Et comme il est souvent question du poète William Carlos Williams dans le film de Jim Jarmusch :
William Carlos Williams
Dédicace pour un lopin de terre
- Ce lopin de terre
qui fait face à ce bras de mer
est dédié à la présence vivante de
Emily Dickinson Wellcome
qui est née en Angleterre, s'est mariée,
a perdu son mari et avec
son fils de cinq ans
est partie à New York à bord d'un deux-mâts,
a dérivé jusqu'aux Açores;
s'est échouée sur les hauts fonds de l'Île de Feu,
a rencontré son second mari
dans une pension de Brooklyn,
est allée avec lui à Porto Rico
a mis au monde trois autres enfants, perdu
son second mari, vécu difficilement
huit ans à Saint-Thomas,
Porto Rico, Saint-Domingue, suivi
son fils aîné à New York,
perdu sa fille, perdu son "bébé",
pris les deux garçons de
son aîné du second mariage
les a élevés - qui avaient perdu
leur mère - s'est battue pour eux
contre l'autre grand-mère
et les tantes, les a amenés ici
chaque été, s'est
défendue contre les voleurs,
les intempéries, le soleil, le feu,
contre les mouches, contre les filles
qui venaient renifler par ici, contre
la sécheresse, contre les mauvaises herbes, les tempêtes,
les voisins, les belettes qui volaient ses poulets,
contre la faiblesse de ses propres mains,
contre la force croissante des garçons, contre le vent, contre
les pierres, contre les voyous,
contre les loyers, contre son propre esprit.
Elle a défriché cette terre de ses propres mains,
régné sur ce lopin d'herbe
agoni d'injures son fils aîné
jusqu'à ce qu'il l'achète, vécu ici quinze ans,
atteint une solitude ultime et -
Si vous ne pouvez apporter là
que votre carcasse, passez votre chemin.
(William Carlos Williams, Al que quiere!, traduction de Thierry Gillyboeuf, La Nerthe libraire éditeur, Collection classique)
2 commentaires:
Très bon film et ça m'a permis de découvrir William Carlos William...
Brautigan en parle dans un de ses poèmes. Oui, très bon film. J'ai beaucoup aimé l'ambiance. Un film poème au sein du poème.
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