26 févr. 2010

La BMD 14

La Belle-mère Dure, quatorzième du nom, est parue bien poilue (dixit Eric). Je rajouterais qu'elle est même fort bien couillue ;-))

Au sommaire : Éric Dejaeger, John F. Ellyton, Théophile de Giraud, Martine Lequenne, le Dr Lichic, Fabrice Marzuolo, Jean-Philippe Querton, Thierry Roquet et Alain Sagault.


Enjoy ici : http://lbmdure.canalblog.com/

Et n'oubliez point la lecture jubilatoire des précédents numéros.

24 févr. 2010

pas davantage

J’ai sur le bout
de la langue
un truc longuement germé
quelques mots
deux ou trois syllabes
qui ne sortent
pas
et j’aimerais pouvoir
les cracher
sur la table
n’importe ou
devant tes yeux
que ça prenne forme
avec le temps
que ça te donne
envie
d’en savoir davantage
je n’en demande pas
plus.
Je
perds la notion
du temps
je perds
l'envie
de voir
du monde
je perds
de vue
qu'il y
a peut-être
un soleil
enfoui
sous
les décombres
Les âmes
écorchées
se soignent
avec
des sparadraps
qui ne collent
pas
Quand elles
se mettent
à nu
dans l'intimité
il y a
comme
une chambre
de tortures
installée

dans le petit
confort
ambiant

Comme si

Il est possible
que dieu
soit planqué
juste
derrière
la porte
Il est possible aussi
que dieu soit
devant la grande
surface
comme un vigile
rigide
Ou qu'il soit
sous
mes pas
au dessus de
ma tête
ou dans mon
esprit
alors
le mieux à faire
pour l'instant
est de continuer
d’avancer
comme si
de rien n’était

Dans une boîte

il a peur
de terminer
sa vie tout seul
de vivre dans le noir
absolu
sans l'espoir
d'une fenêtre
de confronter
son quotidien
tranquille
à ses petits
démons
récurrents
il a peur
de n’en avoir
jamais
fini
avec l'impossible
consolation
du temps
qui passe
dans une boîte
de conserve
mal
refermée
il a peur
de ses petits
riens
qui font
une litanie
infernale
tout simplement

22 févr. 2010

Une revue Hozanesque pour plaisir plein

hard boiled incipit

(Merci à Thom V. d'avoir diffusé le lien sur son blog).

Le Microbes 58 est arrivé




Au sommaire de ce fort bon crû spécial femmes :Pascale Arguedas, Alexandra Bouge, Florence Boutet, Nilda Cepero, Hélène Dassavray, Anna de Sandre, Mireille Disdero, co errante, Cathy Garcia, Isabelle Herbert, Virginie Holaind, Jany Pineau, Nancy Quadflieg, Marlène Tissot, Anaïs Valente, Jasmine Viguier. Les illustrations sont de Martine Zimmer.




Le 24ème mi(ni)crobe, Les oreilles de Charles Bukowski, absolument excellent, de Hervé Merlot accompagne le 58è rugissant viral.

15 févr. 2010

Hors saison in the train

Il faisait vache de
chaud
sur le quai
quand le train s'est
arrêté
j'ai foncé pas
de clim
me suis trouvé un coin
fenêtre tout
libre
en diagonale
une femme
débardeur longue
jupe
elle abaisse le
haut
no soutif remonte
le bas
no culotte
je change
de compartiment
zéro assume

13 févr. 2010

Son premier roman





Elle a douze ans, vit à Malakoff et vient d'achever son 1er roman de 65 pages (écriture et impression reliée en format revue).
L'histoire se déroule dans une école...
Pas de diffusion publique. Juste pour info ;-))


12 févr. 2010

Ligne de conduite (Marlène Tissot)

Elle s’était fixé une ligne de conduite
et elle comptait bien ne pas en dévier
la suivre jusqu’au bout
coûte que coûte
avec la détermination
d’un chien flairant une piste
la rage d’un junkie sniffant
son dernier rail de coke

Gymnaste improvisé

Je vais
tracer une ligne
horizontale
une ligne
imaginaire
entre les hauts et
les bas de la vie
m'y tenir
le plus longuement
possible:
les mains fermement
accrochées dessus,
le corps tournant
sur lui-même
comme un gymnaste
improvisé
au dessus des vides.
Celui du haut.
Comme celui du bas.

La route qui mène là ou il ne savait pas qu'il irait et ou il est allé quand même parce que c'est comme ça

Il traversa donc l'Atlantique (à moitié)
sur une chaise pliante.

Il dériva d'abord lentement le long
des côtes bretonnes.

A cause de vagues en furie
qui le ramenaient sans cesse
vers le rivage.

Il lui fallut battre ses mains
dans l'eau
contre les courants
comme un forcené
jusqu'à la limite de ses forces
pour rejoindre le Centre de l'Océan.


épuisé grillé sans voix amaigri affamé
désséché méconnaissable défiguré
mais,
au calme,
il reprit son souffle.

Il jeta un oeil vers l'Amérique
L'autre vers la côte bretonne
Il jeta un oeil vers l'Amérique
L'autre vers la côte bretonne.

Puis il se mit à contempler
le Centre de l'Océan

assis sur sa chaise pliante.
Au calme.
Entre deux vaguelettes.

C'est là que je vais m'installer!
hurla t'il à qui voulait l'entendre.
Là.

Pour une broutille de plus

Le père
regard froid
inflexible
main levée
ses principes
la mère
sans autre conviction
médiatrice un peu
à l'écart surtout
apeurée
pas son rôle
et lui au milieu de tout ça
ne sachant s'il faut en rire
ou en pleurer
s'excuse (par habitude)
aimerait retourner dans
sa chambre
avec ses jouets.

Ca marche pas comme ça, hein

Pour éviter
de voir les emmerdes en face
il leur tourne le dos
faisant claquer ses talons
sur le sol
à la manière d'un cow-boy
venu de nulle part
faire la
peau
aux plus lâches salauds
dans un happy end.

Manque d'énergie

Le médecin lui a prescrit
un traitement
d'une semaine sur prise secteur.
C'est pour ça qu'il éclaire
la nuit
maintenant
un peu comme une lampe
halogène ou
un ver luisant.
Parti à la recherche
de lui-même
il est allé
sonner à toutes les portes
du voisinnage
allant meme jusqu'à glisser
une petite annonce
dans un journal local.
En attendant
des pistes éventuelles
il se concentre
sur sa mémoire
pour refaire le chemin
à rebours
& tenter de comprendre
ce qui a bien pu
se passer.

11 févr. 2010

La machine à laver

Il est là assis
devant
assis
à fixer la machine à laver
à suivre des yeux
le tambour de la machine à laver
qui tourne
qui tourne
qui tourne
et impossible de lui arracher
un mot
une réponse
impossible de le faire décoller de là
il est comme aspiré
par ce moteur
qui tourne
qui tourne
qui tourne
et quand cesse enfin
le cycle de lavage
d'essorage
après deux heures
il met du temps
avant de reprendre ses esprits
Puis il me dit tout simplement:
"ça y est maintenant, je suis complètement propre".

Dormir, longtemps

N'a envie de rien, simplement dormir. Prendre sa dose de tranquillisants et dormir. Longtemps. Toute la nuit, et puis la journée suivante. Et ainsi de suite. Ce serait bien si je ne me réveillais plus jamais dit-elle. Que répondre à ça? Ca fait belle lurette qu'il se sent dépassé, impuissant.
Elle a pleuré. De violents spasmes, des larmes libératrices sur l'instant. D'un trop plein qui devait sortir. De toutes ces émotions qui l'obstruent. Des voix qui la rendent dingue. Des souvenirs en pagaille. En désordre. A pleuré après sa journée de travail parce qu'à force de faire semblant d'aller normalement, elle a craqué. J'en ai marre, j'en ai marre. Qu'elle lui répète, en sanglots. L' a prise dans ses bras. A fait ce qu'il a pu. Ca fait belle lurette qu'il se sent dépassé, impuissant. On ne soigne pas avec quelques caresses dans les cheveux, quelques baisers tendres, quelques mots de réconfort. C'est mieux que rien: mais. Tout, tout, tout est prétexte à l'angoisse. Absolument tout. Les yeux cernés, creusés d'un goudron déchiqueté qui noircit l'ovale beauté de son visage presqu'enfantin et lui donne un air complètement ahuri. La femme absente, la femme survie. Désorientée. De ne pas savoir, de mal savoir, de trop savoir. S'en est allée se coucher. Dans le lit. Sous les draps, vite fait. Mais ailleurs. Partie ailleurs, venue d'ailleurs. Un squelette sorti de son trou par erreur. Ce serait bien si je ne me réveillais plus jamais. N'a envie de rien, simplement dormir. Longtemps. Dans cette chambre. Sa phrase y résonne encore.
J'ai toujours
l'angoisse qu'il lui arrive
quelque chose
sur le chemin de l'école
Aussi quand je l'entends
sonner à midi
pour rentrer déjeuner
avec moi
à l'appart
je ne le lui montre pas
mais
c'est déjà comme un énorme
soulagement.

Chauffage, chauffage

Du toit de l'une
des maisons en face
expire grassement
une fumée balayée
par un vent sec & glacial
en direction de ma fenêtre
(là ou je me poste chaque jour quelques minutes)
et vue l'épaisseur de la fumée
on peut se demander
si ces gens-là ont froid
tout simplement
ou s'ils font brûler
d'imprudents inconnus
après les avoir dépouillés...
Elle a trouvé
le sommeil
en suivant
la rivière
ou flotte
un rêve de légèreté
entre deux rives
inconnues.
Paisible,
je l'espère.



L'herbe est rase comme un père soucieux de son apparence avant une cérémonie. Le jardin rejoint la route à l'endroit ou il a garé sa vieille Mercedes la dernière fois. Et tu sais très bien, n'est-ce-pas, qu'il ne reviendra pas de sitôt, même si tu continues d'espérer un signe à l'autre bout de l'horizon.

10 févr. 2010

Entre nous soit dit (Près du Hall C)

Ponctuel, et même un peu en avance.
Je ne parle pas à grand monde
Je peine à m'intégrer
c'est une habitude.
Les journées suivantes
ne m'ont pas permis
de considérer ma vie
sous un angle vraiment neuf.
Je tente de reproduire au mieux
les gestes
qu'on m'a appris
pour m'imprégner en efficacité
comme dit l'imposant contremaître
venu nous rendre une visite
de contrôle à l'improviste.
Je me fais tout petit
c'est la meilleure approche
pour ne pas passer pour un
j'm'en foutiste proche de partir
comme j'ai pu faire ailleurs parfois.
La seule chose peut-être
c'est que jamais je ne me serais
imaginé à supporter les odeurs
de poissson mort
à longueur de journée.
Alors oui, je m'imprègne j'aurais pu
lui répondre au lieu d'un sourire gêné.
Farid un jeune collègue
vient me proposer une clope
on se parle de foot du boulot
et de la nuit qui dure
au dessus de nous.
Il est encore très tôt mais
avec la caféine et la nicotine
à forte dose déjà
dans le sang
je peux sentir comme
une sorte de tonus
qui me trimballe
d'un endroit à l'autre
et me fait oublier
quelques instants
à quel point
j'ai surtout besoin d'argent à
la fin.

Expressions & Proverbes (1)

On a toujours besoin d'un plus petit que soi
pour lui taper dessus, c'est évident.

Les chiens aboient, la caravane passe
sur le vieil homme allongé dans son champ.

Parler pour ne rien dire
si ne rien dire en fait se taire plus d'un.

Mettre la charrue avant les boeufs,
planter la terre dans les légumes.

L'homme est un loup pour l'homme
et pire qu'un chien pour la femme.

Le silence est d'or, la parole est d'argent
ok mais n'entrez pas, je coule un bronze.

Tu fais plus jeune que ton âge:
Explique-moi ce retard!

Il faut y mettre un peu de piment
sans trop l'enfoncer néanmoins.

Heureux au jeu malheureux en amour,
Heureux au je malheureux en l'âme.

Faut pas pousser mémé dans les orties
Mieux vaut attendre la canicule.

Ca dégouline de bons sentiments
mais ça sèche vite, rassurez-vous.

J'ai de la suite dans les idées
un peu comme des moutons au bord de la falaise.

Famélique atavique

J'ai la trique
de tous
ces chemins
de traverse
pas encore
empruntés
l'ennui
avec ce fatras
c'est qu'il
y'a trop
de monde dans
l'oubli
pour renaître
au bon endroit
alors amener
la tire un peu plus
au nord à l'ouest
au sud
c'est
comme changer
de direction
en tournant
simplement
la tête.

Frileux contours

La vie cachée se farde avec tout ce qu'elle trouve à sa portée: matins saumâtres, frimas d'hiver, toits enneigés, route verglacée, frissons de nuque, écharpe au cou.
A l'intérieur: des visages familiers, des objets à leur place, des traces de doigt aux fenêtres, des envies, des phantasmes, des prétextes.
Passé, présent, la sensation de quelque chose et l'expression du vide.
Sous l'éclairage fantasque de plénitude, de solitude, d'angoisse mêlées.

La vie cachée est une statue grotesque et floue quand la nuit redessine tous les contours à son image. En des miliers d'allers-retours. Fixés sur un point mort.

9 févr. 2010

Quand il en manque un

Il trouvait son fils tellement
con qu'il le frappait chaque jour
à la moindre parole
au moindre regard
au moindre geste
au plus petit silence.

Il lui ordonna un soir de
grande furie
de quitter
la maison sur le champ
sinon il allait le tuer
et de s'en aller rejoindre
les minables comme lui
à la rue.

Pris de pensées contradictoires
semblait-il
il le rappela
peu de temps après
le supplia
de rentrer au plus vite
et de recommencer
ensemble
leur vie d'avant.

Esprit de contradiction

Il a demandé sa route
à un passant qui lui a dit
de tourner
à droite.

Il a demandé sa route
à un autre passant qui lui
a donné exactement
la même indication.

Il a fini par croire
que tout le monde
pensait pareil
alors
il a pris la direction
opposée.

L'amour

Je t'ai parlé
dans le creux
de l'oreille
au fond du couloir à droite

Tu m'as répondu
moi aussi
comme un agent
de la circulation

Nous nous sommes
roulés pelles sur pelles
suivant les valeurs
du CAC40

Nous avons fait
l'amour
et la vaisselle avec
du Paic citron

Tu t'es endormie
et j'ai dit
moi non plus
mais sans savoir pourquoi.

Piédestal

Il l'avait placée
tellement haute
dans son amour
qu'elle se cognait la tête
contre les plafonds
et que par ricochet
il se sentait comme
un nain de jardin
entre ses cuisses.

Poupées russes

Comme il ne trouve
jamais de place
ou garer sa voiture
chaque soir il la démonte
pièce par pièce
la range dans des sacs
dans l'entrée
de son appartement
elle-même pliée
en quatre puis remisée
dans le placard à chaussures
d'ou dépassent à peine
le lit et le tuyau de douche.

Peur ancestrale

Ils habitent une petite maison
en centre-ville
avec de toutes petites fenêtres
aux étages
-des meurtrières -
C'est de là-haut
qu'ils surveillent
le passage dans la rue
et décident s'il est temps
d'abaisser le pont-levis
pour sortir les poubelles.

Ogre


Il ouvre grand la bouche
en marchant
tout du long
dans la rue

Il gobe sur son passage
la neige la foule et
les voitures
sans les mâcher

La ville a de ces bruits
bizarres de digestion
une fois la nuit tombée.

Croquis

Deux grains de sable
à la place des yeux
un long coquillage
sur le nez
une moule
en guise de rictus
&
une méduse
pour faire le reste
je ne sais pas
si je t'ai déjà
dit que je ressemblais
à ça
quand tu me regardes
avec cet air-là.

L'interview chez Eric D.

L'interview du grand Dan Fante avec des question de Saida, d'Eric D. et de ma pomme, à lire, à consommer, à déguster ici et sur le blog d'Eric, initiateur de ces instants magiques, car il sait à quel point nous sommes fans de cet écrivain-là.
Un grand merci!

C'est comme ça

Comme à chaque fois qu'il s'agit
de penser
je ne pense pas
d'abord
j'invente dans l'instant
ce que je pense
et si je m'approprie ceci
ensuite
ou bien cela
en y faisant un tri
rudimentaire
je suis bien incapable
d'établir
une synthèse
qui soit la marque rationnelle
d'un esprit sur
un socle.

8 févr. 2010

De ci, de là, ténus

A force
d'une épaule à mourir
sur le sol

A force
d'un sol tendre à charrier
les oublis

A force
d'impassibles mémoires
ou situer le singulier moment?

De vivre encore, de ci, de là, ténus...

Ephémère paroi

Tourbillonne
la poussière dans le vent
manège fantasque

la nuit
ne se
cache plus du
jour

la poussière dans le vent
roulis
de battements plus loin

les premiers souvenirs
sur les dernières
images

Rendus à l'éphémère.

Dialogue à la Alphonse A.

-Madame, j'ai eu le coup de foudre pour vous dès le premier instant ou je vous ai vue dans le 3è wagon de la ligne 11 à 17h42 ce samedi-là.
-Monsieur, à cette heure-là, j'étais chez moi, à sortir le linge de la machine à laver.
-Justement, Madame, je vous assure que vous étiez dans ce métro. Et mon coup de foudre vous a suivie. Depuis tout ce temps.
-Avais-je une pile de linge avec moi?
-Je ne crois pas. Vous lisiez "Cuisine à Table" et la recette des poires Belle-Hélène.
-C'était donc moi.
-C'était donc vous. Me ferez-vous goûter vos poires?
-A la seule condition que vous me promettiez que nous ne nous soyions jamais rencontrés.
-Madame, je ferai comme vous voudrez et ne vous appelerai plus ma femme, ma douce, ma mie qui vous horripilent tant.

Sous une couche inerte, l'inattendu

Un sentier improvisé dans la neige. Des traces de pas encore fraîches.
Les siennes. Perdues quelque part.
Bientôt recouvertes par d'innombrables flocons qui s'y déposent délicatement.

La nature alentour, momifiée, dégouline stalagtites, bras ballants.
Les vallées du lointain ne se différencient guère, sous l'épaisse couche de blanc.
Commes autant de visages trop vite confondus ici ou là.
Le temps s'est figé dans un livre d'images.
Qu'on peine à feuilleter.

Il a froid.
Réchauffe ses doigts gourds, soufflant sur des gants de laine. Des gants humides.
Il ne sent plus ses pieds, roides, transis. Sent que le vent se lève. Un vent terrible.
Marcher, marcher.

Un bref instant à espérer procure en lui cet amour grave et profond de la vie, autant qu'inattendu.
Sans doute parce qu'il est la survie au delà du renoncement possible.

A la fraîche

A la descente du bus
il me fait un petit signe de la main
pour venir le rejoindre il me demande
ce que j'en pense du boulot ici
je réponds ça va, ça va pour l'instant
il me tape sur l'épaule avec ses grosses paluches
et il se marre parce qu'il en a vu défiler des gars
qui n'ont pas tenu les cadences
longtemps allez bon courage
je me dirige vers le Hall C
ça pue le poisson à mort mais je
commence à m'y habituer
à 3.30 heures du mat
ça te réveille d'un bon coup
je m'habille avec la veste en nylon gris
aux petites rayures jaune
je me fume une clope à la fraîche
là ou les étoiles placardent encore
leurs souvenirs d'antan
pour ceux qui savent les déchiffrer
j'enfile les gants de travail
le premier commis me demande
de ramener quelques caisses et d'aller
au pesage à l'étiquetage
puis de vérifier la
qualité de chaque poisson un par un
j'va t'montrer les bonn' astuces
qu'il me dit en se saisissant d'un saumon
givré dans la caisse
s'agirait po d'faire n'importe quoi hein
parc'que les clients veul' que du bon poisson hein.
J'écoute j'observe j'acquiesce
et je lui dis que je m'en sortirai
sans doute tout seul
et il me fait j'espère bien hein
parce que j'pourrai po toujours êt' derrière toa
il me tape sur l'épaule avec ses grosses paluches
lui aussi
et il se marre
et il fait toujours nuit
et c'est loin d'être fini quand on n'a pas trop le choix.

Traction-Brabant 34


Au sommaire du numéro 34 - février 2010:

Patrick Aveline, Yvan Avena, Fadila Baha, Jean-Christophe Belleveaux, Anne-Lise Blanchard, Marc Bonetto, Héloïsa Helena, Campos Borges, Henri Cachau, Muriel Carrupt, Michelle Caussat, Jean-Marc Couvé, Alain Crozier, Bertrand Degott, Cathy Garcia, Béatrice Gaudy, Delphine Gest, Nicolas Gille, Philippe Guillerme, Joaquim Hock, Patrick Joquel, Gaëlle Josse, Francis Krembel, Alain Lacouchie, Patricia Laranco, Michel L'hostis, Serge Maisonnier, Jean-Louis Millet, Olivier Millot, Saïd Mohamed, Kelig Nicolas, Didier Ober, Jean-Baptiste Pédini, Thierry Roquet, Alain Surre, Michel Talon, Jean-Marc Thévenin.

7 févr. 2010

mal camouflé

porté
sur une civière jusqu'à l'hôpital
le plus proche
le corps
qu'on tente de ranimer
avec un défibrillateur
meurtri de coups du sort
meurtri de coups
au corps
avait un jour écrit que son ciel
vu d'ici était
un grand flacon sans parfum mais
qi'il aimait s'en asperger
sans aucune mesure
quand il se sentait trop sale

En quelques pas

Je fais un pas je suis ici
je fais un pas j'arrive là
je reste sur place j'attends mon tour
d'avancer plus avant
je m'impatiente j'agite les bras
je fais un pas sur le côté rien ne bouge
je me penche le monde m'échappe
en de multiples microcosmes
je fais un pas je suis perdu
je me retourne:
plus rien.

Cohabiter

Il avait chez lui tout un tas
de lapins de hamsters de furets de
cochon d'inde de tortues naines
de grenouilles de chats de chiens
même un chevreau dans la salle
de bain quelques araignées
tranquilles au plafond
Et se cherchant une place
au beau milieu de tout ça
une femme
et deux enfants
dont il ne savait vraiment pas
quoi faire.

Ne pas passer pour un con

Il sort faire les courses
en essayant de ne rien oublier
parce qu'il sait que sa mémoire
lui joue de sacrés tours
chaque fois qu'on lui parle de
quelque chose
qui ne l'intéresse pas
vraiment
et pourtant hors de question de
noter la liste des courses
sur un bout de papier
ou n'importe ou ailleurs:
Simple question d'honneur.

Discipline de nerfs

Il était assis à sa table de travail
chaque soir
essayait de trouver les mots
pour en faire un
bon poème
quand il n'y arrivait pas
il gueulait
sa frustration partout
en donnant des coups
de pied
dans les meubles
puis
il sortait faire un tour
Chez Jack Bundy qui
tenait un fameux Bar à bières
à trois rues
de là
il en repartait toujours très tard
avec une
pute presqu'aussi bourrée que lui
Il se remettait à sa table
de travail
une fois la femme baisée
chassée
la gueule
de bois à peu près
passée.

Un truc si familier

S'allonge, lit un livre, somnole, s'endort. Rêve. Qu'un énorme steack bien gras s'incruste de force dans son oesophage et qu'elle soit obligée de le digérer. S'agite, se débat. Transpire. Son père est là, dans leur maison d'enfance, au pays, hilare et haineux. Mange-le! Bouffe-le la grosse! Vomis-le! Il la frappe. Elle se débat de plus en plus. Il la frappe avec une barre en fer. Se retourne dans le lit. En nage. Sa mère, avec ses traits d'aujourd'hui, assise dans la cuisine, brode une étoffe sans sourciller, indifférente, lui demandant juste de faire moins de bruit pour ne pas alarmer les voisins. Ils vont dire quoi, les voisins, hein? Il n'y pas de voisin dans son rêve, pourtant. Le présent ne lui vient pas en aide non plus. Le steack disparaît bientôt pour laisser la place à un visage, un corps indéterminés. Qui la fixe d'un air menaçant. Le bras levé, le poing brandi, la voix grave. Lui dit qu'elle sera punie si elle ne croit pas davantage en dieu. Qu'il est impératif pour son salut. Et les prières? Les prières? Tes prières! Bouge dans le lit, parle dans son sommeil, marmonne des mots mêlés de français et de langue étrange, peut-être maternelle.
Au réveil, consulte l'annuaire. Cherche un nom. Qu'on lui a conseillé. OK. Repose l'annuaire et compose le numéro. Puis, raccroche. Indécise. Le cul décidément entre deux chaises, entre deux cultures, à la limite de la schyzophrénie, à la limite de se ressaisir ou de lâcher prise...

6 févr. 2010

Gratter (la merde)

Gratter cheveux gratter le cul gratter l'écorce gratter pensées gratter plus loin gratter le peu gratter deux cordes gratter la pluie gratter silence gratter sa route gratter les autres gratter sa part gratter l'infime gratter d'envie gratter le temps gratter courbé gratter cheveux gratter le cul gratter nos terres gratter l'après gratter grater tout tout tout tout
tout
jusqu'au sang

A la marge

Un homme seul
à la limite
presque sans attache
on l'imagine ainsi

Sa solitude est-elle
un trou béant
un refuge un envol
un repli désespéré

Cet homme est là
ce pourrait être une femme
en face
sur le trottoir
comme tant d'autres

5 févr. 2010

Sa vie est réglée comme une horloge (ancienne)

La mécanique tourne
chaque jour
dans le même sens
de la même manière
à la même vitesse
et ça lui convient comme ça
Pour éviter
le moindre enrayage
il met de l'huile partout
alentour
de sorte
qu'il a l'impression de n'être plus
qu'une frite
entre des murs
prête à être avalée
par l'intestin d'un monde
anthropophage.

Qu'il ne lui arrive rien

Cette nuit, je me suis levé
pour pisser deux fois
dire aux murs qu'ils n'étaient que des murs
dire aux portes de rester fermées
écrire un roman d'amour d'une page
écrire un mail à un service client
me raser les jambes les fesses et le visage
chercher un petit boulot ma caisse à outils un timbre une bière
pour murmurer dans son sommeil que je connaissais par coeur tous les présidents de la 3è république
et quand elle m'a demandé ce que je foutais
à cette heure-là
je lui ai répondu
rendors-toi mon amour
et je crois bien qu'en fin de compte
cette nuit
j'ai veillé sur elle plus que
d'habitude.

Aux aguets

Il sort de la boutique de fringues
avec deux sacs plein de strings
de bas nylon de jupes à frange
il se sent toujours poursuivi
par un tueur de la mafia
il se retourne sans cesse
avant d'entrer dans la première pharmacie
d'y acheter une brosse à dents électrique
de la crème hydratante &
des suppositoires sans ordonnance
il sent que le tueur l'observe
pas loin tapi dans l'ombre
de quelqu'un
de quelqu'un d'autre
il se méfie de tout
de presque tout le monde
il file en vitesse chez la floriste
pour y acheter un pot dix roses
dix hortensias dix geraniums
et demande à la jeune vendeuse si la voie est libre
derrière lui
la vendeuse fait mine
de ne rien comprendre
elle est dans le coup elle aussi et il se casse vite
fait
il rentre enfin chez lui en courant
essouflé
en sueur
soulagé d'être encore en vie
du répit se dit-il j'ai gagné un peu de répit
mais les bras chargés
de choses
dont il se fout complètement
en fait.

4 févr. 2010

Gardien de musée (Mireille Disdero)

Vallée de l’Ourika (Haut-Atlas)

Vieil homme maigre dans un musée, cheveux clairsemés. Vieil homme pour ceux qui ont du temps, de l’argent. Pour les étrangers. Vieil homme droit comme un mat, sans un sourire mais affairé, riche d’attention pour le moindre chat.

Vieil homme jeune dans les souvenirs. Eau, oued et menthe sauvage qu’il cueillait en montagne quand l’autre, civilisée, manquait pour le pot. Vieil homme et son tapis sur l’herbe. Gardien de la prière, corps maigre et sec étiré jusqu’à l’ancienne vallée qui l’attend.

Toilette intime

J'ai pris dans ma baignoire
un long bain de foule
je me suis aspergé le corps
étranger
et j'ai frotté frotté la peau
contre les os
que j'ai donnés aux chiens
pour qu'ils rongent leur
frein
en supportant cette chienne
de vie.

Un éternel recommencement?

Elle est partie au travail
sur la pointe des pieds
entre rêve et éveil entre deux vies
somnolant dans le bus

Elle est arrivée très en avance
avant le lever du jour avant
l'ouverture des portes quand la femme
de ménage passait encore l'aspirateur

Elle s'est connectée sur ses applications
informatiques sur son cerveau bien rodé
sur sa concentration sur les tâches à accomplir
après deux ou trois cafés corsés

Elle a travaillé d'arrache-pied
sans prendre de pauses (ou presque) sans parler
à qui que ce soit (ou presque) et les heures
ont passé vite a t'elle dit c'est vrai

Elle est rentrée le soir sur les talons
a préparé à dîner quelque chose de léger
a regardé un reportage sur les criminels
américains et s'est endormie peu après

Elle est repartie au travail
sur la pointe des pieds
entre rêve et éveil entre deux vies
somnolant dans le bus...

Troc

-Je te propose mon mal de vivre contre ton mal de mer.
-Ok. Mais si je chope le mal de vivre quand même sur un bateau?
-Tu prends l'avion, c'est pourtant simple, non?
-Et si je chope le mal de l'air avec le mal de vivre?
-T'es compliqué! Eh bien, t'as plus qu'à espérer un crash, c'est tout bénéf.

Moi(s)

Moi
n'a pas confiance en soi
c'est con un moi
c'est con et puis
ça prend la
place des autres
c'est con et puis
ça tourne à l'obsession
et l'obsession d'un moi
qui n'aurait pas confiance en soi
c'est dur à supporter
pour moi
c'est dur à supporter
c'est con et puis
ça ferme des tas de porte
et ça fait reculer
sur soi
on n'en sort pas
c'est con
vraiment trop con
J'ai placé ma vie dans une case
une petite case
avec un peu de couleur
pas trop
et quand la case sera remplie
la petite case
je demanderai à
celle d'à côté
s'il lui reste un peu de place
avec la même couleur
pas trop.

Jamais un seul noyé

Le long du fleuve
tout du long
on jette
des détritus des sacs poubelle
des déchets nucléaires des mégots des tessons de bière
des papiers usagés des mouchoirs dégeulasses
de longues tiges de métal des bouts de pain dur
des morceaux de feraille des tas de viande avariée
parfois des bagnoles pour la casse
parfois des métros tombés d'en haut
parfois des poèmes écrits à la va vite
le plus souvent
des lambeaux de vie
mais jamais un seul noyé n'aura la
bonne idée
de recycler tout ça.

3 févr. 2010

Fish Tank (de Marlène Tissot)

Tu regardes le poisson rouge tourner sans fin dans son bocal
Parce que tu n’as pas grand-chose de mieux à faire
Et tu te demandes lequel de vous deux est le plus à plaindre
Bien que tu n’aies pas très envie de connaître la réponse
Le monde lui paraît
chose étrange
plus qu'un vertige
une hydre à plusieurs têtes
dans ses frusques ordinaires
là sans être là
elle est la mère l'épouse l'employée
mais
une femme hors du temps
hors de sa vie
hors de portée
qui ne sait pas
qui parle en elle
qui parle pour elle
si c'est de lassitude
d'anorexie
d'ordonnances médicales
de contraintes en tout genre
quelque chose de passager ou
d'inquiétant
au fond
une pression vers le vide

A lire

Le Numéro 13 de La BMD est en ligne ici
Au sommaire :Éric Allard, Sébastien Ayreault, Éric Dejaeger,John F. Ellyton, Fabrice Marzuolo, Jean-Philippe Querton et Didier Trumeau.
Ils ont balancé le corps dans la Seine
ils se sont assis
ils ont fumé
ils n'ont rien dit
ils ont regardé passer les bateaux les nuages
ils ont attendu là qu'on vienne les chercher
ils se sont endormis contre le mur
ils ont sans doute senti qu'ils seraient
les prochains sur la liste

Les neiges d'antan vers 7h du matin

Dans la rue ce matin
j'ai croisé le soldat inconnu devant
la librairie (pour faire des recherches sur sa vie)
des dictateurs morts les légions de César
le cheval de Troie au guichet de la banque
les armées de Napoléon (juste après la Bérézina)
sortant du pressing
et échouée sur le trottoir
cette pauvre Moby Dick qui attend le bus
pour retourner dans l'eau
j'ai croisé aussi mes plus vieux fantasmes de cul (on ne se refait pas)
suspendus aux réverbères
des ustensiles de cuisine des équations mathématiques
des gosses en caoutchouc des molécules dissoutes
des gens très normaux sans aucune folie (en apparence, évidemment)
un peu plus loin l'idée de dieu sous mes chaussures
les lunes d'hier et d'avant-hier
coincées entre les yeux d'une inconnue
J'aurais pu tout autant croiser
un monstre sanguinaire
caché dans les pierres
prêt
à nous sauter dessus
avec un hachoir
en hurlant que nous avions tous
dépassé la date de péremption
Mais dans la rue ce matin
j'aurais surtout aimé te croiser
toi qui me lis
on aurait fait un bout de chemin ensemble.
Ils se suivent dans les collines
à l'écart
listen to the wind
le lac emporté dans un sac à dos
ils se prennent par la main
de poudre voleurs d'eau et leurs
milliers de poussière dans l'univers
soubresauts hoquets d'avoir trop
détesté leur vie
ils se suivent dans les collines
pâles squelettes courbés
parmi les paysages du printemps
Ils ont la mort pour seule incarnation

Ca ? Et alors?

ça permet d'évacuer
ça permet d'avancer
ça permet de tout faire
pourquoi se justifier hein
on s'assied là tranquille
devant l'écran www. fr ou .com
on se secoue la nouille
on secoue bien la nouille
aaaaaaaah putain
LE VIRUS !!!

2 févr. 2010

Pas de bol, vraiment

Il a surgi
brusquement dans la rue
avec l'idée de tirer dans le tas
de faire un maximum de dégâts
et puis il s'est souvenu qu'il n'avait pas d'armes
alors il est remonté
chez lui
et il s'est souvenu qu'il n'avait
plus de chez lui
depuis qu'il n'avait plus d'emploi
depuis qu'il n'avait plus personne
depuis depuis s'en fout merde c'est comme ça
alors il a marché longuement
marché sur des oeufs
marché dans la merde
il a levé les yeux vers le ciel
et il s'est souvenu qu'il n'y avait plus de ciel
depuis longtemps depuis depuis...
Y'a plus d'un milliard trois cent millions de chinois
et j'en connais pas un seul
Y'a un truc qui cloche, là...

Un signe

A la caisse
de la supérette avec juste
de quoi bouffer pour ce soir
ça m'a pris moins de trois minutes chrono
peut-être quatre allez
sous la pluie je presse le pas
en plissant les yeux c'est ma façon
d'aimer ce qui m'entoure nan c'est
pas vrai c'est un rictus comme un autre
je sors la clé de l'appartement
étonné que personne ne vienne m'aborder
engager la conversation
me demander un renseignement
ou une pièce de monnaie
je dépose les courses sur la table:
elle n'a pas bougée depuis tout-à-l'heure
c'est un signe non?

En vrac dans mes chaussettes

Les pieds nickelés mon estomac un pied à terre
un tuyau d'arrosage une tondeuse à gazon
un manuel de survie en milieu hostile et capitaliste
une bouée de sauvetage une réplique du Titanic
le dernier livre de Dan Fante une bouteille de vodka non trafiquée
Un poème pour ma femme & ma fille
un ongle incarné de la crasse et des odeurs
je vais m'asseoir un peu
et réfléchir à ce qui manque.

Ca ressemble à un enfermement

Resté assis
une bonne partie de la journée
à fixer
l'écran de l'ordinateur
à trouver de quoi m'occuper (et ça m'étonne pas mal) comme
avalé dans une bulle protectrice
hors du monde réel
mal aux yeux les mots ne répondent pas
le corps ne sert à rien
à si peu de choses et la pensée
est lente
on ne sait pas trop
comment composer sa solitude son mal-être
dans l'exiguité d'un logement
en compagnie des autres
qu'on aime pourtant
une solitude volontaire qui serait une fuite
ou
la lente métamorphose des interactions
dissidentes
d'un ordinaire sans issue avant
de repasser par la cellule
de dégrisement pour ne pas
perdre le fil.

1 févr. 2010

Les jours vides
essoufflés d'avoir vécu le peu
le pas assez d'avoir
le vague à l'âme sans courant
d'air peut-être le vague but d'avancer
vers d'avancer
s'agit-il de nulle part
ou d'ailleurs
s'il fallait traquer la poussière
dans les yeux
autour d'un visage
pour rendre à la nuit ce qu'on lui
prend ce qu'on lui doit
alors
lui souffler dessus
souffler pour que les mots
nos peurs mes intuitions sortent d'un piano
improvisé d'une langue imparfaite
maladroite peut-être mais
pour que les jours proches
du vide se
déversent
sur des trottoirs vomis
devant ma chambre froide
et noire...
ce serait déjà ça.

Le prochain train

Akla sur le qui-vive
attend le prochain train
demande du feu à l'inconnue
aux cheveux courts
assise sur un banc à lire
à feuilleter à faire semblant
il lui sourit comme s'il la connaissait
depuis longtemps
il aimerait lui parler plus avant
lui raconter
pourquoi pas
l'enfance passée sur l'autre rive
l'autre cité l'autre mémoire
avec son accent de là-bas
avant que tout ceci
ne devienne trop encombrant
elle lui répond d'un cheveu sur la langue
à peine audible et doux
"je ne fume pas, désolé"
Akla s'éloigne
de quelques pas
en lui souriant toujours
de l'air de dire
qu'il ne lui en veut pas.