29 nov. 2007

L'immeuble débile (et désert) vu par ma fille (Dessin 1)


(L'autre dessin a été envoyé à Ludo pour le recueil...)
Y'aurait-il de
quoi se réchauffer
vraiment ?
C'est bien trop loin
de l'un à l'autre
Le glissement
des heures
Nos traits
tirés
et
c'est comme si
les ombres
se retiraient
dans une chambre
à part
moins froide que
la nôtre.

28 nov. 2007

Jim a pris du poids
et il se la raconte
moins quand il pisse
ou devant la glace
Jim se dit que c'est
peut-être
en partie
à cause de ça
qu'il se sent si mal à l'aise
sur la grand-place
full of life
de Main street
-Hôtel de Ville-
pour y acheter ses clopes
et poster une lettre

Schubert (1797-1828)



Impromptu N4 par Artur Rubinstein

Impromptu N3 par Alfred Brendel

Moments Musicaux N4 par Rachmaninov

27 nov. 2007

avant de trancher tout net un débat essentiel (ou la prise de position paternelle)

Assise en tailleur
sur le canapé,
elle est
en train
de se lire
Charlie et la chocolaterie
et elle me dit que
finalement, hein,
elle préfère le bouquin
de Roald Dahl
au film
de Tim Burton
qu'on est allés voir
deux fois

au cinoche l'an dernier
et je l'écoute et
je hoche la tête
Si, si je t'assure, papa
je préfère le livre
donc je n'insiste pas:
parce je vais
me terminer
d'abord
la mousse au chocolat
blanc
nappée de noix de coco
et de crème fraîche
que j'ai dans mon
assiette.

25 nov. 2007

à se hurler le plus beau cri de Munch

Méticuleusement,
comme s'il se rasait le crâne
au plus près
,
il a tondu la pelouse
qui avait poussé
au travers de la vieille moquette,
dans la chambre,
entre le pied du lit et
l'armoire,
puis entre l'armoire et
l'ordinateur,
il s'est énervé contre
les
mauvaises herbes
vivaces,
qu'il a arrachées
une à une,
il a arrosé les géraniums
et les tulipes
dans le petit jardin
sous le radiateur,
Il a observé
un ver de terre
quelques instants
avant de le
passer
sous la tondeuse
à son tour,
Il a bu une bière bien fraîche
pour se reposer un peu
et se dire qu'il avait
fait là quelque chose
que tout le monde
faisait,
Il s'est approché
de la fenêtre
avant de se hurler
pour lui
le plus beau cri
de Munch.

22 nov. 2007

Près de Honk, tout un tas de trucs

une crotte de nez
sur le mur
ou un moustique écrasé
un vieux bouquin sous l'oreiller
un mouchoir en papier
tombé par terre
en face une libellule
séchée dans un cadre-photo
accroché de travers
et aussi
une odeur
de poulet rôti
d'hier
qui vient du four
et puis
cette goutte de sang
qu'il lèche
depuis qu'il s'est écorché le doigt
en ouvrant une
bouteille
il y a deux minutes
alors Honk se dit
qu'il vaut mieux réfléchir à tout ça
avant de prendre
une décison
parce que
la mouche qui zigzague
dans la pièce
et ça fait bien un jour
ou deux
n'a toujours pas
trouvé la sortie.

21 nov. 2007

Jouer avec le feu, la peur au ventre

Le manager 2è niveau 3è sous-merde Grande Tête à claques dans la hiérarchie des Supers Emmerdeurs m'avait convoqué et l’entretien avait duré 4 minutes tout au plus: absences non justifiées, arrêts-maladies à répétition, retards récurrents.
-Voilà, vous êtes sur un siège éjectable, vous comprenez?
Evidemment que je comprenais puisque c'était de moi dont il parlait; je ne faisais que hocher la tête, bien calé dans le siège moelleux de son bureau étouffant, ou tout le monde pouvait nous voir, le genou droit croisé sur le genou gauche, pose très professionnelle s'il en était.
-On ne peut plus tolérer de tels comportements, vous comprenez?
J'étais en train de le fixer et je me disais que mon insistance le mettait vraiment mal à l'aise. Il détournait le regard de mon léger sourire et j'inversais ainsi les positions sociales. C'est qu'on ne se refaisait pas: une dose d'insolence et une bouffée de haine envers l'autorité, toute forme d'autorité et ça ne datait pas d'hier.

Et puis, dans l'urgence, on les sent, ces choses-là. . . Tenir un rôle, celui du fier à bras, c'était cool et ça avait de la gueule, mais si je me faisais lourder de mon boulot, sur le champ, je n’aurais pourtant pas le courage de la prévenir: elle qui nous voyait finir à la rue, avec nos impayés et les relances qu'on n'ouvrait plus qu'avec soupirs et désespoir.
J’avais accumulé les emplois de subalterne. Celui-là comme les autres. Du moment qu’on joignait les deux bouts, ses angoisses étaient moins vives et puis il faudrait avoir les couilles de sa révolte, aller jusqu'au bout du suicide en quelque sorte, alors je regardais maintenant par terre une réponse qui n’existait plus vraiment. Echec et mat. Ne restait que l'évidence de la résignation et les plus plates excuses en guise de seconde chance s'il n'était pas trop tard. Avec LA PEUR AU VENTRE en sortant du bureau...
-Oui, je comprends.

L'emploi du temps



Un film de Laurent Cantet (2000)

Avec Aurélien Recoing, Karin Viard...

(Inspiré de "l'affaire" Jean-Claude Romand)

Après son licenciement, Vincent, consultant en entreprise, s'invente un nouvel emploi à Genève. Contraint non seulement de trouver coûte que coûte de l'argent, mais aussi d'étayer chaque jour davantage la fiction de son emploi, Vincent tombe dans son propre piège. Mentir à son entourage devient alors une occupation à plein temps.
© Camera Press

Cat Power



Maybe not

Nude as the news

I don't blame you

Cross bones style

20 nov. 2007

Il avait un voisin
qui
dès qu'il entendait la porte claquer
2 étages au dessus
avait la fâcheuse manie
de se pointer
aussi
sur son pallier
d'un air très naturel évidemment
pour s'y trouver en même
temps que lui
qui descendait de deux étages
Alors il pourrait bien attendre
cette fois-ci
il ne descendrait pas
les 2 étages
car il était bien mieux
chez lui
en fait
à regarder la rue
la vie dehors
ou la télé
et puis claquer la
porte
à tout moment
sans se sentir tenu de
rien dire
à personne
Le ciel,
O mon désert
Ma rouille & mon couvercle
quand il lui prend
de s'assombrir
d'un coup
en serait presque
attendrissant
et
c'est bien là la preuve
-s'il en fallait, moi j'en tiens une-
qu'il a des
états d'âme
et qu'il ne peut
les retenir
vous trouvez pas?

19 nov. 2007

Unfinished (2)

et gicler d'un building
comme hors
de l'eau
froide
par l'escalier
qu'on descend tous les
jours
j'ai dans les bronches
mon vieux goudron
fidèle
Un paquet de Camels à moitié
à moitié
rassurant
mal rasé

et tout
un animal de compagnie
qui n'a plus goût à rien
et fait semblant
comme moi d'avancer
et gicler d'un building
par l'escalier
qu'on descend tous les
jours
pour voir si
le dernier bison
de Tacoma est
mort

Unfinished (1)

Le temps de penser
à demain
qu'il faut remettre tout ça
en ordre
La couche sensible
des rails annonce
l'express du Montana
tchou tchou
aux quatre vents
et parfois cinq ou six
ou
sept
tant qu'on ne compte plus
les traces de front
les traces
de doigt
à la fenêtre
pour suivre au loin l'express
du Montana - Tokyo - escale
les pas des autres
et
toutes
ces silhouettes
pressées
d'en découdre avec
je ne sais quoi
Le gris domine
c''est sûr
Je vais le noter
quelque part

14 nov. 2007

Sisters of Mercy


Temple of love

Marian

Une table à bon marché, c'est pas la vie qu'on rêve mais c'est déjà pas mal

Sans crier gare, sans un bonjour, sans même un frémissement de drap, elle s'est posée, là, dans le salon, en plein milieu: la table basse. Près du canapé But But décati et des miettes Pain de mie Gâteaux secs Sandwich Jambon-fromage Bouteilles de bière de la veille et du désordre partout et des poussières du reste. Que venait-elle s'immiscer ainsi dans notre vie ou la place est étroite?
J'avais envie de pisser, je suis passé devant et j'ai fait putain meeerde. Je venais de me cogner le tibia ou le péroné ou les deux. C'était vers 3h du matin et j'ai trouvé sa présence inhabituelle et j'ai marmonné un truc du genre: Tiens, qu'est-ce qu'elle fout là?
Dans une langue un peu floue, pas sûr qu'elle m'ait compris. Peu importe. Nos regards se sont croisés. Je peux passer?
J'ai tiré la chasse et quand je suis revenu des chiottes, la table basse était en train de boire l'eau dans la petite assiette des fleurs, des petites fleurs de la campagne, cueillies dans le jardin municipal. J'ai reversé un peu d'eau. Tiens, bois. Je me suis approché d'elle doucement: M a d e i n C h i n a. C'est pas le luxe, mais ça te fait un long voyage, j'ai pensé, un sacré long voyage à travers les océans, les rivières, les villes, à travers les montagnes, les neiges éternelles, les ciels zébrés, au travers de l'adversité, au rebord des misères et je suppose qu'elle doit se sentir bien fatiguée maintenant. T' en as vu des choses, n'est-ce-pas?. Je l'ai touchée d'une paume timide, je l'ai caressée. Repose-toi bien. Je lui ai souhaité une bonne nuit. Elle a bougé les pieds. Tu nous raconteras tout ça demain, ok?
Je ne sais pas pourquoi cette pensée ridicule mais, au réveil, j'ai espéré qu'elle nous soit encore là, la table basse, en plein milieu du salon.

2 nov. 2007

Un peu de pub pour mon frangin
Et là: version plus définitive

MOUVIZ : Pouvez-vous vous présenter ainsi que votre "équipe" ?
S.R: J'ai 38 ans, et j'habite à Paris, dans le 19ème arrondissement. Je travaille essentiellement à Cognacq-Jay, en tant que technicien vidéo (intermittent du spectacle). Depuis quelques années, je fais aussi régulièrement des petits rôles et silhouettes dans des longs métrages ciné ou télé (notamment : 13 Tzameti, quelques épisodes de PJ, ou de Diane, femme flic). Ce qui me permet entre autre de rencontrer régulièrement des comédiens ou techniciens très motivés, et prêts à s'investir dans un projet non rémunéré. Quant à l'équipe très réduite du film, ce sont tous des amis ou connaissances : le chef op, l'ingé son, le maquilleur, l'assistant réa, et le compositeur. Sans oublier les deux comédiens.
MOUVIZ : Quelles sont vos influences et inspirations ?

S.R: J'ai été essentiellement influencé par deux films : Misery, avec la l'inoubliable et traumatisante Kathy Bates, et La Guerre des Rose. Côté mise en scène, mes grands maîtres depuis toujours, sont Sam Raimi, le couple Caro-Jeunet, John Carpenter et moult réalisateurs de films d'horreur.
MOUVIZ : Qu'est-ce qui vous a amené à vouloir réaliser ce film ?

S.R: Au départ, l'idée était de réaliser une petite maquette d'un court-métrage de 26 minutes, c'est à dire la même durée qu'un épisode des Contes de la Crypte, série fantastique dont je suis un fan inconditionnel et absolu. L'histoire du court métrage reprend l'idée de la petite maquette (un couple qui finit par se haïr au plus haut point) mais elle se déroule surtout en Enfer. Son budget estimatif étant assez élevé, le court métrage n'a toujours pas été réalisé. Depuis quelque temps, le scénario se trouve entre les mains de plusieurs producteurs..
MOUVIZ : Quels moyens ont été nécessaires à la réalisation de votre film ?

S.R: La prise de vue s'est faite avec un camescope Tri-CCD Panasonic : le NV-GS400. Un très bon camescope ! Côté audio : un micro, et une perche. Côté éclairage : une seule mandarine, un halogène de jardin 500 W, et trois lampes de bureau, munies d'ampoules 60 W. Une vieille petite table de salon sur roulettes nous a servi de Rail / Dolly, pour les travellings. Il nous a fallu aussi : un faux doigt en plastique, un faux bras, un faux œil, et un flacon de faux sang ! Tous les plans ont été tournés avec un complément grand angle, de manière à obtenir la plus petite focale possible.
MOUVIZ : Comment s'est déroulé le tournage ?

S.R: On peut dire que le tournage a été très épuisant, voire éprouvant par moments. Surtout pour les comédiens. On a du " shooter " plus de 50 plans (avec effets spéciaux pour certains) en l'espace d'un seul week-end, dans une maison de banlieue gracieusement prêtée. A raison de 15 heures de travail par jour ! En fait, il fallait boucler tout le tournage avant le lundi midi. A la fin du week end, alors qu'il nous restait encore quelques plans à filmer, les comédiens étaient si fatigués qu'il fallait les forcer à garder les yeux ouverts pendant toute la durée de la prise. Et en plus, les derniers plans étaient ceux se déroulant dans le lit de la chambre à coucher. Encore plus difficile de les garder éveillés .
MOUVIZ : Etes vous satisfait du résultat final ?

S.R: Ma foi, oui. Dans l'ensemble. En fait, je suis plutôt satisfait du visuel, du jeu des comédiens, et du montage. En revanche, si c'était à refaire, je changerais volontiers certains dialogues.
MOUVIZ : Quels sont vos projets ?

S.R: En ce moment, je finis de monter une fausse pub (un petit polar du style : un tueur à gages se voit confier un contrat juteux par son commanditaire). Par ailleurs, je prépare une bande annonce d'un long-métrage policier, un polar " hard-boiled " avec pas mal de scènes d'action, et quelques plans assez sanglants. Une fois la bande annonce montée, j'aimerais démarcher les sociétés de production, pour essayer d'obtenir un petit budget (entre 80 et 100000 euros peut-être), et tourner le long-métrage courant de l'année 2008, en haute définition, avec la Varicam de Panasonic, ou bien une bonne Sony HDCam.
C'est un lit parfaitement triangulaire. Elle du côté A-B, moi du côté C-B, chacun sa place, chacun sa nuit, ce qui fait que nous nous endormons en V. C'est à la pointe du V, -donc au niveau du B-, que nos pieds se bousculent... quoique les miens, plus grands, débordent largement du lit: position inconfortable qui n'en finit pas de déformer mon corps. Dommage... ses pieds sont chauds là-bas, pliés sous les genoux. Au milieu du lit, parfaitement triangulaire, dans l'espace vacant, nous avons planté un cerisier. Il y a fort longtemps. Le chat y grimpe parfois pour surprendre les volatiles qui suivent les avions, à la vitesse de la lumière des rêves.
Je suis un mec facile
à faire bander
il te suffit d'écarter
juste un peu
les cuisses
en relevant les jambes
tout en lisant
Télé 7 jours
ou n'importe quoi d'autre
au lit

En plein crâne du mystère - les sépultures virtuelles

Avec l'écho d'un gros
morceau
frileux
Ma viande,
Mon crâne
Labyrinthe
Au dedans
J'y suis bien
quelque part
Niché sous les abcès
le crachat des
reptiles
Touché!
Je me dilue
à bout portant
Exsangue
Et je la vois venir
-partir et re-venir-
En ma diversité
Je pourrais presque
vous parler de nous
de moi
s'il n'y avait la résistance
au pire
la saignée sous la chair...
-Allo, le ciel, ici ma chambre, je souhaiterais joindre le néant.
-Ne bougez plus, on vous l'envoie par transmission de pensée.

1 nov. 2007

Thank's Eric

Le quarante-quatrième opus de Microbe est à l’impression. Sous-titré « Décollages, dépoèmes, désaphorimes… », il regroupe des textes sélectionnés par Paul Guiot et signés Anne Archet, Éric Dejaeger, Yvan Dusausoit, George Elliautou, Paul Guiot, Isabelle Herbert, Nicolas Kelig, Marie-Anne Lassine, Fabrice Marzuolo, Louis Mathoux, François Nedonema, José Spinoza, Bertrand Van Drogenbroeck et Thomas Vinau. Il est illustré de collages de Philippe Lemaire. Il sera accompagné (pour les abonnés « plus ») du quatorzième mi(ni)crobe : Un bretzel entre nous de Thierry Roquet.

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Bien cordialement,

Éric Dejaeger ericdejaeger@yahoo.fr