19 janv. 2017

2 scaynètes (souvenir de décembre 2011)

Face au mur, une table.
autour de la table, trois chaises en bois.
assis sur les chaises, nous trois.
un homme, une femme, une adolescente.
nous sommes une famille.
moi, j'y tiens.
le repas est prêt.
nous dînons.
mâchons.
avalons.
nous discutons.
d'études, de boulot, d'actualité, de cinéma, de musique.
de choses plus graves et plus intimes.
parfois.
nous plaisantons.
l'humour est un ciment.
je supporte mal les choses trop graves et trop longtemps.
nous détestons le silence.
de ces silences qui s'éternisent.
qui pèsent.
qui font douter.
nous tenons à rester une famille.
moi, j'y tiens.
quoiqu'il advienne.

***

C'est lundi, je ne bosse pas.
ça fait des mois.
elle me demande si je cherche vraiment du travail.
pas de réponse.
juste un regard.
ou alors une réponse évasive.
ou alors une réponse ironique.
elle me connaît.
alors ?
elle insiste.
repose sa question.
veut savoir la vérité.
veut savoir si j'ai des soucis psychologiques.
vis-à-vis du travail.
vis-à-vis de dieu sait quoi encore.
on passe à autre chose s'il te plait ?
tu veux me culpabiliser ?
elle prétend que je fais l'autruche.
que je n'ai pas le sens des responsabilités.
elle en parlait avec sa sœur.
qu'on va droit dans le mur.
que l'argent, que le manque, que l'avenir.
celui de notre fille.
aux armes et cetera.
elle soupire.
c'est un profond soupir.
qui s'entend bien.
qui signifie beaucoup.
larmes au coin de l’œil.
puis elle passe effectivement à autre chose.
feint de passer à autre chose.
je la connais.
je ne sais pas quoi dire.
je peux être froid, distant et agressif.
je m'en veux c'est certain.
mais c'est comme ça.
je veux dire c'est absurde.
quoi donc ?
j'ai besoin d'autre chose.
de quoi donc ?
on en discutera un autre jour.
tu devrais consulter quand même, me conseille-t'elle.




3 commentaires:

Dans ma tête a dit…

un texte qui date d'une période difficile... Nous sommes une petite famille soudée on s'accroche tant bien que mal malgré vents et marées.
On a touché le fond à une époque donc on ne peut que remonter, à nouveau vivre et non survivre!

Thierry Roquet a dit…

Inch'allah, comme on dit chez nous ;-) Bisous ma belle.

Dans ma tête a dit…

Tous les 2 on revient de loin, j'ai ouvert les yeux depuis et je t'accepte tel que tu es car toi même tu ne m'as jamais jugé. Vivre au jour le jour sans trop se poser de question, l'argent ne fait pas le bonheur (même s'il y contribue en partie)... Toi et moi c'est à la vie à la mort, la main dans la main quoiqu'il arrive...