31 déc. 2009
Un grand évènement selon lui
A peine entrés
déjà sortis
les deux panneaux se chevauchant ainsi:
"bienvenue dans la plus
petite ville du monde"
et "merci d'avoir visité la plus petite ville
du monde".
Lee ralentit freine et demande à Carol s'il n'a pas
rêvé
Nan nan qu'elle fait de la tête
Il propose de faire marche arrière
pour revoir la plus petite ville du monde.
Carol en débardeur noir
fume une clope fenêtre ouverte
pffiou, si tu veux
Lee arrête la voiture entre les deux
panneaux regarde à droite
à gauche
et s'étonne qu'on puisse vivre dans
une ville aussi minuscule
entre deux panneaux
sans aucun bâtiment sans aucune terre
sans rien
Pfiouu, le monde est bizarre, Lee, te pose pas trop de questions à la con.
Si ça se trouve, ils vivent sous terre...
Pfiouu, bah non, les panneaux le signaleraient, Lee.
Il marche un peu
et sur le sol craquelé
de caillasses
de poussières
d'herbes sèches
il aperçoit
bien froissée
une revue qu'il part récupérer.
Il la montre à Carol
Regarde: "Le plus petit bulletin annuel de la plus petite ville
du monde / Aucun évènement marquant /
Prochain numéro dans un an".
Il se penche alors vers Carol
l'embrasse sur les lèvres
lui caresse les seins
sous le débardeur
il la force presque
à sortir de la voiture
avec l'appareil-photo numérique
de 7 millions de pixels
afin qu'ils puissent
immortaliser
cet évènement que d'avoir fait l'amour
par terre
dans la plus petite ville du monde
et par la suite
envoyer le plus beau cliché
à l'agence qui s'occupe
d'imprimer le bulletin
annuel.
c'est vraiment pas commode de faire ça ici dit Carol
un peu grognon
On s'en fout, Carol, on le fait pour l'Histoire, ouep, pour l'Histoire, tout simplement...
déjà sortis
les deux panneaux se chevauchant ainsi:
"bienvenue dans la plus
petite ville du monde"
et "merci d'avoir visité la plus petite ville
du monde".
Lee ralentit freine et demande à Carol s'il n'a pas
rêvé
Nan nan qu'elle fait de la tête
Il propose de faire marche arrière
pour revoir la plus petite ville du monde.
Carol en débardeur noir
fume une clope fenêtre ouverte
pffiou, si tu veux
Lee arrête la voiture entre les deux
panneaux regarde à droite
à gauche
et s'étonne qu'on puisse vivre dans
une ville aussi minuscule
entre deux panneaux
sans aucun bâtiment sans aucune terre
sans rien
Pfiouu, le monde est bizarre, Lee, te pose pas trop de questions à la con.
Si ça se trouve, ils vivent sous terre...
Pfiouu, bah non, les panneaux le signaleraient, Lee.
Il marche un peu
et sur le sol craquelé
de caillasses
de poussières
d'herbes sèches
il aperçoit
bien froissée
une revue qu'il part récupérer.
Il la montre à Carol
Regarde: "Le plus petit bulletin annuel de la plus petite ville
du monde / Aucun évènement marquant /
Prochain numéro dans un an".
Il se penche alors vers Carol
l'embrasse sur les lèvres
lui caresse les seins
sous le débardeur
il la force presque
à sortir de la voiture
avec l'appareil-photo numérique
de 7 millions de pixels
afin qu'ils puissent
immortaliser
cet évènement que d'avoir fait l'amour
par terre
dans la plus petite ville du monde
et par la suite
envoyer le plus beau cliché
à l'agence qui s'occupe
d'imprimer le bulletin
annuel.
c'est vraiment pas commode de faire ça ici dit Carol
un peu grognon
On s'en fout, Carol, on le fait pour l'Histoire, ouep, pour l'Histoire, tout simplement...
Lubie's Lee: il aurait voulu lui ressembler
Attablés depuis deux heures
au Quick du coin
ils se regardent en chien vide de
faience
ours mal léchés
en manque de miel
depuis deux heures et quart
deux heures vingt-cinq
vingt-six
j'voudrais m'acheter des lunettes et un chapeau
que fait Lee
Carol ouvre grand les yeux
tu veux t'acheter quoi ?
ce à quoi il réplique d'un
exact
suffisamment sibyllin pour qu'elle lui
demande de répéter ça
un chapeau et des lunettes pour lui ressembler
et Carol décidément perdue
dans cet univers qu'elle croyait
connaître au moins un peu
se demande bien à qui il veut ressembler
si ce n'est à son trouduc de père
et lui envoie un
tu t'fous d'ma gueule c'est ça ?
nan, je veux ressembler à Richard Brautigan
et il lui sort une photo
de Richard Brautigan avec lunettes
et chapeau
puis du côté droit de sa veste un bouquin
de Richard Brautigan
puis de sa poche intérieure gauche
son journal
japonais
c'est un géant ce mec, un géant
Lee l'assure la main sur le coeur
et Carol de pousser un cri d'orfraie
de Jane sans Tarzan
de Tintin sans Milou
de chapeau sans lunettes
en plein Quick
JA-MAIS, Lee, mon Lee, j't'ai jamais vu écrire une ligne JA-MAIS!
et Carol lui propose
de rentrer à l'hôtel
prendre une douche
un bain chaud
une tisane
pour qu'ils continuent de poser
sur le
monde leur subtil regard
de mouches à merde
à deux
à deux
enlacés tendrement
nus si tu veux
demain, on oubliera tout ça, Lee...
au Quick du coin
ils se regardent en chien vide de
faience
ours mal léchés
en manque de miel
depuis deux heures et quart
deux heures vingt-cinq
vingt-six
j'voudrais m'acheter des lunettes et un chapeau
que fait Lee
Carol ouvre grand les yeux
tu veux t'acheter quoi ?
ce à quoi il réplique d'un
exact
suffisamment sibyllin pour qu'elle lui
demande de répéter ça
un chapeau et des lunettes pour lui ressembler
et Carol décidément perdue
dans cet univers qu'elle croyait
connaître au moins un peu
se demande bien à qui il veut ressembler
si ce n'est à son trouduc de père
et lui envoie un
tu t'fous d'ma gueule c'est ça ?
nan, je veux ressembler à Richard Brautigan
et il lui sort une photo
de Richard Brautigan avec lunettes
et chapeau
puis du côté droit de sa veste un bouquin
de Richard Brautigan
puis de sa poche intérieure gauche
son journal
japonais
c'est un géant ce mec, un géant
Lee l'assure la main sur le coeur
et Carol de pousser un cri d'orfraie
de Jane sans Tarzan
de Tintin sans Milou
de chapeau sans lunettes
en plein Quick
JA-MAIS, Lee, mon Lee, j't'ai jamais vu écrire une ligne JA-MAIS!
et Carol lui propose
de rentrer à l'hôtel
prendre une douche
un bain chaud
une tisane
pour qu'ils continuent de poser
sur le
monde leur subtil regard
de mouches à merde
à deux
à deux
enlacés tendrement
nus si tu veux
demain, on oubliera tout ça, Lee...
30 déc. 2009
Apocalypse now
La moquette
ayant tellement poussé
dans la nuit
qu'il ne retrouva plus ni ses
affaires ni sa femme
ni ses enfants le lendemain
matin
il les appela de toutes ses forces
en vain
et s'avançant à l'aveugle
il fut attaqué par les angles
de la table basse
devenue haute
mordu par une paire de chaussettes
venimeuse
lacérés par des stylos longs
comme des lames de machette
assommé de couleurs vives
par un tableau géant
sans valeur
il s'écroula sur le sol
qui l'avala cul sec
le recracha en petits morceaux
dans la rue
ou il se fondit avec le bitume
ayant tellement poussé
dans la nuit
qu'il ne retrouva plus ni ses
affaires ni sa femme
ni ses enfants le lendemain
matin
il les appela de toutes ses forces
en vain
et s'avançant à l'aveugle
il fut attaqué par les angles
de la table basse
devenue haute
mordu par une paire de chaussettes
venimeuse
lacérés par des stylos longs
comme des lames de machette
assommé de couleurs vives
par un tableau géant
sans valeur
il s'écroula sur le sol
qui l'avala cul sec
le recracha en petits morceaux
dans la rue
ou il se fondit avec le bitume
C'est pas encore la fin de l'année
Alors que l'année s'achève
il se cherche un projet un objectif
pour la
suivante et comme
il n'en trouve pas
il décide qu'il n'est pas encore
prêt
à changer d'année et
qu'il y restera donc un peu
plus longtemps.
il se cherche un projet un objectif
pour la
suivante et comme
il n'en trouve pas
il décide qu'il n'est pas encore
prêt
à changer d'année et
qu'il y restera donc un peu
plus longtemps.
Et sous les bras
Lui, il sentait des pieds.
Elle, Nina Ricci ou Angel de Thierry Mugler.
A part ça, ils n'avaient strictement
rien de commun.
Elle, Nina Ricci ou Angel de Thierry Mugler.
A part ça, ils n'avaient strictement
rien de commun.
Les jours (Marlène Tissot)
Les jours se suivent
à distance respectable
en s'épiant
mine de rien
comme s'ils craignaient
que le prochain
les morde
ou qu'il leur fasse
de l'ombre
J'ai peur qu'ils se
mettent à porter
tous le même costume
à marcher au pas
à baisser les bras
Je rêve d'un hier
qui lambine
d'un demain qui se
pointe sans prévenir
et d'un aujourd'hui
qui sache sourire
à l'un comme
à l'autre
à distance respectable
en s'épiant
mine de rien
comme s'ils craignaient
que le prochain
les morde
ou qu'il leur fasse
de l'ombre
J'ai peur qu'ils se
mettent à porter
tous le même costume
à marcher au pas
à baisser les bras
Je rêve d'un hier
qui lambine
d'un demain qui se
pointe sans prévenir
et d'un aujourd'hui
qui sache sourire
à l'un comme
à l'autre
Jungle monkey entre Carol & Lee
Ne sachant trop quoi faire
Carol propose qu'ils aillent
au zoo voir les animaux
sauvages
autant aller visiter quelqu'un
en taule répond
Lee
il trouve son idée
faite pour les vieux
cons qui s'emmerdent
tu proposes quoi à la place?
elle lui demande
on pourrait passer la journée
à baiser à l'hôtel, non?
Lee aimerait bien en
tout cas
Carol sourit et trouve son
idée faite pour les jeunes cons
qui s'emmerdent
alors c'est ok pour le zoo ?
c'est ok
et passant à proximité des
singes
Carol dit à Lee que ce singe-là lui
ressemble
trait pour trait
sérieusement, c'est ton portrait craché
elle se marre follement
et Lee de faire la gueule pour
le restant de la journée
pour le restant de la
nuit et il semblerait qu'elle
ait trouvé-là un point tellement
sensible
qu'il ne sache plus faire la
grimace
Carol propose qu'ils aillent
au zoo voir les animaux
sauvages
autant aller visiter quelqu'un
en taule répond
Lee
il trouve son idée
faite pour les vieux
cons qui s'emmerdent
tu proposes quoi à la place?
elle lui demande
on pourrait passer la journée
à baiser à l'hôtel, non?
Lee aimerait bien en
tout cas
Carol sourit et trouve son
idée faite pour les jeunes cons
qui s'emmerdent
alors c'est ok pour le zoo ?
c'est ok
et passant à proximité des
singes
Carol dit à Lee que ce singe-là lui
ressemble
trait pour trait
sérieusement, c'est ton portrait craché
elle se marre follement
et Lee de faire la gueule pour
le restant de la journée
pour le restant de la
nuit et il semblerait qu'elle
ait trouvé-là un point tellement
sensible
qu'il ne sache plus faire la
grimace
29 déc. 2009
Sur les Impromptus d899 & d935
je me servirai un verre
plus tard
&
je te rejoindrai
peut-être
&
ce n'est pas contre
toi ce n'est pas je t'assure
c'est sans doute
que j'ai
besoin
d'autre chose
d'un repli
d'un autre envoûtement
&
de sentir
un piano triste
incrusté pour
la nuit
qu'elle soit blanche
ou noire
d'impromptus
mes
impromptus
sans parole ni musique
plus tard
&
je te rejoindrai
peut-être
&
ce n'est pas contre
toi ce n'est pas je t'assure
c'est sans doute
que j'ai
besoin
d'autre chose
d'un repli
d'un autre envoûtement
&
de sentir
un piano triste
incrusté pour
la nuit
qu'elle soit blanche
ou noire
d'impromptus
mes
impromptus
sans parole ni musique
Epousseter nos poussières
Le vase bleu
ciel
en haut de l'étagère
comme défait par l'attente d'une
fleur
qui n'est jamais venue
et nous
qu'aurions-nous fait
du haut de l'étagère?
ciel
en haut de l'étagère
comme défait par l'attente d'une
fleur
qui n'est jamais venue
et nous
qu'aurions-nous fait
du haut de l'étagère?
Loin l'abstrait, redevenir concret
Mes secondes amoindries mon jean mes chaussures ma veste noire je descends église dehors en face sonne dix coups parvis sombre ciel gourd à la vue rare de tout la lumière doit être nichée dans nos corps je sens mes secondes amoindries l'escalier trois étages mes pas sont lourds je descends à la cave vers ce qui est plus sombre encore la lumière s'allume d'un clic s'éteind toute seule comme un claquement de doigt une évidence une présence et s'il y avait là deux corps parfaitement oubliés dans la cloison humide sculptés refigurés invisibles vivants à leur façon je descends à la cave de la cave vers ce qui n'est qu'un "?" percutant plein fouet mes secondes amoindries me ressemble à quelques détails près reprend litanies POINT DE MIROIR FIXATION INUTILE POINT DE MIROIR le plus dur est d'ensuite remonter sans rien laisser paraître paraître.
Tandis qu'il pleut dehors...
Elle
enrhumée
assise bien au chaud
à l'intérieur d'un calme bistrot
regard fenêtre côté rue
un calepin posé sur la table
près d'un portable
qui ne sonne pas
a commandé un café
au lait
Lui
à la table voisine
l'observe du coin de l'oeil
attiré
par ce qu'il
considère un charme
rêveur et mélancolique
mais qu'il ne sait
comment aborder
sans lui paraître
importun
a demandé une nouvelle
bière pression.
enrhumée
assise bien au chaud
à l'intérieur d'un calme bistrot
regard fenêtre côté rue
un calepin posé sur la table
près d'un portable
qui ne sonne pas
a commandé un café
au lait
Lui
à la table voisine
l'observe du coin de l'oeil
attiré
par ce qu'il
considère un charme
rêveur et mélancolique
mais qu'il ne sait
comment aborder
sans lui paraître
importun
a demandé une nouvelle
bière pression.
C'est un chemin (parmi d'autres)
Toi & moi
sommes sur un
chemin
c'aurait pu
être un autre
c'aurait pu
tout autant
nous scinder
il est impossible
de déterminer
qui d'entre nous
à ouvert cette
voie-là que
l'autre a suivie
et nous n'envions
pas ceux qui
partent
tranquillement
en voyage
tant que sur
ce chemin
lancés nous
nous obstinons
à marcher de
concert.
sommes sur un
chemin
c'aurait pu
être un autre
c'aurait pu
tout autant
nous scinder
il est impossible
de déterminer
qui d'entre nous
à ouvert cette
voie-là que
l'autre a suivie
et nous n'envions
pas ceux qui
partent
tranquillement
en voyage
tant que sur
ce chemin
lancés nous
nous obstinons
à marcher de
concert.
A manger, en mangeant
Elle s'est essuyée la bouche
en s'excusant
de m'avoir
postillonné
dessus
et j'ai pensé
que ses lèvres
charnues
ne devaient pas recracher
les baisers
passionnés
de la même
manière.
en s'excusant
de m'avoir
postillonné
dessus
et j'ai pensé
que ses lèvres
charnues
ne devaient pas recracher
les baisers
passionnés
de la même
manière.
Qui sait
je regarde à la fenêtre
si les gens vivent encore
à l'heure qu'il est
et je fume une dernière cigarette
sans savoir
s'il en sera ainsi
demain
si les gens vivent encore
à l'heure qu'il est
et je fume une dernière cigarette
sans savoir
s'il en sera ainsi
demain
28 déc. 2009
26 déc. 2009
Fuite en avant sans retour en arrière
nous avons bu et
fait l'amour
j'ai demandé à la réception
qu'on nous apporte encore un peu
d'alcool
pour la soirée
quand le téléphone a sonné
le numéro était masqué mais la voix
était énervée et j'ai cru à une
erreur j'ai raccroché
car il ne savait pas
qu'il y avait quelqu'un dans ta vie
depuis plusieurs années
et il s'en foutait du reste
et il s'en foutait
j'ai encore raccroché
et puis tu étais en train de faire ta toilette
en train de chier
en train de crever
enfin c'est ce que j'ai dit
quand il a rappelé en m'insultant
de toutes ses forces
en hurlant
qu'il allait nous tuer
qu'il savait ou nous trouver
j'ai regardé par la fenêtre de l'hôtel
il y avait comme un sentiment d'abandon
un peu partout
la nuit jusque dans mes
pensées que je parvenais à peine
à regrouper
tu t'étais endormie
quasiment nue
torchée
tu ronflais
la valise posée contre le mur
pas encore défaite
et il faudrait encore une fois
remettre à plus tard
le repos
dans nos vies
et il faudrait que tu m'expliques
qui était cet homme
qui t'en voulait tant.
fait l'amour
j'ai demandé à la réception
qu'on nous apporte encore un peu
d'alcool
pour la soirée
quand le téléphone a sonné
le numéro était masqué mais la voix
était énervée et j'ai cru à une
erreur j'ai raccroché
car il ne savait pas
qu'il y avait quelqu'un dans ta vie
depuis plusieurs années
et il s'en foutait du reste
et il s'en foutait
j'ai encore raccroché
et puis tu étais en train de faire ta toilette
en train de chier
en train de crever
enfin c'est ce que j'ai dit
quand il a rappelé en m'insultant
de toutes ses forces
en hurlant
qu'il allait nous tuer
qu'il savait ou nous trouver
j'ai regardé par la fenêtre de l'hôtel
il y avait comme un sentiment d'abandon
un peu partout
la nuit jusque dans mes
pensées que je parvenais à peine
à regrouper
tu t'étais endormie
quasiment nue
torchée
tu ronflais
la valise posée contre le mur
pas encore défaite
et il faudrait encore une fois
remettre à plus tard
le repos
dans nos vies
et il faudrait que tu m'expliques
qui était cet homme
qui t'en voulait tant.
Drague poétique pour éjaculateur précoce
-Votre visage est beau comme un lai.
-...
-Votre bouche sensuelle, on en ferait deux rimes à croiser.
-...
-Votre nez fin est une envolée lyrique. Vos cils ont la finesse des plus beaux vers. Vos yeux, le châtoiement des douleurs romantiques. Vos cheveux, la forme d'un calligramme...
-...
-Vos seins, ah, vos nichons, un recueil inédit. Et vos fesses, nom de dieu, putain, ton cul, ton cul, une invitation au voyage de luxe, de calme et de volupté et cette chatte, bordel, ouah, j'en peux plus, tu veux bien sucer mon haiku et tout avaler?
-...
-Votre bouche sensuelle, on en ferait deux rimes à croiser.
-...
-Votre nez fin est une envolée lyrique. Vos cils ont la finesse des plus beaux vers. Vos yeux, le châtoiement des douleurs romantiques. Vos cheveux, la forme d'un calligramme...
-...
-Vos seins, ah, vos nichons, un recueil inédit. Et vos fesses, nom de dieu, putain, ton cul, ton cul, une invitation au voyage de luxe, de calme et de volupté et cette chatte, bordel, ouah, j'en peux plus, tu veux bien sucer mon haiku et tout avaler?
Fruitée
Elle en avait marre qu'ils la prennent
pour une poire
qu'ils se foutent de sa pomme
qu'elle en perde la banane un peu plus
chaque jour
alors elle décida qu'elle serait
désormais pour les hommes
la cerise
sur le gâteau.
pour une poire
qu'ils se foutent de sa pomme
qu'elle en perde la banane un peu plus
chaque jour
alors elle décida qu'elle serait
désormais pour les hommes
la cerise
sur le gâteau.
24 déc. 2009
Joyeux Noel !
Noël célèbre la naissance de Jésus Christ, fils de Dieu, venu sur terre pour effacer les péchés du monde, mais il avait oublié sa gomme.
P.Desproges (Chronique de la haine ordinaire)
.
Une vie, c'est 70, 80 sapins de Noël. Remarquez, quelquefois, il suffit d'un platane..
M.Galabru (Pensées, répliques et anecdotes)
.
A Noel, je n'ai pas plus envie de rose que je ne voudrais de neige au printemps. J'aime chaque saison pour ce qu'elle apporte.
W.Shakespeare (Peines d'amour perdues)
Perméable & confuse etc
Elle dort
mais
sa détresse est là
sa détresse se voit
on la voit de très loin
on ne voit qu'elle
Il lui a demandé bien sûr
ce qu'elle
avait ce qui se passait
et elle a répondu comme
d'habitude
une phrase à la fois rassurante
à la fois lointaine
comme un morceau de chair
poisseux
sur un étal
mais
sa détresse est là
sa détresse se voit
on la voit de très loin
on ne voit qu'elle
Il lui a demandé bien sûr
ce qu'elle
avait ce qui se passait
et elle a répondu comme
d'habitude
une phrase à la fois rassurante
à la fois lointaine
comme un morceau de chair
poisseux
sur un étal
Les cloisons mécaniques
Tu en croises des dizaines
des centaines
des milliers
&
des fois tu aimerais bien en savoir
un peu plus
par simple curiosité
tu te prends au jeu des
hypothèses
avant de renoncer vite fait
parce que
tu ne fais que les croiser
sans savoir ce qu'ils font de leur
vie
sans savoir ce qu'ils pensent
de leur vie
&
le plus confortable
dans cette histoire
dis-tu
c'est qu'ils ne savent pas
non plus
ce que tu fais de la tienne
des centaines
des milliers
&
des fois tu aimerais bien en savoir
un peu plus
par simple curiosité
tu te prends au jeu des
hypothèses
avant de renoncer vite fait
parce que
tu ne fais que les croiser
sans savoir ce qu'ils font de leur
vie
sans savoir ce qu'ils pensent
de leur vie
&
le plus confortable
dans cette histoire
dis-tu
c'est qu'ils ne savent pas
non plus
ce que tu fais de la tienne
Pluie de bars le temps d'une soirée
la soirée avait été bien arrosée
entre cocktails bières
et fous rires
&
à l'heure de nous séparer
elle nous a dit qu'elle ne craignait
pas de devoir prendre toute seule
le dernier
métro pour
rentrer chez elle
dans sa lointaine banlieue
qu'on ne devait pas s'inquiéter
&
qu'elle faisait confiance à sa bonne
étoile
celle qui brillait plus longtemps
plus vive que
les autres
les soirs de cuite
et de grand froid
entre cocktails bières
et fous rires
&
à l'heure de nous séparer
elle nous a dit qu'elle ne craignait
pas de devoir prendre toute seule
le dernier
métro pour
rentrer chez elle
dans sa lointaine banlieue
qu'on ne devait pas s'inquiéter
&
qu'elle faisait confiance à sa bonne
étoile
celle qui brillait plus longtemps
plus vive que
les autres
les soirs de cuite
et de grand froid
John Fante (1909 - 1983)
"Un jour, j'ai attrapé un livre, je l'ai ouvert et c'était ça.. Je restai planté un moment en le lisant, comme un homme qui a trouvé de l'or à la décharge publique... Les phrases coulaient si facilement à travers la page, c'était comme un flux. Chaque ligne avait son énergie. La vraie substance des phrases donnait une forme à la page comme si elle était sculptée. Enfin je découvris un homme qui n'avait pas peur de l'émotion. Le début de ce livre me fit l'effet d'un miracle énorme et violent. Le livre était "Demande à la poussière" et l'auteur John Fante. Toute ma vie son influence a illuminé mon travail... Oui, Fante a eu un énorme effet sur moi. Peu de temps après avoir lu ses livres, j'ai commencé à vivre avec une femme qui était une plus grande ivrogne que moi, nous avions de grandes bagarres, souvent je lui criais : "Je ne m'appelle pas f... de p.. , je m'appelle Bandini, Arturo Bandini !" Fante était mon dieu."
Charles Bukowski - extrait de la préface de "Demande à la poussière"
Charles Bukowski - extrait de la préface de "Demande à la poussière"
Une petite promenade
Je suis sorti seul de chez moi, mal rasé, mal habillé, la clope au bec, en coup de vent pour éviter un coup de cafard. J’ai marché par des rues, au hasard, des artères centrales, animées, des quartiers d'évasion, des lieux quelconques, et sales, à la périphérie, je l’étais, moi aussi, de tout, j'ai soupiré « quelconque », quel con, et j'ai tourné. Il ne s'est rien passé. Il faisait un temps froid aux vitrines, scintillantes, à lécher pour Noel. Des passantes, des passants. Et les regards, nulle part, partout, complices? J’avais l’air nonchalant, trop crispé, naturel? Je n'étais pas peigné. J'étais ailleurs et parmi tous. Cheveux au vent, glacial, et mon humeur, pareille. Je marchais en canard, au pas de l'oie, à l’aveugle, des pas devant, d'autres perpendiculaires, en travers et j'ai tourné. La tête. Personne ne me suivait. J'ai trouvé ça normal. Après tout. J'ai entendu des rires. J'avais envie de rire. Mais seul, sourire et sans écho ? D'ou venaient-ils, ces rires ? D'un bar, d'un resto, d'une galerie de portraits? Photographie de mon étau, morose. J'ai le visage étroit, pressé. Je m'y suis renfermé. Un mime. Incognito. J’avais fumé beaucoup, vidé tout le paquet, cendres et poussière, inconcevable, encore en vie! Et je l'ai chiffonné, jeté aux oubliettes. Poumons, poumons, coeur et débris, bribes de soi et j'étais là, perdu, comme saturé, et toujours mal rasé, mal habillé. Il me fallait un lieu; Vite! Vite. J'ai réfléchi. Un lieu sûr. Loin de ces rues. Qui me vidaient de sens. Qui m'étiolaient. Qui me tombaient dessus. Pleine gueule et j’étouffais, je rampais, les pieds lestés de plomb, de surplace, de quoi faire. Face à tant d'inconnues, des X et des Y, des anonymes, des syncopes. Le vertige d'un vide, un trop-plein. J'aurais dû y penser, j'aurais dû y rester, j'aurais dû! Chez moi. Le cafard du dedans, l'asphyxie sous les draps, la trouille du couloir, au moins, j'en avais l'habitude! La rue, la rue n'était pas mon royaume.
23 déc. 2009
Locked
j'ai envie d'écrire un bon texte ce soir
alors je tape les lettres A puis
N puis U et puis S et l'écran affiche
N O E L
Tiens, un bug je me dis
je recommence avec les
mêmes lettres non par provocation
mais simplement parce que j'ai besoin de ce mot-là
pour mon histoire
et l'écran affiche
V O E U
Putain, c'est quoi ce truc?
je veux pas de ça dans mon texte je veux
de l'anus du cul du fion
de la couille de la chatte
de la sodomie merde alors
je retape les quatre
mêmes lettres du début
et là rien
l'écran n'affiche plus rien
et l'ordinateur s'éteint tout seul
et impossible de le rallumer
comment je vais faire pour
mon texte je suis désespéré
nom de dieu
et j'entends une voix
la voix grave de la machine qui me dit
je suis tout excité je refuse désormais dc cautionner toutes ces vulgarités adieu
COMPUTER locked
alors je tape les lettres A puis
N puis U et puis S et l'écran affiche
N O E L
Tiens, un bug je me dis
je recommence avec les
mêmes lettres non par provocation
mais simplement parce que j'ai besoin de ce mot-là
pour mon histoire
et l'écran affiche
V O E U
Putain, c'est quoi ce truc?
je veux pas de ça dans mon texte je veux
de l'anus du cul du fion
de la couille de la chatte
de la sodomie merde alors
je retape les quatre
mêmes lettres du début
et là rien
l'écran n'affiche plus rien
et l'ordinateur s'éteint tout seul
et impossible de le rallumer
comment je vais faire pour
mon texte je suis désespéré
nom de dieu
et j'entends une voix
la voix grave de la machine qui me dit
je suis tout excité je refuse désormais dc cautionner toutes ces vulgarités adieu
COMPUTER locked
Pas besoin de conseils, un hâchoir suffit
Il aimait tellement les mots
sans toutefois parvenir
à les agencer comme il le souhaitait
qu'il est allé voir
son écrivain préféré
un vieil écrivain
celui qu'il admirait depuis des années
et il l'a tué d'un coup
de hâchoir en plein coeur
il lui a ensuite ouvert
le cerveau
délicatement
usant d'ustensiles de
précision piqués dans
une clinique
afin de répondre enfin à cette
putain de question existentielle
qui le taraudait tant:
comme faisait-il, lui,
pour écrire aussi bien
bordel ?
sans toutefois parvenir
à les agencer comme il le souhaitait
qu'il est allé voir
son écrivain préféré
un vieil écrivain
celui qu'il admirait depuis des années
et il l'a tué d'un coup
de hâchoir en plein coeur
il lui a ensuite ouvert
le cerveau
délicatement
usant d'ustensiles de
précision piqués dans
une clinique
afin de répondre enfin à cette
putain de question existentielle
qui le taraudait tant:
comme faisait-il, lui,
pour écrire aussi bien
bordel ?
Obsession(s)
à peine avait-il baisé sa femme
qu'il en redemandait encore
et encore
à la retenir entre ses bras puissants
toujours à lui sucer les seins
à lui fourrer la bouche de sa salive
à lui mettre un doigt
devant derrière
toujours la trique
toujours la queue
en expansion
dans l'univers clos de
la chambre
& toujours cette idée
qu'elle finirait bien
par lui trancher le sexe
avec un sabre japonais
pour en finir une bonne
fois
pour toutes.
qu'il en redemandait encore
et encore
à la retenir entre ses bras puissants
toujours à lui sucer les seins
à lui fourrer la bouche de sa salive
à lui mettre un doigt
devant derrière
toujours la trique
toujours la queue
en expansion
dans l'univers clos de
la chambre
& toujours cette idée
qu'elle finirait bien
par lui trancher le sexe
avec un sabre japonais
pour en finir une bonne
fois
pour toutes.
N'est-ce-pas?
Certes,
les je t'aime qu'on se dit maintenant
n'ont plus la même signification
les corps à corps
n'ont plus la même impétuosité
qu'au début
mais je ne pense pas
que nous en soyons plus
malheureux
pour autant.
les je t'aime qu'on se dit maintenant
n'ont plus la même signification
les corps à corps
n'ont plus la même impétuosité
qu'au début
mais je ne pense pas
que nous en soyons plus
malheureux
pour autant.
22 déc. 2009
Ronronnements électriques
Ronronnements
Ronronnements électriques
les machines miaulent
dans la maison
il est tout-à-fait possible
qu'elles sortent la nuit
pour courser le cul
d'autres machines
et qu'elles rentrent
juste avant
que les sommeils
profonds
se soient déchargés
pour le réveil
de l'aube
Ronronnements électriques
les machines miaulent
dans la maison
il est tout-à-fait possible
qu'elles sortent la nuit
pour courser le cul
d'autres machines
et qu'elles rentrent
juste avant
que les sommeils
profonds
se soient déchargés
pour le réveil
de l'aube
Caché sous la table, cet insecte tremble de trouille.
A moins que ce ne soit le courant d'air qui le fasse frissonner.
Je lui demande de faire un peu moins de bruit.
Je n'entends plus le coeur de ma respiration.
D'ordinaire, c'est une usine qui tourne à plein régime.
Avec des ouvriers dans tous les sens, des intérimaires, des ouvriers spécialisés, un chef d'équipe, la DRH, des souffre-douleurs, d'anciens chômeurs, une secrétaire, la machine à cafés, la direction toujours en réunion.
C'est sans doute une altération, une illusion de ma conscience.
Je suis caché sous la table, je suis en fait l'insecte.
C'est moi qu'on veut virer, qu'on veut éliminer.
Ou sont mes semblables?
A moins que ce ne soit le courant d'air qui le fasse frissonner.
Je lui demande de faire un peu moins de bruit.
Je n'entends plus le coeur de ma respiration.
D'ordinaire, c'est une usine qui tourne à plein régime.
Avec des ouvriers dans tous les sens, des intérimaires, des ouvriers spécialisés, un chef d'équipe, la DRH, des souffre-douleurs, d'anciens chômeurs, une secrétaire, la machine à cafés, la direction toujours en réunion.
C'est sans doute une altération, une illusion de ma conscience.
Je suis caché sous la table, je suis en fait l'insecte.
C'est moi qu'on veut virer, qu'on veut éliminer.
Ou sont mes semblables?
D'une manière ou d'une autre
Je peux rester des heures entières assis à ne rien faire.
Entre le mal de tête et celui de vivre, bascule d'avant en arrière, sur le côté, ce sont quelques saccades qui me tiennent en éveil. La respiration, elle, continue.
Une sorte de vague sans écume qui s'échouerait régulièrement sur les mots en leur demandant de signifier quelque chose. Le corps tenu hors de l'eau, sans que l'atteigne profondément le courant qui les éloigne.
Comme si le mouvement extérieur était source de mon désordre. Assis.
En ne pensant ni ne croyant pourtant à rien de précis, à vivre là l'oisiveté, l'impatience, l'impuissance, la peur, le phantasme, l'indifférence, l'immobilité relative, la distorsion du réel, le plaisir simple, la fonction de remplissage, le semblant d'être.
Je peux rester des heures entières assis à ne rien faire, trouver que ma vie est moins complexe qu'un puzzle et plus insupportable qu'un regard.
Je sais depuis longtemps qu'un jour je serai hors d'atteinte, à perdre tout contrôle, d'une manière ou d'une autre.
Entre le mal de tête et celui de vivre, bascule d'avant en arrière, sur le côté, ce sont quelques saccades qui me tiennent en éveil. La respiration, elle, continue.
Une sorte de vague sans écume qui s'échouerait régulièrement sur les mots en leur demandant de signifier quelque chose. Le corps tenu hors de l'eau, sans que l'atteigne profondément le courant qui les éloigne.
Comme si le mouvement extérieur était source de mon désordre. Assis.
En ne pensant ni ne croyant pourtant à rien de précis, à vivre là l'oisiveté, l'impatience, l'impuissance, la peur, le phantasme, l'indifférence, l'immobilité relative, la distorsion du réel, le plaisir simple, la fonction de remplissage, le semblant d'être.
Je peux rester des heures entières assis à ne rien faire, trouver que ma vie est moins complexe qu'un puzzle et plus insupportable qu'un regard.
Je sais depuis longtemps qu'un jour je serai hors d'atteinte, à perdre tout contrôle, d'une manière ou d'une autre.
21 déc. 2009
Entre la tombée de la nuit et le lever du jour
A la tombée de la nuit, je ramasse les cils des nuages un à un que je colle ensuite dans un cahier à spirales. Je les numérote, je les date, j'ajoute un petit commentaire pour m'en souvenir des années plus tard. Dans mon cahier, à la page 17, j'ai ainsi retrouvé un cil de 1984. Devenu tout blanc. J'ai fermé les yeux et j'ai tenté de reproduire la forme du nuage d'ou il est tombé à l'époque. Les images s'emmêlent un peu. Je crois que je vieillis aussi.
Au lever du jour, je mets des pansements sur les sommeils noueux du vent à cause des griffures de la lune. Ayant joué avec des pelotes de laine, de mer et de planètes voisines, elle empêche le souffle léger de s'endormir tranquille; parfois, il s'énerve, se fâche d'un ton sec et violent avant de s'isoler dans un petit coin perdu du ciel, ou il se lamente, saigne les eaux sales.
Entre les deux, je ne dors jamais.
J'ai trop peur qu'il m'arrive quelque chose de réel.
Au lever du jour, je mets des pansements sur les sommeils noueux du vent à cause des griffures de la lune. Ayant joué avec des pelotes de laine, de mer et de planètes voisines, elle empêche le souffle léger de s'endormir tranquille; parfois, il s'énerve, se fâche d'un ton sec et violent avant de s'isoler dans un petit coin perdu du ciel, ou il se lamente, saigne les eaux sales.
Entre les deux, je ne dors jamais.
J'ai trop peur qu'il m'arrive quelque chose de réel.
dans son atelier
il fabrique des sourires
des fous rires
des intimités improbables
et tout un tas de trucs
à base de poudre
d'épices
et de formules magiques
quand il souffle dessus
l'oiseau sort de la cage
fait le clown
devant un public de fourmis
rouge conquises
qui en jettent leurs petites
tenues
affriolantes
la concierge cogne
alors
contre la porte
de l'atelier
pour que
cesse
tout ce capharnaum
décadent
il fabrique des sourires
des fous rires
des intimités improbables
et tout un tas de trucs
à base de poudre
d'épices
et de formules magiques
quand il souffle dessus
l'oiseau sort de la cage
fait le clown
devant un public de fourmis
rouge conquises
qui en jettent leurs petites
tenues
affriolantes
la concierge cogne
alors
contre la porte
de l'atelier
pour que
cesse
tout ce capharnaum
décadent
Un petit conte de Noel
Je frappai deux coups et la vieille femme ouvrit la porte; elle me fit asseoir sur un canapé en tissu rouge et blanc qui lui venait de son arrière grand-père; elle me proposa un verre de thé bien chaud. Un sapin de Noel tout scintillant éclairait d'une sobre pénombre le fond de la pièce.
Ainsi donc vous venez pour l'annonce me dit-elle en me regardant droit dans les yeux; deux yeux vifs de couleur sombre, l'un marron, l'autre noir. Mon ancien jardinier est parti à l'étranger, vous voyagez souvent? Je répondis que non, que j'étais assez casanier.
La vieille femme, souriante, me proposa des gâteaux secs et un autre verre de thé que je m'empressai d'accepter. Elle me fit ensuite monter à l'étage et me montra ma chambre. Il y avait au moins un grand miroir par côté de mur et le lit ressemblait à un cercueil. Sur une table à côté était posée une paire de sécateurs. N'ayez pas peur, ces miroirs proviennent de mon ancêtre du 18è siècle.
Plus elle parlait, plus je remarquai son fort accent rauque des régions de l'Est, des pays de l'Est. Je me postai à la fenêtre avec vue sur le jardin dont il me faudrait m'occuper dès demain matin. De hautes futaies empêchaient toute vue sur le voisinnage. Je tentai d'ouvrir la petite fenêtre pour donner un peu d'air à cette chambre qui sentait le renfermé. Elle est bloquée et la vieille femme me souhaita une bonne nuit, faisant claquer la porte de la chambre qui se verrouilla.
La tête commençait à me tourner. Je m'écroulai dans le lit en forme de cercueil et je crus entendre que le couvercle se rabaissa violemment sur moi ; je me souvins tout juste avant de m'assoupir profondément que sur le sapin du salon étaient accrochées des boules qui ne ressemblaient pas à celles de Noel...
Ainsi donc vous venez pour l'annonce me dit-elle en me regardant droit dans les yeux; deux yeux vifs de couleur sombre, l'un marron, l'autre noir. Mon ancien jardinier est parti à l'étranger, vous voyagez souvent? Je répondis que non, que j'étais assez casanier.
La vieille femme, souriante, me proposa des gâteaux secs et un autre verre de thé que je m'empressai d'accepter. Elle me fit ensuite monter à l'étage et me montra ma chambre. Il y avait au moins un grand miroir par côté de mur et le lit ressemblait à un cercueil. Sur une table à côté était posée une paire de sécateurs. N'ayez pas peur, ces miroirs proviennent de mon ancêtre du 18è siècle.
Plus elle parlait, plus je remarquai son fort accent rauque des régions de l'Est, des pays de l'Est. Je me postai à la fenêtre avec vue sur le jardin dont il me faudrait m'occuper dès demain matin. De hautes futaies empêchaient toute vue sur le voisinnage. Je tentai d'ouvrir la petite fenêtre pour donner un peu d'air à cette chambre qui sentait le renfermé. Elle est bloquée et la vieille femme me souhaita une bonne nuit, faisant claquer la porte de la chambre qui se verrouilla.
La tête commençait à me tourner. Je m'écroulai dans le lit en forme de cercueil et je crus entendre que le couvercle se rabaissa violemment sur moi ; je me souvins tout juste avant de m'assoupir profondément que sur le sapin du salon étaient accrochées des boules qui ne ressemblaient pas à celles de Noel...
Discordance pour un bled
Arrivés dans un bled
au nom inconnu
sans indication
et
qui ne figure sur aucune carte
routière
Carol & Lee ralentissent
dans l'avenue principale
couverte de terre rouge et de trous
d'obus
ils guettent le moindre signe de vie
alentour
Carol crie "Bande de tarés: Z'êtes ou?"
ils ne trouvent rien
que le vent frais qui balaie
la poussière et quelques branchages
en boule
dérivant au hasard
Lee propose de s'arrêter
d'entrer dans une banque
désaffectée d'y déposer un chèque
sans provision ou de braquer
le guichetier fantôme
et de repartir sur les
chapeaux de roue
comme si c'était vrai
Carol réajuste sa coiffure
dans le rétro réfléchit et propose
plutôt
qu'ils s'installent là
un bout de temps
qu'il y fondent une famille
et
qu'il redonnent un nom
à cette ville...
au nom inconnu
sans indication
et
qui ne figure sur aucune carte
routière
Carol & Lee ralentissent
dans l'avenue principale
couverte de terre rouge et de trous
d'obus
ils guettent le moindre signe de vie
alentour
Carol crie "Bande de tarés: Z'êtes ou?"
ils ne trouvent rien
que le vent frais qui balaie
la poussière et quelques branchages
en boule
dérivant au hasard
Lee propose de s'arrêter
d'entrer dans une banque
désaffectée d'y déposer un chèque
sans provision ou de braquer
le guichetier fantôme
et de repartir sur les
chapeaux de roue
comme si c'était vrai
Carol réajuste sa coiffure
dans le rétro réfléchit et propose
plutôt
qu'ils s'installent là
un bout de temps
qu'il y fondent une famille
et
qu'il redonnent un nom
à cette ville...
Les équilibres maladifs - sur fond d'impasse
Que faisons-nous
d'une route
d'une ligne
si nous n'y sommes
jamais complètement dedans
toujours un pas de côté
nous savons perdre
le temps
qu'il faut
et davantage
encore
il n'est pas plus précieux
qu'une valise au grenier
sur des poutres rongées
aurions-nous si tôt oublié
la beauté volatile de toutes
choses
le désir simple d'une histoire
sous un toit
et à n'espérer plus qu'un retour sur
nous-mêmes
sans trop savoir ou ça peut bien
mener
nous avons le vertige
et la force
des équilibres maladifs
d'une route
d'une ligne
si nous n'y sommes
jamais complètement dedans
toujours un pas de côté
nous savons perdre
le temps
qu'il faut
et davantage
encore
il n'est pas plus précieux
qu'une valise au grenier
sur des poutres rongées
aurions-nous si tôt oublié
la beauté volatile de toutes
choses
le désir simple d'une histoire
sous un toit
et à n'espérer plus qu'un retour sur
nous-mêmes
sans trop savoir ou ça peut bien
mener
nous avons le vertige
et la force
des équilibres maladifs
Au saut du lit
Le jour pas tout-à-fait
la nuit encore un peu
dormir d'un oeil
sans perdre l'autre
claquer une dent
une fesse un doigt
dresser secouer la queue l'oreille
le corps tout entier
et puis au
saut du lit
du bon pied
bien écraser le 3è
oeil
comme un cafard.
la nuit encore un peu
dormir d'un oeil
sans perdre l'autre
claquer une dent
une fesse un doigt
dresser secouer la queue l'oreille
le corps tout entier
et puis au
saut du lit
du bon pied
bien écraser le 3è
oeil
comme un cafard.
Scène de nuit
Une voiture freine brusquement
devant l'immeuble
le conducteur en sort
une arme à la main
il pointe vers une fenêtre éclairée
et fait feu
deux fois
la vitre se brise
il tire une troisième fois
et la balle part se loger
dans le mur
il va pour tirer une quatrième fois
quand à son tour il
subit la riposte d'en haut
la balle atteint son bras
gauche
il lâche son arme
tente de remonter dans sa voiture
mais une autre balle
se plante dans son
dos et une dernière siffle
sur le bitume
près du pneu de la portière avant
il s'écroule
quelques instants plus tard
et on se demande encore
s'il s'agit-là d'un film
trop prévisible
ou d'un fait divers.
devant l'immeuble
le conducteur en sort
une arme à la main
il pointe vers une fenêtre éclairée
et fait feu
deux fois
la vitre se brise
il tire une troisième fois
et la balle part se loger
dans le mur
il va pour tirer une quatrième fois
quand à son tour il
subit la riposte d'en haut
la balle atteint son bras
gauche
il lâche son arme
tente de remonter dans sa voiture
mais une autre balle
se plante dans son
dos et une dernière siffle
sur le bitume
près du pneu de la portière avant
il s'écroule
quelques instants plus tard
et on se demande encore
s'il s'agit-là d'un film
trop prévisible
ou d'un fait divers.
20 déc. 2009
Miam d'écriture
Il écrivit un poème sur une tranche
de pain
entre rillettes et cornichon
il le croqua d'un coup
sec
& il trouva que son poème avait
un petit quelque chose
en plus
vraiment
de pain
entre rillettes et cornichon
il le croqua d'un coup
sec
& il trouva que son poème avait
un petit quelque chose
en plus
vraiment
Non, ce n'est pas un futile motif de guerre
J'ai trouvé un poil de cul! j'ai trouvé un poil de cul !
s'exclama t'il
C'est le mien! Rends-le moi!
répondit l'autre
qui le pourchassa à travers
la ville
durant des heures
et des heures
et des heures
...
et c'est ainsi qu'à la veille de Noel
certains ne connurent ni la paix
ni la fraternité
à cause d'un poil de cul.
s'exclama t'il
C'est le mien! Rends-le moi!
répondit l'autre
qui le pourchassa à travers
la ville
durant des heures
et des heures
et des heures
...
et c'est ainsi qu'à la veille de Noel
certains ne connurent ni la paix
ni la fraternité
à cause d'un poil de cul.
La vieille dame s'est penchée
dans la rue à la recherche de je ne sais quoi
un vieil homme s'est proposé pour l'aider
il s'est penché à son tour
puis tout un tas de vieilles dames
& de vieux hommes s'est accroupi
à quatre pattes
arpentant le trottoir de long en large
à la recherche de je ne sais quoi
quand il s'est trouvé bientôt
enseveli
sous une épaisse couche
de neige
certains ont
pensé
que l'hiver avait eu raison
de ce je ne sais quoi
19 déc. 2009
la neige recouvre encore
partiellement les toits
de tuile rouge le soleil
est sorti de sa tanière
le vent s'est calmé
il fait pourtant bigrement froid
dans cet appartement mal
isolé j'ai des crevasses
de sang aux mains
comme si j'avais escaladé
l'Everest dans ma chambre
le facteur est descendu de
son vélo qu'il a posé contre
le mur il cherche le courrier
qui m'est destiné
j'attends qu'il sonne
il ne sonne pas qu'est-ce
que je vais bien pouvoir faire
à présent?
partiellement les toits
de tuile rouge le soleil
est sorti de sa tanière
le vent s'est calmé
il fait pourtant bigrement froid
dans cet appartement mal
isolé j'ai des crevasses
de sang aux mains
comme si j'avais escaladé
l'Everest dans ma chambre
le facteur est descendu de
son vélo qu'il a posé contre
le mur il cherche le courrier
qui m'est destiné
j'attends qu'il sonne
il ne sonne pas qu'est-ce
que je vais bien pouvoir faire
à présent?
18 déc. 2009
Sans rien ni personne
Je ne vais pas me chier dessus
se dit-il au moment d'ouvrir la
lettre
dont il sait la provenance
dont il sait ce que signifie
avec accusé de réception
il ferme les yeux et
il lui vient des visages radieux
sa femme & sa fille
des amis de toujours
des routes ensoleillées
des heures renversantes de
sensualité
des rires & des jeux
Je ne vais pas me chier dessus
se répète-t'il
et il déchire la lettre
en quantités de petits
morceaux asymétriques
qu'il jette dans la poubelle
du hall au milieu d'autres
détritus puants
En fait non rien de tout çeci
n'est vrai il a ouvert la lettre
l'a lue attentivement jusqu'à
cet accusé de réception
et il a ressenti un début de
panique à l'idée de perdre
petit-à-petit tout ce qu'il
a mis des années à bâtir
et de se retrouver sans rien ni
personne au
bout
du compte.
se dit-il au moment d'ouvrir la
lettre
dont il sait la provenance
dont il sait ce que signifie
avec accusé de réception
il ferme les yeux et
il lui vient des visages radieux
sa femme & sa fille
des amis de toujours
des routes ensoleillées
des heures renversantes de
sensualité
des rires & des jeux
Je ne vais pas me chier dessus
se répète-t'il
et il déchire la lettre
en quantités de petits
morceaux asymétriques
qu'il jette dans la poubelle
du hall au milieu d'autres
détritus puants
En fait non rien de tout çeci
n'est vrai il a ouvert la lettre
l'a lue attentivement jusqu'à
cet accusé de réception
et il a ressenti un début de
panique à l'idée de perdre
petit-à-petit tout ce qu'il
a mis des années à bâtir
et de se retrouver sans rien ni
personne au
bout
du compte.
A little story de neige d'amour et de bonnes moeurs
la neige tombée ces derniers temps
dans la région
n'a pas empêché Carol & Lee de dormir
& de faire l'amour
dans leur voiture stationnée pas loin de
la petite boutique
où Carol a bien envie de s'acheter
des fringues pour pas
trop cher
et quand ils ressortent de la voiture
chauffée embuée un flic leur dit que
c'est interdit
de faire
ce qu'ils font
et qu'il va devoir leur coller
une contravention
& une fois qu'il a le dos tourné
qu'il est loin maintenant
Lee déchire
de ses doigts gourds
le bout de papier posé
sur le
pare-brise gelé
en le traitant de gros
porc
& Carol de ses belles dents
blanches lui dit que c'est bon
on s'en fout
on va passer à autre chose
dans la région
n'a pas empêché Carol & Lee de dormir
& de faire l'amour
dans leur voiture stationnée pas loin de
la petite boutique
où Carol a bien envie de s'acheter
des fringues pour pas
trop cher
et quand ils ressortent de la voiture
chauffée embuée un flic leur dit que
c'est interdit
de faire
ce qu'ils font
et qu'il va devoir leur coller
une contravention
& une fois qu'il a le dos tourné
qu'il est loin maintenant
Lee déchire
de ses doigts gourds
le bout de papier posé
sur le
pare-brise gelé
en le traitant de gros
porc
& Carol de ses belles dents
blanches lui dit que c'est bon
on s'en fout
on va passer à autre chose
16 déc. 2009
Ca pourrait être une fleur en décomposition
gisant par terre
du linge que personne
ne lave
une éponge trouée
sous une pile
de vaisselle
une armoire bordélique
pleine de poussière
nous serions assis là devant
la fenêtre
l'un en face de l'autre
à terminer notre dîner
sans rien dire
et
ça pourrait être
la dernière
pierre à l'édifice
d'un monde
qui s'en irait
gisant par terre
du linge que personne
ne lave
une éponge trouée
sous une pile
de vaisselle
une armoire bordélique
pleine de poussière
nous serions assis là devant
la fenêtre
l'un en face de l'autre
à terminer notre dîner
sans rien dire
et
ça pourrait être
la dernière
pierre à l'édifice
d'un monde
qui s'en irait
11 déc. 2009
Rencontre 11 (de Hélène Dassavray)
J'ai croisé la femme faute de mieux
Elle trempait les doigts dans son whisky
Pour en sortir un glaçon
Et l'appliquer sur ses cernes
(Son site)
Elle trempait les doigts dans son whisky
Pour en sortir un glaçon
Et l'appliquer sur ses cernes
(Son site)
tu grimperas le long des murs
comme un ninja
avec une agilité
déconcertante
tu colleras des affiches
de rébellion antisociale
antimachin antitout
tu te battras à mains nues
avec le premier
trou du cul venu
pour défendre ton honneur
tes idées
ton territoire
ta virilité
tu passeras peut-être une nuit
ou deux au poste
et puis un soir
tu arroseras une
plante
dans un petit pot
en terre
tu regarderas la télé
un verre à la main
avant de t'assoupir
le vieux chat sur tes genoux
en te demandant si cette
femme
là
dans ton lit
est encore vivante
ou pas
au moins
jusqu'à demain matin
comme un ninja
avec une agilité
déconcertante
tu colleras des affiches
de rébellion antisociale
antimachin antitout
tu te battras à mains nues
avec le premier
trou du cul venu
pour défendre ton honneur
tes idées
ton territoire
ta virilité
tu passeras peut-être une nuit
ou deux au poste
et puis un soir
tu arroseras une
plante
dans un petit pot
en terre
tu regarderas la télé
un verre à la main
avant de t'assoupir
le vieux chat sur tes genoux
en te demandant si cette
femme
là
dans ton lit
est encore vivante
ou pas
au moins
jusqu'à demain matin
10 déc. 2009
Jeunes parents d'alors
dans la chambre d'à côté
elle tousse et ne parvient pas
à trouver le sommeil
malgré la présence de son
doudou
malgré nos baisers
nos paroles
apaisantes
Elle n'a pas de fièvre
mais nous ne savons pas
si le chauffage est
à la bonne température
s'il faut appeler un médecin
en urgence
s'il faut attendre demain
matin
&
malgré toute notre bonne
volonté
il suffit d'une équation
à plusieurs inconnues
pour perdre de
notre consistance
elle tousse et ne parvient pas
à trouver le sommeil
malgré la présence de son
doudou
malgré nos baisers
nos paroles
apaisantes
Elle n'a pas de fièvre
mais nous ne savons pas
si le chauffage est
à la bonne température
s'il faut appeler un médecin
en urgence
s'il faut attendre demain
matin
&
malgré toute notre bonne
volonté
il suffit d'une équation
à plusieurs inconnues
pour perdre de
notre consistance
J'habite une ville qui tient dans une boîte d'allumettes qu'on glisserait dans la poche d'un jean les nuits de peu les nuits oblongues
Une fois la boîte refermée les riverains sentent le soufre les prendre à la gorge Ils hurlent comme des fous furieux qu'on leur laisse voir la lumière respirer l'air frais qu'on les sépare qu'un mur se dresse entre eux quelques instants
Dans le fond de ma poche de jean, je n'entends rien de tout ceci
Je suis moi-même hasard vécu de fond en comble et traversé de rues sans queue ni tête
Une fois la boîte refermée les riverains sentent le soufre les prendre à la gorge Ils hurlent comme des fous furieux qu'on leur laisse voir la lumière respirer l'air frais qu'on les sépare qu'un mur se dresse entre eux quelques instants
Dans le fond de ma poche de jean, je n'entends rien de tout ceci
Je suis moi-même hasard vécu de fond en comble et traversé de rues sans queue ni tête
elle l'aborda un peu timidement
à la sortie du cinéma
et lui demanda s'il avait du feu
bien sûr qu'il avait du feu
il alluma sa cigarette
en s'y reprenant à plusieurs reprises
à cause du vent
qui soufflait fort
elle le remercia un peu timidement
il était avec deux amis
et un silence complice
établit le regret qu'il aurait
dû tenter
sa chance
au lieu de la laisser s'éloigner
puis
disparaître à tout jamais
dans la foule
des badauds
qui s'engouffrait vers le
métro
à la sortie du cinéma
et lui demanda s'il avait du feu
bien sûr qu'il avait du feu
il alluma sa cigarette
en s'y reprenant à plusieurs reprises
à cause du vent
qui soufflait fort
elle le remercia un peu timidement
il était avec deux amis
et un silence complice
établit le regret qu'il aurait
dû tenter
sa chance
au lieu de la laisser s'éloigner
puis
disparaître à tout jamais
dans la foule
des badauds
qui s'engouffrait vers le
métro
rapide & gras pour pas trop cher
le kebab ou on allait
parfois
le samedi soir
chercher à manger
rapide & gras
pour pas trop cher
est fermé par décision de justice
depuis une semaine
l'affichette officielle placardée
sur le rideau de fer
mentionne des contrôles d'hygiène
non concluants
ca explique sans doute
les problèmes de digestion
et de diarrhée
soudaine peut-être
que nos changements d'humeur
nos soubresauts de couple
ou nos soucis d'argent
viennent de là
également non ?
et même si ce sont des
conneries
j'aurais au moins
tenté de te faire
sourire
parfois
le samedi soir
chercher à manger
rapide & gras
pour pas trop cher
est fermé par décision de justice
depuis une semaine
l'affichette officielle placardée
sur le rideau de fer
mentionne des contrôles d'hygiène
non concluants
ca explique sans doute
les problèmes de digestion
et de diarrhée
soudaine peut-être
que nos changements d'humeur
nos soubresauts de couple
ou nos soucis d'argent
viennent de là
également non ?
et même si ce sont des
conneries
j'aurais au moins
tenté de te faire
sourire
9 déc. 2009
elle serait assise
en tailleur
porterait
un pull bleu marine
les yeux fermés
elle penserait
à faire le vide
n'y parvenant pas
elle rouvrirait les yeux
se lèverait toute engourdie
irait chercher au frigo
de quoi compenser
se sentant incapable d'arriver
à quoi que ce soit
elle tâcherait son pull
d'une sauce mayonnaise
de vomi de savon
avant de songer au suicide
ou bien à se tatouer
sur le bras gauche
un truc très moche
en tailleur
porterait
un pull bleu marine
les yeux fermés
elle penserait
à faire le vide
n'y parvenant pas
elle rouvrirait les yeux
se lèverait toute engourdie
irait chercher au frigo
de quoi compenser
se sentant incapable d'arriver
à quoi que ce soit
elle tâcherait son pull
d'une sauce mayonnaise
de vomi de savon
avant de songer au suicide
ou bien à se tatouer
sur le bras gauche
un truc très moche
depuis huit ans
la plupart
des gens qu'on croise
dans le quartier
nous semblent familiers
et on serait presque tenté
de les saluer chaleureusement
en se présentant
de leur offrir un verre
mais ils seraient capables
de nous prendre pour des
débiles profonds
tu crois pas?
des gens qu'on croise
dans le quartier
nous semblent familiers
et on serait presque tenté
de les saluer chaleureusement
en se présentant
de leur offrir un verre
mais ils seraient capables
de nous prendre pour des
débiles profonds
tu crois pas?
T'es pas seule sur le marché et alors?
Avec tout ce que tu sais faire
de tes dix doigts
culinaires
tu pourrais nous ouvrir un restaurant
familial
aux saveurs
variées
nom de dieu
je ferais le serveur
le caissier
l'hôte d'accueil
le publicitaire
le client satisfait
tout ce que tu voudras
mais par pitié
crois en toi
crois que tout ça
c'est possible finalement
et pas seulement
pour des raisons
d'argent
ok?
de tes dix doigts
culinaires
tu pourrais nous ouvrir un restaurant
familial
aux saveurs
variées
nom de dieu
je ferais le serveur
le caissier
l'hôte d'accueil
le publicitaire
le client satisfait
tout ce que tu voudras
mais par pitié
crois en toi
crois que tout ça
c'est possible finalement
et pas seulement
pour des raisons
d'argent
ok?
à la fenêtre ouverte, les asphyxies de l'intérieur
la route humide
la nuit tombée
les illuminations de Noel
le manège sur la place
la patrouille de police
ceux qui vont et viennent
le paquet de clopes
déchiré le
regard vide
et pas un mot
la route humide
les fenêtres éclairées
les voitures mal garées
les voix qui se répandent d'un coté
de l'autre
et pas un mot sur
cette angoisse qui
ronge ronge ronge
la nuit tombée
les illuminations de Noel
le manège sur la place
la patrouille de police
ceux qui vont et viennent
le paquet de clopes
déchiré le
regard vide
et pas un mot
la route humide
les fenêtres éclairées
les voitures mal garées
les voix qui se répandent d'un coté
de l'autre
et pas un mot sur
cette angoisse qui
ronge ronge ronge
Frozen thoughts
je me demande ce que tu penses
à cet instant
que la nuit dans
tes veines
forme un calque
de suie
tu me réponds
que tu ne penses à rien
et c'est comme en dehors de nous
qu'il y a l'ordre
et la chaleur
à prendre ou
à laisser
à cet instant
que la nuit dans
tes veines
forme un calque
de suie
tu me réponds
que tu ne penses à rien
et c'est comme en dehors de nous
qu'il y a l'ordre
et la chaleur
à prendre ou
à laisser
8 déc. 2009
d'ou provient le grondement incessant des cascades
Attendre
Hiberner c'est ce qu'ils font
sans doute quand
le lac est gelé
il nous faut rejoindre la route
principale et quitter les abords
pierreux sombres
déserts
de ces chemins glissants
je n'ai pas vu le moindre cerf
le moindre joggeur
rien de tout ça
à peine si je distingue
à travers le brouillard
la fumée d'une masure
d'une cabane d'un château
d'une chambre en location
ce n'est peut-être que le brouillard
encore
ses lacérations ses courbures
dans les arbres
décharnés
là juste devant nous
le panneau
"baignade interdite"
clouté sur une barrière en bois
je crois bien que je nous nous
sommes
perdus j'ai
froid tu as
peur
avec en arrière fond
le bruit lourd du moteur
empêtré
dans la neige
chaque seconde en ces
lieux
nous éloigne
du désir
d'ou provenait le grondement
incessant des cascades
sous un soleil de
plomb
Hiberner c'est ce qu'ils font
sans doute quand
le lac est gelé
il nous faut rejoindre la route
principale et quitter les abords
pierreux sombres
déserts
de ces chemins glissants
je n'ai pas vu le moindre cerf
le moindre joggeur
rien de tout ça
à peine si je distingue
à travers le brouillard
la fumée d'une masure
d'une cabane d'un château
d'une chambre en location
ce n'est peut-être que le brouillard
encore
ses lacérations ses courbures
dans les arbres
décharnés
là juste devant nous
le panneau
"baignade interdite"
clouté sur une barrière en bois
je crois bien que je nous nous
sommes
perdus j'ai
froid tu as
peur
avec en arrière fond
le bruit lourd du moteur
empêtré
dans la neige
chaque seconde en ces
lieux
nous éloigne
du désir
d'ou provenait le grondement
incessant des cascades
sous un soleil de
plomb
7 déc. 2009
3 déc. 2009
On the road 66
Le numéro 66 (Décembre 2009) de la revue Mauvaise Graine est en ligne ici : Mauvaise Graine /mgv2_66
Des textes en français et en anglais.
Pour la traduction, demander conseil à Walter R ou à Eric D ;-))
Au sommaire, par ordre d'apparition:
Henri Cachau (Illustrations), Alexandra Bouge, Flora Michèle Marin (Illustrations), James Owens, Norman J. Olson (Illustrations), Alex Galper, Morgan Riet, Lyn Lifshin, Colin James, Henri Cachau, Thierry Roquet, Sébastien Ayreault, Colin Robinson, Christopher Barnes, Jan Oskar Hansen, Norman J. Olson (Illustrations).
Des textes en français et en anglais.
Pour la traduction, demander conseil à Walter R ou à Eric D ;-))
Au sommaire, par ordre d'apparition:
Henri Cachau (Illustrations), Alexandra Bouge, Flora Michèle Marin (Illustrations), James Owens, Norman J. Olson (Illustrations), Alex Galper, Morgan Riet, Lyn Lifshin, Colin James, Henri Cachau, Thierry Roquet, Sébastien Ayreault, Colin Robinson, Christopher Barnes, Jan Oskar Hansen, Norman J. Olson (Illustrations).
30 nov. 2009
ce ne sont pas les doigts qui vont craquer
Le froid est vif et je peine
à me frayer une place dans le petit local
de l'accueil
surchauffé ou m'attendent
quatre collègues pour une série
de livraisons
au hangar 3 je les salue machinalement
je n'ai pas la tête
à soulever de la fonte ces putains de colis
comme la dernière fois
je n'ai pas la tête à supporter
leurs insinuations leurs questions
leurs regards leurs rapports
je vais d'abord me boire un café
brûlant à 35 centimes fumer
une clope dehors sous l'oeil des caméras
de surveillance je vais scruter le ciel
mes poches mon répertoire
de pensées
heureuses - il m'en reste
à écrire -
Je vous rejoints ensuite
je leur dis
je vais tâcher de résister
de tenir bon
de tenir la journée
de tenir mes huit heures
aux autres le combat la flamme
le qui plus est
le dernier mot
à me frayer une place dans le petit local
de l'accueil
surchauffé ou m'attendent
quatre collègues pour une série
de livraisons
au hangar 3 je les salue machinalement
je n'ai pas la tête
à soulever de la fonte ces putains de colis
comme la dernière fois
je n'ai pas la tête à supporter
leurs insinuations leurs questions
leurs regards leurs rapports
je vais d'abord me boire un café
brûlant à 35 centimes fumer
une clope dehors sous l'oeil des caméras
de surveillance je vais scruter le ciel
mes poches mon répertoire
de pensées
heureuses - il m'en reste
à écrire -
Je vous rejoints ensuite
je leur dis
je vais tâcher de résister
de tenir bon
de tenir la journée
de tenir mes huit heures
aux autres le combat la flamme
le qui plus est
le dernier mot
25 nov. 2009
cette jeune femme
a quelque chose
de singulier
se dit-il en la regardant
traverser la rue
quelque chose qui la distingue
vraiment des
autres
il sort tout juste
de la librairie
d'en face
avec un fameux bouquin
dans son sac
et c'est sans doute
à partir d'un détail
comme celui-là
que sont tissées
les sensations
aussi inattendues qu'elles
soient
les unes avec
les autres
a quelque chose
de singulier
se dit-il en la regardant
traverser la rue
quelque chose qui la distingue
vraiment des
autres
il sort tout juste
de la librairie
d'en face
avec un fameux bouquin
dans son sac
et c'est sans doute
à partir d'un détail
comme celui-là
que sont tissées
les sensations
aussi inattendues qu'elles
soient
les unes avec
les autres
il y a là le fast-food
la boulangerie
la librairie
un peu plus loin un
pressing
mais le pensionnat
pour filles
il ne voit pas
vraiment pas
alors la vieille femme
le remercie quand même
pour ces
informations
ce qu'était cette école
dans le temps
elle s'en souvient
il n'y avait ni fast-food
ni boulangerie
ni librairie
ni pressing
& ce n'est pas la
peine d'embêter
un inconnu
avec tout ça
la boulangerie
la librairie
un peu plus loin un
pressing
mais le pensionnat
pour filles
il ne voit pas
vraiment pas
alors la vieille femme
le remercie quand même
pour ces
informations
ce qu'était cette école
dans le temps
elle s'en souvient
il n'y avait ni fast-food
ni boulangerie
ni librairie
ni pressing
& ce n'est pas la
peine d'embêter
un inconnu
avec tout ça
sur un ton détaché en guise de contrepoids
c'est dans la salle de bains souvent
que nous discutons
entre deux clopes
l'un qui regarde ses poils blanc
dans le miroir
l'autre assise sur la cuvette à pousser
à chier
à pisser
elle me fait part de
ses angoisses
de son rendez-vous chez
son psy du fait qu'elle se
trouve grosse
me dit qu'elle a appelé
sa mère que sa soeur
et son frère vont nous filer de
l'argent pour terminer
la semaine
elle me demande ce que je veux
dîner ce soir demain
si la petite à terminé ses
devoirs rangé sa
chambre si je crois
qu'elle ressent tout ça
elle veut savoir aussi
comment je
me sens moi en ce
moment
& je ne trouve rien
d'autre
à lui répondre
qu'une petite blague
débile
pour détendre
l'atmosphère dans la
pièce enfumée
& je me dirai en moi-même
que ce n'était pas là
ce que je pouvais
faire de mieux
pour nous sortir
de l'étouffante
saison
au dessus de
nos têtes
que nous discutons
entre deux clopes
l'un qui regarde ses poils blanc
dans le miroir
l'autre assise sur la cuvette à pousser
à chier
à pisser
elle me fait part de
ses angoisses
de son rendez-vous chez
son psy du fait qu'elle se
trouve grosse
me dit qu'elle a appelé
sa mère que sa soeur
et son frère vont nous filer de
l'argent pour terminer
la semaine
elle me demande ce que je veux
dîner ce soir demain
si la petite à terminé ses
devoirs rangé sa
chambre si je crois
qu'elle ressent tout ça
elle veut savoir aussi
comment je
me sens moi en ce
moment
& je ne trouve rien
d'autre
à lui répondre
qu'une petite blague
débile
pour détendre
l'atmosphère dans la
pièce enfumée
& je me dirai en moi-même
que ce n'était pas là
ce que je pouvais
faire de mieux
pour nous sortir
de l'étouffante
saison
au dessus de
nos têtes
Promenoir urbain
nous sommes dans la vallée, nous sommes dans la vallée entre deux rues, l'une file vers le centre-ville, l'autre se perd dans les méandres d'autres rues, nous ne croisons personne, c'est une vallée ou il n'y a que toi, que moi, pas un arbuste, pas un oiseau
en profondeur de la vallée, à dix pas devant nous, un minuscule éclair de soleil-lune charrie d'un seul nuage une goutte de pluie et je ne sais si c'est le vent, je ne sais si c'est une caresse, ton souffle chaud, une parole sussurée, nous respirons un air si singulier, d'aucune saison, les frissons d'une présence, les particules d'un souvenir, les gestes assurés, l'attraction de l'ailleurs
nous sommes dans la vallée, nous remontons l'autre versant, à dix pas devant nous, dix pas sur le côté, nous montons vers la ville, déjà le brouhaha, déjà les bruits autour, les bruits reprennent le dessus, nous marchons la laideur, nous marchons droit devant, nous devenons la ville, quand d'un commun accord, quand cesse l'invention, notre folie, on ne se sent plus la douceur d'être là, à l'écart, traversés d'un grand vide
en profondeur de la vallée, à dix pas devant nous, un minuscule éclair de soleil-lune charrie d'un seul nuage une goutte de pluie et je ne sais si c'est le vent, je ne sais si c'est une caresse, ton souffle chaud, une parole sussurée, nous respirons un air si singulier, d'aucune saison, les frissons d'une présence, les particules d'un souvenir, les gestes assurés, l'attraction de l'ailleurs
nous sommes dans la vallée, nous remontons l'autre versant, à dix pas devant nous, dix pas sur le côté, nous montons vers la ville, déjà le brouhaha, déjà les bruits autour, les bruits reprennent le dessus, nous marchons la laideur, nous marchons droit devant, nous devenons la ville, quand d'un commun accord, quand cesse l'invention, notre folie, on ne se sent plus la douceur d'être là, à l'écart, traversés d'un grand vide
Esquisse d'un pas de suie
je me parle en moi-même, les mots je les écoute, les mots je les entends, ils ont un sens, les mots, je me parle à moi-même, je me dis tu, je me dis je, je me dis tu plus fréquemment, je me parle par souci de dialogue, je me parle à toi-même, ce ne sont pas toujours des phrases, je les termine tes phrases, je te connais, je te saisis au vol, je te parle en mon nom, j'utilise les mêmes mots, je vois les mêmes images, tu les fais surgir avant moi, je sens les mêmes angoisses, tu leur fournis un cadre plus authentique, avec plus de netteté, pour que ça ait un sens, pour que je me comprenne, je me parle en moi-même, je suis d'accord, je me contredis, je m'engueule, tu m'engueules, je m'en veux, je m'énerve, je me calme en moi-même, je me parle de tout, de ma vie, de mes vices, tu me parles, je ne retiens pas tout, je chuchote même de peur qu'on nous entende, qu'on me surprenne de l'extérieur, je t'interromps une fois que tout est dit, une fois que cesse cet entre nous en moi-même, je ne situe pas toujours bien la frontière, le double champs, le corps de l'un, le mal miroir de l'autre, je me parle en moi-même, tu peux être ma conscience, ma vision, ma torpeur et tu peux disparaître, partir comme ça, des heures durant, des heures durant sans rien entendre venant de toi.
24 nov. 2009
Au milieu de la nuit, je fus réveillé par les ronflements d'une femme. Je lui donnai des coups, de plus en plus violents, pour qu'elle cesse son vacarme infernal. Elle gromela des sortes d'insultes et se réveilla. Je lui demandai ce qu'elle faisait là dans mon lit. Elle trouva ma question complètement saugrenue et me la retourna. N'ayant pas de réponse à lui fournir, je me levai pour aller pisser. Par la fenêtre, la nuit était splendide, étoilée, calme. A mon retour dans le lit, je vis une contravention posée sur l'oreiller: La date de validité de mon ticket venait de passer. Je quittai tristement, mais sans heurts, la chambre, l'appartement, l'immeuble et me retrouvai dehors, sans trop savoir ou reposer mon corps, vêtu seulement d'un slip et d'une paire de chaussons à moitié troués.
23 nov. 2009
J'ai récemment vu un reportage sur la chaîne Histoire "les français dans la grande guerre" et ce qui m'a le plus marqué, le plus ému, c'est la réadaptation impossible de ceux qui s'en sont sortis vivants mais pas indemnes.
A les voir trembler de tous leurs muscles, incapables de maîtriser leurs corps, incapables de dire quoi que ce soit, les yeux perdus dans une fixation abyssale de souffrances et de visions cauchemardesques, pris de spasmes violents, interminables, à les voir ainsi enfermés dans des établissements spécialisés comme on disait alors, pour le restant de leur vie, eux qui avaient eu la chance, le hasard, de survivre à l'impitoyable boucherie... eux que leurs supérieurs hiérarchiques avaient pris pour des dégonflés, des truqueurs...
A les voir trembler de tous leurs muscles, incapables de maîtriser leurs corps, incapables de dire quoi que ce soit, les yeux perdus dans une fixation abyssale de souffrances et de visions cauchemardesques, pris de spasmes violents, interminables, à les voir ainsi enfermés dans des établissements spécialisés comme on disait alors, pour le restant de leur vie, eux qui avaient eu la chance, le hasard, de survivre à l'impitoyable boucherie... eux que leurs supérieurs hiérarchiques avaient pris pour des dégonflés, des truqueurs...
quand vient l'heure de la promenade
il n'y a pas de promenade ici
quand vient l'heure du repas
un seul repas par jour ici
quand vient l'heure des visites
quand vient l'heure des visites
personne ne sait que vous êtes ici
quand viendra le jour de sortir
il sera trop tard ...dans sa cellule quatre murs froids un lit trop dur une table une chaise le règlement rien pour se pendre
une toute petite fenêtre
il tourne en rond en large et en travers parle tout seul donne un coup de pied dans le crachoirou est passée la lune?
.
à travers le judas le médecin l'observe
il prend des notes régulièrement
Tout ce qu'il demande (de Thomas Vinau)
Il n’a ni conviction
Ni foi
Sa vie est aussi banale
Que celle de tous les autres
Il n’a pas parcouru la planète
Il ne s’est pas battu
Il n’a pas cherché d’or
Et il se fout autant de devenir riche
Que de changer le monde
Il ne veut pas grand-chose
Tout ce qu’il demande
Est minuscule
La faire rire malgré la fatigue
Voir ces chameaux incongrus au bord de la nationale
Ecouter Bob Marley dans sa voiture
Faire un feu le soir en rentrant
Voir la lumière entrer par la vitre de la cuisine
Lire en fumant
Ou surprendre les crocus qui percent la terre gelée
Tout ce qu’il demande
Est minuscule
Ça doit bien être possible
Non ?
Ni foi
Sa vie est aussi banale
Que celle de tous les autres
Il n’a pas parcouru la planète
Il ne s’est pas battu
Il n’a pas cherché d’or
Et il se fout autant de devenir riche
Que de changer le monde
Il ne veut pas grand-chose
Tout ce qu’il demande
Est minuscule
La faire rire malgré la fatigue
Voir ces chameaux incongrus au bord de la nationale
Ecouter Bob Marley dans sa voiture
Faire un feu le soir en rentrant
Voir la lumière entrer par la vitre de la cuisine
Lire en fumant
Ou surprendre les crocus qui percent la terre gelée
Tout ce qu’il demande
Est minuscule
Ça doit bien être possible
Non ?
Son petit musée
Reprise du travail ajournée
Je ne me suis pas présenté
ce matin
devant la grille
de l'entrepôt
ZI Route de M. Chemin A34
et je n'ai pas prévenu
et j'aurais dû prévenir
et je suis en tort ok
et je n'en avais pas envie
parce qu'il y a mieux
parce que j'ai l'intime
conviction le lubrifiant
espoir le supervivant
phantasme
de
tirer les bons
numéros
qui nous sortiraient
d'affaire
une bonne fois pour
toutes.
Martha qu'elle s'appelait
ce n'est pas la chanson de
Tom Waits
c'est elle qui lui tenait
compagnie
sur le banc
entre deux bouteilles
entre les pigeons
le long des murs
les boutiques les lumières
sa silhouette
penche vers le sol
humide
parfois titube et tousse
il va comme tous les
autres
d'un point vers un
autre jusqu'à ce qu'il
n'en puisse plus
il en croise des silhouettes
sans visage
sans ombre
sans écho
il a envie d'un bon bain
chaud
l'eau le savon la friction
le repos mais la tendresse
qu'en ferait-il
agressif, agressé
il se cherche un abri
d'un carton
d'un hall et pisser n'importe
ou
ça fait mal
la nuit interminable
c'est pour bientôt
ce n'est pas la chanson de
Tom Waits
c'est elle qui lui tenait
compagnie
sur le banc
entre deux bouteilles
entre les pigeons
le long des murs
les boutiques les lumières
sa silhouette
penche vers le sol
humide
parfois titube et tousse
il va comme tous les
autres
d'un point vers un
autre jusqu'à ce qu'il
n'en puisse plus
il en croise des silhouettes
sans visage
sans ombre
sans écho
il a envie d'un bon bain
chaud
l'eau le savon la friction
le repos mais la tendresse
qu'en ferait-il
agressif, agressé
il se cherche un abri
d'un carton
d'un hall et pisser n'importe
ou
ça fait mal
la nuit interminable
c'est pour bientôt
22 nov. 2009
un fil distendu
perdue
dans ses pensées
elle demande sa route
et là ou elle se trouve
elle demande sa route
et là ou elle se trouve
il
n'en est plus que
des mauvaises
des mauvaises
le manque de...
la fragilité
peut n'être qu'apparence
il est rare
de nous voir
tomber
comme des mouches
sans rien dire
sans nous défendre
sauf à être
déjà
au bout du
rouleau
allongé à côté d'elle dans le lit
depuis quelques minutes
il se penche
essuie
caresse son visage
trempé de sueur
et de fièvre
l'embrasse
lui glisse un petit mot
à l'oreille
...
De la monotonie des jours
nous n'avons pas tiré
grand-chose tant qu'elle semblait
devoir vaincre
à jamais
le solde de nos
appréhensions et nous éteindre
à nous-mêmes et nous éteindre...
Ce n'est plus le cas
je pense
depuis quelques minutes
il se penche
essuie
caresse son visage
trempé de sueur
et de fièvre
l'embrasse
lui glisse un petit mot
à l'oreille
...
De la monotonie des jours
nous n'avons pas tiré
grand-chose tant qu'elle semblait
devoir vaincre
à jamais
le solde de nos
appréhensions et nous éteindre
à nous-mêmes et nous éteindre...
Ce n'est plus le cas
je pense
20 nov. 2009
19 nov. 2009
Elle & lui & moi autour d'un feu de bois
il habite là depuis trente ans
c'est ce qu'il me dit
autour du feu de bois
qui crépite d'étincelles
il habite là
parce qu'il s'y sent bien
sa femme nous rejoint
en chemise de nuit froissée
transparente lointaine
et fatiguée
elle se sert une brochette d'agneau
une bonne rasade de vin rouge
la brochette est
un peu carbonisée elle souffle dessus
ses yeux fixes brillent est-ce la vie
est-ce tout autre chose
il s'y sent bien il y a des lacs
des étangs des rivières plein de poiscaille
tout autour
c'est l'idéal pour aller pêcher
on ira demain matin si tu veux
il ajoute qu'on y partira de bonne heure
avant le lever du soleil sur
un petit bateau qu'il a construit
lui-même en 1985 ça le fait sourire
je dis ok et je souris aussi par politesse
alors comme ça tu écris des textes
qu'il me demande
je fais oui de la tête j'essaie
en tout cas
il répond qu'il n'a plus envie
d'écrire depuis longtemps
qu'il préfère pêcher
maintenant m'adresse un clin d'oeil
appuyé que je ne saisis pas bien
je regarde sa femme
un peu gêné elle ne porte
rien sous sa chemise
de nuit ses ombres de seins
tombent jusqu'au sol
et ne dit rien depuis le
début elle me regarde à son tour
mâche la viande se sert
un autre gobelet de vin rouge
se lève s'éclipse vers le chalet
en bois referme la porte bruyamment
s'ensuit un long très long silence
hors les bruits de la nuit
ça fait trente ans que c'est
comme ça soupire t'il à me tirer
de ma torpeur
trente ans qu'elle n'a pas dit
un mot mais ça ne me dérange pas
je me sens bien ici t'as vu
comme c'est beau tout autour
la ville c'est loin très loin
on ira à la pêche demain matin
si tu veux de la truite tout ce que tu veux
je l'ai construit en 85
ce rafiot c'est du costaud
on partira de bonne heure tu
veux une autre brochette?
un autre verre? tu sais que
ma femme aime beaucoup lire
elle lit tout le temps la journée
le soir alors comme ça tu écris
des textes toi aussi ça va
lui plaire je pense et puis
moi je vous regarderai
mais t'inquiète pas hein
je me ferai tout petit
si ça te dérange pas
bien sûr j'ai l'habitude de
me fondre dans la nature ici
c'est ce qu'il me dit
autour du feu de bois
qui crépite d'étincelles
il habite là
parce qu'il s'y sent bien
sa femme nous rejoint
en chemise de nuit froissée
transparente lointaine
et fatiguée
elle se sert une brochette d'agneau
une bonne rasade de vin rouge
la brochette est
un peu carbonisée elle souffle dessus
ses yeux fixes brillent est-ce la vie
est-ce tout autre chose
il s'y sent bien il y a des lacs
des étangs des rivières plein de poiscaille
tout autour
c'est l'idéal pour aller pêcher
on ira demain matin si tu veux
il ajoute qu'on y partira de bonne heure
avant le lever du soleil sur
un petit bateau qu'il a construit
lui-même en 1985 ça le fait sourire
je dis ok et je souris aussi par politesse
alors comme ça tu écris des textes
qu'il me demande
je fais oui de la tête j'essaie
en tout cas
il répond qu'il n'a plus envie
d'écrire depuis longtemps
qu'il préfère pêcher
maintenant m'adresse un clin d'oeil
appuyé que je ne saisis pas bien
je regarde sa femme
un peu gêné elle ne porte
rien sous sa chemise
de nuit ses ombres de seins
tombent jusqu'au sol
et ne dit rien depuis le
début elle me regarde à son tour
mâche la viande se sert
un autre gobelet de vin rouge
se lève s'éclipse vers le chalet
en bois referme la porte bruyamment
s'ensuit un long très long silence
hors les bruits de la nuit
ça fait trente ans que c'est
comme ça soupire t'il à me tirer
de ma torpeur
trente ans qu'elle n'a pas dit
un mot mais ça ne me dérange pas
je me sens bien ici t'as vu
comme c'est beau tout autour
la ville c'est loin très loin
on ira à la pêche demain matin
si tu veux de la truite tout ce que tu veux
je l'ai construit en 85
ce rafiot c'est du costaud
on partira de bonne heure tu
veux une autre brochette?
un autre verre? tu sais que
ma femme aime beaucoup lire
elle lit tout le temps la journée
le soir alors comme ça tu écris
des textes toi aussi ça va
lui plaire je pense et puis
moi je vous regarderai
mais t'inquiète pas hein
je me ferai tout petit
si ça te dérange pas
bien sûr j'ai l'habitude de
me fondre dans la nature ici
Stephen Dixon (1936)
Elaine et Vincent ont baisé
une partie de la fin d'après-midi
à l'étage
puis se sont endormis
une petite heure
dans cette minuscule chambre d'hôtel
qui pue le renfermé
la sueur
l'odeur du sexe
la leur et celle
des autres qui sont passés
avant tu peux ouvrir la fenêtre?
demande Elaine qui regarde
l'heure
remet vite fait
sa petite culotte rouge
son jean délavé
réajuste sa coiffure
fait tomber
la lampe de chevet
Vincent à poil se lève
traîne les pieds
je peux pas elle est coincée
sur le rebord de la fenêtre
un pigeon roucoule
apeuré
s'apprête à reprendre son
gras envol
d'un rebord à un
autre et c'est un
peu ce que semble signifier
Elaine à Vincent en l'éloignant
tout net
ses mains ses caresses
ses baisers son érection
sa jeunesse sans culpabilité
je vais rentrer chez moi maintenant
une partie de la fin d'après-midi
à l'étage
puis se sont endormis
une petite heure
dans cette minuscule chambre d'hôtel
qui pue le renfermé
la sueur
l'odeur du sexe
la leur et celle
des autres qui sont passés
avant tu peux ouvrir la fenêtre?
demande Elaine qui regarde
l'heure
remet vite fait
sa petite culotte rouge
son jean délavé
réajuste sa coiffure
fait tomber
la lampe de chevet
Vincent à poil se lève
traîne les pieds
je peux pas elle est coincée
sur le rebord de la fenêtre
un pigeon roucoule
apeuré
s'apprête à reprendre son
gras envol
d'un rebord à un
autre et c'est un
peu ce que semble signifier
Elaine à Vincent en l'éloignant
tout net
ses mains ses caresses
ses baisers son érection
sa jeunesse sans culpabilité
je vais rentrer chez moi maintenant
il a distribué un tract politique
dans la rue toute la journée
avec le sourire avec sa fougue
un truc sur le nouvel
asservissement
des salariés dans les
entreprises du 21è siècle
quand ses acolytes y ont mis
bien plus d'acharnement de hargne
mais ce sont des vieux de
la vieille
tandis que lui
c'est la première fois qu'il s'y colle
et quand il rentre le soir
la voix un peu cassée les pieds fourbus
il a le sentiment d'avoir fait
quelque chose d'important
quelque chose qui le sorte
un peu de son nombril
qui le concerne enfin
et ça va l'inciter
à terminer
de lire au plus vite
la technique du coup
d'état
de Malaparte le Kapital
de Marx & Engels
et d'autres bouquins
dans le même genre
parce que
si le sang
devait couler un jour
il aimerait
que ce soit
en toute connaissance
de cause
dans la rue toute la journée
avec le sourire avec sa fougue
un truc sur le nouvel
asservissement
des salariés dans les
entreprises du 21è siècle
quand ses acolytes y ont mis
bien plus d'acharnement de hargne
mais ce sont des vieux de
la vieille
tandis que lui
c'est la première fois qu'il s'y colle
et quand il rentre le soir
la voix un peu cassée les pieds fourbus
il a le sentiment d'avoir fait
quelque chose d'important
quelque chose qui le sorte
un peu de son nombril
qui le concerne enfin
et ça va l'inciter
à terminer
de lire au plus vite
la technique du coup
d'état
de Malaparte le Kapital
de Marx & Engels
et d'autres bouquins
dans le même genre
parce que
si le sang
devait couler un jour
il aimerait
que ce soit
en toute connaissance
de cause
Elise tient la main de son nouvel
ami ils ont l'air amoureux
je marche derrière j'écoute vaguement
Nico à mes côtés
me parler de la qualification
laborieuse imméritée presque
de l'équipe de France hein? j'acquiesce
huum huum Elise nous a présenté
son nouvel ami au bar
Le Ruisseau dans un quartier
friqué
ou nous avons bu des
bières des cafés
mangé un sandwich une salade
Elise n'a pas mangé grand-chose
c'est son habitude elle a tenté d'animer
la conversation pour éloigner la gêne
visible les sourires coincés du début
à la fin on peut pas dire qu'il y avait de
la tension non c'était une présence forcée
même Nico faisait son timide
on essayait de faire bonne impression
devant cet artiste cultivé et à l'aura
que nous n'avons pas
moi j'ai sorti des trucs plus
ou moins cons quand j'y repense
on se dirige vers le bowling tous les
quatre Nico crache par terre
des morceaux
de son tabac à rouler il continue
sur l'arbitrage l'argent dans le foot
il demande au nouvel ami
d'Elise s'il est d'accord avec lui
laisse-le tranquille avec ça je fais
Elise se
retourne avec ce beau sourire
à la fois
tendre et triste
je saurais pas
dire pourquoi mais c'est une
impression tenace
qu'avec son nouvel ami
ça le fera pas
et je sais que ça l'énerve
mes à-priori et
mon côté un peu paternaliste
elle se renfrogne me vanne gentiment
on rentre dans
le bowling blindé de monde
on verra bien semble t'elle
dire
ami ils ont l'air amoureux
je marche derrière j'écoute vaguement
Nico à mes côtés
me parler de la qualification
laborieuse imméritée presque
de l'équipe de France hein? j'acquiesce
huum huum Elise nous a présenté
son nouvel ami au bar
Le Ruisseau dans un quartier
friqué
ou nous avons bu des
bières des cafés
mangé un sandwich une salade
Elise n'a pas mangé grand-chose
c'est son habitude elle a tenté d'animer
la conversation pour éloigner la gêne
visible les sourires coincés du début
à la fin on peut pas dire qu'il y avait de
la tension non c'était une présence forcée
même Nico faisait son timide
on essayait de faire bonne impression
devant cet artiste cultivé et à l'aura
que nous n'avons pas
moi j'ai sorti des trucs plus
ou moins cons quand j'y repense
on se dirige vers le bowling tous les
quatre Nico crache par terre
des morceaux
de son tabac à rouler il continue
sur l'arbitrage l'argent dans le foot
il demande au nouvel ami
d'Elise s'il est d'accord avec lui
laisse-le tranquille avec ça je fais
Elise se
retourne avec ce beau sourire
à la fois
tendre et triste
je saurais pas
dire pourquoi mais c'est une
impression tenace
qu'avec son nouvel ami
ça le fera pas
et je sais que ça l'énerve
mes à-priori et
mon côté un peu paternaliste
elle se renfrogne me vanne gentiment
on rentre dans
le bowling blindé de monde
on verra bien semble t'elle
dire
18 nov. 2009
Inscription à :
Articles (Atom)