Je me suis laissé tomber n’importe où
c’était là où
mon corps n’en pouvait plus
au réveil
c’était devant
la grille d’entrée d’une usine de caoutchouc on m’enjambait
je ne me souvenais plus de rien
le trou noir
on me demandait
de dégager pour laisser passer les ouvriers
j’avais du vomi séché sur mes vêtements
sans doute aussi sur le visage
et du sang qui coagulait quelque part
ma tête bourdonnait
mes jambes flageolaient
on me foutait
des coups de pieds énervés
y’en a qui
bossent ici, connard !
je me suis levé
je ne retrouvais plus mes papiers mon fric ma
veste
j’ai marché un peu
l’usine de
caoutchouc se trouvait à quelques centaines de pas de l’institut de sondages où
je bossais
j’ai trouvé assez drôle cette coïncidence
je suis allé m’asseoir à mon poste de travail
mais impossible de lire correctement les
questions
et de cocher les bonnes réponses
j’avais encore la voix pâteuse et le regard dans
le vide
mon chef m’a
observé avec dégoût
mon odeur
incommodait mes collègues
je suis rentré chez moi
viré
bien sûr
&
perclus de douleurs aux jambes et aux bras
j’ai d’abord achevé cette foutue nuit dans le
métro
d’un terminus à l’autre
sans pouvoir ouvrir les yeux à l’endroit
où je devais descendre
c’est
la semaine suivante que nous nous sommes vraiment rencontrés, je crois
2 commentaires:
Très beau texte... Une rencontre qui nous a permit tous les 2 de prendre un nouveau départ même s'il nous a fallu un peu de temps pour nous apprivoiser. De mon côté, aussi j'étais totalement perdue, étouffée avec cette putain envie de liberté. Heureusement je ne t'ai pas vu le jour où tu as bu comme un trou ;-)
Oui, heureusement, j'étais pas beau à voir ;-) C'est notre rencontre qui a scellé mon arrêt "définitif" de l'abus d'alcool. Bises ma belle!
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