la petite boutique
où Carol a bien envie de s'acheter
des fringues pour pas
trop cher
et quand ils ressortent de la voiture
chauffée embuée un flic leur dit que
c'est interdit
de faire
ce qu'ils font
et qu'il va devoir leur coller
une contravention
& une fois qu'il a le dos tourné
qu'il est loin maintenant
Lee déchire
de ses doigts gourds
le bout de papier posé
sur le
pare-brise gelé
en le traitant de gros
porc
& Carol de ses belles dents
blanches lui dit que c'est bon
on s'en fout
on va passer à autre chose

16 déc. 2009

Ca pourrait être une fleur en décomposition
gisant par terre
du linge que personne
ne lave
une éponge trouée
sous une pile
de vaisselle
une armoire bordélique
pleine de poussière
nous serions assis là devant
la fenêtre
l'un en face de l'autre
à terminer notre dîner
sans rien dire
et
ça pourrait être
la dernière
pierre à l'édifice
d'un monde
qui s'en irait

11 déc. 2009

Rencontre 11 (de Hélène Dassavray)

J'ai croisé la femme faute de mieux
Elle trempait les doigts dans son whisky
Pour en sortir un glaçon
Et l'appliquer sur ses cernes


(Son site)
tu grimperas le long des murs
comme un ninja
avec une agilité
déconcertante
tu colleras des affiches
de rébellion antisociale
antimachin antitout
tu te battras à mains nues
avec le premier
trou du cul venu
pour défendre ton honneur
tes idées
ton territoire
ta virilité
tu passeras peut-être une nuit
ou deux au poste
et puis un soir
tu arroseras une
plante
dans un petit pot
en terre
tu regarderas la télé
un verre à la main
avant de t'assoupir
le vieux chat sur tes genoux
en te demandant si cette
femme

dans ton lit
est encore vivante
ou pas
au moins
jusqu'à demain matin

10 déc. 2009

elle a voulu qu'on aille au concert
de Miles Davis
je lui ai dit qu'il était mort
depuis longtemps
j'ai réservé les places
m'a t'elle répondu
c'est ok j'ai fait
mais alors la prochaine fois
on va voir le live
de
Franz Schubert
dans le hall de l'immeuble
il peint le mur
tout du long
à sa façon et quand je lui demande
ce que ça représente
il me regarde avec les
yeux
de l'étonnement
comme s'il fallait
absolument
représenter
un quelque chose
pour peindre
un hall d'immeuble

Jeunes parents d'alors

dans la chambre d'à côté
elle tousse et ne parvient pas
à trouver le sommeil
malgré la présence de son
doudou
malgré nos baisers
nos paroles
apaisantes
Elle n'a pas de fièvre
mais nous ne savons pas
si le chauffage est
à la bonne température
s'il faut appeler un médecin
en urgence
s'il faut attendre demain
matin
&
malgré toute notre bonne
volonté
il suffit d'une équation
à plusieurs inconnues
pour perdre de
notre consistance
J'habite une ville qui tient dans une boîte d'allumettes qu'on glisserait dans la poche d'un jean les nuits de peu les nuits oblongues
Une fois la boîte refermée les riverains sentent le soufre les prendre à la gorge Ils hurlent comme des fous furieux qu'on leur laisse voir la lumière respirer l'air frais qu'on les sépare qu'un mur se dresse entre eux quelques instants
Dans le fond de ma poche de jean, je n'entends rien de tout ceci
Je suis moi-même hasard vécu de fond en comble et traversé de rues sans queue ni tête
elle l'aborda un peu timidement
à la sortie du cinéma
et lui demanda s'il avait du feu
bien sûr qu'il avait du feu
il alluma sa cigarette
en s'y reprenant à plusieurs reprises
à cause du vent
qui soufflait fort
elle le remercia un peu timidement
il était avec deux amis
et un silence complice
établit le regret qu'il aurait
dû tenter
sa chance
au lieu de la laisser s'éloigner
puis
disparaître à tout jamais
dans la foule
des badauds
qui s'engouffrait vers le
métro

rapide & gras pour pas trop cher

le kebab ou on allait
parfois
le samedi soir
chercher à manger
rapide & gras
pour pas trop cher
est fermé par décision de justice
depuis une semaine
l'affichette officielle placardée
sur le rideau de fer
mentionne des contrôles d'hygiène
non concluants
ca explique sans doute
les problèmes de digestion
et de diarrhée
soudaine peut-être
que nos changements d'humeur
nos soubresauts de couple
ou nos soucis d'argent
viennent de là
également non ?
et même si ce sont des
conneries
j'aurais au moins
tenté de te faire
sourire

9 déc. 2009

elle serait assise
en tailleur
porterait
un pull bleu marine
les yeux fermés
elle penserait
à faire le vide
n'y parvenant pas
elle rouvrirait les yeux
se lèverait toute engourdie
irait chercher au frigo
de quoi compenser
se sentant incapable d'arriver
à quoi que ce soit
elle tâcherait son pull
d'une sauce mayonnaise
de vomi de savon
avant de songer au suicide
ou bien à se tatouer
sur le bras gauche
un truc très moche

depuis huit ans

la plupart
des gens qu'on croise
dans le quartier
nous semblent familiers
et on serait presque tenté
de les saluer chaleureusement
en se présentant
de leur offrir un verre
mais ils seraient capables
de nous prendre pour des
débiles profonds
tu crois pas?
d'après une étude
récente
on passerait 80% de notre temps
à mentir...

Va falloir que je trouve
du temps
et du courage
pour les 20%
restants.

T'es pas seule sur le marché et alors?

Avec tout ce que tu sais faire
de tes dix doigts
culinaires
tu pourrais nous ouvrir un restaurant
familial
aux saveurs
variées
nom de dieu
je ferais le serveur
le caissier
l'hôte d'accueil
le publicitaire
le client satisfait
tout ce que tu voudras
mais par pitié
crois en toi
crois que tout ça
c'est possible finalement
et pas seulement
pour des raisons
d'argent
ok?

à la fenêtre ouverte, les asphyxies de l'intérieur

la route humide
la nuit tombée
les illuminations de Noel
le manège sur la place
la patrouille de police
ceux qui vont et viennent
le paquet de clopes
déchiré le
regard vide
et pas un mot
la route humide
les fenêtres éclairées
les voitures mal garées
les voix qui se répandent d'un coté
de l'autre
et pas un mot sur
cette angoisse qui
ronge ronge ronge

Frozen thoughts

je me demande ce que tu penses
à cet instant
que la nuit dans
tes veines
forme un calque
de suie
tu me réponds
que tu ne penses à rien
et c'est comme en dehors de nous
qu'il y a l'ordre
et la chaleur
à prendre ou
à laisser
un jour
ils viendront me chercher
des noises
ils m'enverront un courrier
avec formules de politesse
la date de l'entretien
préalable
et ce jour-là je devrais
faire comme si
je m'y attendais depuis
longtemps
Sur le pont
qui enjambe
le fleuve
sans tain
un trottoir replié
sur lui-même
forme un tapis
de chairs
de muscles
&
de goudron
tétanisés
tu mâches le
même chewing-gum
depuis deux heures
et tu ne t'étonnes plus
de rien

8 déc. 2009

d'ou provient le grondement incessant des cascades

Attendre
Hiberner c'est ce qu'ils font
sans doute quand
le lac est gelé
il nous faut rejoindre la route
principale et quitter les abords
pierreux sombres
déserts
de ces chemins glissants
je n'ai pas vu le moindre cerf
le moindre joggeur
rien de tout ça
à peine si je distingue
à travers le brouillard
la fumée d'une masure
d'une cabane d'un château
d'une chambre en location
ce n'est peut-être que le brouillard
encore
ses lacérations ses courbures
dans les arbres
décharnés
là juste devant nous
le panneau
"baignade interdite"
clouté sur une barrière en bois
je crois bien que je nous nous
sommes
perdus j'ai
froid tu as
peur
avec en arrière fond
le bruit lourd du moteur
empêtré
dans la neige
chaque seconde en ces
lieux
nous éloigne
du désir
d'ou provenait le grondement
incessant des cascades
sous un soleil de
plomb
c'est comme une course contre

la montre

avec le sentiment de perdre

un temps précieux

à l'éclosion


7 déc. 2009

d'un doigt
suivre délicatement
l'arrondi du ventre
d'une femme enceinte
d'un doigt
éteindre la lumière
de la chambre
d'un doigt
faire chuuut
à la pluie battante
aux oiseaux de
mauvaise augure
aux sueurs froides
d'un doigt
appuyer
là ou ça fait
mal
envoyer les
cons
se faire foutre
d'un doigt
faire mille autre
choses
Nous sommes
au bout du compte
la poussière
balayée
dans un coin

dispersée
par les vents
jetée au fond
d'un sac

sans qu'on sache
de tout ça
le début
ni la fin

3 déc. 2009

On the road 66

Le numéro 66 (Décembre 2009) de la revue Mauvaise Graine est en ligne ici : Mauvaise Graine /mgv2_66

Des textes en français et en anglais.
Pour la traduction, demander conseil à Walter R ou à Eric D ;-))

Au sommaire, par ordre d'apparition:
Henri Cachau (Illustrations), Alexandra Bouge, Flora Michèle Marin (Illustrations), James Owens, Norman J. Olson (Illustrations), Alex Galper, Morgan Riet, Lyn Lifshin, Colin James, Henri Cachau, Thierry Roquet, Sébastien Ayreault, Colin Robinson, Christopher Barnes, Jan Oskar Hansen, Norman J. Olson (Illustrations).

1 déc. 2009