13 sept. 2013

L'invisible ennemi des premières lueurs

chaud, sans lait, sans sucre et bien corsé, c'est comme ça que je le bois, le café,
accompagné d'une clope chaque fois,
assis sur la cuvette des chiottes
qui fuit goutte à goutte sous
la tuyauterie noircie pourrie vieille de
soixante ans j'en sais trop rien
un jour, ça va nous péter complètement à la gueule
et on l'aura bien cherché

j'ai ouvert la fenêtre
au vent frais au crachin
au lent réveil d'un jour qui sera peut-être différent
de la veille de l'avant-veille
mais c'est toujours la même histoire
inlassablement réécrite avec quelques nuances
de gris de noir de couleur plus kitsch
il est quatre heures quarante-sept du matin
qu'est-ce que je fous là bon dieu ?

la nuit claque des dents
contre mon crâne
à peine remis d'un micro
sommeil déjà trop haché
j'ai pas le courage d'en chercher les raisons profondes

hier soir, jusque tard, je lisais les aventures de Max Zajack
en quête d'un boulot n'importe lequel d'argent
et j'entendais un bruit sourd régulier qui faisait résonner les murs
de la chambre
un moment j'ai eu la sensation que c'était mon coeur qui battait trop fort
ou que c'était ton rêve qui débordait par ta bouche ouverte
ou que quelqu'un quelque part tombait du lit toutes les deux minutes
j'ai vu une camionnette garée avec ses warnings
en pleine nuit
un ouvrier taper avec ses outils sur une fenêtre sur une porte défoncées

quand l'anecdotique tient lieu de souvenir
il est sans doute temps de songer à s'enfoncer dans la réalité
de ne plus la fuir à ce point
de percer à jour le secret d'une vie qui se traîne
avec les mêmes chaussettes
le même slip les mêmes reflets jaunâtres
déjà en face les premières lumières s'allument
les premières bagnoles brisent le silence
illusoire

ça a un petit quelque chose de rassérénant
d'assister immobile à la naissance
du jour
c'est comme une petite victoire sur un invisible ennemi

2 commentaires:

Anonyme a dit…

tu sais si bien décrire le quotidien tout en y apportant une touche poético absurde. y a même un peu "philosophie" dans ton texte. dommage que ton talent d'"écrivain" ne soit pas reconnu à sa juste valeur :-(

Thierry Roquet a dit…

Ça c'est bien vrai... m'en vais faire une réclamation ;-)
N'empêche que ma version corrigée sur facebook est meilleure, je trouve.