à priori tu étais dans une voiture 3 portes
à priori tu as voulu accélérer
à priori tes mains étaient moites
à priori tu n'as jamais réussi à doubler
ce camion
et les circonstances
n'en sont pas encore clairement
établies
à priori tu vas mourir
dans pas longtemps
à l'hôpital
peut-être avant
comme
immatriculé
dans un pays lointain
25 oct. 2009
Ces petits riens qui font tout (Marlène Tissot)
Hier
nous fêtions
les dix-neuf ans
de notre premier
baiser
Dehors il pleuvait
et le monde semblait
toujours aussi moche
Mais à l'intérieur
une petite flamme
continuait de bruler
paisible et
rassurante...
nous fêtions
les dix-neuf ans
de notre premier
baiser
Dehors il pleuvait
et le monde semblait
toujours aussi moche
Mais à l'intérieur
une petite flamme
continuait de bruler
paisible et
rassurante...
24 oct. 2009
Microbes 56


Message d'Eric:
Le 56ème numéro de Microbe est à l'impression !
Au sommaire :
Pierre Autin-Grenier Peter Bakowski (bilingue) Jean-Marc Couvé co errante Théophile de Giraud Éric Dejaeger Anna de Sandre Romain Fustier Jan Oskar Hansen (bilingue) Jason Heroux (bilingue) Virginie Holaind Amandine Marembert Thierry Roquet
Le 56ème numéro de Microbe est à l'impression !
Au sommaire :
Pierre Autin-Grenier Peter Bakowski (bilingue) Jean-Marc Couvé co errante Théophile de Giraud Éric Dejaeger Anna de Sandre Romain Fustier Jan Oskar Hansen (bilingue) Jason Heroux (bilingue) Virginie Holaind Amandine Marembert Thierry Roquet
Les illustrations sont de Diana Magallon et Jeff Crouch.
Le 22ème mi(ni)crobe, Voyage à la roue voilée de Pierre Soletti, sera envoyé en même temps.
Les abonnés (« + ») le(s) recevront début novembre.
Le 22ème mi(ni)crobe, Voyage à la roue voilée de Pierre Soletti, sera envoyé en même temps.
Les abonnés (« + ») le(s) recevront début novembre.
Les autres ne recevront rien.
Pour tous renseignements, contactez Eric Dejaeger: ericdejaeger@yahoo.fr.
de Lognes
le train l'emmène
à gare de l'Est
en une petite
demi-heure
au ciel changeant
aux quais
chargés
tempe gauche
collée
contre la vitre froide
le paysage défile
en villes de
banlieue
mains resserrées
entre les cuisses
yeux mi-clos
les écouteurs
dans les oreilles
à s'écouter
la gnossienne 3
d'Erik Satie
elle a paru
presque surprise
quand il lui a
fallu
descendre
finalement
du train
le train l'emmène
à gare de l'Est
en une petite
demi-heure
au ciel changeant
aux quais
chargés
tempe gauche
collée
contre la vitre froide
le paysage défile
en villes de
banlieue
mains resserrées
entre les cuisses
yeux mi-clos
les écouteurs
dans les oreilles
à s'écouter
la gnossienne 3
d'Erik Satie
elle a paru
presque surprise
quand il lui a
fallu
descendre
finalement
du train
23 oct. 2009
ça fait longtemps
qu'on ne s'est plus
promenés
la main
dans la main
toi &
moi
le long du canal
ou passaient
de temps à autre
quelques bateaux
à vapeur
chargés de
blé de coton
d'épices
nous les regardions
disparaître
lentement
avalés par
les marécages
avant de prendre la ruelle
qui monte vers la vieille église
de style Roman
(c'est écrit sur le devant
du bâtiment)
nous nous
reposions
sur un banc
de pierre
blanchie par le
temps
et quand tu me
dis que
cet endroit
n'existe pas
vraiment
je ne
peux pas
te croire
qu'on ne s'est plus
promenés
la main
dans la main
toi &
moi
le long du canal
ou passaient
de temps à autre
quelques bateaux
à vapeur
chargés de
blé de coton
d'épices
nous les regardions
disparaître
lentement
avalés par
les marécages
avant de prendre la ruelle
qui monte vers la vieille église
de style Roman
(c'est écrit sur le devant
du bâtiment)
nous nous
reposions
sur un banc
de pierre
blanchie par le
temps
et quand tu me
dis que
cet endroit
n'existe pas
vraiment
je ne
peux pas
te croire
Fog
entre chambre et salon
par temps de brouillard
malgré la boussole
malgré le phare
portatif
que j'ai
dans la poche
je me perds
je m'accroche aux
murs
j'ai peur
de bousculer
quelqu'un
de basculer
vers autre
chose
de ne jamais
revenir
au point
de départ
ce n'est ni spécialement
le jour
ni spécialement la
nuit que se lève
plus dense que la
poussière
d'étoiles
l'épais brouillard
au dessus des meubles
s'entendent
parfois
des bruits bizarres
comme
un instinct de
survie
des mots
qui couvrent
mes cris
mais sont-il des
cris
et puis
peut-on parler de salon
quand il ressemble tant
à une chambre
peut-on parler de chambre
quand elle ressemble
tant à un salon
hein
j'ai bien reçu
l'avis
d'un spécialiste
des chambres
des salons
et des points de
départ
avant que le brouillard
ne nous éloigne
l'un de l'autre
définitivement
dans la remise
à balais
autant dormir
tranquille
inanimé
avant que
tout déraille
par temps de brouillard
malgré la boussole
malgré le phare
portatif
que j'ai
dans la poche
je me perds
je m'accroche aux
murs
j'ai peur
de bousculer
quelqu'un
de basculer
vers autre
chose
de ne jamais
revenir
au point
de départ
ce n'est ni spécialement
le jour
ni spécialement la
nuit que se lève
plus dense que la
poussière
d'étoiles
l'épais brouillard
au dessus des meubles
s'entendent
parfois
des bruits bizarres
comme
un instinct de
survie
des mots
qui couvrent
mes cris
mais sont-il des
cris
et puis
peut-on parler de salon
quand il ressemble tant
à une chambre
peut-on parler de chambre
quand elle ressemble
tant à un salon
hein
j'ai bien reçu
l'avis
d'un spécialiste
des chambres
des salons
et des points de
départ
avant que le brouillard
ne nous éloigne
l'un de l'autre
définitivement
dans la remise
à balais
autant dormir
tranquille
inanimé
avant que
tout déraille
des trucs vraiment très comment dire (dans mon lit)
Je me suis installé une petite tente
Je me suis installé
une toute
petite tente
dans le hall de
l'immeuble
près de
l'escalier
sur le sol froid
je suis à genoux
mes genoux sont
sales
à l'abri des
regards
j'ai
autour
du front
un bout d'élastique
une lampe de poche
placée dans un
coin
une poupée gonflable
en train de crever
me parle
de douleurs
de ses cycles menstruels
à côté de nous un pot
de fleurs
en plastique
(à cause du pollen)
un pot de peinture
à l'huile
c'est de l'huile
d'olive
sur le sol froid
je peinds une fresque
miniature
Style Renaissance
les gens vont
et viennent
près de
l'escalier
"c'est vraiment à
chier" dit-elle
la poupée gonflable
a pris mon argent
l'argent
de la
semaine
et s'en est allée
une toute
petite tente
dans le hall de
l'immeuble
près de
l'escalier
sur le sol froid
je suis à genoux
mes genoux sont
sales
à l'abri des
regards
j'ai
autour
du front
un bout d'élastique
une lampe de poche
placée dans un
coin
une poupée gonflable
en train de crever
me parle
de douleurs
de ses cycles menstruels
à côté de nous un pot
de fleurs
en plastique
(à cause du pollen)
un pot de peinture
à l'huile
c'est de l'huile
d'olive
sur le sol froid
je peinds une fresque
miniature
Style Renaissance
les gens vont
et viennent
près de
l'escalier
"c'est vraiment à
chier" dit-elle
la poupée gonflable
a pris mon argent
l'argent
de la
semaine
et s'en est allée
Stores baissés jusqu'à...
Faut-il croire la vie quand elle nous ment ? (Hervé Grillot)
-Tiiit- Salut, tu es bien sur le répondeur de Jon. Indisponible pour l’instant, laisse-moi un mot et je te rappellerai dés que possible… - Tiiit
Sixième message :
Jon, cet après midi, dans le ciel
J’ai vu voler un étrange oiseau vert
Sans doute une perruche échappée de sa cage
Et aussi
Notre voisine, tu sais, la douce Fine
Celle qui attendait son enfant pour décembre
On dit qu’elle l’a perdu, tôt ce matin
La perruche babillait joyeusement tout en volant
Sixième message :
Jon, cet après midi, dans le ciel
J’ai vu voler un étrange oiseau vert
Sans doute une perruche échappée de sa cage
Et aussi
Notre voisine, tu sais, la douce Fine
Celle qui attendait son enfant pour décembre
On dit qu’elle l’a perdu, tôt ce matin
La perruche babillait joyeusement tout en volant
22 oct. 2009
après
une journée là-bas
à attendre que le vent
se taise
comme les loups
dans la forêt
alentour
redevenue sauvage
et que la voiture
ne soit plus
coincée par la neige
sous le portique
en bois
tu me demandes
de venir
me coucher
près de toi
nue sous les
draps
maintenant
qu'on a tout notre temps
parce que
tu n'accordes pas
plus d'importance
que ça
au chaos
présumé
de ce
monde
une journée là-bas
à attendre que le vent
se taise
comme les loups
dans la forêt
alentour
redevenue sauvage
et que la voiture
ne soit plus
coincée par la neige
sous le portique
en bois
tu me demandes
de venir
me coucher
près de toi
nue sous les
draps
maintenant
qu'on a tout notre temps
parce que
tu n'accordes pas
plus d'importance
que ça
au chaos
présumé
de ce
monde
à la fenêtre horizon une avenue principale bordée de quelques boutiques on est là pas loin le bus est passé on court derrière de grandes tours hiératiques un peu plus hautes que les premiers toits ou sont posés de gras pigeons prêts à chier sur nos vies d'ou vont et viennent tous ces bruits et nul besoin d'en étouffer les paradoxes d'un doigt minuscule à la fenêtre
cette chose-là
Je ne sais pas bien
l'exprimer
quand il ou
elle est
là
cette chose
noire
en pleine tête
sans rien
autour
qui en module
l'indicible
vertige
l'exprimer
quand il ou
elle est
là
cette chose
noire
en pleine tête
sans rien
autour
qui en module
l'indicible
vertige
14 oct. 2009
dans le métro
elle s'amuse
avec son avant-bras
dénudé
en le regardant
droit
dans les yeux
il bande
et place sa sacoche
pleine de dossiers
inintéressants
devant sa braguette
de pantalon
avec son avant-bras
dénudé
en le regardant
droit
dans les yeux
il bande
et place sa sacoche
pleine de dossiers
inintéressants
devant sa braguette
de pantalon
7 oct. 2009
Evidence de la pluie
Sous ce
déluge venu d'en
haut
pluie battante
pluie battante
les immeubles
alentour
les révèrbères
dans la rue
comme les
plantes
mais aussi
les voitures
garées là
et les passants
surpris
devraient pouvoir
pousser
de quelques
centimètres
non?
sous ce
déluge venu d'en
haut
pluie battante
plu
ie ba
ttan
te
déluge venu d'en
haut
pluie battante
pluie battante
les immeubles
alentour
les révèrbères
dans la rue
comme les
plantes
mais aussi
les voitures
garées là
et les passants
surpris
devraient pouvoir
pousser
de quelques
centimètres
non?
sous ce
déluge venu d'en
haut
pluie battante
plu
ie ba
ttan
te
Il s'était mis à fouiller scrupuleusement chaque recoin de la pièce n"hésitant pas à soulever des morceaux de parquet à déchirer le vieux papier peint à percer le mur dans l'espoir d'y découvrir un mot d'explication un trésor de vie caché par l'ancienne propriétaire dont on lui avait dit qu'elle avait disparu mystérieusement comme ça il y a plus de vingt ans et il finit par découvrir une petite bestiole apeurée qui n'eut pas même l'occasion de fuir plus loin
sur mon épaule un petit chat qui miaule s'accroche à mon pull blanc il ne veut pas descendre je l'ai trouvé dans le hall de l'immeuble près du local à poubelles lui verse un peu de lait dans un bol et parle doucement à son oreille de petit chat ma fille tu sais a toujours voulu un gentil animal de compagnie comme toi mais je ne sais pas si c'est une bonne idée parce que tu vois on n'a pas de jardin on n'a pas de balcon et l'appartement n'est pas vraiment spacieux hein minou je me baisse vers le récipient fais descendre le petit chat de mon épaule prenant soin d'éviter au passage ses griffes déjà bien affûtées et je me retrouve vraiment comme un con à ne pas savoir quelle décision prendre à son sujet tandis que lui lape goulûment le bol de lait comme le ferait n'importe quel petit chat
le jour s'ouvre d'un nouveau pinceau
en apportant plus de ceci moins de cela je pourrais peut-être trouver une meilleure place à l'intérieur du tableau avant qu'il ne change d'avis et qu'il ait dans l'idée de se défigurer d'un trait sec
depuis des années (4)
John-Paul ne nous dit pas grand chose de ce qu'il fait de sa vie professionnelle de sa vie amoureuse de sa vie sexuelle ça reste un grand mystère pour toute la famille quand on lui pose des questions il noie le poisson d'un ton évasif et sec on en vient même parfois à se demander s'il ne nous cacherait pas certaines choses s'il ne serait pas un peu du genre à faire des rondes bizarres la nuit très bizarres comme on en voit dans les faits divers mais non non non John-Paul n'est pas un de ces salauds-là quand même il est juste un peu singulier c'est tout et ça ne nous viendrait pas à l'esprit d'aller jusqu'à fouiller le coffre de sa voiture à la recherche de résidus de sang de tissus déchirés... quoique sa soeur cadette nous a récemment confiée qu'elle aimerait bien en avoir le coeur net
elle avait proposé que
je vienne m'installer
chez elle
dans un petit studio
de la rue Marguerite
là ou on venait de
passer la nuit
ensemble
après quelques
gesticulations
de baise
plutôt fatiguées
on s'était rencontrés la veille
au soir
je sais plus trop
comment
mais ça me reviendra
sans doute
plus tard
et je lui avais répondu
que j'étais pas vraiment
bricoleur
elle m'avait alors souri
de son accent
un peu rauque
pour me glisser
que je ne devrais pas compter
sur elle pour les petits plats
bien cuisinés
normal j'avais dit
en haussant les épaules
et elle avait alors
pensé
qu'on pourrait
construire
un petit
quelque chose
avec nos bouts
de presque rien
hein qu'en penses-tu?
je vienne m'installer
chez elle
dans un petit studio
de la rue Marguerite
là ou on venait de
passer la nuit
ensemble
après quelques
gesticulations
de baise
plutôt fatiguées
on s'était rencontrés la veille
au soir
je sais plus trop
comment
mais ça me reviendra
sans doute
plus tard
et je lui avais répondu
que j'étais pas vraiment
bricoleur
elle m'avait alors souri
de son accent
un peu rauque
pour me glisser
que je ne devrais pas compter
sur elle pour les petits plats
bien cuisinés
normal j'avais dit
en haussant les épaules
et elle avait alors
pensé
qu'on pourrait
construire
un petit
quelque chose
avec nos bouts
de presque rien
hein qu'en penses-tu?
6 oct. 2009
La vie en faisant le poirier
Je suis dans la chambre et je fais le poirier contre le mur. Lopez, mon colocataire, m’observe longuement et ne sait pas trop quoi penser de tout ça. Je crois bien qu'il se fout de ma gueule.
-Tu vas tenir combien de temps? me demande Lopez.
-Laisse-moi, s'il te plaît, je fais du deuil. J'évacue vers le bas.
-Tu me présenteras ton psy ?
-Oui, oui, promis. Tu veux faire le deuil de quelque chose, toi ?
-Non, non et ça m’inquète pas mal. Au fait, tu trouves pas que ma bite est plus belle à l’envers qu’à l’endroit ?
Lopez ouvre les boutons de son jean, baisse son slip et me montre sa bite. Lopez est du genre macho mais inquiet. Enfance peureuse, douloureuse, comateuse, paresseuse. Rejeté par sa mère, rejeté par son père, rejeté par la mer, rejeté les jours pair, il a su se forger une carapace en nylon, en acier, en béton, en coton-tige, autour du ventre, et des tatouages sur le bras, afin de croquer la vie, désormais, à pleines molaries, gencives et crac en plein dans le mille. "Jouissif" me rappelle t'il sans cesse.
-T'avais pas un rendez-vous ce soir?
-Si, si, excuse-moi, Richard, mais je voulais juste que tu me dises ce que tu penses de ma bite.
-Lopez, ta bite est splendide. J'appelle l'Unesco et la FIAC.
-Merci, Richard, t'es un ange. Tu veux un coca?
-Lopez, laisse-moi maintenant...
Je fais du deuil. Quand je fais du deuil, je veux être seul et je fais le poirier. C’est une habitude que j’ai de faire le poirier et à force de faire le poirier, je n’imagine plus aucune autre position: je dors en faisant le poirier, je me lève pour pisser en faisant le poirier, un jour, je retournerai au boulot comme un poirier ambulant.
"J’ai un mot du docteur, Madame, j’ai parfaitement le droit de faire le poirier dans le bureau. Huuum, c’est pas très idoine avec le règlement. Vous n'avez que ça à la bouche, le règlement... Je fais du deuil, vous devriez pouvoir comprendre ça, non ? Vous avez tout de même pris un arrêt-maladie longue durée et vous pensez bien que ceci pénalise l'entreprise... l y a des deuils plus longs que d'autre, Madame. Ce n’est pas très idoine avec un monde concurrenciel, tout ça. Vous voulez que je me syndique, Madame?".
En attendant de perdre mon emploi, je continue de faire le poirier.
Le sang traverse mon corps et gonfle mon crâne.
-Tes pieds sont tout blanc, Richard.
-Ouais, il s'agit de vider la substance de vie et de la remplacer par autre chose.
-Ah? Un jour, je te prendrai en photo. Bon, allez, j'y vais, t'es sûr que ma bite est belle?
Et Lopez claque la porte. Sifflote. L'assurance en lui.
Je ne me sens pas encore suffisamment rétabli pour prendre l'air. Mon premier réflexe sera d'entrer dans un bar et de commander une bière. Mon second réflexe sera de mater des nichons dans le blanc des yeux quelque part. Ensuite, j’irai chez l’horticulteur du coin m'acheter une grenouille et un nénuphar. A moins qu’on en trouve à Intermarché ou chez ED ou chez Lidl. Lopez doit savoir ça. Il est très habile de ses dix doigts, débrouillard, braillard, papier buvard. Il a monté la table basse, il a changé les ampoules, il a fait son lit. Rien se semble l'atteindre.
Tandis que moi, je pleure souvent. Et qu’à force de faire le poirier, les larmes ne tombent jamais pleinement par terre.
Elles forment des stalagmites sur mes cils. Je les confonds parfois avec les gouttes de sang.
-Tu vas tenir combien de temps? me demande Lopez.
-Laisse-moi, s'il te plaît, je fais du deuil. J'évacue vers le bas.
-Tu me présenteras ton psy ?
-Oui, oui, promis. Tu veux faire le deuil de quelque chose, toi ?
-Non, non et ça m’inquète pas mal. Au fait, tu trouves pas que ma bite est plus belle à l’envers qu’à l’endroit ?
Lopez ouvre les boutons de son jean, baisse son slip et me montre sa bite. Lopez est du genre macho mais inquiet. Enfance peureuse, douloureuse, comateuse, paresseuse. Rejeté par sa mère, rejeté par son père, rejeté par la mer, rejeté les jours pair, il a su se forger une carapace en nylon, en acier, en béton, en coton-tige, autour du ventre, et des tatouages sur le bras, afin de croquer la vie, désormais, à pleines molaries, gencives et crac en plein dans le mille. "Jouissif" me rappelle t'il sans cesse.
-T'avais pas un rendez-vous ce soir?
-Si, si, excuse-moi, Richard, mais je voulais juste que tu me dises ce que tu penses de ma bite.
-Lopez, ta bite est splendide. J'appelle l'Unesco et la FIAC.
-Merci, Richard, t'es un ange. Tu veux un coca?
-Lopez, laisse-moi maintenant...
Je fais du deuil. Quand je fais du deuil, je veux être seul et je fais le poirier. C’est une habitude que j’ai de faire le poirier et à force de faire le poirier, je n’imagine plus aucune autre position: je dors en faisant le poirier, je me lève pour pisser en faisant le poirier, un jour, je retournerai au boulot comme un poirier ambulant.
"J’ai un mot du docteur, Madame, j’ai parfaitement le droit de faire le poirier dans le bureau. Huuum, c’est pas très idoine avec le règlement. Vous n'avez que ça à la bouche, le règlement... Je fais du deuil, vous devriez pouvoir comprendre ça, non ? Vous avez tout de même pris un arrêt-maladie longue durée et vous pensez bien que ceci pénalise l'entreprise... l y a des deuils plus longs que d'autre, Madame. Ce n’est pas très idoine avec un monde concurrenciel, tout ça. Vous voulez que je me syndique, Madame?".
En attendant de perdre mon emploi, je continue de faire le poirier.
Le sang traverse mon corps et gonfle mon crâne.
-Tes pieds sont tout blanc, Richard.
-Ouais, il s'agit de vider la substance de vie et de la remplacer par autre chose.
-Ah? Un jour, je te prendrai en photo. Bon, allez, j'y vais, t'es sûr que ma bite est belle?
Et Lopez claque la porte. Sifflote. L'assurance en lui.
Je ne me sens pas encore suffisamment rétabli pour prendre l'air. Mon premier réflexe sera d'entrer dans un bar et de commander une bière. Mon second réflexe sera de mater des nichons dans le blanc des yeux quelque part. Ensuite, j’irai chez l’horticulteur du coin m'acheter une grenouille et un nénuphar. A moins qu’on en trouve à Intermarché ou chez ED ou chez Lidl. Lopez doit savoir ça. Il est très habile de ses dix doigts, débrouillard, braillard, papier buvard. Il a monté la table basse, il a changé les ampoules, il a fait son lit. Rien se semble l'atteindre.
Tandis que moi, je pleure souvent. Et qu’à force de faire le poirier, les larmes ne tombent jamais pleinement par terre.
Elles forment des stalagmites sur mes cils. Je les confonds parfois avec les gouttes de sang.
Pierre Dac (1893-1975)
Quelques citations:
Celui qui, dans la vie, est parti de zéro pour n'arriver à rien, n'a de merci à dire à personne.
Les bons crus font les bonnes cuites
il est plus facile de faire sortir le dentifrice du tube que de l'y faire rentrer
Ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n'en savent pas plus qu'eux.
Le tabac augmente, fumez du saumon !
Tout est dans tout et réciproquement
Ce n'est pas parce que l'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.
L'homme a son avenir devant lui, mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi tour
Rien de ce qui est fini n'est jamais complètement achevé tant que tout ce qui est commencé n'est pas totalement terminé.
Celui qui, dans la vie, est parti de zéro pour n'arriver à rien, n'a de merci à dire à personne.
Les bons crus font les bonnes cuites
il est plus facile de faire sortir le dentifrice du tube que de l'y faire rentrer
Ceux qui ne savent rien en savent toujours autant que ceux qui n'en savent pas plus qu'eux.
Le tabac augmente, fumez du saumon !
Tout est dans tout et réciproquement
Ce n'est pas parce que l'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.
L'homme a son avenir devant lui, mais il l'aura dans le dos chaque fois qu'il fera demi tour
Rien de ce qui est fini n'est jamais complètement achevé tant que tout ce qui est commencé n'est pas totalement terminé.
5 oct. 2009
Ca s'est passé comme ça
Robert le Praticien de la Verge (de la Vierge? coquille?) était depuis ta naissance (quel intérêt?) sur la piste d'un skieur amateur de sudokus et de tsunamis lequel skieur avait racheté deux chougnoulans (mot d'origine hermétique) bien placés en haut des Hauteurs du Plus Haut des Cieux pour 1 euro symbolique et deux Mm's à Hubert le Théoricien du Vide dans l'Univers des Cosmétiques qui était aux abois ouaf ouaf depuis son divorce par veuvage d'avec Ginette la Révolutionnaire Perdue Dans Ses Rêves dont le voeu le plus foufoune était de reprendre la Bastille un 18 Mai au lieu de quoi elle fut prise elle-même d'assaut un lundi un mardi un mercredi par des militaires consentants à Nogent le Rotrou et sans l'intervention musclée de Clint Eastwood qui tua Ginette le skieur les soldats et Hubert d'un seul coup jamais je n'aurais été en mesure de vous relater ce fait divers tatoué sur mes pieds depuis ta naissance (quel intérêt?) lesquels sont désormais la propriété indivisible de Robert le Praticien de Mes Fesses dont le numéro de siret termine par un M.
Depuis des années (3)
John-Paul
considère tantôt
son compte bancaire
avec la plus grande
sympathie qui soit
un peu comme
un ami vous apporterait
le réconfort nécessaire
dans les moments
difficiles
tantôt il ne le considère
plus du tout
tellement l'endroit
lui fout la trouille
un peu comme un ami
vous lâcherait
pour se préverser lui-même
d'un vide
abyssal et déprimant.
considère tantôt
son compte bancaire
avec la plus grande
sympathie qui soit
un peu comme
un ami vous apporterait
le réconfort nécessaire
dans les moments
difficiles
tantôt il ne le considère
plus du tout
tellement l'endroit
lui fout la trouille
un peu comme un ami
vous lâcherait
pour se préverser lui-même
d'un vide
abyssal et déprimant.
J'ai bien connu le commissaire Maigros moi aussi
Il a déboulé chez moi
un matin
d'ctobre
en défonçant la
porte d'entrée
même pas eu le temps de
m'habiller
qu'il a ordonné à ses acolytes
de fouiller mon appart'
de fond en comble
"Y sont ou tes journaux intimes?"
qu'il gueulait
"hein, y sont ou ducon?"
avant
de me passer
les menottes
près du radiateur
J'étais à moitié à poil
le corps meurtri
de ses coups
dans le bide et lui
il criait victoire
d'avoir enfin
stoppé net
le plus mauvais
écrivain de tous les temps.
un matin
d'ctobre
en défonçant la
porte d'entrée
même pas eu le temps de
m'habiller
qu'il a ordonné à ses acolytes
de fouiller mon appart'
de fond en comble
"Y sont ou tes journaux intimes?"
qu'il gueulait
"hein, y sont ou ducon?"
avant
de me passer
les menottes
près du radiateur
J'étais à moitié à poil
le corps meurtri
de ses coups
dans le bide et lui
il criait victoire
d'avoir enfin
stoppé net
le plus mauvais
écrivain de tous les temps.
Hier
nous avons passé une bonne
partie de la matinée
dans la voiture
en stationnement
rue Béranger
quelque part
entre la boulangerie
et les étals du marché
et nous avons vu
le monde
qu'il y avait autour
de nous
cachés derrière
d'épaisses
lunettes de
soleil
et puis tu en as eu
assez
et tu m'as demandée
de te parler
de mon enfance
et tu t'es endormie
profondément
sur mon épaule.
nous avons passé une bonne
partie de la matinée
dans la voiture
en stationnement
rue Béranger
quelque part
entre la boulangerie
et les étals du marché
et nous avons vu
le monde
qu'il y avait autour
de nous
cachés derrière
d'épaisses
lunettes de
soleil
et puis tu en as eu
assez
et tu m'as demandée
de te parler
de mon enfance
et tu t'es endormie
profondément
sur mon épaule.
4 oct. 2009
Harry Crews (1935)
Humeur Sentimentale
L' appartement
est tellement mal
isolé
qu'il laisse le vent
s'infiltrer
dans toutes les pièces
Il faut toute la tiédeur
confortable
de notre amour
pour ne pas succomber
au froid
est tellement mal
isolé
qu'il laisse le vent
s'infiltrer
dans toutes les pièces
Il faut toute la tiédeur
confortable
de notre amour
pour ne pas succomber
au froid
Message perso
A peine rentrés
tous les trois
de la séance ciné
à Montparnasse
tu t'es écroulée
fiévreuse
sur le canapé
morte de fatigue
te plaignant de la gorge
et de nausées
ca nous fait mal au coeur
de te voir comme ça
et je ne t'en veux même pas
d'avoir défié le mauvais vent
d'hier en sortant
avec juste un tee-shirt
à l'anniversaire de ta copine.
Bon rétablissement mon trésor.
tous les trois
de la séance ciné
à Montparnasse
tu t'es écroulée
fiévreuse
sur le canapé
morte de fatigue
te plaignant de la gorge
et de nausées
ca nous fait mal au coeur
de te voir comme ça
et je ne t'en veux même pas
d'avoir défié le mauvais vent
d'hier en sortant
avec juste un tee-shirt
à l'anniversaire de ta copine.
Bon rétablissement mon trésor.
depuis des années (2)
John-Paul
écrit un journal intime
dans lequel
il se raconte
ses difficultés
à vivre simplement
ou simplement
à vivre
et il lui semble que
ce journal intime est un
insupportable
tissu
de mensonges
égocentrés
sans queue
ni tête
et pas la moindre
idée d'un pied
ou deux
pour avancer
écrit un journal intime
dans lequel
il se raconte
ses difficultés
à vivre simplement
ou simplement
à vivre
et il lui semble que
ce journal intime est un
insupportable
tissu
de mensonges
égocentrés
sans queue
ni tête
et pas la moindre
idée d'un pied
ou deux
pour avancer
3 oct. 2009

c'est un problème de
fuselage
du 2è bouton
derrière le piston nodal
me dit-on
je n'en sais rien
du tout
mais vous avez sûrement
raison
je réponds
afin de couper court
à la conversation trop
technique
car l'avenue est déjà
pleine de monde
pour le défilé
des vieilles voitures
et je ne voudrais pas rater
la Panhard&Levassor 1936
à cause
d'un truc à la con
impossible à régler
au téléphone
de toute façon
2 oct. 2009
C'est ton job, fais-le !
Il faut bien y aller
C'est ton job, après tout
et
ce n'est pas sans héroisme
que de prendre une telle
décision
chaque jour
que de la maintenir avec
fermeté
quand on sait que les dés
de la vie
sont pipés
au départ
et qu'assez vite
c'est toujours
la nécessité qui l'emporte
sur toute autre
considération
1225 euros nets
et les tickets resto
et cette conclusion-là
n'a rien de vraiment
rassurant.
Tiens, me revient ce petit texte de Thoams Vinau:
mardi 6 novembre 2007
Théologie
On paye chaque jour la note
de notre hypocrisie
à huit euros de l'heure
plus les tickets resto
Amen
C'est ton job, après tout
et
ce n'est pas sans héroisme
que de prendre une telle
décision
chaque jour
que de la maintenir avec
fermeté
quand on sait que les dés
de la vie
sont pipés
au départ
et qu'assez vite
c'est toujours
la nécessité qui l'emporte
sur toute autre
considération
1225 euros nets
et les tickets resto
et cette conclusion-là
n'a rien de vraiment
rassurant.
Tiens, me revient ce petit texte de Thoams Vinau:
mardi 6 novembre 2007
Théologie
On paye chaque jour la note
de notre hypocrisie
à huit euros de l'heure
plus les tickets resto
Amen
A long way till the beginnin'
Martha et moi
ce n'est pas compatible
depuis le tout début
en fait
ça doit être la peur
ou quelque chose
comme une attitude
qui ferait que nos
différences
qui ferait que
c'est pas facile
à s'expliquer...
et c'est ce que nous pensons
sans doute
Martha et moi
au moment de nous embrasser
sans nul besoin
d'ajouter
à quel point nous tenons
l'un à l'autre
plus que tout
au monde
ce n'est pas compatible
depuis le tout début
en fait
ça doit être la peur
ou quelque chose
comme une attitude
qui ferait que nos
différences
qui ferait que
c'est pas facile
à s'expliquer...
et c'est ce que nous pensons
sans doute
Martha et moi
au moment de nous embrasser
sans nul besoin
d'ajouter
à quel point nous tenons
l'un à l'autre
plus que tout
au monde
1 oct. 2009
Incompétence, flatulence
On ne te demande pas vraiment de réfléchir mais d'appliquer des "process" des procédures préétablies des régles bien précises qui ont été pensées à la virgule près par des instances hiérarchiques de plus en plus supérieures dont tu ne fais nullement partie dont tu ne feras jamais partie afin de parer à toutes les éventualités et tu ne t'en éloigneras qu'à tes dépens : ont déjà été prévus les mails assassins les paroles blessantes les insinuations sur ta compétence sur ton intelligence devant témoins avant un éventuel avertissement et un licenciement pour faute grave.
Tu le vois bien que la partie est perdue d'avance alors pour qui te prends-tu nom de dieu à résister comme ça?
Tu le vois bien que la partie est perdue d'avance alors pour qui te prends-tu nom de dieu à résister comme ça?
I hear no voice
Entends-tu les quelques notes
qui te donnent cette inflexxion
la tristesse l'inflexxion
de ce qui y ressemble puisque nous
nous
resssemblons
dans ces moments-là
Entre les flux mélancoliques
et les battements sanguins
Entends-tu l'écoulement métallique
à hauteur des consciences
la langueur
des échos maladifs dans l'espace
sans vraiment les connaître
Entends-tu s'agiter
de quelques bribes de mots perdus
les vieux fantômes
que nous avons vécus
Entre les insistants oublis
et la mémoire d'un trait
M'entends-tu?
Je n'entends rien plus rien
plus rien
qui soit de filiation
S'il n'y avait cette étrange alchimie qui se charge du reste
(A David Eugene Edwards A sa voix de précidateur désespéré I pray him come )
qui te donnent cette inflexxion
la tristesse l'inflexxion
de ce qui y ressemble puisque nous
nous
resssemblons
dans ces moments-là
Entre les flux mélancoliques
et les battements sanguins
Entends-tu l'écoulement métallique
à hauteur des consciences
la langueur
des échos maladifs dans l'espace
sans vraiment les connaître
Entends-tu s'agiter
de quelques bribes de mots perdus
les vieux fantômes
que nous avons vécus
Entre les insistants oublis
et la mémoire d'un trait
M'entends-tu?
Je n'entends rien plus rien
plus rien
qui soit de filiation
S'il n'y avait cette étrange alchimie qui se charge du reste
(A David Eugene Edwards A sa voix de précidateur désespéré I pray him come )
30 sept. 2009
Le hurlement du coyote
Au lever du soleil, je dus mon éveil au jappement criard d'un coyote. C'aurait pu être une vieille femme. Un bruit de chaudière niquée. Une rivière en crue. Ou le chant d'une sirène. Non, un coyotte. Ordinaire, le coyotte. Ordinaire, son jappement. Pas moins ordinaire, mon éveil.
Je dressai aussitôt les oreilles, que j'aimerais bien avoir pointues comme un chien. Juste un instant. Le temps de les dresser. Je tirai la langue pour humecter la sécheresse de mes lèvres gercées, à cause du froid dans l'appartement, je lappai une petite tasse de café bien serré, qui pour me tripoter? Déjà 8 heures. Bientôt plus tard. Putain.
Puis je décidai de passer mon récit au présent de l'indicatif (c'est moi qui décide, merde!).
Je veux bien qu'on me prenne pour un chien, puisque de toute façon je finis par ressembler à un chien (catégorie chien mou, très con et fidèle). Plus ou moins. Sur la durée. Je laisse faire. Pas le choix. Je n'aboie guère, je montre rarement les crocs (hormis 2 ou 3 carries à ma dentiste... quand j'y vais), on me caresse dans le sens du poil, c'est facile, on me gueule dessus, on me dit ce qu'il faut faire, je me rassieds. Oh qu'il est mignon tout plein le toutou. Jamais il n'osera demander une augmentation de salaire. Jamais il n'osera prendre la parole en public. Jamais.
J'aurais pu être un mouton, en fait. Avec de la laine, de longs cheveux, des bêlements stupides et on m'aurait dessiné pour ça. Et j'aurais été content en plus. Ah ouais.
A la niche!
J' y suis quand me réveille le jappement criard d'un coyotte qui m'a l'air perdu, en chaleur ou simplement affamé. Avec la faim, y'a pas moyen. Pas moyen d'attendre, direction le frigo. C'est tout droit, les pieds qui traînent sur le parquet. Alors? Des surgelés qui ressemblent à des croquettes. Nan. Un petit morceau de chocolat fera l'affaire. Je suis gourmand mais pas seulement. Ca chasse mes angoisses. C'est pas très efficace, car elles reviennent même quand il ne reste plus de chocolat, mes angoisses. Elles sont marrantes. Collantes. Ce n'est pas le moment de les confier, hein, y'a plus urgent, c'est d'aller aux chiottes.
Je lève la queue, je tire dessus, je marque mon territoire, j'asperge (la cuvette des chiottes), je secoue, je hume, je laisse tel quel. Ca m'excite. Pas vous? Un coyotte, ça l'exciterait. Je ne reçois que des chiennes chez moi. Je les prends par derrière. Déchirées dans des magasines, mais pas toujours. Je maîtrise. L'onanisme est ma seconde nature. Peut-être même la première. (pas la peine de répéter tout ça, hein). J'aime bien les scènes entre lesbiennes et les femmes matures, ouais. Et puis les trans aussi, c'est excitant, ouais. Bon, allez j'arrête, je commence à bander. Revenons au coyotte.
Au lever du soleil, je dus mon éveil au jappement criard d'un coyote... Un coyote en ville, c'est assez incongru. On me dit même qu'il n'y en a pas mais "on" est péremptoire, souvent. Aucun doute pourtant (là, je suis péremptoire), je peux reconnaître un coyote parmi une foule d'autres canidés. De la même manière que je me trompe rarement en apercevant le facteur:
-Tiens, c'est le facteur (Je me parle tout seul) qui dépose un colis.
-Tiens, c'est le facteur qui repart et il n'a plus le colis. (huum, mystère).
A moins de prendre un malin plaisir à mélanger les éléments du réel:
-Tiens, voilà la péniche qui coule sur un poireau. Si, si, une péniche, te dis-je! (Je me réponds à moi même). Sur un poireau, ouais! C'est quand meme mieux comme ça, non? (je n'attends pas de réponse).
(Vous aussi vous vous branlez? Enchanté. Vous êtes marié? Comme moi, nickel. Bon, attendez un instant, je termine mon récit).
Le coyote vit d'ordinaire en meute, ce qui n'est pas mon cas. Je suis un solitaire (à peu près, avec femme et enfant). Je ne sors qu'en cas de nécessité (par flemme, diraient d'autres personnes) et je sais limiter au maximum mes besoins (une fois que j'ai bien baisé, mangé et chié, faut pas abuser). On apprend vite à survivre avec les diffractions d'une psychose. Avec quoi? On appelle ça l'agoraphobie. Appelons-là puisqu'elle y tient. Qu'est-ce que c'est égotiste une psychose! Un coyote n'utilise pas de mots savants. Il aboie, il jappe, c'est criard mais cela semble signifier bien plus. Pour lui, en tout cas.
Pour moi, tout ça ne veut rien dire.
Ca fait du bien, quand même. Ca fait du bien, nom d'un chien.
Je dressai aussitôt les oreilles, que j'aimerais bien avoir pointues comme un chien. Juste un instant. Le temps de les dresser. Je tirai la langue pour humecter la sécheresse de mes lèvres gercées, à cause du froid dans l'appartement, je lappai une petite tasse de café bien serré, qui pour me tripoter? Déjà 8 heures. Bientôt plus tard. Putain.
Puis je décidai de passer mon récit au présent de l'indicatif (c'est moi qui décide, merde!).
Je veux bien qu'on me prenne pour un chien, puisque de toute façon je finis par ressembler à un chien (catégorie chien mou, très con et fidèle). Plus ou moins. Sur la durée. Je laisse faire. Pas le choix. Je n'aboie guère, je montre rarement les crocs (hormis 2 ou 3 carries à ma dentiste... quand j'y vais), on me caresse dans le sens du poil, c'est facile, on me gueule dessus, on me dit ce qu'il faut faire, je me rassieds. Oh qu'il est mignon tout plein le toutou. Jamais il n'osera demander une augmentation de salaire. Jamais il n'osera prendre la parole en public. Jamais.
J'aurais pu être un mouton, en fait. Avec de la laine, de longs cheveux, des bêlements stupides et on m'aurait dessiné pour ça. Et j'aurais été content en plus. Ah ouais.
A la niche!
J' y suis quand me réveille le jappement criard d'un coyotte qui m'a l'air perdu, en chaleur ou simplement affamé. Avec la faim, y'a pas moyen. Pas moyen d'attendre, direction le frigo. C'est tout droit, les pieds qui traînent sur le parquet. Alors? Des surgelés qui ressemblent à des croquettes. Nan. Un petit morceau de chocolat fera l'affaire. Je suis gourmand mais pas seulement. Ca chasse mes angoisses. C'est pas très efficace, car elles reviennent même quand il ne reste plus de chocolat, mes angoisses. Elles sont marrantes. Collantes. Ce n'est pas le moment de les confier, hein, y'a plus urgent, c'est d'aller aux chiottes.
Je lève la queue, je tire dessus, je marque mon territoire, j'asperge (la cuvette des chiottes), je secoue, je hume, je laisse tel quel. Ca m'excite. Pas vous? Un coyotte, ça l'exciterait. Je ne reçois que des chiennes chez moi. Je les prends par derrière. Déchirées dans des magasines, mais pas toujours. Je maîtrise. L'onanisme est ma seconde nature. Peut-être même la première. (pas la peine de répéter tout ça, hein). J'aime bien les scènes entre lesbiennes et les femmes matures, ouais. Et puis les trans aussi, c'est excitant, ouais. Bon, allez j'arrête, je commence à bander. Revenons au coyotte.
Au lever du soleil, je dus mon éveil au jappement criard d'un coyote... Un coyote en ville, c'est assez incongru. On me dit même qu'il n'y en a pas mais "on" est péremptoire, souvent. Aucun doute pourtant (là, je suis péremptoire), je peux reconnaître un coyote parmi une foule d'autres canidés. De la même manière que je me trompe rarement en apercevant le facteur:
-Tiens, c'est le facteur (Je me parle tout seul) qui dépose un colis.
-Tiens, c'est le facteur qui repart et il n'a plus le colis. (huum, mystère).
A moins de prendre un malin plaisir à mélanger les éléments du réel:
-Tiens, voilà la péniche qui coule sur un poireau. Si, si, une péniche, te dis-je! (Je me réponds à moi même). Sur un poireau, ouais! C'est quand meme mieux comme ça, non? (je n'attends pas de réponse).
(Vous aussi vous vous branlez? Enchanté. Vous êtes marié? Comme moi, nickel. Bon, attendez un instant, je termine mon récit).
Le coyote vit d'ordinaire en meute, ce qui n'est pas mon cas. Je suis un solitaire (à peu près, avec femme et enfant). Je ne sors qu'en cas de nécessité (par flemme, diraient d'autres personnes) et je sais limiter au maximum mes besoins (une fois que j'ai bien baisé, mangé et chié, faut pas abuser). On apprend vite à survivre avec les diffractions d'une psychose. Avec quoi? On appelle ça l'agoraphobie. Appelons-là puisqu'elle y tient. Qu'est-ce que c'est égotiste une psychose! Un coyote n'utilise pas de mots savants. Il aboie, il jappe, c'est criard mais cela semble signifier bien plus. Pour lui, en tout cas.
Pour moi, tout ça ne veut rien dire.
Ca fait du bien, quand même. Ca fait du bien, nom d'un chien.
Partie (de Ludo Kaspar)
L'amour c'est pas comme une cigarette
au mur de la chambre
ta photo me fixe
depuis deux ans
j'ai oublié de la décrocher
et sur la boîte à lettres
il y a encore ton nom
j'ai oublié de dire
que je t’ai pas oubliée
faut-il nommer les choses
pour qu'elles deviennent des choses ?
au mur de la chambre
ta photo me fixe
depuis deux ans
j'ai oublié de la décrocher
et sur la boîte à lettres
il y a encore ton nom
j'ai oublié de dire
que je t’ai pas oubliée
faut-il nommer les choses
pour qu'elles deviennent des choses ?
Comme une ombre au dessus de la zone tempérée
Sa vie
quand elle dort
lui semble plus
palpitante
alors elle prolonge
parfois
les heures du sommeil
pour avoir de quoi
nourrir nos
conversations
intimes
de ses anecdotes
captées en rêves
dont on ne sait trop
s'ils tiennent du mystère
de la poésie morbide
de la transfiguration
et s'ils sont bien plus
qu'une ombre
chinoise
trop vite
oubliée.
quand elle dort
lui semble plus
palpitante
alors elle prolonge
parfois
les heures du sommeil
pour avoir de quoi
nourrir nos
conversations
intimes
de ses anecdotes
captées en rêves
dont on ne sait trop
s'ils tiennent du mystère
de la poésie morbide
de la transfiguration
et s'ils sont bien plus
qu'une ombre
chinoise
trop vite
oubliée.
Interrogatif j'enchaîne les clopes les unes après les autres comme autant de scissions sur tout ce que la vie de tous les jours peut aspirer de faux espoirs de vaines alternatives de renoncements sans jamais recracher les impuretés sans qu'on n'y trouve rien à redire tandis que le soleil du jour cherche une place à prendre au milieu des épais nuages
Solitude standin' at home
Certains matins
plus que d'autres
matins
font d'un probable
laisser-aller
un nécessaire
retrait
quand s'insinue
la lente coulée
d'une émotion trop forte
trop sombre
pour être
portée
à la vue de tous
plus que d'autres
matins
font d'un probable
laisser-aller
un nécessaire
retrait
quand s'insinue
la lente coulée
d'une émotion trop forte
trop sombre
pour être
portée
à la vue de tous
29 sept. 2009
Démantelé
J'ai fouillé dans la caisse à outils, j'ai fini par trouver l'instrument qu'il me fallait pour commencer, j’ai scié mon cubitus, mon tibia droit, le gauche et une partie de la clavicule. J'ai cherché sur internet le prix des os d'occasion à vendre. N'ayant rien trouvé d'intéressant, j'ai tout jeté dans une poubelle, ces pièces d'un long puzzle qui s'était mis en place depuis l'enfance. Et pour atténuer la douleur intense, j'ai respiré profondément.
N'empêche, la route est longue: le corps est constitué d’une quantité d’os importante: 206, à l'âge adulte, j’a lu ça dans un manuel de médecine.
Le lendemain matin, je me suis attaqué sans concession au radius, aux deux péronés, à l'un de mes orteils, à l'os illiaque et à ma pomme d’Adam. Je les ai vus disparaître quelques minutes plus tard dans une énorme benne à ordures, broyés avec violence et c'était comme si je les faisais craquer à nouveau de tout mon corps meurtri.
Par la fenêtre, j’ai laissé couler la bile sur le trottoir, des inconnus y ont glissé dessus. J’ai hurlé, j’ai vite avalé un comprimé, j’ai saisi aussitôt ma rate sanguinolente et les chiens aboyaient de plaisir juste en dessous quand je l'ai fait pendouiller dans le vide.
Une foule curieuse était déjà là, rassemblée.
Tout à ma nouvelle occupation, comme dans une extase ascétique, et tandis qu'on sonnait à la porte, j'ai tiré sur ma queue, j'ai tiré tellement fort qu'elle a fini par me glisser entre les doigts, je l'ai enfermée dans l’essoreuse de la machine à laver. J’ai observé la machine tourner quelques instants, la bite à 3000 tours/minute. C'était impressionnant.
Je me suis jaugé dans la glace, je me suis senti mieux, comme soulagé, plus léger, beaucoup moins compact mais je me suis demandé s'il fallait continuer.
J’ai réfléchi, mon corps était-il vraiment le mien, que savais-je de lui, j'ai établi des plans de retrait, un planning, une découpe plus efficace. Comme sur celle des oreilles, les deux oreilles d'un coup, que j’ai convenu de décoller d'abord avec une pince, puis de cisailler d'un coup sec avec un cutter contondant.
Punaisées au mur, nettoyées, elles me font face.
J’en sourirais presque.
Pas vraiment un sourire, d'ailleurs, c'est comme une sorte de rictus.
Une balafre de la vie.
Pris d'une crise de rage, peu après, je me suis débarrassé de l’estomac, du côlon, de l’oesophage, mes gestes n'étaient pas forcément précis, ils étaient secs et nerveux, désespérés, affolés, je me savais possédé par une fièvre libératrice, je divaguais, un peu comme si j'écrivais les mémoires d'un fou sans rien connaître de moi, j’ai achevé mon effort en perforant les deux poumons à coups de grand ciseau de couture.
Deux poumons noir de crasse, de cendres, de goudron.
Rouges de sang, partout. Je ne faisais plus attention au sang.
Je fume beaucoup. Je me suis dit que je vivais avec ça, depuis des années, sans m’en rendre bien compte. Quel con. Ca a fait comme un choc. Un presque dernier déclic.
Et puisque je n'avais décidément rien vu, j’ai crevé mes deux globes occulaires et je les ai collés à l'aveugle dans un vieil album-photo.
Reliques inutiles. Le passé ne nous appartient pas plus que le reste.
Aucune nostalgie.
J’ai fouillé longuement. Longuement à l'intérieur de ce corps.
Je n’ai strictement rien trouvé d'autre.
Rien.
Ce qu’il y restait, de plus essentel, c'était la vie elle -même. Qui s'en allait.
Je n'ai même pas eu besoin de me battre avec mon coeur, il a fini par lâcher très vite, sur chacune de ses petites artères sensibles un liquide gras et rougeâtre avait coulé tout autour et j’ai cessé de vivre.
La police avait dû entrer à ce moment-là par effraction.
Je venais de déstructurer ce que j’avais mis péniblement quarante et un ans à mettre en place, à accepter peut-être, à ne pas accepter, peut-être aussi.
Comme ça, pour rien.
Par défi, par pure métaphysique.
N'empêche, la route est longue: le corps est constitué d’une quantité d’os importante: 206, à l'âge adulte, j’a lu ça dans un manuel de médecine.
Le lendemain matin, je me suis attaqué sans concession au radius, aux deux péronés, à l'un de mes orteils, à l'os illiaque et à ma pomme d’Adam. Je les ai vus disparaître quelques minutes plus tard dans une énorme benne à ordures, broyés avec violence et c'était comme si je les faisais craquer à nouveau de tout mon corps meurtri.
Par la fenêtre, j’ai laissé couler la bile sur le trottoir, des inconnus y ont glissé dessus. J’ai hurlé, j’ai vite avalé un comprimé, j’ai saisi aussitôt ma rate sanguinolente et les chiens aboyaient de plaisir juste en dessous quand je l'ai fait pendouiller dans le vide.
Une foule curieuse était déjà là, rassemblée.
Tout à ma nouvelle occupation, comme dans une extase ascétique, et tandis qu'on sonnait à la porte, j'ai tiré sur ma queue, j'ai tiré tellement fort qu'elle a fini par me glisser entre les doigts, je l'ai enfermée dans l’essoreuse de la machine à laver. J’ai observé la machine tourner quelques instants, la bite à 3000 tours/minute. C'était impressionnant.
Je me suis jaugé dans la glace, je me suis senti mieux, comme soulagé, plus léger, beaucoup moins compact mais je me suis demandé s'il fallait continuer.
J’ai réfléchi, mon corps était-il vraiment le mien, que savais-je de lui, j'ai établi des plans de retrait, un planning, une découpe plus efficace. Comme sur celle des oreilles, les deux oreilles d'un coup, que j’ai convenu de décoller d'abord avec une pince, puis de cisailler d'un coup sec avec un cutter contondant.
Punaisées au mur, nettoyées, elles me font face.
J’en sourirais presque.
Pas vraiment un sourire, d'ailleurs, c'est comme une sorte de rictus.
Une balafre de la vie.
Pris d'une crise de rage, peu après, je me suis débarrassé de l’estomac, du côlon, de l’oesophage, mes gestes n'étaient pas forcément précis, ils étaient secs et nerveux, désespérés, affolés, je me savais possédé par une fièvre libératrice, je divaguais, un peu comme si j'écrivais les mémoires d'un fou sans rien connaître de moi, j’ai achevé mon effort en perforant les deux poumons à coups de grand ciseau de couture.
Deux poumons noir de crasse, de cendres, de goudron.
Rouges de sang, partout. Je ne faisais plus attention au sang.
Je fume beaucoup. Je me suis dit que je vivais avec ça, depuis des années, sans m’en rendre bien compte. Quel con. Ca a fait comme un choc. Un presque dernier déclic.
Et puisque je n'avais décidément rien vu, j’ai crevé mes deux globes occulaires et je les ai collés à l'aveugle dans un vieil album-photo.
Reliques inutiles. Le passé ne nous appartient pas plus que le reste.
Aucune nostalgie.
J’ai fouillé longuement. Longuement à l'intérieur de ce corps.
Je n’ai strictement rien trouvé d'autre.
Rien.
Ce qu’il y restait, de plus essentel, c'était la vie elle -même. Qui s'en allait.
Je n'ai même pas eu besoin de me battre avec mon coeur, il a fini par lâcher très vite, sur chacune de ses petites artères sensibles un liquide gras et rougeâtre avait coulé tout autour et j’ai cessé de vivre.
La police avait dû entrer à ce moment-là par effraction.
Je venais de déstructurer ce que j’avais mis péniblement quarante et un ans à mettre en place, à accepter peut-être, à ne pas accepter, peut-être aussi.
Comme ça, pour rien.
Par défi, par pure métaphysique.
Passant à proximité
des immeubles de
la cité
j'ai accéléré la cadence
presque
instinctivement
Des quelques voix
des révèrbères
des horodateurs
d'un ou deux chiens errants
de quelques sacs poubelles
croisés vite fait
je ne pourrais vous
en dire
davantage
j'ai continué
d'accélérer la cadence
Ayant poussé
enfin
la porte de mon appartement
j'ai décapsulé une
bière
et la mousse
a coulé
sur mes doigts
J'ai fermé les yeux
en imaginant
tout ce à quoi
j'avais pu
échapper.
des immeubles de
la cité
j'ai accéléré la cadence
presque
instinctivement
Des quelques voix
des révèrbères
des horodateurs
d'un ou deux chiens errants
de quelques sacs poubelles
croisés vite fait
je ne pourrais vous
en dire
davantage
j'ai continué
d'accélérer la cadence
Ayant poussé
enfin
la porte de mon appartement
j'ai décapsulé une
bière
et la mousse
a coulé
sur mes doigts
J'ai fermé les yeux
en imaginant
tout ce à quoi
j'avais pu
échapper.
Je viens tout juste
de franchir la porte
du bar
& personne ne
fait vraiment
attention
à mon entrée
& je commande un café noir
serré
sans sucre
d'une voix qui me
semble polie
& la serveuse hoche la tête
en direction
déjà
d'un autre
& les gens sont bien couverts
car il fait froid
dehors
& je regarde
derrière l'épaule
d'un homme
au blouson marron
qui peaufine ses paris
portifs
& je souffle sur le
café brûlant
& la jeune femme
dans le fond
marmonne des
bouts de phrase
incompréhensibles
de franchir la porte
du bar
& personne ne
fait vraiment
attention
à mon entrée
& je commande un café noir
serré
sans sucre
d'une voix qui me
semble polie
& la serveuse hoche la tête
en direction
déjà
d'un autre
& les gens sont bien couverts
car il fait froid
dehors
& je regarde
derrière l'épaule
d'un homme
au blouson marron
qui peaufine ses paris
portifs
& je souffle sur le
café brûlant
& la jeune femme
dans le fond
marmonne des
bouts de phrase
incompréhensibles
depuis des années (1)
John-Paul
a toute une collection
d'articles de presse
sur des sujets divers
soigneusement
découpés
au départ
et
empilés de plus en plus
grossièrement
dans une armoire
pleine à craquer
de sorte qu'il ne comprend
même plus
ce qui l'a amené à faire
tout ça.
a toute une collection
d'articles de presse
sur des sujets divers
soigneusement
découpés
au départ
et
empilés de plus en plus
grossièrement
dans une armoire
pleine à craquer
de sorte qu'il ne comprend
même plus
ce qui l'a amené à faire
tout ça.
28 sept. 2009
Oui les journées se ressemblent
quand il s'agit
de rester des heures durant
devant un ordinateur
de répondre à des centaines de coups de fil
de taper des lettres des chiffres
et puis encore des lettres des chiffres
des tas de caractères spéciaux
sur un clavier
quand il s'agit de refaire
les mêmes gestes avec
la même furieuse application
alors oui les journées se ressemblent
à tel point qu'il me faut consulter
un calendrier
pour savoir quel jour de la semaine
commence aujourd'hui
et termine ce soir
quand il s'agit
de rester des heures durant
devant un ordinateur
de répondre à des centaines de coups de fil
de taper des lettres des chiffres
et puis encore des lettres des chiffres
des tas de caractères spéciaux
sur un clavier
quand il s'agit de refaire
les mêmes gestes avec
la même furieuse application
alors oui les journées se ressemblent
à tel point qu'il me faut consulter
un calendrier
pour savoir quel jour de la semaine
commence aujourd'hui
et termine ce soir
Casser le fil
la petite araignée
ne sortira pas d'ici
vivante
je prends une chaussure
à crampons
pour lui taper dessus
jusqu'à ce qu'elle avoue
m'avoir piqué cette nuit
à plusieurs reprises
peut-être même qu'elle est
déjà
recherchée
par toutes les polices
des arachnides
pour des faits similaires
non non elle
peut s'estimer heureuse
combien son acharnement
à me marquer le visage
les bras les cuisses
je n'ai pas l'instinct du tueur
ne sortira pas d'ici
vivante
je prends une chaussure
à crampons
pour lui taper dessus
jusqu'à ce qu'elle avoue
m'avoir piqué cette nuit
à plusieurs reprises
peut-être même qu'elle est
déjà
recherchée
par toutes les polices
des arachnides
pour des faits similaires
non non elle
peut s'estimer heureuse
combien son acharnement
à me marquer le visage
les bras les cuisses
je n'ai pas l'instinct du tueur
Autour de la machine à cafés, le boulot, l'argent, la crise
Il nous racontait
que s'il le fallait
que s'il n'avait d'autre choix
qu'en dernier recours
donc
il n'aurait aucun scrupule
à braquer une banque
à risquer la taule
à sucer la mort
nous ne savions plus trop si
c'était du lard ou du cochon
il nous racontait ça
avec ce qu'il fallait
de sa conviction
de son émotion
et nous n'étions pas loin
d'avoir trouvé là
notre dernier recours
en sa compagnie
bien que je pressente
qu'il en soit tout autre
mon dernier recours
il y serait plutôt question
de pointer les armes
sur d'anciennes névroses
par exemple
que s'il le fallait
que s'il n'avait d'autre choix
qu'en dernier recours
donc
il n'aurait aucun scrupule
à braquer une banque
à risquer la taule
à sucer la mort
nous ne savions plus trop si
c'était du lard ou du cochon
il nous racontait ça
avec ce qu'il fallait
de sa conviction
de son émotion
et nous n'étions pas loin
d'avoir trouvé là
notre dernier recours
en sa compagnie
bien que je pressente
qu'il en soit tout autre
mon dernier recours
il y serait plutôt question
de pointer les armes
sur d'anciennes névroses
par exemple
27 sept. 2009
Sur la petite étagère en bois
fixée au mur
quelques livres
déjà lus
"journal japonais" de Richard Brautigan (Edition bilingue)
"Nouvelles du 14è" de Stephen Dixon
"La pissotière" de Warwick Collins
"En crachant du haut des buildings" de Dan Fante
"Le général sudiste de Big Sur"...
et placé tout au dessus
un dictionnaire de la langue
berbère
qui prend désespérément la
poussière
parce que je n'ai plus ni
la volonté
ni la facilité
de faire autant d'efforts
qu'avant
et peut-être qu'un jour
je m'en mordrai
les doigts
et il sera trop
tard
fixée au mur
quelques livres
déjà lus
"journal japonais" de Richard Brautigan (Edition bilingue)
"Nouvelles du 14è" de Stephen Dixon
"La pissotière" de Warwick Collins
"En crachant du haut des buildings" de Dan Fante
"Le général sudiste de Big Sur"...
et placé tout au dessus
un dictionnaire de la langue
berbère
qui prend désespérément la
poussière
parce que je n'ai plus ni
la volonté
ni la facilité
de faire autant d'efforts
qu'avant
et peut-être qu'un jour
je m'en mordrai
les doigts
et il sera trop
tard
L'ennemi invisible
C'est terrifiant la
jungle
ou s'embourber
sans cesse
entre la certitude
que ça vient bien
de quelque part
et le manque de
confiance qui peut
s'aller jusqu'à l'effacement
c'est une
hémorragie
sans blessure apparente
et c'est bien ce que je
disais - terrifiant
jungle
ou s'embourber
sans cesse
entre la certitude
que ça vient bien
de quelque part
et le manque de
confiance qui peut
s'aller jusqu'à l'effacement
c'est une
hémorragie
sans blessure apparente
et c'est bien ce que je
disais - terrifiant
Emerveillé ? C'est vite dit...
Sur le balcon je fume
une clope
en regardant droit devant
les grands arbres les pavillons
les badauds dans le parc
ensoleillé
les voitures dévalant
la grande côte
jusqu'au rond-point
et
l'espace d'un instant
je peux sentir
profondément comme
une sorte de tendresse
ahurie
envers le monde
une clope
en regardant droit devant
les grands arbres les pavillons
les badauds dans le parc
ensoleillé
les voitures dévalant
la grande côte
jusqu'au rond-point
et
l'espace d'un instant
je peux sentir
profondément comme
une sorte de tendresse
ahurie
envers le monde
26 sept. 2009
Avant la dèche
Il n'est d'exutoire à ça
qu'une bonne claque dans la tronche
et c'est ce qu'il me faudrait
pour arrêter de croire
une bonne fois pour toutes
que je pourrais un jour
gagner
une tonne de fric aux jeux de hasard
qu'une bonne claque dans la tronche
et c'est ce qu'il me faudrait
pour arrêter de croire
une bonne fois pour toutes
que je pourrais un jour
gagner
une tonne de fric aux jeux de hasard
25 sept. 2009
Un beau foutoir
Elle a plein
de jouets dans
sa chambre
des jouets
dont elle ne se sert
jamais
et forment ainsi
agglomérés
un joyeux désordre
qui n'est pas sans rappeler
combien pénible
est notre propre avancée
vers la
sérénité.
de jouets dans
sa chambre
des jouets
dont elle ne se sert
jamais
et forment ainsi
agglomérés
un joyeux désordre
qui n'est pas sans rappeler
combien pénible
est notre propre avancée
vers la
sérénité.
Bien entamée, la nuit
Les rues sont désertes à cette heure-ci
et le cactus que
j'ai devant les yeux
c'est cette phrase qui
ne veut pas prendre
la direction que je lui indique.
et le cactus que
j'ai devant les yeux
c'est cette phrase qui
ne veut pas prendre
la direction que je lui indique.
24 sept. 2009
Surveillance personnalisée
L'homme grand dans son costard cravate passe dans le couloir
catimini
sournois
Déferle sur l'un des moniteurs de contrôle
chiffres affolés
du rouge du vert du noir du bleu
C 'EST MON JOUJOU se dit l'homme grand
en rajustant le col de sa cravate en soie
JE VAIS LES SURVEILLER
le décroché téléphonique
les fiches de missionnement
les retards de traitement
les incidents non cloturés
les pauses groupées
tous les indicateurs ne sont
ni plus ni moins que d'habitude
mais il y trouve toujours ce tout petit détail qui cloche
comme cette partie
d'échecs
que je suis en train de perdre
avec les blancs
sur internet
C'est qu'il la trouve
en plein écran
et
des plus incongrues
n'est-ce-pas
dans un centre d'appels.
catimini
sournois
Déferle sur l'un des moniteurs de contrôle
chiffres affolés
du rouge du vert du noir du bleu
C 'EST MON JOUJOU se dit l'homme grand
en rajustant le col de sa cravate en soie
JE VAIS LES SURVEILLER
le décroché téléphonique
les fiches de missionnement
les retards de traitement
les incidents non cloturés
les pauses groupées
tous les indicateurs ne sont
ni plus ni moins que d'habitude
mais il y trouve toujours ce tout petit détail qui cloche
comme cette partie
d'échecs
que je suis en train de perdre
avec les blancs
sur internet
C'est qu'il la trouve
en plein écran
et
des plus incongrues
n'est-ce-pas
dans un centre d'appels.
Je ne le connais pas
Elle en avait les larmes aux yeux
rien qu'à l'évocation
de son collègue
à table
Je ne le connais pas
cet autre qui
la fait rire
Je n'ai rien voulu
paraître
ai-je réussi, je
n'en sais rien
car je crois bien
que cela m'a touché
au delà
de ce qu'elle imaginait.
rien qu'à l'évocation
de son collègue
à table
Je ne le connais pas
cet autre qui
la fait rire
Je n'ai rien voulu
paraître
ai-je réussi, je
n'en sais rien
car je crois bien
que cela m'a touché
au delà
de ce qu'elle imaginait.
23 sept. 2009
La pluie fine et froide
tombait sans
discontinuer
Des tas de gens attendaient
le bus "191"
en direction du centre-ville
je ne me souvenais plus
ou j'avais garé ma voiture
dans quelle rue
je m'étais placé dans la file
d'attente
du bus "191"
Des chiens nous ont aboyé dessus
Ils provenaient d'un hall d'immeuble
coincé entre deux boutiques
minuscules
tombait sans
discontinuer
Des tas de gens attendaient
le bus "191"
en direction du centre-ville
je ne me souvenais plus
ou j'avais garé ma voiture
dans quelle rue
je m'étais placé dans la file
d'attente
du bus "191"
Des chiens nous ont aboyé dessus
Ils provenaient d'un hall d'immeuble
coincé entre deux boutiques
minuscules
Chaque dimanche d'été à la même heure
la famille au grand complet
se réunit
dans la jardin près de la voie ferrée
Là
ils comptent les trains
qui passent
les trains qui s'arrêtent
ils n'en comptent pas beaucoup
Ils se souviennent de tous ceux
qui ont déraillé
des bruits du temps jadis
de certains détails
plus ou moins vaguement
Au milieu de l'après-midi
Les enfants s'amusent toujours autant
dans le jardin
le père
aux ongles rongés jusqu'au sang
se lève presque
cérémonieusement
quitte la table
sans un mot
se réunit
dans la jardin près de la voie ferrée
Là
ils comptent les trains
qui passent
les trains qui s'arrêtent
ils n'en comptent pas beaucoup
Ils se souviennent de tous ceux
qui ont déraillé
des bruits du temps jadis
de certains détails
plus ou moins vaguement
Au milieu de l'après-midi
Les enfants s'amusent toujours autant
dans le jardin
le père
aux ongles rongés jusqu'au sang
se lève presque
cérémonieusement
quitte la table
sans un mot
11 janv. 2009
10 janv. 2009
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