27 sept. 2013

en enfilade

ils se suivent
enchaînés
les uns aux autres
avec une pancarte où il est écrit
devant
"SANS EMPLOI"
et derrière
"JE NE SERS PLUS A RIEN"

ils traversent la place
du centre-ville
yeux baissés
vaincus parmi les
vaincus
en une lente et longue procession

des militaires armés jusqu'aux dents
les entourent
les frappent parfois
violemment
de la crosse de leur fusil d'assaut
leur enjoignant de rester bien serrés
dans les rangs
des sous-merdes

le soleil
vachard
leur fait des ombres
qui
les multiplie par deux

et je reste là sans rien faire
et j'en connais certains
jeunes vieux hommes femmes
(je les connais de vue)
et je devrais être là aussi
(j'y serai au prochain défilé)
parmi eux

dans ma tête
c'est un monde de vieux échos
persistants
étriqués
humiliés
qui surnage
de plus en plus péniblement
près du naufrage des autres


2 commentaires:

Anonyme a dit…

ça pourrait être la réalité, notre réalité...

Thierry Roquet a dit…

Oui, ça pourrait... mais c'est un peu un texte d'anticipation quand même, heureusement ;-)