8 févr. 2010

A la fraîche

A la descente du bus
il me fait un petit signe de la main
pour venir le rejoindre il me demande
ce que j'en pense du boulot ici
je réponds ça va, ça va pour l'instant
il me tape sur l'épaule avec ses grosses paluches
et il se marre parce qu'il en a vu défiler des gars
qui n'ont pas tenu les cadences
longtemps allez bon courage
je me dirige vers le Hall C
ça pue le poisson à mort mais je
commence à m'y habituer
à 3.30 heures du mat
ça te réveille d'un bon coup
je m'habille avec la veste en nylon gris
aux petites rayures jaune
je me fume une clope à la fraîche
là ou les étoiles placardent encore
leurs souvenirs d'antan
pour ceux qui savent les déchiffrer
j'enfile les gants de travail
le premier commis me demande
de ramener quelques caisses et d'aller
au pesage à l'étiquetage
puis de vérifier la
qualité de chaque poisson un par un
j'va t'montrer les bonn' astuces
qu'il me dit en se saisissant d'un saumon
givré dans la caisse
s'agirait po d'faire n'importe quoi hein
parc'que les clients veul' que du bon poisson hein.
J'écoute j'observe j'acquiesce
et je lui dis que je m'en sortirai
sans doute tout seul
et il me fait j'espère bien hein
parce que j'pourrai po toujours êt' derrière toa
il me tape sur l'épaule avec ses grosses paluches
lui aussi
et il se marre
et il fait toujours nuit
et c'est loin d'être fini quand on n'a pas trop le choix.

9 commentaires:

dada a dit…

ça me fait penser à ian levison quand il raconte son boulot en tant que poissonnier...(tribulations d'un précaire).est ce un hasard ou bien ça sort tt droit de ton cerveau?mon cher Mobert ;-)))

Jean Marc Flahaut a dit…

Trop bon !

Thierry Roquet a dit…

@ ma chère Dada: c'est un hasard.

à JM: thank's!

Marlene a dit…

Ca sonne si terriblement vrai ! mais comment fait-il ?(se demande-t-elle, le regard dans le vague)

Thierry Roquet a dit…

;-)))

(dans le vague, hum... avant d'aller nous écrire un texte dont elle a le secret... se dit-il) ;-))

(encore une fois, dommage qu'on ne puisse laisser de comm' sur ton site)

Marlene a dit…

ah ah, même pas... cette nuit quand j'arrivais pas à dormir, j'ai commencé 3 textes différents. Impossible d'aller au bout d'aucun. Sont tous restés coincés. Donc j'ai encore moins réussi à dormir ;-)
C'te frustration quand même ! Comme la frustration de pas avoir de commentaires sur mon nuage... mais je suis une quiche, j'assume ;-)

Thierry Roquet a dit…

Ah lala, on connaît tous cette sorte de frustration-là.

N'empêche que ton petit dernier sur ton site, il est très chouette, comme le titre, du reste.
(Petit poème au présent, sur notre future rencontre, dans un bistrot démodé probablement).

Marlene a dit…

Ah, celui-là... le titre est arrivé avec trois jours d'avance sur le reste. En pensant à un truc. (contente qu'il te plaise, d'ailleurs, oui, vraiment !)
Bon, là, je suis en train de tortiller les phrases bancales de cette nuit, mais ça bouge pas beaucoup... T'as déja charcuté un texte mort Th. ? Tu crois qu'on peu le réanimer ? Un petit coup de défibril' ?

Thierry Roquet a dit…

Ouais, ça m'arrive assez souvent de charcuter un texte mort et d'avoir l'impression de le faire revivre en plus ;-))
Mais en général, je laisse tomber et je passe à un autre ou j'attends, fébrilement, mais j'attends ;-))