18 janv. 2017

Du voisinage

Un ours polaire
attend sagement
le bus 191
à côté d’étudiantes
et
d’employés encore ensommeillés
rien de plus anodin
n'est-ce-pas
ça fait bien longtemps
que les ours polaires
n’ayant plus de banquise
où s’asseoir
sont devenus des citoyens
comme les autres
et
mangent des burgers-frites
bien gras
au déjeuner
sans se soucier
de ce que faisaient leurs ancêtres

***

Le voisin
je ne l'aime pas
et
quand il sort de chez lui
c’est pour une bonne raison
il ne peut en être autrement
il m’arrive parfois de le suivre
jusqu’à la caisse de la supérette
où il m’adresse un sourire
qui en dit long
sur sa perversité machiavélique
ce salaud à l'oeil partout
je fais semblant de ne pas l'avoir
vu
ou alors
je lui réponds par un sourire
nigaud
au retour je note dans mon journal intime :
« Le voisin - je ne l'aime vraiment pas- 
est comme tout le monde
il a des choses à cacher
et ces choses-là pourraient nous mettre en danger
j'en suis absolument sûr »
au coucher
à cause du voisin
je le déteste toujours autant
mon imagination s’emballe
je visualise des scènes
j'émets des hypothèses
je me prends au jeu
de toutes ces histoires
le concernant
et
je ne parviens plus du tout à m’endormir
un jour ça se terminera mal tout ça
très mal, je vous le dis




arriver à bon port

En rentrant du boulot
à pieds
après avoir salué un collègue
de mon âge
la plupart sont bien plus jeunes
qui me racontait ses projets
de développement durable
entre deux questionnaires
au téléphone
il attend du fric
d'investisseurs étrangers
pour partir refaire sa vie 
en Afrique subsaharienne
c'était un peu l'aventure
mon aventure
dans la nuit venteuse et
glacée
les merdes de chien
du jour étaient d'ailleurs
déjà figées par le givre
j'ai accéléré le pas
traversé des quartiers
sensibles
des quartiers bourgeois
des rues
des avenues
j'ai croisé sans les regarder
un tas de gens
un tas de voitures
des portes
des fenêtres
des poubelles qui attendaient dehors
je ne les ai pas comptées
j'étais trop occupé à faire
un pas devant l'autre
pour me réchauffer
avec pour seul 
et
unique projet
d'arriver à bon port
sans clamser bêtement 
en cours de route
un soir d'hiver 
qui n'avait rien 
de vraiment spécial

16 janv. 2017

Un soir comme tant d'autres (Souvenir de décembre 2011)

Je suis rentré un peu tard
tu m’as demandée où j’étais
je ne suis pas soupçonneuse
je m’inquiétais pour toi
je t’ai répondu que l’étude au téléphone
avait duré plus longtemps que prévu
que j'étais ensuite rentré seul
en marchant le plus vite
possible
et
que tu lisais sans doute trop 
de faits divers
tu aurais pu m'envoyer un texto pour prévenir
oui, je sais, désolé
je t'ai embrassée
pour me faire pardonner
alors tu m'as
pardonnée
il est toutefois possible que ça m’arrive un jour ou l’autre
quoi donc ?
que je me fasse agresser sur le chemin du retour
ne dis pas ça... ça porte malheur
il a fallu
de longues secondes de silence
pour conjurer le mauvais sort
et puis 
nous avons parlé
d'autre chose
je crois que nous avons parlé d'inviter un ami à dîner
pour que tu t'endormes
le plus tranquillement du monde
il faut dire aussi que
les comprimés prescrits
sont particulièrement efficaces

3 considérations de peu d'intérêt

Tu dors
profondément
je devrais être censé
en faire autant
mon estomac
m'indique
pourtant
une toute autre direction
mon estomac et mes insomnies


***


La chaîne météo prévoit
des températures polaires
pour les prochains jours
on n'y est plus trop habitués
préparons-nous à hiberner
sous les draps
et
à nous aimer sans relâche
avant que le froid
ne transforme
nos rares élans
en pantins vitrifiés
laisse-moi d'abord mettre mes mains sur tes fesses
pour les réchauffer



***


Un seul grain de sable
suffit à enrayer
la tranquille mécanique des habitudes
et des humeurs égales
il y a plusieurs raisons à cela
il paraît aussi que c'est le vent
qui le ramène parfois jusqu'à nous
cet été on le déposera
là où il doit être




15 janv. 2017

Un vieux ticket de cinéma

J'ai conservé parmi d'autres choses
un vieux ticket de cinéma
avec comme unique inscription "valable pour 1 entrée"
pas de titre de film
pas d'indication sur l'horaire de la séance
ni sur la salle
était-je
allé voir un film d'auteur
une comédie
un film d'action
était-ce 
il y a quinze ans dix-sept ans ou plus
étais-je
seul ou avec toi
impossible à dire
je ne cherche pas vraiment
à obtenir de réponse
claire et précise
je ne sais même plus pourquoi
j'avais décidé de
conserver ce vieux ticket de cinéma
parmi d'autres choses
il est temps pour lui 
d'en finir avec
mon côté un peu fétichiste
hérité de l'enfance
je me souviens qu'à l'époque 
je ne jetais rien
il me fallait alors une preuve
tangible
et
sans cesse renouvelée
de ma propre réalité

13 janv. 2017

C'est bien la première fois qu'une baleine...

Tu me dis de lâcher ce poème
et de descendre
pour aider à secourir
la baleine échouée
dans l'avenue
-descends vite, ils ont besoin de bras!
c'est donc ça l'agitation dehors
-Ok, j'arrive.
de toute façon mon poème
fait du surplace
j'enfile un peignoir
des claquettes
et me voilà dehors
-Maman, tu crois que c'est Moby Dick?
la gosse est curieuse
sa mère prend des photos
de la baleine
-Moby Dick c'était un livre ; là c'est la réalité, ma chérie.
nous sommes une cinquantaine
à lui porter secours
on écoute battre son cœur
oui elle vit encore
elle ouvre un œil
-On lève tous ensemble, allez! 1,2...et 3!
nous la soulevons
avec précaution
nous la posons
avec la même précaution
dans la remorque du convoi exceptionnel
qui la ramènera jusqu'à la mer la plus proche
c'est-à-dire approximativement
à 200 kilomètres d'ici
je m'éponge le front
mon voisin pose la main sur mon épaule
-c'est quand même dingue...que je lui dis.
-quoi donc ?
-la baleine, elle a dû prendre un sacré élan dans la mer pour glisser jusqu'ici.
-ne racontez pas n'importe quoi.
ah bon
puisque tout le monde
semble ne plus s'étonner de rien
je vais reprendre mon poème
et l'intituler
c'est bien la première fois
qu'une baleine de plusieurs tonnes



12 janv. 2017

Le petit radiateur électrique

Ici
c'est pas l'Alaska
mais quand même
on se réchauffe
tous les trois
comme on peut
près du petit radiateur électrique
acheté 6,19 euros au bazar d'à côté
dehors
il neige
à petits flocons
j'ai déjà enfilé plusieurs couches
de vêtements
et 
deux grosses paires de chaussettes
on attendra
ensemble
devant le journal télévisé
que le petit radiateur électrique
nous claque
entre les doigts
parce que
à 6,19 euros quand même
s'il tient la soirée
on est d'accord
c'est miracle





elles sont normales, tes couilles ?

Je repense à
ce que tu me demandais
tout-à-l'heure
dans la salle de bain
-elles sont normales, tes couilles ?
-oui. Pourquoi ?
-Je sais pas... On dirait que t'en as qu'une...
-n'importe quoi ! Qu'est-ce tu racontes ! J'en ai deux !
je t'ai montré mes
deux couilles
pour que tu vérifies 
une nouvelle fois
mais tu n'as pas semblé
convaincue
ça m'a décontenancé
et 
ça m'a vexé

merde alors
je ne m'étais encore
jamais
posé la question
de savoir si
mes couilles étaient normales
la chose me paraissait alors entendue
et
non discutable

3 articles qui ne sont pas dans la presse

Une voiture
à quatre pattes
marche
cahin caha
jusqu'au feu rouge
une seule tête dépasse
du capot
l'autre est trop
petite
je la regarde depuis
ma fenêtre
puis le feu passe au vert
la tête fait
tchou tchou
pour avancer
tchou tchou
répond la petite
tête
cachée
mes lèvres sont gercées
je ne peux pas souffler
je ne peux pas l’aider
à accélérer
davantage

***

La chaleur humaine
elle est frileuse
ces temps-ci
on la voit sortir
du haut des toits par la cheminée
elle fume beaucoup

la chaleur humaine
on l'observe avec amusement
elle risque de se casser la gueule
à cause du verglas
sur les trottoirs
la chaleur humaine

elle grignote des sucreries
des trucs gras
elle est un peu partout
jamais vraiment toute proche
j'en ai quelques kilos en moi 
aussi
et ça peut faire pitié
le poids des solitudes
casanières
je vous comprends

ça vous énerve
c'est de bonne guerre

***

L'arbre
le seul
ici
qui soit planté
qui soit debout
qui peine à vivre
eh bien
c'est pas un poème
à deux balles
qui va lui rendre
sa beauté naturelle
et
sauvage







11 janv. 2017

Tapis rouge, lauriers etc

Nous sommes très différents
l'un de l'autre
pourtant si proches
les années ont passé
nous ont pressé
sans que jamais pourtant
ne disparaisse
l'évidence du départ
là où tout a commencé
c'est à n'y rien comprendre
cet amour-là
ira jusqu'au bout
je crois
jusqu'au bout de l'usure
ira jusqu'à la mort
il n’y pas d’alternative
pas d’autre issue
on peut désormais lui dérouler
le tapis rouge
qu'est-ce que t'en penses ?


10 janv. 2017

Quelques aphorismes par pluie battante

À vol d’oiseau, c’est tout proche. Sauf s’il y a un chasseur dans le coin.

Je suis condamné à vivre ici-bas ; j’ai le vertige en haut des arbres.

Mes tissus adipeux sont loin d’avoir la finesse d’un tapis d’Orient.

Des fois, on se dit qu'un simple détail pourrait... Tiens, par exemple : si tous les gens de l’immeuble d’en face passaient la tête à leur fenêtre en même temps, ça me ferait un putain de public pour mes poèmes et mes aphorismes !

Je n’ai jamais été un tueur en série. Ce sera pour une autre vie.

Moi aussi, en lisant Bukowski, j’ai fait partie de la Bite Génération.

Poussons mémé dans les orties si vraiment elle est trop casse-couilles.

Mon haltère ego fait de la muscu, pas moi.

Certains quartiers connaissent bien le chant des sirènes.

C'est le moment de jouer : son pronostic vital est engagé à 150 contre 1.


C'est pas avec du carbone 14 qu'on fait le ménage !

Quand je vois toute la poussière au mur
je me dis
qu'avec un peu de chance
on pourrait trouver trace
résiduelle
d'une cigarette vieille
d'il y a une quinzaine d'années
peut-être même de
la première cigarette fumée
dans cet appartement
tu te rends compte ?
était-ce à cet endroit précis
ça je ne m'en souviens plus

et c'est pas loin d'être émouvant
de se dire que de 
fines
particules du passé
pourraient avoir survécu
aux multiples déflagrations
d'une vie

Le wagon de tête (Souvenir de décembre 2011)

Nous aurions un chien
ça n'irait pas plus mal
moi je me chargerais de le caresser
et tu pourras le faire aussi
lui se chargerait d'aboyer
on lui montrera comment faire
s'il ne sait pas
s'y prendre avec douceur 
il viendrait se blottir près du lit
ah oui ce chien je l'imaginerais bien
au pied du lit
de ton côté ou du mien
c'est comme tu veux
bon ok plutôt du mien alors
pendant que je lirais quelques pages
d'un poète qui finirait
de me remplir d'amour
un truc qui y ressemble et rassasie
et tu t'endormirais
shootée comme à l'accoutumée
sans sexe ni tendresse
en rêvant dieu sait quoi
d'en finir
d'un ailleurs
de ton père
d'hommes plus virils que moi
d'une autre vie
en somme
depuis le wagon de tête de
l'Orient-Express
sans me dire si 
j'y suis à bord


8 janv. 2017

Où il question d'écrire

L'acte d'écrire
je le vois comme la nécessité
d'extirper
quelque chose
d'un chaos intérieur
tout autant que
la révélation
d'une forme durable
d'impuissance.

***

Pourquoi j'utilise tel mot
et pas tel autre
pourquoi je veux le mot juste
comme une sorte de Graal impératif
non seulement la justesse
est l'appréciation
subjective
d'un moment donné
mais aussi
et
surtout
je suis très loin de connaître
toutes les subtilités du langage
tous les mots dans le dictionnaire
leur définition précise
je me contente donc
du peu que j'ai
pour en bâtir cahin caha
quelques poèmes
plus ou moins nécessaires.

***

Ce n'est pas
pourquoi je doute de moi
mais plutôt
pourquoi je doute encore de moi
car
cet encore
qui en a traversé
des années
qui s'en est posé
des questions
qui en a surmonté
des creux des louvoiements des douches froides
ce sentiment de n'être rien
aurait dû me permettre de
au moins en partie
au moins
eh bien non
sempiternelle défiance
je doute encore de moi.

***

Quand on parle de soi
on a d'abord l'impression
de ne parler que de soi
et puis
on tente un rapprochement
avec les autres
et puis
ce rapprochement parfois
existe
alors on a l'impression
à la longue
de ne plus parler de soi
mais de parler des autres
et puis
cette lente dérive
qui a nous éloigné de soi
nous éloigne des autres
vient
le moment
de retouver cette impression
de se parler pour soi
ne parler que de soi.












Un peu de Dan Fante, ça fait du bien !


J'aime bien changer de boulot. Je n'ai pas de gros besoins. Je ne souhaite pas spécialement détenir des actions ni participer à la redistribution des profits, je n'aime pas me sentir coincé dans un moule, ni devoir baiser quelqu'un pour monter les échelons dans une boîte. Quand on ne fait que des boulots d’intérim, on arrive presque toujours à éviter toutes ces histoires auxquelles on a systématiquement droit avec un boulot régulier-compétition, favoritisme, politique et le reste, comme ce qui m'était rapidement tombé dessus quand je bossais au cinéma. Il suffi d'un coup de fil et d'une demande de réaffectation pour se sortir d'une situation merdique.
(En crachant du haut des buildings)



Je faisais du télémarketing, à enquiquiner des pigeons innocents. Baratiner pour fourguer des abonnements au gaz et au fuel, dans un central surchauffé sur Santa Monica à Hollywood. La grosse arnaque. J'en avait plein le dos de faire le taxi et le boulot au standard me laissait plus de temps pour écrire. Je gagnai assez pour alimenter mon fonds de gin et d'amphets. La nuit, j'écrivais mes poèmes. Objectif un poème par jour. C'était ça ou la mort.
(Régime sec)



Pendant des années

j'ai versé du bourbon dans ma tête
pour tuer les voix

Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la gnôle

ou rendre mon passeport

Des jours ca allait si mal

que je devais remballer mes affaires dès le matin
dire que j'étais malade et quitter mon poste de télé-vendeur
trente secondes avant de tuer quelqu'un

Je passais prendre deux Big Mac et louer deux pornos

je rentrais
tirais les rideaux
et me branlais dans du steak haché
pour étouffer le bruit

Il me fallait des heures de télé et des romans de 800 pages sans

répondre au téléphone
pendant des jours
sans me raser ni laver une assiette
ni changer de slip
juste pour garde la tête hors de l'eau

Aujourd'hui

je vais mieux

j'ai changé pour Burger King

(De l'alcool dur et du génie)

Mon cadeau de Noel

Un coffret de 4 bières offert par ma fille (qui semble bien me connaître) :





Quelques aphorismes avant le déjeuner, bis

Il me paraît nécessaire de vous parler du propitiatoire. Et d’ouvrir, au préalable, un dictionnaire afin de savoir quand même ce que signifie ce mot.

Je vais planter le décor directement sur tes pieds pour que tu fasses partie intégrante de mon histoire.

Si vous vous avisez de prendre vos vessies pour des lanternes, ne vous étonnez pas que la lumière de vos nuits sente la pisse.

J’ai trouvé un vieux crucifix et j’y suis très attaché.

Ce n’est pas parce que tu t’appelles Roquet qu’il faut te croire obligé de me renifler le cul !

La tectonique des ploucs : l’autre nom de l’exode rural.

J'aimerais écrire comme Rocco Fante et baiser comme Dan Siffredi.

Je suis un kouffar breton.

Encore un pet foireux et j’aurai franchi le mur du caleçon.

Vivre est un poids ? Chiche !

7 janv. 2017

Revue Microbe #99 (c'est l'avant-dernier numéro de l'histoire !!)

Choix des textes par Mireille Disdero




Et le mi(ni)crobe à 8 mains :



Revue La Piscine #1

La revue est animée par Christophe Sanchez, Philippe Castelneau, Alain Mouton et Louise Imagine.

Leur site ici : Le copieux sommaire


                                                                   Le visuel





Mon texte, près de celui de l'ami Thomas Vinau !








Quelques aphorismes avant le déjeuner

Avant de m’endormir, je fixe l’idée d’un rêve qui me plairait. Puis je m’endors et l’idée du rêve qui me plaisait disparaît aussi sec.

S’ils lisent ceci dans deux mille ans et s’ils ne retrouvent qu’un os, un seul, difficilement datable de mon cadavre, j’aimerais dire aux archéologues que j’étais bien bel et là en 2016. Si ça peut les aider. Ce sera ma façon de servir l’histoire et la science.

Les mots vont là où on leur dit d’aller. J’en ai envoyé plusieurs se faire foutre.

Si le rire de tout vous fait peur, enfoncez bien profond un clown dans le mur !

Je m’excuse d’avance auprès des mots que je ne connais pas. Nous n’avons pas encore été présentés.

Il pleut. Cette simple constatation me fout déjà le cafard.

Un jour, nous retournerons tous à la poussière et il n’y aura plus personne pour faire le ménage.

Rares, beaucoup trop rares, sont celles qui se promènent toutes nues chez elle. Je sais de quoi je parle, je n’en vois aucune depuis ma fenêtre.

Sans changement radical, nos vieilles habitudes connaissent une vie longue et paisible.
À notre mort, elles se cherchent quelqu’un d’autre à coller le plus longtemps possible. De vraies sangsues. Et elles n’ont aucun mal. Nos vieilles habitudes se portent décidément très bien.



6 janv. 2017

The Hillbilly Moon Explosion - 'My Love For Evermore' (ft. Sparky from D...

Those Poor Bastards - I Walk The Line (Johnny Cash cover)

Impressions du coq à l'âne

Quand je parviens
à te faire rire
aux larmes
j'ai l'impression que rien
de mauvais
ne peut nous arriver

***

La conductrice arrêtée
au feu rouge
doit sentir que quelqu'un l'observe
elle retire
précipitamment
le doigt de son nez

***

On va remettre
le désir
à demain
il s'en ira rejoindre
tous les désirs
restés
lettre morte

***

Quand je parle de toi
dans un poème
je parle bien sûr de toi
mais
pas tout-à-fait de toi
non plus

***

Ce siècle
de 17 ans
atteindra l'an prochain
l'âge légal de la majorité
il a quand même encore besoin
d'un bon coup de pouce
et
qu'on s'occupe de lui
sans risquer de le voir tomber
entre de sales mains









5 janv. 2017

Où il est question d'attente

L'oiseau qui pépie
encore ce matin
dans la fraîcheur du jour
accompagnait déjà
sans le savoir
mes premiers mouvements
du lit jusqu'aux chiottes
des chiottes jusqu'à l'ordinateur
à présent que je suis bien éveillé
il peut refermer son bec
et vaquer à ses occupations
d'oiseau
comment le lui faire comprendre
une bonne fois pour toutes
sans passer pour un salaud ?

***

Je lis ton premier mail
de la journée
tu m'en envoies plusieurs quand tu es au boulot
je me retrouve à lire tes questionnements
ton mal-être
ta solitude
tes idées noires
et tes messages d'amour aussi
dans un étrange mélange
de yin et de yang
je ne sais trop sur quel pied danser
s'il faut danser d'ailleurs
je devais pourtant pourtant bien me douter
que ton premier mail de la journée
ressemblerait aux autres premiers mails
des journées précédentes
laisse-moi quelques minutes encore
pour m'y faire
et te répondre ce que je réponds d'habitude
à peu de choses près.

***

Le linge sèche sur les radiateurs
ce qui leur donnerait
presque
l'aspect d'êtres humains
habillés de la manière
que nous.

***

Tu vois cette femme en bas de chez nous
qui
chaque matin
de la semaine
attend le bus
attend son bus
inquiète quand il n'est pas à l'heure
si je devais un jour lui parler
sait-on jamais
je lui parlerais sans aucun doute
de l'attente
c'est un bon sujet de conversation
et
du bus 186
je le connais bien moi aussi
il est fort probable que
nous n’ayons rien d'autre
à nous dire ensuite
qu'un "bonne journée" accompagné
d'un sourire gêné
je n'aimerais pas non plus qu'on vienne m'emmerder
de bon matin
avec ce genre de considérations qui
sonnent comme un fumeux prétexte








Où il est sûrement question de résidus

Les quelques bruits du dehors
n'ont plus la stridence énervée
du jour
ils me parviennent comme
étouffés
moins standardisés
j'aime ces bruits-là
presque doux et rassurants
je n'y prête pas forcément une
grand attention
mais je les aime oui
comme j'aimerais l'écho
d'une voix sur le point de s'éteindre

***

divers insectes tournent autour
de la lumière pâle
des réverbères
il serait peut-être temps
de leur dire la vérité non?

***

ta peau est
agréable au toucher
je ne manquerai pas
d'y revenir quand l'occasion se présentera
d'une étreinte
impromptue
ce sera avant le lever du jour
je le sais
je le devine
nos nuits n'ont plus ce qu'elles avaient
elles ont d'autres atouts
disons le comme ça

***

ce poème sur le point de
s'écrire
finira-t-il comme
tant d'autres
écrits pour pas grand-chose





4 janv. 2017

Cathy Garcia lit quelques-uns de mes vieux textes parus dans sa revue

Où il est question d'insignifiance

Souvent
je n'ai rien d'autre à dire que
quelques phrases
de circonstance
souvent
je n'ai rien d'autre à offrir
qu'une présence
anecdotique
parfois
tu penses c'est mieux que
rien
parfois
tu penses que ce n'est
pas assez

Instantanés d'hiver

Une subitilité de plus
Elle me dit
tu sais que j'aime bien me plaindre
je lui réponds
oui je sais que tu aimes bien te plaindre
nous nous connaissons
depuis suffisamment d'années
pour admettre cette connivence
mais
toute la difficulté
n'en est pas moins
de déterminer
ce qui relève de la plainte
ordinaire
de ce qui ne l'est pas


Le choix de rester, le choix de partir
Hier
en découvrant mon nouvel environnement
de travail
et ces box étroits
bruyants
avec casque, écran d'ordinateur et téléphone
alignés les uns
à la suite des autres
j'ai songé aux vaches
dans une étable
industrielle
broutant le foin versé
au gramme près
s'en allant ensuite tirer leur révérence
aux abattoirs
sans avoir rien connu de la liberté
mon nouveau chef nous a souhaité la bonne année
il avait l'air sérieux en disant ça
il n'avait pas l'air si méchant que ça
et la vision des vaches
s'en est allée


Odeurs
Cette odeur
de sueur
mélangée
au sexe
mélangée
à la cuisson de
tarte aux pommes
au four
me donne furieusement
l'envie
d'en profiter quelques instants
de plus
c'est sans doute aussi
la meilleure excuse possible
pour ne pas sortir
du lit


Après lente dissolution, interminable apnée
à certains moments
d'une journée
ces moments sont rares
eh bien les mots
consentent
à se fondre dans un poème
le plus naturellement du monde
presque sans effort
et de façon
tout autant imprévisible
si bien
qu'on les croirait sortis
d'un nulle part
en cours d'excavation
je les ai nommés
pour l'occasion
impressions d'évidence d'un mardi matin, 9h07
(puisqu'on est mercredi)




3 déc. 2016

Le nouveau blog de FX Farine : Feu central

Parce que c'est mon pote, parce que c'est nouveau, parce que c'est bien tout simplement.
C'est ici :

Feu Central

29 sept. 2016

Avis de parution !

Le recueil devrait sortir d'ici une semaine.
Chez Gros Textes.
Un duo poético/ journal intime entre Hélène & moi sur près d'une année.

La couv' est de Uto.





18 sept. 2016

Dédicaces à Mons ce dimanche 18 Septembre 2016

Pour la sortie toute fraîche de mon nouveau recueil "L'ampleur des astres", dédicaces sur le stand des éditions du Cactus Inébranlable à la Maison Losseau, à Mons (Belgique) de 15h à 18h.

Espérons de belles rencontres, de joyeuses retrouvailles (avec notamment l'ami Eric Dejaeger), de bonnes Chimay bleutées bien fraîches...

Hâte d'y être !




11 sept. 2016

Une chanson que m'a fait découvrir ma fille.


Toute la collection des P'tits Cactus !

Le Cactus Inébranlable, créé en 2011, dans un coin de Belgique, par Jean-Philippe Querton & sa compagne Styvie Bourgeois, annonce une rentrée littéraire très riche avec 7 titres d'un coup (sortie groupée le 16 septembre) dans la collection des P'tits Cactus (aphorismes, pensées, calembours, jeux de mots, humour(s), noir, bon enfant, grinçant, cacaprout, relevé, philosophe, tout y est, pour tous les goûts...) !

J'ai quasiment la collec' complète !
Pourquoi ne pas vous laisser tenter à votre tour, hein ?
JP Querton fait des tarifs abordables.
Et puis faut soutenir les "petits" éditeurs.
Perso, je soutiens à fond le Cactus et le Pédalo Ivre.
Yo !
Et quelques autres aussi (comme Gros Textes, La Boucherie Littéraire etc).
Yo (bis) !
Et puis y'a des gars plein de talent dans la collection.
Yo (ter) !

La bise.

Ps : et une séance dédicaces prévu à Mons dimanche 18 septembre.






12 août 2016

Mon nouveau recueil arrive à grands pas et j'en suis tout excité

Sortie toute proche au Cactus Inébranlable, sans doute début septembre 2016.
4è de couv' par l'ami Eric Dejaeger.
Couverture d'Emelyne Duval.

Thierry chez les belges ! Et c'est super !





Quelques extraits à lire ici

28 juin 2016

2è Lecture en duo (Bibliothèque de Lyon)

C'était vendredi 24 Juin.
C'était à la bibliothèque de la Croix-Rousse, à Lyon, dans le cadre d'une soirée spéciale football.
C'était sur invitation de Greg Damon.
C'était vraiment très chouette.
Et en guest-stars pour encourager notre duo : Fred Houdaer (et ses enfants) et Marlène Tissot !

Quelques photos (pas de super qualité, je ne sais pas régler mon appareil) :







7 juin 2016

Lecture en duo à Hellemmes (banlieue de Lille)

C'était samedi dernier, 04 Juin 2016. Au Bar "Le Polder".
Mon pote FX Farine & moi avons lu de larges extraits de notre bouquin de foot "Pleines lucarnes" (paru chez Gros Textes en février).
Cadre sympa, bière offerte, ambiance festive, quelques rires dans l'assemblée, le trac aussi bien sûr.
Un grand merci à toutes celles & à tous ceux venus nous encourager.

Et une photo prise par Jim Flahaut, à l'issue de la lecture:




Pour l'occasion, FX avait revêtu son maillot du LOSC, moi celui du FC Nantes de l'époque.
Eh ouais, pour reconstituer cette période, faut investir dans l'ancien ;-)