11 mai 2012

de ses quelques sanglots
coulés
sur l'oreiller

humide

comme un ciel de
traîne

il ne sait rien
d'autre

que ce qu'il
imagine

quand les heures
les plus oublieuses
de la nuit

l'empêchent de
bouger

d'un seul centimètre
Terminé de lire hier soir la chasse au tatou dans la pampa argentine.
La fourchette d'un lycéen venait de se planter profondément dans la main de sa prof de Lettres. Chute finale de l'avant-dernière nouvelle.
J'ai éteind la lampe de chevet.
Chute d'un corps sur l'oreiller sans pouvoir m'endormir.
Yeux grands ouverts. Sueur. Pensées diffuses. Le fil de la journée.
J'ai mis le nez à la fenêtre en pleine nuit. Pour conjurer le manque d'air.
Une petite pluie tambourinait mélancoliquement.
J'étais pris subitement de remontées acides et d'une envie de vomir.
La nuit est souvent cahotique.
Cette nuit plus que d'ordinaire.
traversant la ville
cot cot
codec
la poule a pondu un oeuf
sur le passage clouté
puis un autre
cot cot
codec
au rayon lingerie
de la boutique de fringues
puis un autre
cot cot
codec
devant le poste de Police
de l'avenue Wilson
puis un autre
sur le pas de la porte
de l'appartement
d'une vieille dame
de 87 ans
puis un autre
cot cot
codec
et encore un autre
encore cot cot
codec
jusqu'à ce que la ville
ne soit plus
qu'une omelette géante
brûlée aux gaz

9 mai 2012

je ne sais pas trop s'il s'agit de moi quand je parle quand j'écris on dirait d'un dédoublement je ne parviens pas à m'impliquer dans cette relation intimité de mots de langage comme s'il m'échappait complètement m'échappait en partie quelle(s) partie(s) ? glisser ici faire un signe là d'accord pas d'accord je suis dans l'en deça l'à côté l'ailleurs soumis à l'espace tortueux à l'espace d'évidences puis suivre une route parfois la précéder voire la créer de toutes pièces je ne sais pas trop s'il s'agit bien de ça dont je voulais parler d'ailleurs c'est moi et ce n'est pas moi qui vient d'écrire ces lignes elles ne sont pas les miennes et pourtant etc
Un jour les aliens vont envahir
la Terre m'assure t'il
-Ah bon ? je demande
Ouais, et ils vont nous réduire
en esclavage
-Ah bon ?
Ouais on sera plus que des sous-merdes
exploitées et
crevant de faim
Je ne lui demande pas
ses sources d'information
Il serait bien capable de me répondre
que c'est classé TOP SECRET et
qu'il a la CIA aux fesses
Il me fixe bien droit
dans les yeux puis je
baisse la tête
-t'as sans doute raison, lui dis-je
pour conclure en beauté
On dit que la météo influence
le moral
de chacun
pourtant quand il pleut
je ne pleure pas chaque fois
quand le soleil brille haut et fort
mon humeur ne sort pas faire
bronzette
en pleine rue
au milieu de la foule
On dit quoi d'autre ?
On dit tant de choses
n'est-ce-pas..
Elle m'avait fixé un premier rendez-vous
la semaine dernière et j'avais alors trouvé
une excuse bidon pour ne pas m'y rendre
- fuite d'un robinet / attente plombier / bloqué chez moi / désolé -
Elle m'a fixé un second rendez-vous pour
ce matin
J'ai dit OK j'y serai
puis j'ai longuement réfléchi hésité tergiversé
pesé le pour et le contre
surtout le contre
- la vente c'est pas pour moi -
- horaires en décalé / rémunération trop variable / stress infernal -
je me suis à nouveau défilé
par mail
au dernier moment
prétextant une diarrhée colossale
après avoir ingurgité une viande avariée
n'ayant pas fait gaffe à la date de péremption
écrite en tout petit et j'avais pas mes lunettes
- désolé pour les détails avais-je ajouté-
pas de réponse de sa part depuis lors
je sais c'est con (je suis con)  mais
j'ai un certain don pour envoyer ma
candidature quand ça ne me concerne pas
(quand je sais à l'avance que.. enfin bref
mieux vaut passer à autre chose - une bière ?)

7 mai 2012

back office !

pour ce poste, me dit-il
la seule exigence est une orthographe
parfaite
-ça vous convient ?
j'opine du chef
il me dicte 4 phrases
et vérifie ce que j'ai écrit
-très bien, très bien
puis il me demande ce que
moi
(oui, moi)
je compte apporter à l'entreprise
j'opine encore du chef
 - avec sans doute un air de tête de noeud -
en le regardant droit dans les yeux (il est jeune pour tant
de responsabilités)
puis je lui crache d'un trait
un baratin convenu
en vantant mes putains de mérites
(je sais faire ceci, je suis cela mais pas ça/
il va bien le voir que j'en fais trop
quand même)
Il me sourit :
-vous semblez nerveux ?
je sens effectivement mes paumes moites
mon coeur battre sur un circuit de Formule 1
mes aisselles en chaleur
j'ai envie de me barrer de là
il me sourit encore
j'opine du chef
-très bien, très bien, je vous recontacte ce soir
on se serre la main après quelques
dernières formalités / photocopies puis
une fois dehors je respire un bon
coup j'allume une clope je ferme
les yeux la délivrance la délivrance
mon cerveau se répète en boucle
sans trop y croire:
A MOI CE BOULOT A LA NOIX !

6 mai 2012

cet avion
descendant du ciel
donne l'impression de
tourner en rond
quelque instants
le kérozène
à son cul
avant de s'effilocher
complètement
laisse
une empreinte
blanchâtre
qui se confond parfois
avec les nuages
coiffant
les hautes tours
du quartier
d'une plume de cabaret
légère et
fuyante
Au comptoir
je me regarde boire
de temps en temps
dans la glace
qui me fait face
-le noeud du problème me répète t-il
pour la n-ième fois
c'est la politique
tandis qu'à flots
tendus
la bière
coule dans
mes veines

D'aller de l'avant, sais pas comment faire

Le lit n’est pas fait
Les poubelles débordent
Le linge
Quand il ne sèche pas sur les radiateurs
S’empile dans la baignoire
Ou par terre
Les murs s’effritent
-  sorte d'huile poussiéreuse
sur papier jaunâtre -
Le jour se lève et se couche plus vite
Qu’une réponse 
A mon indécision
Chronique
Je ne sais toujours pas
Tirer le bon vin
De l’ivraie

Je mène un
Vide sédentaire
Que je remplis
Chaque jour
De petites choses
Plus ou moins vraies
J’aurai de quoi
Peut-être
Un jour
Terminer le livre
Avec mes souvenirs
Plus ou moins vrais