17 déc. 2015

Dans la maison de mon Enfance (Extrait 34)

Quand je vais pas bien
que je me sens trop seul
par exemple
je ne me l'explique pas
vraiment
je ne sais pas mettre des mots précis
sur ce que je ressens
&
ce que je ressens prend d'ailleurs différentes
directions
qui ne font qu'accentuer le chaos
intérieur
je ne sais pas à qui en parler
surtout pas à papa ni à maman
surtout pas à mon frère
j'en touche un mot à mon journal intime
qui regorge de questions métaphysiques
que je crois être le seul à me poser
puisque les autres n'en disent rien
ne m'en disent rien
alors c'est mon secret
alors je le cache bien à l'abri des regards
je fais comme si de rien n'était
je prends tout à la rigolade
mais
je sens bien que j'ai un sérieux problème de
concentration
&
de compréhension
le monde m'échappe
les études m'échappent
mon cerveau même m'échappe
avec toutes ces phobies
tous ces tics
toutes ces démonstrations d'impuissance
rien ne se résout tout s'aiguise et se transforme
parfois je n'ai d'autre solution
que de vider les placards
de la cuisine
sucré, salé, tout y passe
dans mon ventre
jusqu'à ce que mes obsessions
soient tournées vers autre chose
de plus concret
&
maman de hurler comme si c'était la fin du monde :
-qui a mangé tous les gâteaux ?
-qui d'entre vous a liquidé les cacahuètes ? C'est pas possible bon dieu, c'est pas possible cette gourmandise !
&
papa de gifler
celui qui finit par avouer son horrible forfait
c'est-à-dire
moi
(et ça, je vais le noter dans mon journal intime).







1 commentaire:

Dans ma tête a dit…

on est sur la même longueur d'onde toi et moi avec nos blessures d'enfants, des adultes qui ont du malgré tout vivre avec ça à l'intérieur. J'aime beaucoup tes textes " La maison de mon enfance" on est dans la peau d'un gamin tantôt on rit tantôt on se pose des questions. Triste tout en étant léger. J'attends avec impatience la publication du recueil, la première lectrice bien sûr ;-) hein?