Dense, noire, sensible, élégante, "Le poids du monde" de Marlène
Tissot, nouvelle de 20 pages parue l'an dernier aux Editions Lunatiques,
nous raconte la dérive psychologique d'un homme qui ne parvient plus, malgré
l'amour des siens - de sa femme et de ses deux enfants - à s'insérer ni dans la
société ni dans la vie tout simplement.
La seule charité, la seule compréhension qu'il
trouve l'espace d'un jour se trouve chez les forains.
Chômage, dettes, huissiers finissent par avoir
raison de lui.
A trop porter ainsi le poids du monde, il
s'imagine, pris dans l'implacable logique qui l'entraîne vers le fond, qu'un
sacrifice (le sien) est nécessaire pour permettre à sa femme Lili et à leurs
deux jeunes enfants de tout reprendre à zéro.
Il y a du David Goodis dans l'atmosphère du
récit.
Anti-héros sans espoir.
Il y a surtout du Marlène Tissot qui trace sa
route de poétesse, de romancière, de nouvelliste.
Le destin, même s'il n'est pas écrit avec
certitude, semble impossible à surmonter. Quoiqu'il fasse, le narrateur ne peut
que s'enfoncer davantage. Malgré la lumière, malgré la force de résistance de
Lili, malgré son amour pour elle. La force du sombre est plus tenace encore.
On suit donc les méandres de cet anti-héros,
entre monologues intérieurs et parties dialoguées, entre la honte, le mépris
des autres, le sentiment de n'être jamais à la hauteur, de n'être à sa place
nulle part. Pas même auprès des siens.
Ce personnage est un anonyme parmi tant
d'autres ; ça pourrait être vous, ça pourrait être moi, et on pourrait
forcément se reconnaître en lui, en tout cas sur de nombreux aspects…
Le désespoir n'a pas de nom, pas de prénom.
Il est juste porté par la lumineuse subtilité
de l'écriture de Marlène Tissot.
On peut commander le recueil (4 euros) sur le site des Editions Lunatiques : http://www.editions-lunatique.com/#!le-poids-du-monde/c20pf
1 commentaire:
J'ai dévoré cette nouvelle! Très belle note de lecture...Je suis une fan inconditionnelle de Marlène aussi bien en tant que poétesse écrivaine que comme personne. J'ai quasiment tout lu d'elle. Bien sûr pas de jalousie littéraire Mobert tu sais que tu resteras mon poète préféré ;-)
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