Il s'était figuré que la lune était la cause de ses mauvais sommeils, de ses cauchemars qui le réveillaient, chaque fois, en sueur, agité à l'extrême et dès lors s'asseyait sur le bord de son lit, sans parvenir à se rendormir, attendant la lente levée du jour. Les heures ne passaient pas bien vite. Elles étaient propices à de sombres suggestions. Il s'imaginait des sortilèges venus de là-haut. Il fixait l'astre coupable qui dispensait un fluide étrange, selon lui, une pâle lumière malsaine sur les images mentales récurrentes de ses nuits. Les souvenirs l'obsédaient, parfois s'estompaient, toujours revenaient: il était en fait incapable de penser à autre chose durablement, l'esprit tourmenté de haines et de fureurs.
Et à force de la fixer ainsi, ses yeux étaient devenus deux satellites de la lune.
Il n'avait trouvé d'autre alternative que de les crever en y enfonçant une lame aiguisée comme un mauvais pressentiment.
Loin de le calmer, ce geste n'avait fait qu'empirer son état: même aveugle, il n'avait de cesse de voir la lune partout en lui, à l'intérieur de lui, nichée dans chaque coin, prête à jaillir de son cerveau pour le narguer... Il se sentait épié, possédé, aspiré, respiré.
Il ne souhaitait plus dès lors que la mort de la lune, une mort définitive, hors du ciel, hors du temps, hors de tout...
3 commentaires:
texte assez violent non?surtout le passage où il se crève les yeux!
ça me fait rappeler les textes de maupassant ou d'edgar allan poe(des écrivains que j'affectionne particulièrement)
trés fort en émotions.bravo Mobert!
hors du temps, hors de tout...
Et toutes ces douleurs qu'on projette sur la lune ou ailleurs alors qu'en fait elles sont juste nées dans notre tête !
Encore du tout bon :-)
Rien que ça, Dada: E.A.Poe et Maupassant ;-))
Oui, M, dans notre tête mais il est tellemetn plus facile de se trouver un bouc émissaire, en l'occurence la lune ici ;-))
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