Durant sa captivité, les journalistes et les psychologues ont estimé que Patty Heasrt avait été victime du syndrome de Stockholm.
Le syndrome de Stockholm désigne un phénomène psychologique où des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers développent une empathie, voire une sympathie, ou une contagion émotionnelle avec ces derniers (Wikipedia).
Le récit se construit sous la forme de fragments, de repères datés (même si aucune année n'est indiquée) et, au final, la datation importe peu.
Ces fragments se font en de fines touches, parfois discrètement poétiques, comme des rafales de mitraillette, et Jean-Marc Flahaut va directement à l'essentiel, sans s'embarrasser de fioritures, laissant le lecteur poursuivre l'aventure par lui-même, quand nécessaire.
L'époque, le contexte sont particulièrement bien restitués. On sent le grand soin apporté par l'auteur pour dire ce qu'il faut, sans en dire trop.
Le découpage du récit pourrait se rapprocher d'un film de Wong Kar-wai, avec des ellipses, des phrases courtes, nerveuses et des sauts dans le temps.
1-Avant enlèvement 2-L'enlèvement par un groupuscule "l'armée du peuple" 3-la participation à la lutte armée puis la cavale 4-l'arrestation et le procès 5-l'interview 25 ans plus tard 6- la conclusion sous forme d'interrogation.
On est happé par le récit. On ne le lâche pas d'une semelle. On veut savoir.
Le rythme ne faiblit jamais ; le livre est prenant du début à la fin et pourrait presque se décliner comme un polar politique.
Même si l'univers en est assez éloigné, j'ai également pensé au bouquin "L'honneur perdu de Katharina Blum" de Heinrich Boll.
Jim Flahaut aborde la Liberté sous 3 angles : la liberté avant l'enlèvement : c'est rêver courir le long d'un étang, en compagnie d'une amie, pour échapper à un univers étouffant. La liberté pendant l'enlèvement, c'est vivre enfin, participer à la "révolution", à l'action militante et violente. La liberté après : c'est sortir du procès, sortir de prison et mener une vie calme et simple, entourée de chiens, d'un mari et de 2 enfants, dans un coin tranquille.
Alors, syndrome de Stockholm ou pas ?
Jim Flahaut pose des jalons, incite aux impressions mais dans ce récit, pas de jugement de valeur, pas d'explication tranchée.
Le mystère demeure sur les motivations psychologiques de "Patty".
Et c'est aussi bien comme ça.
Ce livre s'inscrit parfaitement dans la collection des Etats-Civils dont la devise est :
"Je chante les causes perdues et crains celles qui ont triomphé" WB Yeats.
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