tu sais qu'on t'appelle
par ton prénom
tu sais qu'on t'aime
aussi
puisqu'on te le dit parfois
tu n'écris pas encore scrupuleusement
dans un journal intime
en fait ce sont des cahiers d'écolier
avec des grands carreaux
les détails de ta journée
pour te sentir exister
pour te souvenir que tu as bel et bien existé
à telle ou telle date
tu ne te révoltes pas
tu n'en a pas le courage
tu ne supportes pas les conflits
tu crains le regard froid les cris de houle
le chantage affectif la culpabilité
tu fais ce qu'on te dit
et si tu rechignes par moments
tu reviens vite quand même
dans le droit chemin
tu as de bonnes notes à l'école
même si tu ne travailles pas beaucoup
tu essaies de faire plaisir à
tes parents
tu as très peu d'amis
tu restes longtemps seul dans ta chambre
enfermé
tu développes une timidité maladive
tu pratiques même la politique de l'effacement
jusqu'à ce qu'on ne remarque ni
ta présence ni
ton absence
(c'est l'impression que tu as)
&
que tes mots s'effilochent dans l'air
exténués par leur
propre vacuité
tu dis je à tout bout de champ
et tu ne comprends pas
qui est ce je ce rôle qui
parle en toi
alors
heureusement qu'il y a les
livres d'images heureusement
qu'il y a les livres qui racontent
des histoires
1 commentaire:
texte vraiment émouvant très bien écrit et bien ressenti! j'ai même envie de verser une chtite larmichette ;-)
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