12 nov. 2015

Dans la maison de mon Enfance (Extrait 33, version remaniée)

Ce chemin de poussière
&
de pierres
je le connais par coeur
c'est beaucoup dire
je manque d'y chuter
plusieurs fois
de mon vélo
en rentrant de l'école
je m'en fous nom de dieu
je crâne un peu
en passant devant la maison
d'une belle fille de
ma classe
qui me regarde peut-être à sa fenêtre
y a des champs alentour
&
des terrains à l'abandon
y a aussi quelques maisons comme la nôtre
plus grandes que la nôtre
papa et maman n'en sont pas jaloux
à ce qu'il paraît
papa dit même que ces gens-là sont pas comme nous
moi j'en sais rien nom de dieu je m'en fous
c'est quelque chose que je répète souvent
et maman n'aime pas ça 
quand on parle de dieu de cette façon
je salue les voisins
politesse bien apprise
ils prennent le thé
ils prennent le temps
à leur terrasse
un vieux couple avec un chien hargneux
qui m'aboie dessus
comme un fou
je pédale
je pédale
un peu plus loin j'arrive à
la barrière blanche c'est chez nous
une barrière en plastique
facile à enjamber
on le fait souvent mon frère
&
moi
quand on s'ennuie à l'intérieur
maman sourit
maman m'attend
maman demande si ça s'est bien passé
les notes
l'école
tout ça
toujours les mêmes questions
je la connais par coeur
mais je dis rien nom de dieu je m'en fous
c'est beaucoup dire ça peut mal se passer




9 nov. 2015

Retour de visite de quelques blogs

Le terrible – Le langage et nos sens couvrent Dieu comme la peau nous épargne la vue de nos tripes, sont le voile jeté sur le terrible.

Stéphane Bernard - Extrait de Notes et contres-notes : ici

***

Marlène Tissot - Mot barré #25

***

10-05-3000 – La Vierge Marie, icône de la religion catholique, apparaît de nouveau à Lourdes après plus de mille ans. Elle effectue un strip-tease devant dix-huit pèlerins – dont trois aveugles – et disparaît sans laisser le moindre message.

Eric Dejaeger - Extrait de Fin du IIIe millénaire (27) ici

8 nov. 2015

Bataille d'aphorismes (Eric Dejaeger, Paul Guiot, André Stas & Jean-Philippe Querton) à la boutique Maelström 31-10-2015

Dans la maison de mon enfance (Extrait 32)

Je
m'accroupis
dans
l'herbe
humide
du jardin en
pente
pour
voir de plus près
les escargots
les vers de terre
&
les limaces
maman me
demande de
ne pas y toucher
parce que c'est dégoûtant
mais quand
elle a le dos
tourné
je pose
mes doigts
&
le nez presque
dessus
car moi
voyez-vous
je n'ai pas
d'animal de
compagnie


Présentation des Éditions « LE PÉDALO IVRE » (7ème partie) (Thierry Radière & Simon Allonneau)

Dans la maison de mon enfance (Extrait 31)

Chaque fois qu'il pleuvait fort
le garage en pente était inondé
on enfilait des bottes
de pêcheur
qui ne servaient jamais le reste du temps
on se mettait tous ensemble
à évacuer l'eau
avec des balais des serpillières et des seaux
maman à bout de nerfs
répétait qu'elle en avait marre
de cette maison
moi j'aimais bien cet effort physique
qui donnait l'impression
d'être utile
à autre chose
Chaque fois qu'il pleuvait fort
les cartons mouillés dans le garage
sentaient le rance
et on recommençait
à éponger
parfois c'était en pleine nuit
-on fait comme les Shadoks souriait papa
qui nous expliquait à mon frère et moi
qui étaient les Shadoks
ensuite on buvait une boisson chaude
Je crois bien que
l'imminence des catastrophes
devenait un souhait que je n'osais
bien sûr pas exprimer clairement.
Une fois seul dans ma chambre
je retrouvais mes peurs
la nuit quand le vent
sifflait entre les volets
la mélopée des solitudes
le retour des vieux fantômes
vengeurs
&
mes prières n'y changeaient rien
parfois j'en voulais à ce dieu et ça n'y rien changeait rien non plus




7 nov. 2015

Dans la maison de mon enfance (Extrait 30)

Les amis de papa et maman
quand ils viennent chez nous ils
me demandent ce que je veux faire plus tard
ils ne sont pas les seuls
papy et mamy me posent la même question
pépé et mémé pareil
et d'autres gens dans notre entourage
et d'autres gens que je connais à peine
mais qu'est-ce-qu'ils ont tous à vouloir savoir ?
et chaque fois je réponds la même chose
ça les fait bien sourire
moi je comprends pas qu'ils sourient comme ça
peut-être que j'ai dit une bêtise ?
parce qu'on dirait qu'ils ne me prennent pas au sérieux
parce qu'on dirait qu'ils se moquent de moi
je leur souris aussi quand même pour faire plaisir
surtout pour ne pas m'énerver
et là
papa et maman d'un commun accord
concluent d'un "ça va lui passer"
ferme et définitif
qui me fait presque froid dans le dos
et puis tous parlent des études, de réussite, d'un vrai métier
et puis tous parlent d'autre chose
et puis tout le monde oublie que j'existe
je n'écoute déjà plus
que cette phrase en boucle dans ma tête
et si ça ne me passait pas ?
et si ça ne me passait pas hein ?




5 nov. 2015

Microbe #92

Au sommaire : Astrid Waliszek - Sophie G.Lucas - Samantha Barendson - Hafida Ait-Yahya -           Antonella Fiori - Gregory Salako - François-Xavier Farine - Lidia Badal - Perrine Le Querrec - Robert Serrano - Stéphane Bernard - Massimo Bortolini - Yves Artufel - Isabelle Bonat-Luciani - Benoît Jeantet - Hervé Bougel.
3 Illustrations/collages :  Jany Pineau.

Merci à mon pote Eric de m'avoir laissé piloter ce numéro de Novembre !

En plus du numéro "classique", un Mi(ni)crobes signé du truculent Marc Bonetto !

(Photo Paul Guiot)

4 nov. 2015

Quelques aphorismes, Erasme !

-Vertige de la grossesse
Elle est tombée enceinte de plus de dix mètres & n'a pas survécu.

-Qu'en savons-nous ?
Si l'origine du monde est une chatte poilue, qu'est-ce-que sera la fin ?

-Ce que ne savent pas faire les politiciens
Prêter serment & le rendre intact.

-Insidieuse, elle
La folie nous guette : elle attend juste le bon moment pour nous sauter dessus.

-Confidence
Je prends mon mâle en patience, me dit-elle, mais je n'attends plus rien de lui.

-Sont-ils fiables ?
Tu parles à tort et à travers : les connais-tu au moins ces deux-là ?

-Logique
Comment joindre les deux bouts en restant assis ?

-Transfusion
Je bois beaucoup de cafés noirs ; un jour mon sang ne sera plus qu'un lointain souvenir.

-Question d'équilibre
Vaut-il mieux se pencher sur son passé ou tomber à la renverse ?

-L'étrange est là
La réalité nous échappe, me dis-je, en me regardant dans le miroir.

-Les OGM & nous
Mon sentiment ? Monsanto ment !

-Simple recette
Un éditeur : un nez d'auteurs.

(Extraits d'un truc en cours...)

Chanson de la solitude matinale

Rideau tiré
ciel sombre
pluie fine
j'accorde ma solitude matinale

Je devrais me frotter au monde
&
me battre
d'une manière ou d'une autre
j'accorde ma solitude matinale

Nous ne savons plus comment
résoudre
ce qui cloche entre nous
engueulades, reproches, discours
rien n'y fait
à moins que cela se joue en sourdine

S'adapter
toujours s'adapter
mieux s'adapter
reprendre forme
ou fuir
j'accorde ma solitude matinale

Désir
le manque
les manques
absence
j'accorde ma solitude matinale

Nous ne savons plus s'il est
nécessaire
d'y remédier
s'il n'est déjà pas trop tard
s'il est seulement possible d'y remédier
avec des hypothèses et la bouteille tu sais

J'écris
l'avenir en pointillés
J'écris
ce présent déchiré
j'accorde ma solitude matinale


3 nov. 2015

Certitudes en escalier

Tu te construis des certitudes en escalier

Tu remontes le temps
marche après marche
phrase après phrase

Ça te donne le vertige

Tu ne prétends plus
mieux cerner
tes alentours
&
tes déchets

Tu laisses ça à d'autres

Il en faut du temps pour dépoussiérer
ce qui encombre
de l'intérieur

Et puis

L'enfance, ce mollusque agrippé
à des parois séculaires
te glisse entre chaque souvenir

Tu te construis sur fil placé
entre deux immeubles
laids
mais habités de
quelques créatures qui te semblent
vivantes

Et tu t'en tiendras là.






Port O'Brien - Fisherman's Son

Grisaille & autres petites considérations

Grisaille
un peu partout
appréciation purement subjective

mes phobies traînent des pieds
le moucheron est coincé là
lui aussi

elle dit que je suis presque aussi
malade qu'elle
en plaisantant

elle insiste sur le presque
énumère toutes
mes phobies
on se connaît depuis tellement d'années
comme

le paysage en face
destiné à ne jamais
varier d'un pouce
appréciation purement subjective

tout paysage change
s'abîme
se meurt
se renouvelle
prendre en considération l"argent la politique

je ferais mieux de ne rien dire
je pense une chose et son
contraire
avec la même intensité la même sincérité

je pense que c'est une hauteur de vue
mais non c'est un doute
sur les choses
sur moi-même
je ne parviens pas à décider
de ce qui est, de ce qui n'est pas

à la fenêtre je côtoie
un moucheron
qui n'a pas peur de moi
il est hypnotisé par le dehors

la vie intérieure d'un moucheron
ne doit pas être moins étouffante
que cette sorte de solitude abrasive
qui serait la confirmation

que j'existe pour ne jamais en jouir pleinement.




2 nov. 2015

Quelques impressions par brouillard

On pourrait bien sûr se projeter vers l'avenir
mais je crois que cette image
se confondrait avec celle d'un écran noir
plongé dans le silence
quand tous les spectateurs sont partis.

**

Épais brouillard
froid vif
la rue presque déserte
là haut c'est le 3è étage
de notre appartement
&
nous deux dans le prolongement d'un hiver
ou d'une saison un peu perdue
&;
nos habitudes qui se chamaillent
pour un oui, pour un non.

**

Je ne suis pas allé au terme de mon contrat
j'en avais marre
c'est un luxe de pouvoir s'en tirer comme ça me dit-tu
tu as peut-être raison
je ne sais pas
j'ai l'impression de revenir des années en arrière
quand je n'allais jamais au bout des choses
&
dire que rien n'aurait vraiment changé alors...

**

Je mène une double vie : celle du réel et celle que je m'invente.

**

Un couple fusionnel nécessite une bonne digestion.
Après des années de cannibalisme de l'un envers l'autre.

**

Les gens qui passent sous la fenêtre
ont leur propre rythme, leur propre digestion.
Je me trompe sans doute
car je ne les imagine pas
vivant la même chose que nous.
Après tout, à quelques détails près.
Oui, mais ce sont ces détails justement.
c'est possible.
Quoiqu'il en soit c'est une idée en l'air.
Je garde mes distances avec le monde.
Et avec toi, désormais.

**

Il y en a dont le métier est de toiletter les défunts.
à ma mort, merci de me laisser tel quel : avec ma crasse et ma sueur.
je n'ai nulle envie de faire le beau sous terre.








Catherine ribeiro + Alpes (Jusqu'à ce que la force de t'aimer me manque)

My Rifle, My Pony, and Me (Dean Martin & Ricky Nelson dans Rio Bravo)

Présentation des Éditions « LE PÉDALO IVRE » (6ème partie)

Perrin Langda & compagnie

Le recueil est sorti le mois dernier.
Piloté avec classe par Perrin Langda, via l'éditeur Walter Ruhlmann (Mauvaise Graine).

Au sommaireBrice Haziza, Christophe Bregaint, Stéphane Poirier, Mike Kasprzak, Heptanes Fraxion, Morgan Riet, Emmanuel Campo, Thierry Roquet & Perrin Langda.



5€ + 3€ de port
64 pages au format 14,8 x 21 cm
A commander sur lulu.com