8 janv. 2017

Un peu de Dan Fante, ça fait du bien !


J'aime bien changer de boulot. Je n'ai pas de gros besoins. Je ne souhaite pas spécialement détenir des actions ni participer à la redistribution des profits, je n'aime pas me sentir coincé dans un moule, ni devoir baiser quelqu'un pour monter les échelons dans une boîte. Quand on ne fait que des boulots d’intérim, on arrive presque toujours à éviter toutes ces histoires auxquelles on a systématiquement droit avec un boulot régulier-compétition, favoritisme, politique et le reste, comme ce qui m'était rapidement tombé dessus quand je bossais au cinéma. Il suffi d'un coup de fil et d'une demande de réaffectation pour se sortir d'une situation merdique.
(En crachant du haut des buildings)



Je faisais du télémarketing, à enquiquiner des pigeons innocents. Baratiner pour fourguer des abonnements au gaz et au fuel, dans un central surchauffé sur Santa Monica à Hollywood. La grosse arnaque. J'en avait plein le dos de faire le taxi et le boulot au standard me laissait plus de temps pour écrire. Je gagnai assez pour alimenter mon fonds de gin et d'amphets. La nuit, j'écrivais mes poèmes. Objectif un poème par jour. C'était ça ou la mort.
(Régime sec)



Pendant des années

j'ai versé du bourbon dans ma tête
pour tuer les voix

Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la gnôle

ou rendre mon passeport

Des jours ca allait si mal

que je devais remballer mes affaires dès le matin
dire que j'étais malade et quitter mon poste de télé-vendeur
trente secondes avant de tuer quelqu'un

Je passais prendre deux Big Mac et louer deux pornos

je rentrais
tirais les rideaux
et me branlais dans du steak haché
pour étouffer le bruit

Il me fallait des heures de télé et des romans de 800 pages sans

répondre au téléphone
pendant des jours
sans me raser ni laver une assiette
ni changer de slip
juste pour garde la tête hors de l'eau

Aujourd'hui

je vais mieux

j'ai changé pour Burger King

(De l'alcool dur et du génie)

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