8 nov. 2015

Dans la maison de mon enfance (Extrait 31)

Chaque fois qu'il pleuvait fort
le garage en pente était inondé
on enfilait des bottes
de pêcheur
qui ne servaient jamais le reste du temps
on se mettait tous ensemble
à évacuer l'eau
avec des balais des serpillières et des seaux
maman à bout de nerfs
répétait qu'elle en avait marre
de cette maison
moi j'aimais bien cet effort physique
qui donnait l'impression
d'être utile
à autre chose
Chaque fois qu'il pleuvait fort
les cartons mouillés dans le garage
sentaient le rance
et on recommençait
à éponger
parfois c'était en pleine nuit
-on fait comme les Shadoks souriait papa
qui nous expliquait à mon frère et moi
qui étaient les Shadoks
ensuite on buvait une boisson chaude
Je crois bien que
l'imminence des catastrophes
devenait un souhait que je n'osais
bien sûr pas exprimer clairement.
Une fois seul dans ma chambre
je retrouvais mes peurs
la nuit quand le vent
sifflait entre les volets
la mélopée des solitudes
le retour des vieux fantômes
vengeurs
&
mes prières n'y changeaient rien
parfois j'en voulais à ce dieu et ça n'y rien changeait rien non plus




1 commentaire:

Dans ma tête a dit…

que dire?
cette phrase sonne bien à l'intérieur "parfois j'en voulais à ce dieu et ça n'y rien changeait rien non plus"
dans ce texte y a le réel, les inondations le sentiment d'être utile et revenir brutalement à ces démons intérieurs ces voix qu'on veut étouffer mais qui nous envahissent malgré toutes les prières du monde...