7 mai 2015

quelques feuilles mortes, par un matin ensoleillé

debout dans le bus
mes yeux ont jeté leur dévolu
sur un vieux
replié sur lui-même
qui scrute le sol
pour échapper sans doute au
décolleté
plongeant
de celle qui lui fait face
elle a vraiment d'énormes nichons

***

après une semaine d'absence
certains collègues me demandent où j'étais passé
je leur réponds assez fièrement que
j'ai fait des lectures
mais pas plus impressionnés que ça
ils veulent simplement savoir si
j'ai eu du beau temps au moins

***

je n'ai pas écouté les infos ce soir
je ne sais pas s'il y a eu des morts
je ne sais pas s'il y a eu des survivants
je suppose que l'état du monde a encore empiré
un peu comme ce chicot qui noircit chaque jour un peu plus

***

j'ai fait deux questionnaires
dont un de près de deux heures
avec une femme d'une cinquantaine d'années
violée
à l'âge de 15 ans
puis
humiliée pendant des années
par un conjoint devenu ex
ils ont eu deux enfants
elle me dit qu'il s'en est fallu de peu finalement
qu'elle soit comme ces patients
qu'elle côtoie chaque jour
à l’hôpital psychiatrique
en tant qu'employée
-je m'en suis plutôt bien sortie, vous savez
et moi
j'ai fait deux questionnaires
c'est plutôt un bon quota

***

oui
on peut sans problème
passer à la douane
avec des mots-valise
et plusieurs cartouches de clopes à l'intérieur

***

non
les cœurs d’artichaut
ne poussent pas
dans le potager
de la clinique
vous pouvez sécher vos larmes et sortir la tête de vos mains

***

oui
un tremblement de taire
peut provoquer
des failles de langage

***

non
l’hôpital ne se fout pas
de la charité
les subventions sont largement insuffisantes

***

oui
les malades peuvent
se cogner
la tête contre les murs
de toute façon
les murs
ne tiennent plus vraiment en place
ils sont sous calmants eux aussi

***

non
la guerre n'aura pas lieu
et dans quel lieu
c'est difficile à
dire
précisément
elle est un peu partout

***

oui
le spectacle de la vie
est gratuit
on paie parfois assez cher
pour le savoir

***

non
l'au-delà n'existe pas
ou alors s'il existe
il est encore au-delà

***

debout dans le bus
mes yeux ont finalement jeté leur dévolu
sur cette jeune femme au
décolleté
plongeant
elle a vraiment d'énormes nichons
le vieux
replié sur lui-même
n'est qu'un mauvais prétexte
comme un autre










1 commentaire:

Anonyme a dit…

encore des pensées poétiques que j'aime beaucoup...mais suis-je objective? J'aime souvent ce que tu écris peut être tout simplement parce que ça me parle? mystère mystère...