8 janv. 2017

Où il question d'écrire

L'acte d'écrire
je le vois comme la nécessité
d'extirper
quelque chose
d'un chaos intérieur
tout autant que
la révélation
d'une forme durable
d'impuissance.

***

Pourquoi j'utilise tel mot
et pas tel autre
pourquoi je veux le mot juste
comme une sorte de Graal impératif
non seulement la justesse
est l'appréciation
subjective
d'un moment donné
mais aussi
et
surtout
je suis très loin de connaître
toutes les subtilités du langage
tous les mots dans le dictionnaire
leur définition précise
je me contente donc
du peu que j'ai
pour en bâtir cahin caha
quelques poèmes
plus ou moins nécessaires.

***

Ce n'est pas
pourquoi je doute de moi
mais plutôt
pourquoi je doute encore de moi
car
cet encore
qui en a traversé
des années
qui s'en est posé
des questions
qui en a surmonté
des creux des louvoiements des douches froides
ce sentiment de n'être rien
aurait dû me permettre de
au moins en partie
au moins
eh bien non
sempiternelle défiance
je doute encore de moi.

***

Quand on parle de soi
on a d'abord l'impression
de ne parler que de soi
et puis
on tente un rapprochement
avec les autres
et puis
ce rapprochement parfois
existe
alors on a l'impression
à la longue
de ne plus parler de soi
mais de parler des autres
et puis
cette lente dérive
qui a nous éloigné de soi
nous éloigne des autres
vient
le moment
de retouver cette impression
de se parler pour soi
ne parler que de soi.












Un peu de Dan Fante, ça fait du bien !


J'aime bien changer de boulot. Je n'ai pas de gros besoins. Je ne souhaite pas spécialement détenir des actions ni participer à la redistribution des profits, je n'aime pas me sentir coincé dans un moule, ni devoir baiser quelqu'un pour monter les échelons dans une boîte. Quand on ne fait que des boulots d’intérim, on arrive presque toujours à éviter toutes ces histoires auxquelles on a systématiquement droit avec un boulot régulier-compétition, favoritisme, politique et le reste, comme ce qui m'était rapidement tombé dessus quand je bossais au cinéma. Il suffi d'un coup de fil et d'une demande de réaffectation pour se sortir d'une situation merdique.
(En crachant du haut des buildings)



Je faisais du télémarketing, à enquiquiner des pigeons innocents. Baratiner pour fourguer des abonnements au gaz et au fuel, dans un central surchauffé sur Santa Monica à Hollywood. La grosse arnaque. J'en avait plein le dos de faire le taxi et le boulot au standard me laissait plus de temps pour écrire. Je gagnai assez pour alimenter mon fonds de gin et d'amphets. La nuit, j'écrivais mes poèmes. Objectif un poème par jour. C'était ça ou la mort.
(Régime sec)



Pendant des années

j'ai versé du bourbon dans ma tête
pour tuer les voix

Mais vint le temps où j'ai dû lâcher la gnôle

ou rendre mon passeport

Des jours ca allait si mal

que je devais remballer mes affaires dès le matin
dire que j'étais malade et quitter mon poste de télé-vendeur
trente secondes avant de tuer quelqu'un

Je passais prendre deux Big Mac et louer deux pornos

je rentrais
tirais les rideaux
et me branlais dans du steak haché
pour étouffer le bruit

Il me fallait des heures de télé et des romans de 800 pages sans

répondre au téléphone
pendant des jours
sans me raser ni laver une assiette
ni changer de slip
juste pour garde la tête hors de l'eau

Aujourd'hui

je vais mieux

j'ai changé pour Burger King

(De l'alcool dur et du génie)

Mon cadeau de Noel

Un coffret de 4 bières offert par ma fille (qui semble bien me connaître) :





Quelques aphorismes avant le déjeuner, bis

Il me paraît nécessaire de vous parler du propitiatoire. Et d’ouvrir, au préalable, un dictionnaire afin de savoir quand même ce que signifie ce mot.

Je vais planter le décor directement sur tes pieds pour que tu fasses partie intégrante de mon histoire.

Si vous vous avisez de prendre vos vessies pour des lanternes, ne vous étonnez pas que la lumière de vos nuits sente la pisse.

J’ai trouvé un vieux crucifix et j’y suis très attaché.

Ce n’est pas parce que tu t’appelles Roquet qu’il faut te croire obligé de me renifler le cul !

La tectonique des ploucs : l’autre nom de l’exode rural.

J'aimerais écrire comme Rocco Fante et baiser comme Dan Siffredi.

Je suis un kouffar breton.

Encore un pet foireux et j’aurai franchi le mur du caleçon.

Vivre est un poids ? Chiche !

7 janv. 2017

Revue Microbe #99 (c'est l'avant-dernier numéro de l'histoire !!)

Choix des textes par Mireille Disdero




Et le mi(ni)crobe à 8 mains :



Revue La Piscine #1

La revue est animée par Christophe Sanchez, Philippe Castelneau, Alain Mouton et Louise Imagine.

Leur site ici : Le copieux sommaire


                                                                   Le visuel





Mon texte, près de celui de l'ami Thomas Vinau !








Quelques aphorismes avant le déjeuner

Avant de m’endormir, je fixe l’idée d’un rêve qui me plairait. Puis je m’endors et l’idée du rêve qui me plaisait disparaît aussi sec.

S’ils lisent ceci dans deux mille ans et s’ils ne retrouvent qu’un os, un seul, difficilement datable de mon cadavre, j’aimerais dire aux archéologues que j’étais bien bel et là en 2016. Si ça peut les aider. Ce sera ma façon de servir l’histoire et la science.

Les mots vont là où on leur dit d’aller. J’en ai envoyé plusieurs se faire foutre.

Si le rire de tout vous fait peur, enfoncez bien profond un clown dans le mur !

Je m’excuse d’avance auprès des mots que je ne connais pas. Nous n’avons pas encore été présentés.

Il pleut. Cette simple constatation me fout déjà le cafard.

Un jour, nous retournerons tous à la poussière et il n’y aura plus personne pour faire le ménage.

Rares, beaucoup trop rares, sont celles qui se promènent toutes nues chez elle. Je sais de quoi je parle, je n’en vois aucune depuis ma fenêtre.

Sans changement radical, nos vieilles habitudes connaissent une vie longue et paisible.
À notre mort, elles se cherchent quelqu’un d’autre à coller le plus longtemps possible. De vraies sangsues. Et elles n’ont aucun mal. Nos vieilles habitudes se portent décidément très bien.



6 janv. 2017

The Hillbilly Moon Explosion - 'My Love For Evermore' (ft. Sparky from D...

Those Poor Bastards - I Walk The Line (Johnny Cash cover)

Impressions du coq à l'âne

Quand je parviens
à te faire rire
aux larmes
j'ai l'impression que rien
de mauvais
ne peut nous arriver

***

La conductrice arrêtée
au feu rouge
doit sentir que quelqu'un l'observe
elle retire
précipitamment
le doigt de son nez

***

On va remettre
le désir
à demain
il s'en ira rejoindre
tous les désirs
restés
lettre morte

***

Quand je parle de toi
dans un poème
je parle bien sûr de toi
mais
pas tout-à-fait de toi
non plus

***

Ce siècle
de 17 ans
atteindra l'an prochain
l'âge légal de la majorité
il a quand même encore besoin
d'un bon coup de pouce
et
qu'on s'occupe de lui
sans risquer de le voir tomber
entre de sales mains









5 janv. 2017

Où il est question d'attente

L'oiseau qui pépie
encore ce matin
dans la fraîcheur du jour
accompagnait déjà
sans le savoir
mes premiers mouvements
du lit jusqu'aux chiottes
des chiottes jusqu'à l'ordinateur
à présent que je suis bien éveillé
il peut refermer son bec
et vaquer à ses occupations
d'oiseau
comment le lui faire comprendre
une bonne fois pour toutes
sans passer pour un salaud ?

***

Je lis ton premier mail
de la journée
tu m'en envoies plusieurs quand tu es au boulot
je me retrouve à lire tes questionnements
ton mal-être
ta solitude
tes idées noires
et tes messages d'amour aussi
dans un étrange mélange
de yin et de yang
je ne sais trop sur quel pied danser
s'il faut danser d'ailleurs
je devais pourtant pourtant bien me douter
que ton premier mail de la journée
ressemblerait aux autres premiers mails
des journées précédentes
laisse-moi quelques minutes encore
pour m'y faire
et te répondre ce que je réponds d'habitude
à peu de choses près.

***

Le linge sèche sur les radiateurs
ce qui leur donnerait
presque
l'aspect d'êtres humains
habillés de la manière
que nous.

***

Tu vois cette femme en bas de chez nous
qui
chaque matin
de la semaine
attend le bus
attend son bus
inquiète quand il n'est pas à l'heure
si je devais un jour lui parler
sait-on jamais
je lui parlerais sans aucun doute
de l'attente
c'est un bon sujet de conversation
et
du bus 186
je le connais bien moi aussi
il est fort probable que
nous n’ayons rien d'autre
à nous dire ensuite
qu'un "bonne journée" accompagné
d'un sourire gêné
je n'aimerais pas non plus qu'on vienne m'emmerder
de bon matin
avec ce genre de considérations qui
sonnent comme un fumeux prétexte








Où il est sûrement question de résidus

Les quelques bruits du dehors
n'ont plus la stridence énervée
du jour
ils me parviennent comme
étouffés
moins standardisés
j'aime ces bruits-là
presque doux et rassurants
je n'y prête pas forcément une
grand attention
mais je les aime oui
comme j'aimerais l'écho
d'une voix sur le point de s'éteindre

***

divers insectes tournent autour
de la lumière pâle
des réverbères
il serait peut-être temps
de leur dire la vérité non?

***

ta peau est
agréable au toucher
je ne manquerai pas
d'y revenir quand l'occasion se présentera
d'une étreinte
impromptue
ce sera avant le lever du jour
je le sais
je le devine
nos nuits n'ont plus ce qu'elles avaient
elles ont d'autres atouts
disons le comme ça

***

ce poème sur le point de
s'écrire
finira-t-il comme
tant d'autres
écrits pour pas grand-chose





4 janv. 2017

Cathy Garcia lit quelques-uns de mes vieux textes parus dans sa revue

Où il est question d'insignifiance

Souvent
je n'ai rien d'autre à dire que
quelques phrases
de circonstance
souvent
je n'ai rien d'autre à offrir
qu'une présence
anecdotique
parfois
tu penses c'est mieux que
rien
parfois
tu penses que ce n'est
pas assez

Instantanés d'hiver

Une subitilité de plus
Elle me dit
tu sais que j'aime bien me plaindre
je lui réponds
oui je sais que tu aimes bien te plaindre
nous nous connaissons
depuis suffisamment d'années
pour admettre cette connivence
mais
toute la difficulté
n'en est pas moins
de déterminer
ce qui relève de la plainte
ordinaire
de ce qui ne l'est pas


Le choix de rester, le choix de partir
Hier
en découvrant mon nouvel environnement
de travail
et ces box étroits
bruyants
avec casque, écran d'ordinateur et téléphone
alignés les uns
à la suite des autres
j'ai songé aux vaches
dans une étable
industrielle
broutant le foin versé
au gramme près
s'en allant ensuite tirer leur révérence
aux abattoirs
sans avoir rien connu de la liberté
mon nouveau chef nous a souhaité la bonne année
il avait l'air sérieux en disant ça
il n'avait pas l'air si méchant que ça
et la vision des vaches
s'en est allée


Odeurs
Cette odeur
de sueur
mélangée
au sexe
mélangée
à la cuisson de
tarte aux pommes
au four
me donne furieusement
l'envie
d'en profiter quelques instants
de plus
c'est sans doute aussi
la meilleure excuse possible
pour ne pas sortir
du lit


Après lente dissolution, interminable apnée
à certains moments
d'une journée
ces moments sont rares
eh bien les mots
consentent
à se fondre dans un poème
le plus naturellement du monde
presque sans effort
et de façon
tout autant imprévisible
si bien
qu'on les croirait sortis
d'un nulle part
en cours d'excavation
je les ai nommés
pour l'occasion
impressions d'évidence d'un mardi matin, 9h07
(puisqu'on est mercredi)




3 déc. 2016

Le nouveau blog de FX Farine : Feu central

Parce que c'est mon pote, parce que c'est nouveau, parce que c'est bien tout simplement.
C'est ici :

Feu Central