Dans la rue ce matin
j'ai croisé le soldat inconnu devant
la librairie (pour faire des recherches sur sa vie)
des dictateurs morts les légions de César
le cheval de Troie au guichet de la banque
les armées de Napoléon (juste après la Bérézina)
sortant du pressing
et échouée sur le trottoir
cette pauvre Moby Dick qui attend le bus
pour retourner dans l'eau
j'ai croisé aussi mes plus vieux fantasmes de cul (on ne se refait pas)
suspendus aux réverbères
des ustensiles de cuisine des équations mathématiques
des gosses en caoutchouc des molécules dissoutes
des gens très normaux sans aucune folie (en apparence, évidemment)
un peu plus loin l'idée de dieu sous mes chaussures
les lunes d'hier et d'avant-hier
coincées entre les yeux d'une inconnue
J'aurais pu tout autant croiser
un monstre sanguinaire
caché dans les pierres
prêt
à nous sauter dessus
avec un hachoir
en hurlant que nous avions tous
dépassé la date de péremption
Mais dans la rue ce matin
j'aurais surtout aimé te croiser
toi qui me lis
on aurait fait un bout de chemin ensemble.
9 commentaires:
Y'a comme des bouts de chemin sur les quels le bitume sonne moins froid...
:-)
Tu m'accompagnes, Marlène ? ;-))
Tu ne risques pas de me croiser dans un endroit pareil ! Et si tu déménageais ?
OK, je vais me rapprocher de chez toi ;-))
Chouette texte.
La prochaine fois que je descends sur Paris, j'espère non pas qu'on fera un bout de chemin ensemble mais qu'on séchera quelques bonnes mousses !
I hope so ! ;-))
Et moi ! Et moi ? Oui, mais pas à sept heures du matin, pfff.
En tous cas, plus sérieusement maintenant, beau texte, oui...
Vers 5h du matin, ça te va Co? ;-))
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