nostalgie récitant
des pages
englouties
le jaune est la lumière
ou la
mémoire
qui se choisit
un endroit où s'asseoir
quand on a bien
marché
déjà
je vois ma mère
nous embrasser des yeux
- elle tenait le volant à deux mains -
d'un regard sombre ou gai, fixer la route, partir
ces deux arbres
solides
donnant cerises
l'été
et le jardin
en pente
jusqu'à la rivière - un ru
sans nom -
des champs à l'horizon
nos voisins, leur chien braillard
mon petit frère qui n'avait peur
de rien
la vie semblait si bien
réglée
qu'elle ne dépassait
jamais du cadre
autorisé
j'entends parfois mon père
rentrer sans bruit le soir
et des murmures
des voix presque
inaudibles
nostalgie récitant
la lune
d'un oeil borgne le vent sur les
volets
en bois mes peurs mon lit et devenir
quelqu'un c'était encore
si vague mais
j'y pensais on y pensait
c'était un autre temps
un autre moi
nostalgie récitant
les puzzles dilatés
à l'intérieur
d'un soi
terrain trouble et brumeux
qui pose les questions
qui forme des
réponses
qui repousse à plus
tard
nostalgie récitant
des bribes
sans juger
cela se voit à
peine
ceci ne se voit
plus
quand on a bien marché
déjà
qu'on n'en peut plus
finalement
de vivre sans
se retourner
par (fausse) pudeur ou
déni (volontaire)...
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