13 juin 2013

ont-ils des insomnies eux aussi ?

pour faire bonne figure
et lui prouver que
je cherche
(des fois qu'elle s'imaginerait
que j'ai un poil dans la main)

je consulte les offres d'emploi
avec l'acuité
maladive
de la longue durée
qui s'en remet à l'allocation de solidarité
(merci la solidarité, je dis)

Et toujours cette foutue migraine

puis je regarde la pluie
tomber
sur
un immeuble de 18 étages
un immeuble de 4 étages
un couple sous parapluie
une voiture grise arrêtée au feu
un arbre rachitique planté près d'un réverbère

puis je regarde les ombres tantôt
agitées tantôt
figées
chez le voisin d'en face
(mais pas longtemps : des fois qu'il me prendrait pour
ce que je suis peut-être après tout)

puis je regarde l'heure
machinalement
le temps qui
se brise quelque part
dans la chambre
sur cet oreiller froissé

Et toujours cette foutue migraine
chaque matin elle est là

je me répète
il faut il faudrait il aurait fallu
que faudrait-il d'ailleurs 
pour ne plus entendre
ses mots de rancœur de
rancune ses petites phrases
qui humilient qui baisent le vide de l'
intérieur 
qui me ramènent des années en 
arrière

on se fait un peu vieux à présent
tu ne trouves pas ?
c'est pas une excuse
et ça n'a rien à voir avec nos
problèmes 
(de surendettement et du reste)
OK

ne pas perdre pied
ne pas perdre pied
rester là y croire encore
sauvegarder ce qu'on a fait
(ça sert bien à quelque chose de s'accrocher au moins ?)

puis je m'endors
exténué
quand d'autres bossent
leur normalité
quotidienne
(ils ont des putains d'insomnies eux aussi ?).

3 commentaires:

Anonyme a dit…

que dire Mobert? que dire si ce n'est que c'est criant de sincérité de beauté de poésie...tu arrives si bien à mettre des mots sur ce malaise en nous!!!

j'adore ton texte, je suis ta groupie la plus fidèle, la première concernée..de normalité il n'yen pas heureusement d'ailleurs et même ceux dit à peu près normal ont des insomnies...merci Mobert pour ce très beau texte!!!

lidia a dit…

Rire...(pour ta question finale)
Sourire pour tout le reste, parce que ça déchire de sincérité.
Et qu'ça fait quequ'chose...de beau.

Thierry Roquet a dit…

Merci à toutes les deux. Ce me touche, vos mots. Forcément.
Quant à la question finale du texte, oui, oui, oui, c'est une question un brin "ironique"...