21 avr. 2015

Dans la maison de mon enfance (Extrait 25)

On parle de choses et d'autres, à la surface
On parle de la terrible sécheresse
de la victoire de Lucien Van Impe
dans les Alpes
on parle de l'Amoco Cadiz
et du possible
déménagement qui se profile
à l'horizon dans une grande ville
inconnue
on parle de ma grande sensibilité
on me demande de ne pas en avoir peur
on parle de mes études
de mes capacités de ma mémoire puisque
je sais déjà plein de choses
par exemple
je connais par cœur mes
tables de multiplication
je peux réciter un
poème de René-Guy Cadou
en y mettant le ton
&
je retiens le nom de tous
les joueurs de l'équipe de foot
qui vient d'être championne de France
devant St Etienne
&
de toute façon
j'ai horreur de me tromper
&
quand on joue à des jeux
de société
j'ai viscéralement horreur de perdre

20 avr. 2015

Dans la maison de mon enfance (Extrait 24)

Les truites multicolores
La minuscule
rivière
serpente
en contrebas
du jardin
sous d'immenses arbres
ils m'apparaissent immenses en tout cas
papa prétend qu'il y a parfois
des truites multicolores
qui descendent le courant jusqu'à
l'Erdre
quand il fait trop chaud
je m'amuse à l'enjamber à
sauter d'un bord à
l'autre
à cloche-pieds
sans jamais voir les truites multicolores
&
je demande à mon frère
de faire pareil
s'il est cap'
&
lui de hausser les épaules
en me répondant qu'il
à autre chose à faire de plus important :
papa lui a demandé d'aller chercher le fil
à couper le vent

Dans la maison de mon enfance (Extrait 23)

En feuilletant l'album de famille
Il y a cette photo
de mon frère et moi posant fièrement devant la proue
d'un voilier de collection - un trois mâts -
arrimé à l'un des quais de Londres
qu'y a-t-il d'écrit dessus, là ?
papa se targue pourtant de connaître assez bien l'anglais
Il y a cette photo de maman
en maillot de bain et lunettes de soleil
sur la plage de Varna lors d'un séjour en
Bulgarie communiste - notre guide n'osait pas parler de politique
ni même des immenses queues devant les épiceries qu'on découvrait à la télé -
Il y a cette photo de papy
clope au bec
pour la première fois de sa vie
lors de ma première communion
c'est moi qui avait pris la photo avec le jetable qu'on m'avait alors offert
mais mamy n'était pas contente du tout
de ce sourire plein de défi de papy
il venait tout juste d'avoir son premier infarctus
tu exagères quand même ! lui avait-elle répété
Il y a cette photo de pépé et mémé
droits comme des piquets
qui ne sourient jamais
la photo en noir et blanc date de 1938 je crois
ils ne sont pas heureux ? avait demandé mon frère
Il y a cette photo de papa
grand échalas et fine élégance
en habit militaire lors d'une permission
puis je referme l'album de photos
rassasié de nos parcelles de vies - de ces instants fugaces 
porteurs d'émotions et de questions -
qui en disant finalement bien plus
sur la famille
que les personnages eux-mêmes

Dans la maison de mon enfance (Extrait 22)

Allégorie de la porte et de la fenêtre
En général
une maison compte au moins
une porte
et
une fenêtre
et si
l'enfance s'échappe par la porte
pendant des années
à son retour au bercail
elle trouve que tout a changé
que la petite bourgade la campagne les champs
sont devenus des périphéries grises
elle ne reconnaît plus rien ni personne
ni sa petite musique intérieure
la porte est désormais close
et
les souvenirs qu'elle espérait
retrouver intacts en passant par
par la fenêtre
lui sont devenus une autre vie
à mille lieux de ce qui s'est réellement passé ici
le temps a transformé cet homme transfiguré ses souvenirs
en une sorte de magma diffus

Dans la maison de mon enfance (Extrait 21)

Les règles d'or
Un enfant doit être sage et poli
il doit
se laver les mains
avant de manger
il doit
se brosser les dents
chaque soir
il ne doit pas
poser les coudes
sur la table
il ne doit surtout pas
répondre à ses parents
sinon c'est la claque assurée
il doit
se coucher de bonne heure
il doit
s'endormir sans faire d'histoires
il ne doit pas
s'éloigner de la maison
il doit
dire la vérité
il ne doit surtout pas
s'intéresser aux filles
c'est beaucoup trop tôt pour ça
il ne doit pas non plus
traîner avec des copains
dans les bars à flipper
sinon tu vas mal finir
il doit au contraire
bien apprendre ses leçons et
ramener des bonnes notes
de très bonnes notes ce serait même encore mieux
il ne doit jamais
dire nom de dieu
c'est une question de principe
ainsi un enfant sera-t-il aimé
en retour
pour ce qu'il est


27 nov. 2014

"Thierry Roquet & Friends" (Recueil collectif)

Recueil de 56 pages sorti début Novembre et paru chez Mauvaise Graine (de Walter Ruhlmann).

Au sommaire : Eric Dejaeger, Heptanes Fraxion, Jean-Marc Flahaut, Frédérick Houdaer, Jérôme Leroy & myself !
Que des poèmes inédits.

Illustration de couverture : Cathy Garcia.

Fred Houdaer en dit ceci : "Sans doute la meilleure anthologie à laquelle j'ai participé à ce jour (de par sa cohérence). Du beau linge (mais rien que des slips, pas de petite culotte)...".

Hepta en dit ceci : "Avec ma gueule au milieu de quelques ténors de la poésie narrative minimaliste...je dirai...minimaliste et non anecdotique...".

Jérôme Leroy en dit ceci : "On est dans cette horde sauvage-là, et on en est bien content".

Et ben moi, je suis d'accord avec eux !

Prix modique (5 euros).
Il faut toutefois ajouter des frais de port... heu... de 5 euros (pour la France) et 7 euros (pour la Belgique)...!!



On peut le commander ici : Sur Amazon
Ou ici : Sur Lulu
(format papier, version kindle...).



5 nov. 2014

Microbe #86

Le dernier numéro de l'excellente revue belge d'Eric Dejaeger & Paul Guiot vient de sortir.
J'ai pris grand plaisir à "piloter" ce numéro !
PS: pour les abonnés, il est accompagné du supplément Mi(ni)crobe de Jason Héroux.



4 nov. 2014

Cohues #15 (Revue numérique)

Le dernier numéro de la revue numérique "Cohues" est arrivé.
Des nouvelles, de la poésie.
Au sommaire, côté poésie : Stéphane Poirier, Brice Haziza, Perrin Langda, Antonella Fiori, Claire V.Corda, Wilfried Salomé et ma pomme.
Avec des dessins de Yasmine Blum.
A déguster ici


24 oct. 2014

Portrait de quartier (4)

On l'appelle comme ça depuis des années
le voisin du dessous
on le croise de moins en moins souvent
il a une maison en Touraine
où il semble vouloir finir ses jours et
il ne revient par ici
que pour des séjours à l'hôpital
il tente de soigner un cancer de la gorge
qui lui donne la voix rauque
cassée
qui lui donne une maigreur
à faire peur
des rougeurs sur le visage et dans le cou
sa femme est morte d'un cancer des poumons
avant il était dynamique
il faisait des travaux de peinture dans les escaliers
il réparait l'éclairage du hall et l'alarme incendie
il remettait d'aplomb la boîte aux lettres
il sortait les poubelles
il disait que ça l'occupait
que la retraite c'est souvent de l'ennui
à présent on ne compte plus que
notre bonne volonté pour le faire
ce qui n'est pas donné hein
je l'ai croisé récemment
le voisin du dessous
pour lui donner le chèque des charges de copropriété
il m'a remercié
il paraissait encore plus fatigué
encore plus maigre
mais il a tenu à discuter quelques minutes
et à conserver un semblant de sourire sur son visage
terriblement marqué

Portrait de quartier (3)

Y'a pas si longtemps
c'était encore mon coiffeur
c'est lui que je venais voir en tout cas
pas loin de la soixantaine
bedonnant
rougeaud
les cheveux bien blancs
dressés sur le crâne
il vous accueillait avec un grand sourire
un petit mot gentil
il savait discuter de tout et de n'importe quoi
vous demandait des nouvelles de la famille
de votre boulot de votre santé de vos hobbies
tout en glissant des plaisanteries
bon enfant
tout en restant concentré sur la coupe de cheveux
et il savait y faire
puis le salon qui l'employait a fermé ses portes
il me disait qu'un nouveau propriétaire
était pressenti pour bientôt
qu'il le connaissait un peu
et il espérait donc qu'on lui ferait à nouveau confiance
le salon a effectivement rouvert ses portes
s'est rénové
s'est rajeuni
s'est embelli
est devenu plus clinquant mais
celui qui était mon coiffeur n'y travaille pas
il habite un deux pièces
avec sa mère
une vieille dame qui peine à bouger
à quelques pâtés de maison de là
on se croise encore de temps à autre
il ne me reconnaît pas toujours
il passe le plus clair de son temps
désormais
à écluser les verres de vin au bistrot du
coin du petit matin à la tombée du soir
&
il n'en sort que pour s'occuper de sa mère
quand il en est encore capable


23 oct. 2014

Portrait de quartier (2)

depuis la mort de son mari
il y a déjà quelques années
elle vit seule mais elle
n'est pas malheureuse
elle voit plus souvent sa sœur jumelle et
toutes les deux retrouvent la complicité qu'elles avaient
quand elles étaient jeunes
elles s'habillaient pareil
elles se parfumaient pareil
elles reluquaient les mêmes garçons
leur mère avaient même du mal à les différencier l'une de l'autre
et cette situation les amusait beaucoup
elles ont encore toute leur tête
ne dépendent de personne
font leurs courses ensemble à la supérette du coin
elles ont bien sûr les stigmates de leur grand âge mais
elles n'ont pas peur d'avouer qu'elles ont
près de quatre-vingt dix ans au compteur
elles ont un sourire presqu'enfantin
refusent obstinément toute aide pour porter leurs sacs de provisions
elles ont toujours vécu dans le quartier
n'imaginent pas une autre fin qu'ici et
dans la légèreté et
dans un dernier grand éclat de rire
c'est ce qu'elles espèrent

Portrait de quartier (1)

ils gagnent bien leur vie
y'a pas à dire
ils ont un petit pavillon près de chez nous
ils ont deux belles voitures
sans être trop ostentatoires non plus
lui est expert-comptable
il est à son compte
il vérifie les comptes des entreprises
il effectue parfois des contrôles inopinés
son boulot lui prend énormément de temps
elle est avocate
au tribunal administratif de Versailles
elle s'occupe des litiges sur les permis de construire
elle invalide même parfois des élections municipales
son boulot lui prend énormément de temps
ils se croisent peu
mais ils ne font pas chambre à part
ils fonctionnent comme ça depuis des années
et ils ont trouvé un certain équilibre
ils ont deux enfants
qui poursuivent leurs études dans une école privée
l'aîné était dans la classe de ma fille avant
ils ne croient pas trop dans l'excellence de l'école publique
ils ont leurs raisons
ils disent qu'ils forment un couple moderne
où chacun suit sa route
et apporte sa pierre à l'édifice de la cellule familiale
ils font encore l'amour bien sûr
pas autant qu'ils le voudraient mais
ils espèrent que ça va durer longtemps comme ça




9 petites choses sans importance

deux de mes slips
pendent dans la salle de bain
il y a aussi quelques paires de chaussettes trouées
c'est ma première expo
d'art moche

***

une bière bien fraîche
m'attend dans le frigo
je crois que je vais avancer
d'un peu l'heure de la soif

***

je voulais écrire un poème sur les Bootleggers
puis sur un slogan de Mai 68
puis sur un groupe de cold wave de 1981
rien n'est sorti / de précis / sauf ce constat d'échec
en quelques lignes

***

je me regarde parfois dans la glace
je surveille l'avancée de deux ou trois tâches
dont la sombre couleur m'inquiète
ma femme ne trouve rien d'anormal / c'est possible
mais je regarderai quand même encore demain

***

à la télé ils montrent des morts
par dizaines
par centaines
par milliers
et juste après un but en pleine lucarne
et de la pub pour la nouvelle Audi
et j'exagère à peine hein

***

la nuit porte
le poids du jour
et c'est pour ça qu'on dort
si mal
tu penses

**

je me souviens de la mort de Patrick Dewaere et
de Romy Schneider
ou encore de celle de Bukowski et
de Léo Ferré et de tant d'autres
je me souviens d'un tas de choses
extérieures
mais je suis bien incapable de retracer ma
propre vie avec la même netteté

***

parfois tu ronfles fort
parfois tu parles dans ton sommeil
parfois tu cherches ta respiration
parfois tu te crispes de peur
dehors des papiers volent au vent
sous la pâle lumière d'un réverbère

***

je voudrais trouver le mot juste
celui qui ne se justifie pas
celui qui s'évidence
celui qui marche tout seul
celui qui vient ici
sans se soucier de moi

***



22 oct. 2014

Quelques photos du Cabaret Poétique (dimanche 19 octobre 2014)






D'autres photos sur le blog de Fred : http://houdaer.hautetfort.com/archive/2014/10/21/c-etait-le-cabaret-poetique-du-19-octobre-premiere-partie-5472958.html


Les fantasmes ont pas d'âge (Grégoire Damon)

le sage m'a dit     tu frimes tu te vautres dans la complaisance
tu es très occupé à t'engluer dans la réalité la plus quotidienne    et le reste du temps tu rêves à des clichés en croyant que ces rêves ont exactement
                                 ton âge
                                 ta taille
                                 tes artères
                                 tes bronches
mais les fantasmes n'ont pas d'âge
ni le tien ni celui de personne
la richesse
la gloire
les trucs humides et parfumés
ne sont pas ton histoire      c'est l'histoire tout court
tu ne feras pas de poésie avec ton inconscient
TOUT LE MONDE A À PEU PRÈS LE MÊME
tu ne feras pas de coup d'édition avec tes frustrations
TOUT LE MONDE SAIT À PEU PRÈS CE QU'IL FERA AVEC UN MILLION
quant à signer de ton nom
ce serait
              une violations des principes les plus élémentaires de l'honnêteté intellectuelle
et
              un abus de bien social

(bien qu'il faille reconnaître
que tu croises
beaucoup de philosophes déguisés
en clodo
pour un mec de ton âge et de ton milieu)

à ce tableau de Munch

quand la lumière du jour
révèle
une ombre d'épouvante

qui se refuse à disparaître

elle ne ressemble pas au passé
et ni toi ni moi
ne pouvons y
mettre de mots dessus

de ces mots qui pourraient rassurer
elle a ton visage entre
ses paumes
fermement serrées

quand tu dis qu'elle agit
de jour en jour
sur toi
en toi
à travers toi
que c'est inéluctable

qu'elle est le tranchant d'une lame
intime
qui te scinde
en deux parts inégales

je te regarde
intensément
dans ces moments-là et
je ne vois plus
que cette ombre d'épouvante

je pense à ce tableau de Munch
à un pont sur la Seine obscure
je pense au dernier pas juste avant la falaise
et
je n'ose imaginer la suite


18 oct. 2014

Cabaret Poétique ce dimanche 19 Octobre 2014

Voilà ; c'est demain à 17h, à Lyon.
J'en serai, en compagnie de 4 poètes slovènes.
J'ai réservé tout le TGV. Pour m'entraîner correctement.
Je lirai 17 de mes textes au Cabaret Poétique.
Accompagné à la guitare par Greg Damon.
Merci à Fred Houdaer pour son invitation.
Non, je ne suis pas stressé, absolument pas. Alors, là, hein !
Et Saida m'apprend à respirer correctement...


17 oct. 2014

Dans la maison de mon enfance (Extrait 20)

Quand on fait les courses
maman choisit
ce qu'on mange
mais aussi
mon cartable
&
mes vêtements
maman choisit aussi
ma coupe de cheveux au bol
&
quand je donne mon avis
elle répond
ça ira très bien comme ça
elle dit aussi qu'elle n'a pas le temps de cuisiner
alors on dîne généralement
d’œufs brouillés
de pâtes
&
de boîtes de conserve
je déteste le goût des salsifis
des fois j'en ai marre de toujours manger la même chose
maman réplique
arrête de te plaindre c'est fatiguant à la fin je fais ce que je peux
de toute façon
elle n'a pas d'autorité sur moi
elle s'énerve mais je rigole
elle me donne une claque mais je rigole encore
alors elle me traite d'insolent
&
brandit la menace
tu verras quand ton père sera là !
des fois
je les entends s'engueuler
quand papa rentre trop tard du travail
je reste planqué dans le noir
à l'étage
j'entends maman pleurer
&
claquer une porte
je retourne alors vite fait
dans ma chambre
j'éteins la lumière
&
je fais semblant de dormir

16 oct. 2014

Dans la maison de mon enfance (Extrait 19)

"J'ai bien reçu ta lettre
où tu racontes ton voyage en Afrique
&
les animaux que tu as vus dans la savane mais
ici c'est différent
il y a des punaises
qui puent très fort
quand on les écrase
elles se faufilent le long du rebord boisé
de ma fenêtre
il y a des grenouilles
près de la minuscule rivière
en bas du jardin
elles sautillent de joie quand on les approche
tu les aimerais bien j'en suis sûr
il y a des guêpes aussi
qui se posent sur la table
quand on déjeune dehors
certains dimanches d'été
j'ai horreur des guêpes depuis
que je me suis fait piquer
deux fois de suite à la même main
alors j'emporte mon assiette à l'intérieur
de la maison à l'abri des bourdonnements
&
je termine mon repas tout seul
papa et maman se moquent gentiment de moi
il y a des serpents
dans les champs d'en face
papa dit que ce sont des couleuvres
mais il n'en est pas sûr alors on détale à toute vitesse
quand on en croise une mon frère et moi
on aime bien jouer à se faire peur tu vois
il y a des cousins
qui se posent sur l'eau
je ne sais toujours pas s'ils piquent plus fort
que les moustiques
mais ils n'ont pas l'air très sympathiques
il y a aussi
d'énormes toiles d'araignées
près des piquets de thym
&
de laurier
qui poussent le long d'un mur
et maman m'a surpris plus d'une fois en train de pisser dessus
et j'ai reçu plus d'une fois des grosses claques
j'espère qu'on se reverra un jour
parce que j'ai encore plein de trucs
à te raconter..."

Dans la maison de mon enfance (Extrait 18)

Maman
est institutrice
dans mon école
mais elle ne veut pas que j'aille dans sa classe de CM1
&
papa
est ingénieur en informatique
j'ai pas trop compris ce qu'il faisait exactement chez IBM
Maman
conduit une deudeuche bleue
qui bouge beaucoup
de bas en haut
de haut en bas
&
papa
a une R16 bleue foncée
avec des sièges en skai
qui brûlent les fesses
quand il fait chaud
maman
vient de la campagne
plus exactement d'une ferme
avec quelques vaches quelques cochons
quelques lapins quelques poules
quelques champs de mais
avec aussi un tracteur Massey Ferguson
&
papa
ne parle pas trop de là
où il vient
c'est maman qui en parle à
sa place
juste un peu sans entrer dans les détails
sauf quand
il s'agit de conclure
qu'il ne veut pas faire de nous
des enfants pourris gâtés à qui tout serait dû
parce que c'est
à la force du poignet
&
d'énormément de travail
qu'on peut s'en sortir
dans la vie
et pas autrement
il faut que ce soit bien clair aussi pour vous insiste t'il
oui oui répondons-nous en chœur mon frère et moi