On est cinq
plus le responsable
Je ne sais même pas ce qu'on attend de moi
je suis le nouveau
je m'appelle Mobert
ok moi c'est Fabrice
des camions stoppent devant la porte
pour des livraisons
91 kilos et des brouettes dans chaque carton
on décharge dans la salle des stocks
je n'ai pas de badge d'accès
on m'oublie quelques minutes à
l'intérieur
désolé
c'est pas drôle mon gars
et ça me fait mal
au bide de décharger
tout ça
alors pour me remettre je me prends une clope à l'air
frais
et direction vite fait la salle
d'usinage au niveau -2
faut maintenant qu'on monte les machines
une à une
qu'on les teste
qu'on les branche sur des centaines de
câbles
et y'en a partout
dans tous les sens
de toutes les couleurs
je n'y comprends rien
ça pue l'azote à mort
on ne s'entend plus
rien qu'un bruit de
soufflerie
permanent
toute la journée
ce bruit de soufflerie
dans les oreilles
je me demande encore
si nous ne serions pas
ici
les naufragés d'un paradis
sans ciel
perdu
dans les sous-sols du
bâtiment B4
et même un cygne
blanc
dans la mare du parvis
semble se foutre
de nous
au moment de
partir
en nous montrant
sa plume au cul
9 commentaires:
sublime
ce texte est teinté d'une sorte de mélancolie...il ne reste plus rien d'humain dans ces locaux.et cette bizarre impression de ne pas etre au bon endroit au bon moment!est ce le sort qui s'acharne contre le narrateur.
ça me fait penser un peu aux temps moderne avec charlie chaplin ou bien au salaire de la peur de steinbeck!je ne sais pas pkoi mais j'ai les larmes qui me montent aux yeux et je suis impuissante face aux evenements!
A JM: heu, comment tu dis ?
Bah dis donc, tu n'y vas de pas main morte... je sais vraiment quoi dire à ton mot-commentaire-bref-mais-très-touchant.
Merci.
A Anonyme (Dada, my wife): tu étais émue parce que tu l'as lu en pleine nuit, fatiguée que tu étais de ne pouvoir te rendormir ;-))
Ce que tu en dis me parait pas mal du tout. Bisous.
Juste une petite précision: texte fortement teinté d'autobio.
Oups, me relisant, j'ai oublié un mot dans ma réponse à JM:
A JM: heu, comment tu dis ?
Bah dis donc, tu n'y vas de pas main morte... je sais vraiment PAS quoi dire à ton mot-commentaire-bref-mais-très-touchant.
Merci.
je ne change pas mon commentaire
je ne change pas mon commentaire mais cette fois je signe de mon vrai nom
ouep... terriblement fort et beau ce texte (beau malgré l'horreur ordinaire de la situation)
Merci Marlène.
Ce boulot est tellement "bien" que je suis actuellement en accident du travail.
Z'ont pas voulu tenir compte de mes antécédents médicaux, ces cons... eh ben, voilà.
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