19 juin 2018

312 fenêtres

J'ai le chakra qui miaule pour un rien.

L'avion traverse le ciel gris. Espérons que le pilote soit d'humeur plus joyeuse.

Je n'ai pas eu le temps de décrocher pour l'appel du 18 juin. Rappelle-moi dans un an.

Aujourd'hui est un grand jour. C'est le titre de la journée. C'est un bon titre. Reste plus qu'à la remplir, à lui trouver le poème à sa mesure, à cette foutue journée.

Pourriez-vous m'aider à contenir encore deux petites minutes cette crotte qui pousse ?

Dans l'immeuble d'en face, un homme me regarde le regarder. Il pense que c'est moi qui ai commencé, je suis intimement persuadé de l'inverse.

J'ai écrit un poème aventureux qui a sûrement envie de voyager vers le Péloponnèse. C'est un poème qui veut se la couler douce. Eh bien, qu'il parte! Je n'ai plus besoin de lui : je déteste bronzer, je préfère la pénombre.

Un porc dans une Porsche rit ? Balance ton connard !

Il y a exactement 312 fenêtres. Immeubles, maisons et magasins compris. J'ai compté deux fois pour être certain de n'avoir pas fait d'erreur. Vous voyez comme mes journées sont bien remplies.

L'oiseau traverse le ciel gris. Espérons que le pilote de soit pas un chasseur.




17 juin 2018

Sacré Rimbaud (de FX Farine), c'est cadeau !

Sacré Rimbaud
de François-Xavier Farine

avec une reproduction autorisée
d'Ernest Pignon-Ernest.

Plaquette en quadrichromie.
Pelliculage mat.
16 pages au format A6 (10,5 x 14,8).

Tirage unique à 100 exemplaires
numérotés et signés par l'auteur.

ISBN : 978-2-9564467-0-5

Prix : 4 € (+ 2 € de port).
Commande à aerolitheeditions@free.fr
à partir du 1er juin.

Parution fin mai 2018.


21 mars 2018

Give Me Water - John Forte & Valerie June

DEONTOLOGIE (de l'excellent Heptanes Fraxion)

la grande poétesse outre-Atlantique prépare une micro-revue littéraire basée sur le bénévolat comme c'est coutume dans le milieu

elle aime vraiment beaucoup un de mes poèmes la grande poétesse
elle a carrément flashé dessus mais elle a aussi des principes sur lesquels elle ne transigera jamais
elle ne me publiera uniquement que sous mon vrai nom
celui que m'ont donné mes parents

je lui réponds qu'en tant que poète 
ma famille m'a toujours plus ou moins considéré comme un parasite déviant 
traduire par fainéant
traduire par tapette
et qu'au nom du punk de Blaise Cendrars et des indiens d'Amérique
tout ce que je ne suis pas mais qui m'éclaire et me nourrit 
mon pseudonyme est un masque et un projet qui me permet de me réapproprier moi-même

certes j'en fais un peu des caisses
d'autant que j'en rajoute encore un peu quand
je me surprends à lui dire que tout cela n'est pas négociable
elle me rétorque qu'elle ne peut pas faire d'exception la grande poétesse
qu'il faut que je la comprenne
que sa déontologie est en jeu

alors ne prenons surtout pas de risque lui dis-je et restons-en là

deux jours plus tard elle me recontacte
elle a bien réfléchi
elle aime vraiment trop mon poème
elle accepte mes conditions 
elle compte sur ma discrétion pour  que cela ne s'ébruite pas
je promets de garder le secret 
et je la remercie
traduire par rien à foutre de ces conneries
traduire par pitié passons à autre chose

juillet
le fanzine est mis en ligne
et il est très réussi je dois dire
modeste et intense
textes disparates et néanmoins cohérents
parfaitement enrichis qui plus est 
par des photographies pertinentes

septembre
on me demande d'être rédac chef d'une revue numérique

manière de renvoyer l'ascenseur
je propose à la grande poétesse de figurer au sommaire
je reçois un mail dans la foulée
elle est positivement ravie 
elle est absolument enthousiaste
elle me demande juste le montant de sa rémunération

Du saké, une tisane et la sieste

Le pessimisme est l'ardeur la mieux adaptée à l'époque actuelle.


Je ne sais pas faire grand-chose de mes dix doigts de pieds.


Je crois que ma vie bien rangée est un chef d'oeuvre d'inutilité sociale.


La graisse d'écriture est terrible pour la santé du lecteur.


Je suis poète à mes heures perdues. Ce qui, en théorie, devrait me laisser suffisamment de temps pour écrire.


Tu préfères jouer à saute-moutons ou à broute-minou ?


Les révoltés du Bounty se contentèrent d'un Toblerone.


J'ai franchi, avec succès, le cul de l'utérus mais je ne vois toujours pas le point G culminant.


"Colique dans les prés, fleurisse, fleurisse... colique dans les prés, c'est la fin de péter".


Quand un agent double, accélère!


Je vais profiter de mes insomnies pour compter les moutons.


J'ai remplacé "métro, boulot, dodo" par "fenêtre, sieste, poèmes".


L’Eve en Gilles a rendu Adam fou de rage.


Les chiens aboient, la rumeur court.


Peut-on mourir d'une mort naturelle après avoir vécu de tant d'artifices?


Les voyages forment l'esprit de la jeunesse, les chaises déforment le cul de la vieillesse.


Je suis couché sur le flanc au cas où j'aurais un petit creux dans la nuit.


J'ai dû brandir un écriteau pour rassurer ma voisine : "Je ne suis pas un voyeur, je suis un poète à la fenêtre".


Souvent j'oublie qu'il faut entretenir sa mémoire.

20 mars 2018

Des bigorneaux dans le moteur

J'écris des tas de poèmes invisibles et perdus.

                                               **

Je vais maintenant compter les insomnies pour essayer de m'endormir.

                                               **

Il y a comme un nuage noir qui aurait pris racine et refuserait obstinément de s'en aller.

                                               **

Tu fixes l'écran de la télé, je fixe l'écran de l'ordinateur; ainsi nous fixons-nous des buts.

                                              **

Je suis à sec en ce moment. Il est grand temps de se mouiller un peu plus.

                                               **

Où trouver la consolation quand on ne sait pas de quoi, au juste, on veut être consolé.

                                               **

Parfois oui, le repli sur soie est d'une telle douceur.

                                               **

Si ma solitude était une solution, alors je n'aurais plus de question.

                                              **

J'écris des tas de poèmes qui semblent courir dans tous les sens.

                                               **

Si seulement un cri sauvage pouvait sortir de tout ça.

                                               **


19 mars 2018

Une Bataille d'Aphorismes (2014) avec : André Stas, Eric Dejaeger, Jean-Philippe Querton et Paul Guiot

C'est très bientôt et on y sera !


Quelques bouts de gras dans la neige

Les révolutions sont le fruit de l'évolution des rêves.

**

Celui qui pense avoir toujours raison est un con; ah ça, oui. Il est surtout plus proche de la folie qu'il ne pense.

**

Demain est une autre nuit.

**

Ce peintre est jaloux d'une toile d'araignée.

**

Il y a trop de réverbères attachés à des chiens ; on ne peut plus les promener tranquillement sans une meute d'aboiements au cul.

**

La pluie tombe sans discontinuer : c’est ainsi que la nature m’hypnotise.

**

La mouche est cavalière ; elle est entrée dans l’appartement sans notre permission.

**

Des traces de fenêtre sur le nez et les doigts.

**

Le temps glouton file à la vitesse de l'éclair au chocolat.

9 mars 2018

La compagnie des trains perdus vous souhaite une longue promenade le long des rails


Passer devis à trépas, ça coûte cher ?

*

L’homme, ce cancer : quel glauque homme.

*

En période de grand froid, je boude.

*

Mon grand-père jouait de l'accordéon, ma grand-mère menait les vaches au chant.

*

Moi, je vous le dis : c'est mon dentiste, la bête du « J’ai vos dents » !

*

Un trappeur rencontrant un trappiste autour d’un point d’eau ?

*

Je ne filerai jamais mes clopes à ceux qui ont cassé leur pipe cette année !

*

Un jour, nous sommes revenus de loin et, curieusement, ça nous a rapprochés.

*

Un vieillard, c'est encore un enfant mort en grand âge.

*

La compagnie des trains perdus vous souhaite une longue promenade le long des rails.

*

Mes parents m'ont donné la vie : je n'ai jamais eu mon mot à dire.

*

J'aime lire les récits de voyage intérieur.

*

On devrait tous avoir un non de famille pour se choisir quelqu’un d’autre.

*

J'ai vu ma femme en sainte pendant plusieurs mois et, miracle, nous avons eu une fille !

*

Le cercle des silences pesants se dégage de toute responsabilité au moindre mot de travers.

**

8 mars 2018

Une dernière visite

Le village est désert. Le cimetière n'est pas loin. Et puis sa petite maison, sur la place de l'église. C'est là où elle a vécu les dernières années de sa vie. Je me gare devant l'entrée. Il n'y a plus personne pour nous accueillir. Je sors la clé de ma poche. La porte grince comme avant. J'entre dans le salon. Il y fait sombre. L'électricité est coupée depuis quelques jours. Le grand meuble est intransportable. Et il ne nous plaît pas vraiment. Il est daté. On va récupérer le siège à accoudoirs où elle avait l'habitude de jouer à ses mots fléchés. Pour entretenir sa mémoire, un peu vacillante. Elle ne plaisantait. Tu t'en souviens ? Je sens sa présence. Un peu partout. C'est ma respiration qui tremble. Je ferme les yeux. Je ne parviens pas à communiquer avec elle. On va mettre sa maison en vente.




24 févr. 2018

Parigo Pecno d'la Banlieue Sud (10)


Il
s’est présenté
à l’administration avec tous
ses papiers
on lui a dit
qu’ils étaient faux
il
ne comprenait pas
il
a quand même
tenu à leur montrer
son permis de conduire
sa carte d’identité
sa carte vitale
sa carte de fidélité à Intermarché
sa carte bancaire
et même 
sa dernière carte d’abonnement au stade
on lui a dit
que tout était faux
archi faux
et que ce n’était pas
la peine
d’insister pas
la peine
de chercher à les convaincre
&
surtout pas la peine
de continuer
à vivre dans un endroit
qui n’était visiblement pas
fait
pour lui.

Parigo Pecno d'la Banlieue Sud (9)


Ils ont entendu
la fusillade
dans la rue
ils ont cru
que la guerre
civile
avait enfin éclatée
alors
ils sont sortis
de chez eux
comme des fous
furieux
avec fourchettes
&
couteaux
prêts
à s'empifrer
des cadavres
les plus
frais
pour bien leur
montrer
à tous
ceux qui étaient encore
leur besoin
de sang
&
de mort
jusqu’à ce qu'il ne reste
plus rien
de vivant
sur la Terre.

Parigo Pecno d'la Banlieue Sud (8)


Il triture
nerveusement
son plus haut
bouton
de chemise
Il avance vers le micro
placé au centre
de l’estrade
Sa voix
est à peine audible
il chevrote
il sue
il tremble
en ouvrant la page 17
de son dernier
recueil
Il ne regarde pas ces gens
assis
en face
de lui
Il garde les yeux fixés
sur son texte 
sur son poème
qui débordera bientôt sur 
la page 18
il essaie de rester concentré
et d'y mettre à présent le ton
Sauf qu’il remarque
au premier rang
un individu en train de bailler
plusieurs fois
Alors il sort
un flingue de sa poche
&
lui tire une balle en pleine
tête
avant de revenir
sur son texte 
sur son poème
parce que la chute 
en
vaut vraiment
le détour.


Parigo Pecno d'la Banlieue Sud (7)


Il plante
le couteau
dans son steak
tartare
devant des centaines
de fans
assis
autour
de sa table
à manger
on le prend en photo
on le mitraille de flashes
on lui demande de sourire
on se prend en selfie
avec
lui
le plus GRAND poète
de tous les temps
Il signe des
autographes
sur des bouts
de viande
retirés d’entre 
ses dents 
qu’on s’arrache
à grands cris
il ne s’entend plus
manger
plus roter
plus péter
plus vivre
C’est l’hystérie
totale
de ses
doigts de
pieds
à ses
cheveux
tirés
de tous côtés

23 févr. 2018

Procédures !

Il reçoit tout un tas de
procédures
agrafées 
soigneusement
sur du papier
recyclé


on lui demande
d'en prendre grand
soin

ce sont les bases
du métier qu'il fait :
gestion clientèle

spécialisée
dans la facturation

il connaît certaines
de ces procédures
à présent
mais d'autres lui
échappent 

complètement
(sans doute à cause de leur complexité) 
(sans doute que la formation était trop rapide
(sans doute à cause d'un manque d'intérêt) 
(sans doute)

il range le tout

à l'intérieur d'un caisson
noir
placé près de sa chaise
à roulettes

avec laquelle il envisage
un jour ou l'autre
de faire une course
de vitesse
dans l'open space
avec quelques collègues

ces procédures

qu'il doit absolument connaître
sur le bout des doigts
pour exercer au mieux
son nouveau travail
en toute autonomie
sont ainsi enfermées

puisque lui seul possède la clé du caisson noir désormais
à double tour
à triple tour
sous d'autres piles de
documents
&
de magazines

où par manque d'oxygène
elles finiront bien
par se décomposer et

disparaître
complètement
de la surface
de la terre

c'est bien dommage que
la hiérarchie n'en
soit pas
convaincue à
100%

22 févr. 2018

C'est par paresse... (de Benoît Jeantet)

C'est par paresse qu'on devient
cinéphile.
Pour donner à sa solitude
un air intelligent.
Tu trouves que j'exagère?
Supposons
qu'au commencement,
j'ai tout fait
pour ne pas devenir
un de ces hommes
à rancune.
A l'âme rude...
Ce matin-là,
le cirque était arrivé
en ville. 
Il aurait peut-être
fallu
se contenter
de leurs acrobaties
de rigolos à nez rouge,
leurs mines flippantes,
verrouillées...
Ce matin-là,
aucun retour possible.
Je me revois alors.
Je ressemble
à un échafaudage qui tangue
sur une façade
rossée par les vents....

ainsi soit-il


certains jours donnent l’impression
d’être revenus de loin
d’un long voyage qui sentirait la sueur
la fatigue
&
la peur
presque
irraisonnée
d'un combat perdu d'avance




je ne parviens plus à lire
alors
je pose mon bouquin
et
j'observe cette mouche qui zigzague
dans la pièce
de l'appartement
et ça fait bien un jour
ou deux
qu'elle est là
elle non plus
n'a toujours pas
trouvé la solution
à son problème




tu as retrouvé un peu de paix
depuis que
tu t'es remise à croire en dieu
&
à prier à ta façon
pour chacun de nous
avant de t'endormir
tu dis que c'est mieux que rien
c’est un fil rouge
au bord des nuits sans fonds
et quoi que tu dises
de toute façon
je te crois
pour te garder le plus longtemps possible
en vie à mes côtés



Chutes d'histoires à la con & quelques poèmes possibles


L'ordinateur s'énerve encore devant son homme : il essaie de le faire démarrer. En vain. L’homme a trop de virus.




Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants mais sans jamais savoir si le nombre d’enfants avait un lien avec leur bonheur.




Comme sa femme était instable psychologiquement, il l’enferma dans un grand carton avec inscrit dessus : « fragile, ne surtout pas ouvrir ».


L’homme se pose sur le rebord de la fenêtre et s’envole du 13è étage. L’oiseau le regarde faire.



-Mon trésor, le marchand de sable est passé.
-Maman, il a oublié d’apporter la mer.


Le frigo est plein, le congélateur déborde, le reste sèche depuis quelques jours dans la baignoire.
C’est certain : le cannibale du rez-de-chaussée a perdu l’appétit.


-Qu’y a-t-il de plus fort que l’amour ?
-John Rambo !




Quelques exemples de mes poèmes

Ceci est : un poème hypersensible.
(merci d’éprouver pour lui un -strict- minimum d’empathie).


Ceci est : un poème alcoolique.
(je vous préviens, il a l’alcool mauvais et refuse toujours de suivre une cure de désintox).


Ceci est : un poème qui ressemble à une cuvette de chiottes.
(vous pouvez toujours vous asseoir dessus ; le papier-cul est à côté).


Ceci est : un poème éjaculateur précoce.
(merci de ne pas l'exciter trop vite).



Ceci est : un poème timide.
(je vais éteindre la lumière pour ne pas le faire rougir davantage).


Ceci est : un poème obsédé.
(il bande encore et ne pense qu'au cul).


Ceci est : un poème qui ne va nulle part .
(lisons-le ensemble pour aller dans la même direction que lui).


Ceci est : un poème tombé en désuétude.
(il ne survivra que quelques jours à une obsolescence programmée).



21 févr. 2018

Parigo Pecno d'la Banlieue Sud (6)


Il ne comprend toujours pas
pourquoi cette belle
créature
aux seins lourds
et nue
sur la double page
du magazine
déjà bien écorné
ne vient pas de temps à autre
le rejoindre
dans son lit
quand il en a vraiment besoin
&
sans que personne n'en
sache rien
il a vu ça dans des films
d'anticipation
&
avec toutes les avancées
scientifiques
actuelles
ça devrait pas être si compliqué
à matérialiser
non?