29 avr. 2010

et chacun s'est séparé ensuite

il s'est mis à pleuvoir
quand il est sorti du métro
à pleuvoir à verse et une chaleur
moite et un vent violent
et des éclairs dans le ciel et le bruit
du tonnerre qui approchait il entendait
les gens répéter qu'il pleuvait vraiment fort et
que c'était un temps de chien

il est entré dans le Relai H en
attendant et il a feuilleté des revues les unes
après les autres et il a vu une grosse caméra
qui le suivait il a regardé en direction du caissier
à lunettes un bonhomme d'une cinquantaine d'années
qui le scrutait méchamment et il est
retourné près des gens qui répétaient
encore que le temps était carrément pourri
qu'on était mieux sous le porche que ça n'allait
quand même pas durer toute la soirée
il a allumé une clope il s'y est pris à plusieurs reprises
à cause du vent et il a aperçu un clochard
qui venait vers lui et il a hésité avant de lui
filer son avant-dernière clope le clochard a dit
merci de sa voix rauque avant de retourner
s'asseoir près du mur poisseux et sale et
la pluie semblait vouloir diminuer d'intensité

4 commentaires:

Une Nouille Martienne a dit…

je lis et je relis tout à coup cela me saute aux yeux C'est la succession de "et" qui scande et tombe comme de grosses gouttes bruyantes qui fait la musique sousjacente de cet instant commun.

atmosphère prenante, impitoyable oeuvre de la Matrice, n'en doutons pas ...

Thierry Roquet a dit…

Que dire après un tel commentaire ?
Se taire et l'apprécier à sa juste valeur.
Merci.

co errante a dit…

Il y en a un autre, de sacré écrivain, qui utilise beaucoup les "et" : Cormac McCarthy.

Thierry Roquet a dit…

Sans oublier Bukowski dans pas mal de poèmes ;-))