29 avr. 2010

Ces mains (de Guillaume Siaudeau)

On ne peut pas oublier ces mains. Ses mains. Qui se sont frottées à l'osier, qui ont construit des paniers comme on bâtit des empires. Simplement. Qui ont plongé dans la gueule des brochets pour en extraire hameçons poisseux et vifs à l'agonie. Ces mains qui ont taillé du bois, enlevé des épines, passé le motoculteur sur les champs de mine des jardins. Des mains ridées. Les plus ridées qu'on connaisse aussi bien. Des mains de grand-père quoi. Qui ont dépecé des lapins et caressé les œufs du poulailler, quand les poules étaient encore rentables. Ces mains comme des vieilles branches crochues qui ne sortiraient jamais de l'automne. Qui n'ont pas changé d'un iota. Qu'on touche parfois des yeux quand les paupières sont closes. Ces mains qui ont cueilli plus de fleurs que nos pieds n'en ont écrasé. Ces mains qui n'existent plus. Mais qu'on n'oublie pas. Car tant qu'il y a des brochets et de l'osier dans les souvenirs, il y a encore ces mains sacrées, juste à côté, qui tiennent un verre de vin rouge et qui tremblent.


*
Pour aller visiter son blog la meduse et le renard

7 commentaires:

La Méduse et le Renard a dit…

Et encore merci...

Thierry Roquet a dit…

De rien, Guillaume, je trouve ton texte magnifique.
Je n'ai pas mis l'image avec car ton texte peut se passer d'image mais celle qui l'accompagne sur ton blog est fort bien choisie.

dada a dit…

franchement ce texte est emouvant!très bien écrit.je ne connaissais pas guillaume siaudeau mais je vais tacher d'aller faire un tour sur son blog histoire de m'impregner de son univers.

Une Nouille Martienne a dit…

je vais faire ma nouille mais je ne suis pas de votre avis M. Roquet

La seule lecture du texte ne m'a pas enthousiasmée Certes c'est très bien écrit et plaisant à lire mais déjà lu moult fois à quelques variables près

Par contre, si je joins la photo qui est une empreinte, comme un négatif prêt à éclore alors et alors seulement le texte prend son essort en ce sens que c'est cette empreinte qui donne la force des racines aux mains ...

bien qu'adoratrice du Mot Nu, je dérive lentement vers cette dimension que le son ou l'image offre à un texte ou à un poème Là où auparavant j'y voyais une limite, je découvre souvent une nouvelle "odeur"

mon avis de Nouille qui vaut ce que vaut une nouille venue d'ailleurs ... et puis, chacun son imaginaire et sa sensibilité

Thierry Roquet a dit…

J'ai d'abord lu le texte de Guillaume joint à la photo et l'ai trouvé magnifique (même si sujet lu maintes fois comme vous dites, Miss Nouille, peu importe, je l'ai trouvé singulier par sa justesse de ton et la poésie sensible).
Sans la photo, j'aime toujours autant le texte et l'effet qu'il provoque à la lumière de cette nouvelle lecture permet de se créer soi-même une nouvelle image.
Voilà pourquoi, avec ou sans la photo d'origine, ce texte me touche.
Mais j'aime vos explications néanmoins.
Une Nouille, ce n'est pas si fragile que ça ;-))

La Méduse et le Renard a dit…

De toute façon je trouve toujours les photos après avoir écrit les textes, voilà qui vous mettra peut être d'accord. Je ne fais pas dans la description de photo, j'utilise la photo pour illustrer ce que j'écris...
Thierry je sais pas si t'as vu, mais j'ai bien reçu ta lettre, merci l'ami!

Thierry Roquet a dit…

J'ai bien reçu ton livre ce midi ;-))