25 janv. 2017

Paterson (Jim Jarmusch)

Film vu hier soir.






Et comme il est souvent question du poète William Carlos Williams dans le film de Jim Jarmusch :







William Carlos Williams                                                              

Dédicace pour un lopin de terre


  • Ce lopin de terre 
    qui fait face à ce bras de mer 
    est dédié à la présence vivante de 
    Emily Dickinson Wellcome 
    qui est née en Angleterre, s'est mariée, 
    a perdu son mari et avec 
    son fils de cinq ans
    est partie à New York à bord d'un deux-mâts,
    a dérivé jusqu'aux Açores; 
    s'est échouée sur les hauts fonds de l'Île de Feu, 
    a rencontré son second mari
    dans une pension de Brooklyn,
    est allée avec lui à Porto Rico
    a mis au monde trois autres enfants, perdu
    son second mari, vécu difficilement
    huit ans à Saint-Thomas, 
    Porto Rico, Saint-Domingue, suivi
    son fils aîné à New York, 
    perdu sa fille, perdu son "bébé", 
    pris les deux garçons de
    son aîné du second mariage
    les a élevés - qui avaient perdu
    leur mère - s'est battue pour eux
    contre l'autre grand-mère
    et les tantes, les a amenés ici
    chaque été, s'est
    défendue contre les voleurs, 
    les intempéries, le soleil, le feu, 
    contre les mouches, contre les filles
    qui venaient renifler par ici, contre
    la sécheresse, contre les mauvaises herbes, les tempêtes,
    les voisins, les belettes qui volaient ses poulets,
    contre la faiblesse de ses propres mains, 
    contre la force croissante des garçons, contre le vent, contre
    les pierres, contre les voyous, 
    contre les loyers, contre son propre esprit. 

    Elle a défriché cette terre de ses propres mains, 
    régné sur ce lopin d'herbe
    agoni d'injures son fils aîné
    jusqu'à ce qu'il l'achète, vécu ici quinze ans, 
    atteint une solitude ultime et - 

    Si vous ne pouvez apporter là
    que votre carcasse, passez votre chemin.

    (William Carlos Williams, Al que quiere!, traduction de Thierry Gillyboeuf, La Nerthe libraire éditeur, Collection classique)

2 commentaires:

Dans ma tête a dit…

Très bon film et ça m'a permis de découvrir William Carlos William...

Thierry Roquet a dit…

Brautigan en parle dans un de ses poèmes. Oui, très bon film. J'ai beaucoup aimé l'ambiance. Un film poème au sein du poème.