11 févr. 2010

Dormir, longtemps

N'a envie de rien, simplement dormir. Prendre sa dose de tranquillisants et dormir. Longtemps. Toute la nuit, et puis la journée suivante. Et ainsi de suite. Ce serait bien si je ne me réveillais plus jamais dit-elle. Que répondre à ça? Ca fait belle lurette qu'il se sent dépassé, impuissant.
Elle a pleuré. De violents spasmes, des larmes libératrices sur l'instant. D'un trop plein qui devait sortir. De toutes ces émotions qui l'obstruent. Des voix qui la rendent dingue. Des souvenirs en pagaille. En désordre. A pleuré après sa journée de travail parce qu'à force de faire semblant d'aller normalement, elle a craqué. J'en ai marre, j'en ai marre. Qu'elle lui répète, en sanglots. L' a prise dans ses bras. A fait ce qu'il a pu. Ca fait belle lurette qu'il se sent dépassé, impuissant. On ne soigne pas avec quelques caresses dans les cheveux, quelques baisers tendres, quelques mots de réconfort. C'est mieux que rien: mais. Tout, tout, tout est prétexte à l'angoisse. Absolument tout. Les yeux cernés, creusés d'un goudron déchiqueté qui noircit l'ovale beauté de son visage presqu'enfantin et lui donne un air complètement ahuri. La femme absente, la femme survie. Désorientée. De ne pas savoir, de mal savoir, de trop savoir. S'en est allée se coucher. Dans le lit. Sous les draps, vite fait. Mais ailleurs. Partie ailleurs, venue d'ailleurs. Un squelette sorti de son trou par erreur. Ce serait bien si je ne me réveillais plus jamais. N'a envie de rien, simplement dormir. Longtemps. Dans cette chambre. Sa phrase y résonne encore.

8 commentaires:

dada a dit…

juste une précision qd meme...j'ai envie de me reveiller ts les matins!surtout pour etre aux cotés des 2 amours de ma vie de ma "bouée de sauvetage"!

quant à cette envie de rien,c'est pas tt à fait ça vu que j'ai vraiment envie qu'on s'en sorte.j'ai la rage de vivre!et c'est justement ça qui parfois me fatigue.me fait pleurer me fait craquer.je me sens tte petite tte frele à porter les malheurs du monde sur mon dos.heureusement j'ai "caresses dans les cheveux, quelques baisers tendres, quelques mots de réconfort"...et mine de rien je me ressource ainsi!

Thierry Roquet a dit…

Ce n'est pas autobio 100% ainsi que je t'ai dit par mail ;-))
Mélange de réalité, de souvenirs, d'illusion, de prismes de mon regard, dema mémoire, de fiction et toujours rester dans la ligne fixée pour "ressentir" le personnage", réel ou pas. C'est de rester dans cette ligne qui est le plus difficile, sans sortir par des biais trop artificiels. Et, là, j'ai besoin de relire le texte pour mieux voir. Je ne sais pas.

Marlene a dit…

douloureuse lecture...
très beau texte...

Thierry Roquet a dit…

Chui pas encore "satisfait" du texte. Manque un quelque chose et j'arrive pas à savoir ou exactement, s'il faut supprimer ou quoi, faut que je relise à tête reposée...

Marlene a dit…

tu l'as encore modifié d'ailleurs, isn't it ?

En ce qui me concerne, je ne vois rien de trop, rien qui dépasse. Il est vraiment fort ce texte. Un vrai coup de poing dans l'oreiller. Et on ressent aussi bien sa souffrance à elle que son impuissance à lui...

(mais c'est comme en cuisine, ceux qui mangent trouve ça très bon, et celui qui cuisine trouve toujours à chipoter qu'il aurait du mettre un peu plus de ceci, un peu moins de cela...)

du tout bon jte dis, chef !

Mû a dit…

Il est très bien ce texte. Rien à ajouter, rien à enlever. Tout est dit en puissance.
(Je pense qu'on peut soigner avec des baisers, des caresses et des mots tendres).

Thierry Roquet a dit…

Huuum (dubitatif) ;-))

Dans ma tête a dit…

Désormais je peux le dire, je ne veux plus dormir et ne plus me réveiller... Ta patience ton amour les caresses dans les cheveux tout ça cela m'a permis de mettre la tête hors de l'eau. Je ne pleure plus, je ne m'apitoie plus non plus. La tempête et tout le reste c'est du passé, je tourne la page et persuadée que sans toi, je ne serai pas là. Je comprend que tu te sois senti impuissant face à tout cela. Ouvrir les yeux et toujours encore et encore aller de l'avant. Avec toi bien sûr.